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1.2. La Barbe, groupe d’action féministe

1.2.2. Coordonner des activistes

Un groupe activiste dispose d’une faible structure et de peu de ressources. Ses membres peuvent le quitter à tout moment, sans difficulté et sans perte (par opposition à une organisation qui rémunère ses membres, qui ont besoin de cette rémunération). Le groupe activiste dispose de très peu de moyens de coercition et d’influence sur ses membres ; les coordonner devient un enjeu organisationnel réel. Cet enjeu est d’autant plus prégnant pour La Barbe qu’elle se veut sans hiérarchie, comme on va le voir.

Coordonner signifie faire travailler les activistes ensemble, question distincte de celle de la mobilisation des activistes (comment les recruter et les retenir au sein du groupe), que nous verrons dans le chapitre 4.

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Pour résoudre ce problème, La Barbe dispose de plusieurs solutions : instauration d’une coordinatrice et de groupes de travail internes ; discussions ouvertes sur le pouvoir au sein du groupe ; et prise de distance avec ses cibles et les autres organisations féministes.

L’idéal d’une organisation sans hiérarchie

Juridiquement, La Barbe n’est pas une association, mais un collectif, ce qui met l’accent sur son absence de hiérarchie : il n’y a pas de présidente ou de trésorière de La Barbe. En revanche, une association annexe, Les Ami•e•s de La Barbe, a pour objet de la soutenir financièrement, de la couvrir juridiquement et de lui donner accès à des services comme la réservation bimensuelle d’une salle à la Maison des Associations du 10ème arrondissement de

Paris. Cette association est ouverte à toutes celles et ceux qui souhaitent soutenir activement La Barbe mais ne le peuvent pas pour diverses raisons (« j’ai fait adhérer ma mère » m’a un jour dit une activiste).

Cette absence de hiérarchie (une organisation « horizontale » disent les activistes) est la volonté des fondatrices s’inspirant des groupes activistes où elles avaient déjà milité ainsi que des milieux de gauche, d’extrême-gauche et libertaires dont beaucoup d’entre elles proviennent. Les décisions sont prises après discussion, soit durant les réunions, soit sur la liste de diffusion interne par mail.

Pour structurer l’activité du groupe, il existe une coordinatrice, également appelée « maréchale », référence ironique à la figure masculine et conservatrice du Maréchal Pétain23.

Elle s’assure de la présence des membres souhaitant participer à une action, de la disponibilité du matériel (barbes postiches, pancartes, banderole), de la rédaction du compte-rendu de chaque action à destination des journalistes, ainsi que de toutes les autres tâches secondaires de fonctionnement. La responsable de cette fonction change tous les six mois sur la base du

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Ce terme est interne au groupe, les activistes l’utilisent entre elle avec humour mais ne l’utilise surtout pas en public, en particulier face aux journalistes, de peur que l’ironie dans l’utilisation du terme ne soit pas comprise.

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55 volontariat. Les activistes ayant rejoint récemment La Barbe sont aussi susceptibles d’endosser ce rôle, dans une optique d’autonomie et d’apprentissage du pouvoir (les activistes utilisent parfois le terme anglo-saxon d’empowerment) à l’intérieur du groupe. Une coordinatrice parle de ce rôle :

Fabien : Peux-tu m’expliquer ce que c'est d’être maréchale à La Barbe ?

Juliette : Bin, déjà c'est pas figé, ça dépend de qui prend ce rôle, comment elle l’envisage, sa fonction, ses qualités, c'est surtout un rôle de coordination, parce que certes on n’a pas de hiérarchie mais pour pas que bon ça soit le foutoir, il faut toujours organiser un minimum, que ce soit la paperasse avant les actions, notre communication interne, externe, un peu le rôle de vitrine et de médiatrice à l’intérieur, c'est-à-dire que c'est la gestion des outils de communication et réponse aux demandes des potentielles nouvelles barbues, des étudiants, étudiantes qui demandent de l’aide pour leurs projets, des associations, des journalistes, surtout c'est un peu une période où il y a beaucoup de demandes de journalistes, à chaque fois au mois de mars il y a la Journée de Femmes. Et en interne, il y a l’ordre du jour des réunions, relancer les actions, décider si finalement on fait ou pas l’action, s’assurer qu’il y ait bien une cheffe d’orchestre qui va faire l’action et après plein de petites choses. Moi ça dépend de ce que la maréchale veut faire. Bon après là il va y avoir plusieurs personnes, c'est vrai que c’est un gros boulot. [Juliette – 18 février 2012]

La Barbe est soucieuse de parvenir à coordonner ses membres et organiser toutes les tâches nécessaires à son fonctionnement, sans établir de rapports hiérarchiques. Le changement régulier de coordinatrice répond à ce souci.

Pour certaines tâches spécifiques, il existe des groupes informels à l’intérieur de La Barbe :  le « comité des scribes » rédige les tracts pour les actions

 le « groupe éducation » répond aux demandes d’étudiants cherchant à étudier La Barbe

 le « groupe média » communique avec les journalistes et répond à leurs demandes Sporadiquement d’autres groupes ont travaillé spécifiquement sur un secteur économique, afin de collecter des informations (des chiffres sur la représentation des femmes dans les instances de pouvoir notamment) sur les cibles, et d’identifier parmi elles celles qui ont tiennent prochainement des événements publics. Enfin l’accessibilité des cibles a son importance : trouver des complices à l’intérieur des organisations est précieux, soit pour obtenir accès aux manifestations (invitations par exemple), soit pour obtenir des informations internes.

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Ces tâches demandent du dévouement de la part de certaines membres de La Barbe :

Après je pense qu’à La Barbe il y a une souplesse mais on avance vachement et c'est dû au fait qu’il y a des personnes qui se sentent responsables en dernier ressort, tu vois par exemple je pense que Christiane ça lui arrive de faire des trucs, bon bin personne les fait donc c'est elle qui les fait. […] Babette elle est plus, moi je la vois plus comme gestionnaire alors elle va faire les tâches chiantes, etc. que personne fait mais en même temps elle en prend trop, ce qui fait qu’il y a un effet de déresponsabilisation, alors que Christiane elle va terminer le projet parce que personne s’en est occupé. [Céliane – 16 décembre 2011]

Le groupe « pétage de rotules » est un détournement humoristique de ces groupes de travail. Il s’agit pour ses « membres » de se moquer des cibles qui ont eu des réactions violentes et sexistes, et de se préparer à réagir. Il y a une part de pensée magique imaginant réagir violemment contre les cibles ou le service de sécurité. Cette pensée magique s’explique par l’agressivité à laquelle les activistes font face, alors que performance ne leur permet pas de répliquer : le groupe est explicitement non-violent et maintient une attitude digne et ironique durant les actions. En soi, le groupe « pétage de rotules » ne se réunit pas, n’agit pas, ne prend pas de décisions, c’est une plaisanterie complice, voire un signe de reconnaissance, entre celles qui y font référence.

Les activistes notent souvent que la vision d’une organisation sans hiérarchie est idéale et ne correspond pas exactement à ce qu’elles vivent. Les fondatrices disposent d’un important pouvoir charismatique pour avoir créé le répertoire tactique et en comprendre toute la profondeur et la pertinence d’utilisation. De même, les activistes souvent présentes aux réunions et prenant plus facilement la parole sont nettement plus influentes. Si les activistes sont conscientes de cette question, elles sont aussi conscientes que cela permet au groupe de fonctionner. Celles qui disposent d’un plus grand pouvoir font généralement preuve de modération et les autres activistes savent exprimer lorsqu’elles jugent que c’est excessif :

Céliane : le discours égalitaire et oui, on est un collectif totalement égalitaire, blablabla, je n’aime pas trop qu’on me le sorte tout le temps parce que je trouve que c'est pas tout à fait vrai. […]

Fabien : Tu veux dire qu’on reconnaisse explicitement que le collectif n’est pas égalitaire ? Céliane : Non, je veux dire une réflexion plus générale sur le pouvoir, sur le pouvoir au sein du collectif, le fait que certaines ont du pouvoir, essaient de prendre du pouvoir, le truc c'est qu’après il y a une forme d’autorégulation qui fait que bon, ça dérape jamais complètement,

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57 mais il y a clairement, ponctuellement encore une fois des tendances à des prises de

pouvoir, à des impositions de pouvoir et c'est pas des choses qui sont explicitées, c'est pas vraiment des choses auxquelles on a l’impression que les unes et les autres réfléchissent toujours avec soin. Ou dont elles sont forcément toujours conscientes. Alors après je pense qu’on en toute les unes et les autres conscientes et c'est pas forcément quelque chose qu’on explicite […] Mais bon, en fait c'est sûr qu’à moyen/long terme c'est pas une chose qui soit si explicite que ça sinon c'est un truc sans fin dans lequel tu peux te noyer et parce que effectivement dans n’importe quel collectif, dans n’importe quel groupe il y a des prises de pouvoir, volontaires ou involontaires, conscientes ou inconscientes. Donc moi j’ai regretté ponctuellement que ce soit pas des choses dont on discute plus. On en a discuté à la Journée de La Barbe on en a un peu discuté […] Par exemple hier le truc de Marie-Cécile quand elle a dit « oui, bon moi ça me dérange pas que Manon ait plus de poids que les autres mais je remarque que etc. » c'est vrai que moi maintenant j’ai un peu une position du genre, c'est un peu évident que Manon elle a plus d’aura que n’importe qui d’autre, moi- même je lui reconnais cette aura mais du coup moi c'est vrai que c'est un discours que j’ai un peu du mal à tenir aux journalistes mais sinon j’évite de tenir un discours « oui c'est totalement égalitaire » parce que c'est totalement illusoire en fait.24 Enfin, je pense que c'est pas, et du coup on n’est pas en train de faire tout le temps du marketing pour La Barbe. Fabien : Mais en même temps ça vous permet de fonctionner.

Céliane : Mais voilà, c'est exactement ce que je disais, c'est ça aussi qui fait que ça fonctionne aussi parce que chacune prend sur elle quand elle voit que les autres sont en train de prendre du pouvoir et il y a une espèce d’autorégulation qui fait que cahin-caha ou sans trop de mal finalement le collectif avance et voilà et c'est pas si gênant. [Céliane – 16 décembre 2012]

Ces relations de pouvoir implicites sont supportables parce qu’on peut en discuter, que les membres du groupe en sont conscientes et qu’elles sont prêtes à les remettre en cause et en discuter ouvertement. Le groupe s’efforce de tendre vers un idéal sans hiérarchie, ou du moins dans lequel chacune peut prendre pleinement part aux décisions.

Un autre biais, moins dénoncé mais réel, est la disponibilité pour prendre des décisions sur la liste de travail (par mail). Celles qui ont accès à Internet toute la journée peuvent réagir rapidement et envoyer de nombreux mails, pouvant ainsi favoriser leur point de vue. Cela pose problème pour les décisions importantes : attaquer ou pas telle organisation, comment réagir à tel événement récent…

En conclusion, l’idéal d’une organisation sans hiérarchie se heurte à deux écueils : d’une part la nécessité de coordination, d’autre part le charisme et la plus grande disponibilité de certaines activistes susceptibles de prendre l’ascendant. Pour y répondre, l’organisation peut

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créer une fonction (la coordinatrice) mais doit faire appel au dévouement et au bon vouloir de ses membres.

Deux autres éléments du groupe permettent de coordonner les activistes : le répertoire tactique, auquel nous consacrerons un chapitre, et la focalisation sur une cause unique, concrétisée par la distance que prend La Barbe avec d’autres groupes et causes féministes.

Prendre ses distances avec les cibles et avec les autres organisations féministes

Une deuxième spécificité de La Barbe est la distance volontaire du groupe avec ses cibles et avec le reste du féminisme. Cette spécificité est cohérente avec le choix de se limiter à l’absence de femmes aux positions de pouvoir.

Prendre ses distances avec ses cibles signifie ne jamais se donner pour expertes du sujet, refuser d’apporter des solutions et d’aider les cibles. Il s’agit uniquement pour La Barbe de pointer du doigt les problèmes, à charge ensuite pour l’organisation ciblée de se réformer ou aux individus d’agir. De ce point de vue-là, La Barbe cherche strictement la prise de conscience.

Coraline : Mais après par contre il y a des organismes qui ont été ciblés qui nous ont contactées derrière en nous disant soit « on veut vous rencontrer pour parler avec vous de ce problème-là », soit…

Aline : « Venez nous aider »

Coraline : « On vous propose d’intervenir dans une de nos prochaines manifestations » Des fois, il y a des réactions ou des demandes où on nous demande un peu de venir apporter une expertise, ce qui n’est pas du tout notre travail. Pour essayer de…

Fabien : Donc comment vous réagissez à ça en général ?

Aline : En général on leur dit que c’est pas notre travail, qu’il y a des expertes qui sont là. On a aussi un réseau d’expertes dans la fonction publique, je sais plus, j’ai oublié son nom, qui avait fait un rapport très bien sur la fonction publique

Coraline : Reiser25. [Coraline et Aline – 21 septembre 2011]

Cette position de principe permet aux activistes d’agir même si elles ne sont pas expertes, de s’exprimer comme citoyennes, même si elles n’ont pas de solutions toutes faites ; c’est une position de défense rhétorique, récusant immédiatement tout argument tel que « vous ne

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59 proposez pas de solution ! ». Cela évite aux activistes de s’engager dans des processus longs et exigeants et de conserver une activité efficace et légère. Cela demande moins de travail moins de coordination aux activistes. De plus, cela facilite le recrutement : pas besoin d’être experte pour participer au groupe. Il ne s’agit pas de rester « pures » ou de refuser de « collaborer », mais de faire face aux limitations des ressources (temps, savoirs et organisation). Ce choix est cohérent avec la volonté de La Barbe de rester peu structurée et peu institutionnalisée, avec un répertoire tactique demandant peu d’efforts.

Toutes les OMS ne font pas ce choix. Certaines, plus grandes et disposant de plus de moyens, choisissent de coopérer avec leurs cibles pour accélérer le changement, voir par exemple le rapport de l’Observatoire de la Responsabilité Sociale des Entreprises intitulé Partenariats stratégiques ONG/entreprises (2005)26.

Par ailleurs, La Barbe prend ses distances avec d’autres organisations féministes. Cela signifie concrètement ne pas s’allier et ne pas prendre parti sur la plupart des sujets féministes. En se concentrant exclusivement sur la question peu contestable de l’absence de femmes aux postes de pouvoir, le groupe peut se rassembler sans tenir compte des clivages habituels du féminisme (notamment sur les questions de prostitution, de pornographie ou du port du voile musulman) et sans avoir à soutenir une organisation, dont les prises de positions peuvent être contestées.

La Barbe ne signe pas de pétition et ne prend pas part aux manifestations. Les exceptions à cette règle à ma connaissance concernent soient les fêtes calendaires féministes (comme la Journée Mondiale pour les Droits des Femmes, le 8 mars) et ponctuellement les manifestations et textes autour des accusations de viol et de harcèlement sexuel contre Dominique Strauss-Kahn, en mai 2011. La Barbe participe occasionnellement à des

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rassemblements pour présenter ses actions et ses performances (comme Les Rencontres d’Eté de l’association Féministes en Mouvement à partir de juillet 2011).

Michèle : Il y a deux grands sujets qui prennent la tête des gens quand on veut faire une manif commune le 8 mars, c'est le voile et la prostitution. Et je pense que le voile, on a jamais eu de discussion ni sur l’un, ni sur l’autre parce que ce qu’on fait à La Barbe quand on veut approfondir un sujet qui est pas du tout nécessaire d’approfondir pour les actions, on fait des soirées spéciales où on discute, et on n’a jamais fait de discussion spécifique sur ces sujets et je pense que la position des barbues sur la prostitution elle est extrêmement diverse et la plupart des barbues ont probablement pas de position, et par contre sur le voile, je pense que la plupart des barbues sont pour, c'est pas pour dire que c'est une position ou une autre, c'est pour dire que c'est un piège, que c'est une discussion qui est pas… que c'est antiféministe d’imposer quelque chose aux femmes et si on n’a rien de mieux à faire sous prétexte de combattre l’oppression des femmes dès la première génération d’immigration ou de la deuxième génération d’immigration que de leur dire ce qu’elles doivent mettre sur la tête, on est mal, on est mal parties. C'est quand même assez discriminant.

Fabien : Tu parlais de sujets qui divisent les mouvements féministes, ça a divisé qui ou qu’est-ce que ça a eu comme conséquences dans le passé ?

Michèle : Je pense que ça a divisé pas mal, ça divise toujours le mouvement […] C'est clair qu’il y a des mouvements qui sont farouchement [opposés les uns aux autres], qu’on peut pas mettre dans la même pièce [rire] […] très souvent il y a deux manifs organisées pour le 8 mars essentiellement pour ces raisons. [Michèle – 11 janvier 2012]

Cette distance avec les questions féministes permet à La Barbe d’éviter de se diviser sur les questions « qui fâchent » et de se concentrer sur les actions, qui rassemblent. Les activistes souhaitant débattre d’un sujet (par exemple pour construire leur culture féministe) peuvent le faire en dehors du cadre strict de La Barbe, en organisant un dîner chez l’une d’entre elles, appelé « dîner punk ». De même si une activiste de La Barbe veut militer pour d’autres sujets que celui de l’absence de femmes aux positions de pouvoir, elle est invitée à le faire dans d’autres organisations ou à créer son propre groupe activiste. Il y a une forte dimension de recrutement : la seule condition pour y entrer est de vouloir dénoncer l’absence de femmes aux positions de pouvoir.

Notons, que La Barbe prend également ses distances à l’égard des partis politiques, pour des raisons similaires. Elle demeure indépendante de tout parti, évitant le reproche fait à d’autres organisations féministes, comme Osez Le Féminisme (OLF) :

Coraline : En fait, on a plutôt raisonné en termes de secteur qu’en termes de droite/gauche. On a fait le secteur politique : Sénat, Parlement, assemblée des maires, conseils généraux. Aline : Là on est sûres de pas pouvoir être classées comme partisanes. Parce que c’est ça le problème d’attaquer directement les partis politiques, soit il faut tous les faire, soit il faut

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61 pas en faire du tout. A partir du moment où t’en as fait un, le doute est que tu appartiennes à

l’autre et que tu sois instrumentalisée.

Fabien : Comme ça a été reproché à OLF [Osez Le Féminisme]. Aline : Ah, oui.

Coraline : Ouais, enfin OLF, la cheffe, celle qui est supérieure, à la fois la fondatrice… Fabien : Oui elle est devenue chargée de campagne de…

Coraline : Oui avant elle était porte-parole de Benoît Hamon, maintenant elle est chargée de