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Les indicateurs de la compétitivité du pays

Selon Muchielli : « Si un indice composite socio-économique peut être difficile à établir, l'économiste peut tout de même mettre en avant une série d'indicateurs qui pourra rappeler le fameux carré magique de la croissance économique : faible inflation, faible chômage, équilibre extérieur et croissance du PIB. En fait, ce carré magique peut lui même être décliné en de nombreux indicateurs qui constitueront la recherche des déterminants de ces grands équilibres ».3

3-1-Indicateurs relatifs aux coûts de production : Malgré que la plupart des études concernant l'évaluation de la compétitivité et donc de l'avantage comparatif ont été basées essentiellement sur la comparaison internationale des coûts absolus de production, la théorie de l'avantage comparatif stipule la comparaison des coûts relatifs et non des coûts absolus de production.

En outre, les coûts de production ne constituent pas de parfaits indicateurs de la compétitivité car ils ne sont pas directement comparables en raison de la multiplicité des techniques (échantillonnage, agrégation) et des sources de données.

Ainsi, le coefficient de coût des ressources, le coût de production d'une unité de produits, apparaît comme un meilleur choix pour le calcul de l'avantage comparatif.4

1

- KHADER, H., 2005. Indicateurs de la performance du commerce international (en Arabe). Arab Planning Institute. Koweït P. 7.

2 - INAL, G A., 2003. A study Into Competitiveness Indicators. Rekabot Forumu. TUSAID Sabanci Universitesi. P. 20.

3

- MUCHIELLI, J-L., la compétitivité: définitions, indicateurs et déterminants. Op.cit. P. 1.

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3-2- Indicateurs relatifs aux échanges commerciaux : A l'instar des mesures de performance relatives à la productivité des facteurs, les mesures relatives aux échanges commerciaux sont aussi fondées sur la théorie de l'avantage comparatif.

Plusieurs indicateurs basés essentiellement sur la part des exportations ont été établit. Parmi ces indicateurs, on mentionne :

3-2-1- La part dans le marché de l'exportation1, (XMS) : XMSik = 100(Xik/Xiw)

Où :

Xik = exportations du pays k pour l'industrie i ; Xiw = exportations mondiales de l'industrie i.

3-2-2- L’Avantage Comparatif Révélé (ACR) : Le concept de l’avantage comparatif

révélé (ACR) a été introduit par Balassa en 1965, qui stipule que les échanges internationaux des biens représentent les écarts de coûts entre les nations et montrent par conséquent les avantages comparatifs de ces nations. Les données disponibles sur les performances commerciales permettent donc de calculer les avantages comparatifs révélés. Plus la performance relative d’une nation est importante dans l’exportation d’un produit donné, plus son avantage comparatif révélé dans la production de ce produit est important.2 Il ya plusieurs méthodes pour calculer les indices d’avantage comparatif révélé. La méthode la plus utilisées dans les études empiriques consiste à comparer la structure d’exportation de chaque nation à celle d’une zone de référence (le monde par exemple) :

) TX( ) ( X TX(i) ) ( X ) , ( ACR k k k w w i w i

où ACRk (i,w) : représente l’avantage comparatif révélé du pays i par rapport au reste du monde pour le produit k.

Xk (i) : exportations du bien k par le pays i au monde w. Xk (w) : exportations du bien k par le monde.

TX (i) : total des exportations du pays i au monde. TX (w) : total des exportations mondiales.

Une valeur supérieure à 1 pour une nation donnée déterminerait un avantage comparatif de cette nation sur le commerce du bien en question. Ceci montre que la part des exportations

1 - NAG, B., Modeling Competitiveness. Indian Institute of Foreign Trade. New Delhi. P. 20.

2 - BELHAJ HASSINE, N., 2006. Compétitivité, avantages comparatifs et qualité : une application sur l’agriculture méditerranéenne. P. 8.

Cf. BALASSA, B., 1977. Revealed Comparative Advantage Revisited: Relative Export Shares of Industrialized Countries. The Manchester School.UK. vol 45. PP.327-344.

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de ce bien dans les exportations totales du pays examiné est supérieure à la moyenne mondiale.1

3-2-3- Indice des exportations nettes de Balassa et Bauwen, (NX) : cet indice peut prendre des valeurs négatives ou positives et par conséquent ne peut être directement comparé à l'indice de l'avantage comparatif révélé.

NX

ik

= 100(X

ik

-M

ik

)/Y

ik

Avec :

- Mik = valeur des importations de l'industrie i pour le pays k ; - Yik = valeur de la production de l'industrie i pour le pays k.

Bien qu'ils mettent en évidence le concept de la compétitivité, ces indices ne traitent jamais la question des firmes multinationales malgré que la production de leurs filiales à l'étranger peut être 3 à 4 fois plus grande que celle dans leur pays mère.2

3-3- Les indicateurs « ratios » : Ce sont essentiellement l’indicateur d’avantage

comparatif révélé conçu par B. Balassa3 et une forme modifiée de cet indicateur.

3-3-1-Le taux de couverture comparatif : Le recoure uniquement aux exportations dans

la détermination du ratio de Balassa révèle deux problèmes. Le premier est un problème secondaire qui réside dans les distorsions de concurrences créées par les pratiques protectionnistes. Le deuxième problème est plus important, car il affecte les limites d’interprétation de ce choix. Une manière de le résoudre est d’intégrer les importations dans le calcul pour obtenir un nouvel indicateur d’ACR basé sur la comparaison des taux de couverture. 4

3-3-2-La mesure des ACR par le taux de couverture comparatif : Rapporter le résultat

qu’il donne du côté des exportations par le résultat qu’il donne du côté des importations est une manière de résoudre les problèmes engendrés par l’indicateur de Balassa 1965. En général, la formule de l’indicateur modifié de Balassa 1965 est :

1

- FRIJA, I., Novembre 2008. La compétitivité de l’industrie d’habillement tunisienne : Atouts et limites. Cahiers du LAB.RII Laboratoire de Recherche sur l’Industrie et l’Innovation. Université du Littoral Côte d’Opale. Document de travail N=° 200. P . 09.

2

- LACHAAL, L., la compétitivité : Concepts, définitions et applications. Op.cit. P. 33

Traill et Da Silva dressent cette question et présentent des alternatives aux indices ci-dessus développés en tenant compte de la production des entreprises multinationales à l'étranger. Ainsi, les auteurs démontrent que certains pays, apparemment non compétitifs d'après les indices traditionnels, sont en réalité compétitifs si la production à l'étranger des entreprises multinationales est considérée.

Cf. TRAILL, B., & DA SILVA, J.G., 1994. Trade, Foreign Direct Investment and Competitiveness in the European Food Industries. Discussion Paper No. 1. University of Reading.

3

- Cf. paragraphe 3-2-2 dans ce chapitre.

4

- Cf. La mesure des avantages comparatifs révélés, perso.univ-rennes1.fr/denis.delgay-troise/CI/Tds/ REItd12.pdf

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Alors, le pays j a un avantage comparatif dans la branche i si la valeur de l’indicateur est supérieure à 1 et un désavantage comparatif si l’indicateur tient une valeur comprise entre 0 et 1.

3-3-3-Les indicateurs de contribution au solde commercial : ce sont principalement,

celui de B. Balassa1 (1966), de Grubel et Lloyd2, ou encore celui du CEPII3 (Centre d’études prospectives et d’informations internationales).

3-3-3-1-L’indicateur de Balassa 1966 : Balassa présente, en 1966, une mesure en ayant recours à un nouvel indicateur simple (b) permettant d’estimer les influences respectives des échanges inter-branches et intra-branches dans la spécialisation internationale.

Mi Xi Mi Xi i    b

Ici on ne prend plus en compte le commerce mondial, donc on peut négliger l’exposant j dans la formulation.

Cette formule compare le commerce net (X-M) au commerce total (X+M) de la branche i du pays. Si l'indicateur prend la valeur zéro, le commerce intra-branche dans la branche est maximal puisqu'il y a autant d'importations que d'exportations.

3-3-3-2- La méthode de la contribution au solde : L’indicateur bi reste trop simple : il ne

permet pas à comparer le commerce des différentes branches du pays sur une même base. C’est pour cela qu’il faut le pondérer par le pourcentage que représente le commerce de la branche i dans le commerce total du pays:

1

- Cf. BALASSA, B., 1966. Tariff Reductions and Trade in Manufacturing Among the Industrial Countries. The American Economic Review. 56. PP. 466-473.

2

- Cf. GRUBEL, H G., & LLOYD, P J., 1975. Intra-industry Trade, the Theory and Measurement of International Trade in Differentiated Products. London: McMillan.

3

- FOUQUIN, M., GUIMBARD, H., HERZOG, C. & ÜNAL, D., 2011. Panorama de l’économie mondiale. PP. 71-76.

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Cet indicateur Bi traduit l’excédent ou le déficit commercial de la branche en pourcentage du commerce global du pays. C’est un indicateur dit de contribution au solde. Suivant que la valeur de l’indicateur pondéré est supérieure ou inférieure à 0, le pays a un avantage ou un désavantage comparatif dans la branche i.

Au moyen de cet indicateur, on peut établir un indicateur global de spécialisation intra et inter-branche de toute l’économie : pour cela, il suffit de faire la somme des valeurs absolues des indicateurs des branches i:

L’indicateur global varie entre 0 et 1. Si B=0, tous les soldes sont équilibrés ; si B=1, les branches sont toutes ou importatrices, ou exportatrices. Ici, l’indice de Grubel et Lloyd devient simplement GL = 1-B.

Les spécialisations internationales sont fondées sur la base de déterminants réels de long terme : les avantages correspondants aux coûts de production générés par les différences de productivité et les écarts de dotations factorielles. Alors qu’à court terme, la volatilité et le désalignement des parités par rapport à la parité des pouvoirs d’achat influencent le taux de change réel et la compétitivité d’économies dont les avantages comparatifs n’ont pas évolué de manière significative.

Enfin, il y a d'autres indicateurs, à l’instar de l'indicateur "synthétique" de Grubel et Lloyd, l'indicateur d'Aquino ou bien l'indicateur du CEPII corrigent, plus ou moins bien, cette défaillance.1

1

- LAFAY, G., 1990.La mesure des avantages comparatifs révélés. Economie prospective internationale. N° 41.

81 Conclusion

En fait, il n’y a pas de mesure parfaite ou un indicateur unique qui donne une vue panoramique sur la compétitivité d’une entité économique quelconque. Notamment que l'élaboration des indicateurs dépend de façon décisive du concept de la concurrence. Ainsi, différents indicateurs concernant les compétitivités à l'importation, à l'exportation ou globale, ont été formulés, de même que leurs domaines de validité respectifs.

Cependant, pour une même définition de la compétitivité, plusieurs mesures peuvent être offertes. Leur pertinence dépend des différents éléments entrant dans leur élaboration, particulièrement la couverture géographique, ainsi que le degré d'agrégation des marchés et des compétiteurs.1

Finalement, les indicateurs de compétitivité représentent des outils importants d'analyse malgré les problèmes majeurs que pose leur élaboration et en dépit de leur caractère très agrégé.

1

- GREGOIR, S. & MAUREL, F., 2002. Les indices de compétitivité des pays : interprétations et limites. INSEE.

Chapitre 6: Compétitivité et organisation