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Les marqueurs verbaux selon NGUYỄN Ngọc Lưu Ly

LA LANGUE VIETNAMIENNE

GREVISSE 1 définit la phrase comme l’unité de communication linguistique, celle-ci ne

VIII. Les marqueurs verbaux selon NGUYỄN Ngọc Lưu Ly

NGUYỄN Ngọc Lưu Ly s’intéresse à la sémantique des marqueurs. Dans son article

intitulé A propos des marqueurs modaux en vietnamien1, elle utilise le terme de « marqueurs verbaux » pour désigner ces éléments qui expriment le temps, l’aspect et le mode.

Dans la fonction de prédicat, le SV [syntagme verbal, ndlr] doit absolument faire appel aux éléments complémentaires pour pouvoir actualiser le central [le noyau central] : ce dernier est souvent entouré d’un certain nombre d’éléments complémentaires qu’on appelle habituellement « les marqueurs verbaux ». En vietnamien, les marqueurs

1

NGUYỄN Ngọc Lưu Ly in NGUYỄN Lân Trung et FOURNIER Phi Nga, 2010, Synergies pays

verbaux jouent un rôle bien important, étant donné que la flexion et l’agglutination sont impossibles dans cette langue. [...] Pour pouvoir caractériser le temps, le mode, l’aspect d’une action, on doit justement recourir à l’emploi de ces marqueurs verbaux.

NGUYỄN Ngọc Lưu Ly (2010 :73) L’étude des marqueurs de NGUYỄN Ngọc Lưu Ly se décompose en deux parties :

1. Les marqueurs en vietnamien d’un point de vue général

Dans un premier temps, elle distingue d’abord deux types de marqueurs en fonction de leur position par rapport au noyau verbal. Il s’agit de 7 catégories de prémarqueurs exprimant respectivement1 :

- La certitude : hẳn, ắt « sûrement, certainement », nhất định « absolument », có

lẽ, có thể « peut-être », etc.

- La comparaison : cũng « également », đều « tous », vẫn « toujours », chỉ « seulement », còn « encore », etc.

- Le temps : đã, đang, sẽ, (l’auteur ne précisant pas si ces mots ont une valeur temporelle ou aspectuelle), mới « récemment », chưa « pas encore », sắp « bientôt », etc.

- Le degré : quá « trop », cực « extrêmement », rất « très », hơi « un peu », etc. - L’état / l’existence : không, chẳng « non », thường, hay « souvent », luôn

« toujours », hiếm « rarement », etc.

- Le jugement : được « avoir la possibilité », bị « être contraint à »

- L’ordre : hãy (impératif affirmatif), đừng (impératif négatif), phải « falloir »,

cần « avoir besoin de », nên « devoir », etc.

L’auteur considère ainsi đã, đang, sẽ comme des prémarqueurs de temps. L’auteur analyse également la distribution des prémarqueurs dans la phrase :

Prémarqueurs de

Noyau verbal

Certitude Comparaison Temps Degré Etat Jugement

Prémarqueurs d'ordre

Quant aux postmarqueurs, elle en compte 6 types :

- les postmarqueurs de direction : ra (de l’intérieur vers l’extérieur), vào (de l’extérieur vers l’intérieur), lên (du bas vers le haut), xuống (du haut vers le bas), etc.

- les postmarqueurs de temps : mãi « pour toujours », luôn « toujours », hoài « sans arrêt », nữa « encore », ngay « immédiatement », etc.

- les postmarqueurs de degré : quá « trop », lắm « très », vô cùng « infiniment », etc.

- les postmarqueurs de manière : cùng « ensemble », rồi « déjà », xong « finir », etc.

- les postmarqueurs d’ordre : đi, nào, thôi (impératif affirmatif), etc. - les postmarqueurs de jugement : được, nổi « être capable de », etc.

L’auteure, à l’instar de NGUYỄN Lân Trung1

, précise que les marqueurs regrouperaient, en référence aux langues flexionnelles, plusieurs parties du discours.

NGUYỄN Ngọc Lưu Ly souligne que ces marqueurs ne sont pas tous présents pour

déterminer le prédicat et que, inversement, le prédicat peut être déterminé par plusieurs marqueurs. Cependant, les notions de prémarqueurs et de postmarqueurs sont relativisées : les marqueurs peuvent très bien être à la fois préposés et postposés au noyau, appelé « central » par l’auteur ; le sens de l’énoncé peut changer en conséquence ou rester le même.

Par exemple, le sens de l’énoncé ne change pas en fonction de la position des éléments

luôn et quá :

1

NGUYỄN Lân Trung, 2006, Questions de linguistique contrastive du vietnamien et du français, Editions UHN, Hanoi, p. 91.

Kim luôn nhớ mẹ. Kim nhớ mẹ luôn.

Kim luôn nhớ mẹ Kim nhớ mẹ luôn

Kim « toujours » « penser » « mère » Kim « penser » « mère » « toujours »

Kim pense toujours à sa mère. Kim pense toujours à sa mère.

Kim quá đẹp. Kim đẹp quá.

Kim quá đẹp Kim đẹp quá

Kim « trop » « beau » Kim « beau » « trop »

Kim est trop belle. Kim est trop belle.

Mais la position de được donne lieu à deux interprétations différentes :

Kim được ngủ. Kim ngủ được. Kim được ngủ Kim ngủ được Kim « avoir le droit » / « réussir »

« dormir » Kim « dormir »

« avoir le droit » / « réussir »

Kim a le droit de dormir. Kim réussit à dormir.

Nous notons enfin l’absence de marqueurs d’aspect et de marqueurs de modalité dans l’ensemble de cette typologie. L’auteur classe alors đã, đang, sẽ parmi les prémarqueurs de temps.

2. Les marqueurs modaux en vietnamien (sous-groupe des marqueurs)

Les marqueurs, tels qu’ils sont classés, expriment diverses valeurs liées au procès. L’auteur, dans un second temps, approfondit cette étude en établissant un système de marqueurs modaux, qui s’appuie sur la relation établie entre le locuteur et son interlocuteur. L’assertion étant la modalité de départ, les trois autres qui en dérivent sont les modalités du certain, d’appréciation et d’intersujets. Chaque modalité a ses marqueurs :

- Modalité d’assertion : có « idée d’affirmation », không, chẳng, chả, etc. (idée de négation)

- Modalité du certain : hẳn, ắt, tất, thế nào cũng, nhất định « certes », certainement » ou encore chắc « sans doute », có lẽ, có thể, « peut-être »… - Modalité d’appréciation : cũng, đều, vẫn, chỉ (marquant la comparaison), cứ,

còn, đang, sẽ, đã, mới, chưa, sắp, hoài, nữa, liền, ngay, tức khắc, tức thì, dần, từ từ (marquant le temps et l’aspect ou encore la manière), quá, cực, rất, khá, hơi, lắm, hết (marquant le degré), chẳng, chả, đâu (marquant la négation), hay, luôn, năng, ít, hiếm, toàn, mãi (marquant la fréquence)

- Modalité d’intersujet : hãy, đừng, chớ, đã, đi, nào, thôi (marquant l’ordre), được,

bị (marquant le jugement)

L’étude de NGUYỄN Ngọc Lưu Ly nous fournit une vue générale sur le rôle des marqueurs dans la détermination du prédicat. Elle nous montre combien le vietnamien est riche en marqueurs exprimant une grande diversité de modalités, d’où la difficulté de les classer selon le sens. Ces marqueurs verbaux – objet de cette étude - ne sont pas, pour la plupart, des verbes. Mais comme elle l’a dit elle-même, ils appartiennent à différentes parties du discours. Le problème de cette étude est la non spécification des marqueurs de la première partie et l’absence de lien entre les deux parties.