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Section 2 : Les enjeux de la transférabilité pour notre évaluation

3. Les préconisations pour l’amélioration de la transférabilité

La transférabilité se heurte à de nombreuses contraintes liées au contexte ou à l’étude elle-même. De fait peu d'études sont directement transférables d'un contexte à un autre. Toutefois si les auteurs tiennent compte de ce problème et fournissent une information sur le degré de transférabilité d'une étude et sur les éléments divergents, il est envisageable d'utiliser les éléments transférables et de revoir ceux qui ne le sont pas.

Les données de coût des cancers imputables à des facteurs de risque professionnels en France sont rares. Nous devons faire en sorte que tout ou partie de notre analyse puisse être réutilisée dans un autre pays ou pour une autre évaluation économique. Pour cela, il est donc important (DRUMMOND et alii 2005) :

- de mobiliser des méthodes d’évaluation couramment utilisées dans la littérature.

- de détailler autant que possible les données, méthodes et résultats obtenus.

Conclusion du chapitre 3

L’analyse de la méthode COI met en avant des différences à la fois dans les coûts pris en compte mais aussi dans les méthodes permettant de les valoriser. S’il existe effectivement plusieurs approches pour valoriser certaines catégories de coûts comme les coûts indirects d’absentéisme dans la sphère marchande, ces divergences traduisent principalement une nécessité d’adapter la méthode à l’objet ou à l’objectif de l’étude.

Selon le point de vue de la société tous les coûts doivent être pris en compte. Cependant la pertinence de l’inclusion de certains coûts dépend de la pathologie étudiée. Ainsi pour évaluer le coût social de la migraine, il ne sera pas forcément pertinent de prendre en compte les coûts indirects de mortalité. Les coûts inclus ou non dans l’analyse doivent cependant être clairement énoncés et définis.

Le choix entre une approche par la prévalence et une approche par l’incidence dépend de l’objectif de l’évaluation. L’approche par l’incidence permet d’estimer le coût social des cancers imputables à un facteur de risque qui serait évité si l’exposition au facteur de risque était supprimée. Elle fournit donc des informations pertinentes pour la prévention des cancers professionnels. L’approche par la prévalence montre l’impact économique des cancers professionnels imputables à un facteur de risque pour une année donnée. Dans le contexte de l’invisibilité des cancers professionnels, cette approche permet donc de montrer l’ampleur de ce problème de santé publique.

La réflexion théorique et méthodologique menée dans ce chapitre nous a permis de tirer des enseignements pour notre évaluation du coût social des cancers imputables à des facteurs de risque professionnels en France.

Nous utilisons la méthode des risques attribuables pour estimer la part des cancers imputables à chaque facteur de risque. Les coûts des cancers sont ensuite évalués selon la méthode COI. Notre étude est donc de type descendant. Les approches par l’incidence et par la prévalence fournissent des informations différentes mais pertinentes pour notre analyse. Nous menons donc cette évaluation selon ces deux approches.

Selon la méthode COI, les coûts directs, indirects et intangibles doivent être pris en compte. Nous n’incluons pas les coûts intangibles car le risque de surestimer le coût des cancers d’origine professionnelle est trop important.

Pour accroître le degré de transférabilité de notre évaluation, nous mettons en place des méthodes d’évaluation couramment utilisées dans la littérature. Dans le doute, nous

mobilisons parallèlement plusieurs méthodes. Nous devons détailler les données, méthodes et résultats obtenus autant que possible. Nous discuterons enfin dans le chapitre 6 les freins à la transférabilité des résultats de notre évaluation à un autre contexte.

Notre évaluation des coûts directs est basée principalement sur un travail pionnier qui a aboutit à la création d’un algorithme permettant d’extraire avec précision les séjours relatifs à la prise en charge hospitalière des cancers (BORELLA et alii 2000 et 2002a). Ces séjours sont ensuite valorisés en utilisant l’Etude Nationale des Coûts (ENC).

Nous définissons les coûts indirects comme des pertes de production marchandes et non marchandes, liées à une diminution ou une absence de productivité causées par le décès ou l’état de santé de l’individu.

Pour l’évaluation des coûts indirects d’absentéisme, les approches du capital humain et des coûts de friction sont fréquemment opposées. Nous montrons qu’aucune n’est pleinement satisfaisante. Dans notre analyse, nous mobilisons les deux méthodes et présentons ainsi les résultats selon des estimations basse et haute.

Notre évaluation inclut les coûts liés au présentéisme du patient mais pas de son entourage. Les données en termes de baisse de productivité, nécessaires à l’estimation de ces coûts, sont issues de la littérature.

Les coûts indirects dans la sphère non marchande sont pris en compte dans notre analyse. Nous mobilisons l’approche du coût de remplacement en valorisant chaque heure de travail domestique au SMIC horaire. Les données sur le nombre d’heures de tâches domestiques réalisées par individu sont issues de la littérature.

L’évaluation des coûts indirects pour l’entourage nécessite des données qui ne sont pas disponibles. Ces coûts ne sont donc pas pris en compte dans notre analyse.

Chapitre 4 : Méthodologie d’évaluation du coût social des

cancers du poumon, des cancers naso-sinusiens et des

mésothéliomes de la plèvre imputables aux facteurs de

risque professionnels étudiés

La réflexion sur la méthode COI a servi de base à la construction de la méthodologie de notre évaluation des coûts que nous détaillons dans ce chapitre. Nous estimons les coûts directs hospitaliers (séjours en MCO, radiothérapie privée, molécules onéreuses et MIGAC) et des soins de ville ainsi que les coûts indirects de morbidité (absentéisme et présentéisme) et de mortalité dans les sphères marchande et non marchande à la fois selon les approches par l’incidence et par la prévalence. Un modèle d’évaluation est présenté pour chaque type de coût.

Notre estimation des coûts directs est basée sur un travail pionnier de BORELLA et alii (2000 et 2002a) qui a consisté en la construction d’un algorithme d’extraction des séjours relatifs à un cancer de la base PMSI. L’originalité de ce travail consiste à distinguer parmi les séjours « douteux » ceux qui relèvent effectivement d’une prise en charge pour un cancer. Les coûts indirects d’absentéisme sont évalués à la fois selon la méthode du capital humain et selon la méthode des coûts de friction. Nous mobilisons l’approche du coût de remplacement pour évaluer les coûts indirects dans la sphère non marchande.

Pour améliorer la précision des coûts, les modèles d’évaluation sont affinés et adaptés à l’objet d’étude. Selon l’approche par l’incidence, nous prenons en compte la survie des patients, l’actualisation des coûts mais aussi la croissance du PIB et donc des pertes de production marchandes.

L’impact du cancer et la situation professionnelle diffèrent d’un patient à l’autre. L’élaboration d’un arbre de décision permet de tenir compte de cela en incluant dans les modèles la probabilité des individus d’être concernés par chaque type de coût.