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Arguments légitimant les clusters dans les différentes études

Les clusters ont suscité un intérêt grandissant dans les domaines politique, économique et académique. De nombreuses études de cas alimentent la littérature et offrent des pistes d’actions et d’expérimentation pour les praticiens. Dans cette section, nous nous pencherons sur l’article de Porter ayant pour titre « Location, competition and economic development : local clusters in a global economy ».2

L’un des soucis abordés par ces études est lié à la multitude de définitions des clusters. Ces définitions changent et sont toutes assez vastes. Le manque de précision théorique du concept de cluster rend difficile l’appréciation de ces politiques. Porter, propose une définition assez proche des concepts utilisés par les économistes : « Un cluster est un groupe d’entreprises et d’institutions associées dans un champ particulier, géographiquement proches et liées par des attributs communs et des complémentarités »3.

En se basant sur cette définition, un cluster, sur le plan théorique, n’est qu’un regroupement spatiale d’une activité quelconque ou un champ selon Porter. Malgré que les concepts d’attributs communs et de complémentarités ne soient pas très clairs, cette définition met la lumière sur quelques avantages liés à la concentration géographique.

1

- Le Conseil fédéral Suisse, 2010. Les clusters dans la promotion économique. Rapport du Conseil fédéral en exécution du postulat Rey (Réseaux de développement économique). Berne. PP. 9-10.

2

- Nous avons déjà évoqué la théorie de Porter dans le 2e chapitre de cette thèse.

3

- DURANTON, G., MARTIN, P., MAYER, T. & MAYNERIS, F., 2008. Les pôles de compétitivité, Que

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2-1- Le diamant de Porter : Dans ses travaux, Porter, se souciait plus de justifier les

politiques de cluster. L’instrument théorique principal qu’il utilise est le diamant concurrentiel qui est présenté comme une explication des sources d’avantage concurrentiel localisé. (Figure 6-1)

Figure 6-1 : Le diamant de la concurrence de Porter

Source : PORTER, M., 1999. Grappes et concurrence. Chapitre 7. Compétitivité et

localisation géographique, in la concurrence selon Porter. P. 220.

La partie centrale du losange désigne le contexte local dynamique inspirant une concurrence vigoureuse. Cette partie est reliée à quatre éléments :

- les entreprises concurrentes favorisées par un environnement politique, législatif et économique ;

- les conditions de la demande : un marché local de qualité, et en quantité suffisante avec des consommateurs connaisseurs, exigeants pour les produits du cluster, permettant d’anticiper les demandes extérieures, et poussant les entreprises à toujours plus d’innovation et de qualité ;

- les industries connexes: l’existence d’un tissu riche d'industries partenaires ou d’assistance;

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- les conditions d’offre: des facteurs de production, qui incluent les ressources utilisées par les entreprises du cluster à savoir la main d'œuvre, particulièrement technique et scientifique (dans les domaines du cluster) ; les ressources naturelles ; les infrastructures (information, équipement, management, centres de formation et de recherche) ; le capital (pour financer les entreprises dans différentes étapes de développement). 1

Les interactions entre les quatre facteurs du losange génèrent l’avantage compétitif. Ces interactions sont intensifiées par la concentration géographique et sont censées contribuer, ainsi, au développement d’un cluster toujours plus importent et plus concurrentiel. Le rôle des gouvernements locaux, selon Porter, est de favoriser chaque éléments du diamant car une amélioration dans l’une des parties entraine un renforcement des relations avec chacune des autres parties du diamant.

Porter recommande de nombreuses politiques destinées à « améliorer » le cluster : des politiques qui aident au développement d’un cluster (comme attirer des fournisseurs et des prestataires de services de manière à développer l’emploi dans le cluster) ; et des politiques qui renforcent la compétitivité au sein du cluster (comme la création de programmes d’éducation et de formation « spécialisés », « le développement du transport spécialisé », un pouvoir public local « agissant en tant qu’acheteur sophistiqué des produits du cluster », etc.

Les clusters améliorent la compétitivité de telle sorte que leur renforcement et leur développement sont un objectif politique justifié selon le cadre d’analyse proposé par Porter. Pour cela, une combinaison complexe de politiques, propre à chaque cluster, est nécessaire. 2

2-2- Les limites du diamant de Porter : Dans un cadre de politique économique, trois difficultés principales peuvent être soulevées. En premier lieu, le modèle présenté dans la figure 6-1, avec ses nombreuses boîtes et flèches, est compliqué et superficiel car tous les éléments qui composent ce modèle interagissent positivement les uns sur les autres : l’amélioration d’un facteur quelconque du modèle sera bénéfique pour tous les autres.

Deuxièmement, le « Diamant » proposé par Porter ne fournie aucune hypothèse sur la mobilité de la main-d’œuvre. Si la main-d’œuvre n’est pas suffisamment mobile, ce type de politique peut être très couteux et ne justifie plus l’attractivité des entreprises extérieures au cluster. De même, il ne fait aucune référence au marché foncier qui pourrait être influencé par la concentration d’entreprises et voire ses prix à la hausse.

1 - LARGIER, A., LARTIGUE, S., SOULARD, O. & TARQUIS, C., 2008. CLUSTERS MONDIAUX : Regards croisés sur la théorie et la réalité des clusters. Identification et cartographie des principaux clusters internationaux. IAURIF. P.12.

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« Enfin, le cadre d’analyse proposé par Porter et ses partisans ne constitue pas une véritable justification des politiques publiques locales qu’ils préconisent. Une proposition de politique publique doit non seulement montrer que la situation sans intervention n’est pas optimale mais également que cette intervention améliorera la situation. Ce type de raisonnement traditionnel en économie publique est simplement absent de l’analyse de Porter »1.