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Partie 1. LES EFFETS DES CANCERS SUR L’ACTIVITÉ

5. Maladies chroniques

5.1. Les maladies chroniques les plus prévalentes

5.1.2. Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) rassemblent la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique30. Ces deux maladies résultent d’une inflammation de la paroi du tube

30 Cette description des MICI s’inspire du document suivant https://www.inserm.fr/thematiques/physiopathologie-metabolisme- nutrition/dossiers-d-information/maladies-inflammatoires-chroniques-de-l-intestin-mici

digestif qui se situe au niveau du colon et du rectum pour la rectocolite hémorragique et qui peut concerner tous les niveaux du système digestif, mais plus souvent l’intestin dans la maladie de Crohn. Ces maladies évoluent par poussées inflammatoires de durée et de fréquence variables, al- ternant avec des phases de rémission.

Les MICI débutent le plus souvent chez des sujets jeunes, entre 20 et 30 ans. Elles sont plus fré- quentes dans les pays industrialisés, notamment en Europe du Nord-Ouest et aux Etats-Unis. En France, l’incidence annuelle est de cinq nouveaux cas de maladie de Crohn auxquels s’ajoutent cinq cas de rectocolites hémorragiques pour 100 000 habitants.

Les principaux symptômes des MICI sont, en période de crise, des douleurs abdominales, des diarrhées, parfois sanglantes, ou des fissures ou abcès de la région anale. Elles s’accompagnent de symptômes généraux tels que fatigue, anorexie ainsi que des manifestations extra-intestinales (articulaires, cutanées, oculaires, hépatiques). Les occlusions sont des complications fréquentes de la maladie. Enfin, les MICI sont associées à un risque accru de cancer colorectal.

Les facteurs de risque de MICI sont notamment génétiques et environnementaux (microparticules, aluminium). En l’absence d’identification d’un aliment ou d’une façon de cuisiner, le rôle de l’alimentation reste discuté. Le tabagisme est un facteur de risque avéré de la maladie de Crohn. Il n’existe pas de traitement curatif des MICI. Le traitement repose sur le traitement de la crise et un traitement de fond dont l’objectif est de limiter la fréquence et l’intensité des crises. Il utilise cinq catégories de médicament : les anti-inflammatoires intestinaux ou dérivés salicylés (sulfasalazine, mésalazine), les corticoïdes, les immunosuppresseurs tels que la 6-mercaptopurine ou l’azathioprine, et plus récemment les biothérapies (produits dérivés d’organismes vivants) tels que les anti-TNF-α (infliximab, adalimumab), les anti-Il12/Il-23 (ustekinumab) et depuis peu une nou- velle génération d’immunomodulateurs spécifiques de l’intestin (vedolizumab).

B/ Description des résultats

Les effectifs de MICI dans la base s’établissent à 486 hommes et 532 femmes un an après l’entrée en ALD. Ils diminuent à 344 chez les hommes et 375 chez les femmes en t+5. La diminution peut provenir de départs à la retraite. Plus précisément, l’attrition est d’environ 30 % pour les hommes comme pour les femmes. Pour les hommes, elle s’explique à 86 % par une sortie de fichier (due à l’apparition d’une deuxième ALD, ou à la censure liée à la date de fin de fichier ou encore au chan- gement d’activité) et à 14 % par la retraite. Pour les femmes, l’attrition s’explique à 96 % par une sortie de fichier et à 4 % par la retraite. Il n’y a aucun décès ni pour les hommes ni pour les femmes. L’effet des MICI sur l’emploi global est faible. Chez les hommes et par rapport aux hommes sans maladie chronique, on observe un effet négatif très faible de -1,3 pp la première année après la mise en ALD, s’amplifiant avec le temps jusqu’à -4 pp en t+5. L’essentiel de cet effet est dû à l’emploi stable dont la proportion diminue entre t+1 à t+4 de 2,1 pp à 4,3 pp. L’emploi instable n’est affecté chez les hommes qu’en t+5 avec une diminution significative de 3,2 pp. L’emploi global n’est pas affecté chez les femmes (il augmente même légèrement à partir de t+3), tout comme l’emploi stable ou l’emploi instable.

Les MICI ont un impact minime et positif sur le chômage, au maximum de 1,3 pp (chez les femmes seulement en t+2 et t+3). De même, l’impact sur l’inactivité est minime : chez les hommes, le pour- centage d’inactivité augmente très peu (+0.9 pp en t+1, +2,5 pp en t+5) et chez les femmes, il est même négatif (entre -4,3 pp et -1,2 pp).

L’impact le plus important des MICI porte sur les situations d’arrêts maladie. Chez les hommes, on note une différence de 9,1 pp des arrêts maladie un an après l’admission en ALD par rapport aux hommes non malades. Cet impact perdure les années suivantes avec des augmentations moins fortes en fin de période (+6,6 pp en t+2 et 3,5 pp en t+5). Malgré les fluctuations probablement liées à la faiblesse des effectifs observés, cette augmentation des arrêts maladie est significative sur toute la période. Chez les femmes, les situations d’arrêts maladie subissent la même évolution, avec des

Conséquences de la survenue du cancer sur les parcours professionnels : une analyse sur données médico-administratives

écarts positifs plus importants en début de période (+9,4 pp t+1) qu’en fin de période (+2,7 pp en t+4 et t+5). Ces évolutions pourraient témoigner d’un meilleur contrôle de la maladie au fil des an- nées grâce à l’instauration de traitements plus efficaces après une première phase d’adaptation et de recherche du meilleur traitement.

C/ Discussion des résultats

Les cinq ans qui suivent la déclaration d’ALD pour MICI sont marqués par une diminution faible de l’emploi global, mais surtout par une augmentation notable des arrêts maladie, moins forte en fin de période.

Les résultats publiés dans la littérature rapportent de nombreuses conséquences des MICI sur diffé- rents indicateurs du marché du travail tels que les taux d’emploi, les arrêts de travail pour maladie, l’incapacité au travail, la retraite anticipée, ou encore le chômage. Toutefois, les biothérapies appa- rues au milieu des années 1990 ont apporté un effet positif tant sur les taux d’emploi que sur l’absentéisme et la productivité (Büsch et al., 2014 ; Burisch et al. 2013), et une étude récente montre même que les taux d’emploi des patients atteints de MICI seraient identiques à ceux de la population, tandis que la durée des arrêts maladie serait plus longue, ce qui converge avec nos propres résultats (Netjes et Rijken, 2013).

Le chômage est un risque plus fréquent chez les patients atteints de MICI, de même que le sous- emploi (emploi à temps partiel) [Bernklev et al., 2006; Wilson et al., 2011]. Enfin, si la plupart des études soulignent un absentéisme fréquent chez les personnes atteintes de MICI, le présentéisme, au cours duquel l’employé est présent au travail mais avec une productivité diminuée, est également souvent évoqué (Michael et al., 2014).