• Aucun résultat trouvé

4.1 L E MILIEU BIO - PHYSIQUE

4.1.3 Les habitats terrestres

4.1.3.1 Les habitats en milieu agricole 4.1.3.1.1 Description

Les milieux agricoles sont caractérisés par leur mise en valeur à des fins uniques, soit de production horticole, fruitière, maraîchère ou animale. C'est dans le sud des Laurentides qu'on observe le plus ce type d'habitats, soit dans les MRC Deux-Montagnes, Mirabel, Thérèse-de-Blainville ainsi que dans le sud des MRC Rivière-du-Nord et Argenteuil. Dans les MRC les plus méridionales (Deux-Montagnes, Thérèse-de-Blainville et Mirabel), la forêt occupe moins de 50 % du territoire (SPBL 2000), seuil sous lequel elle est considérée comme fragmentée (Bélanger et Grenier 1998). De plus, la MRC des Deux-Montagnes ne compte que 34 % de son territoire en milieu forestier (SPBL 2000) ; Andrén (1994) a suggéré un seuil de 30 % pour lequel il y a des pertes significatives de la biodiversité et des dangers réels pour les populations fauniques et floristiques.

On note qu'en milieu agricole le couvert forestier est réduit à quelques îlots isolés à travers des étendues plus grandes où l'agriculture domine. C'est un milieu relativement pauvre au niveau faunique, les espèces présentes étant pour la plupart communes et favorisées par des milieux ouverts. Ce milieu comporte à première vue peu d'intérêt pour la mise en valeur de la faune. De plus, les cours d'eau présents sont généralement dégradés, ayant été fortement enrichis par des engrais en provenance des champs, redressés pour augmenter la superficie en culture ou circonscrits par des rives ne supportant aucune végétation caractéristique de ce type de milieu. Cependant, une bonne proportion de ces milieux de vie pourrait être restaurée.

4.1.3.1.2 Potentiels de mise en valeur

Bien qu'on ne se soit attardé que récemment aux milieux agricoles, il n'en demeure pas moins que plusieurs espèces les fréquentent, comme entre autres plusieurs espèces de grenouilles dont quelques-unes sont aussi inscrites comme susceptibles d'être menacées ou vulnérables et nécessitent une attention particulière. D'autres espèces

sont aussi parfois à la limite septentrionale de leur aire de répartition. Le milieu forestier y est généralement fragmenté et la création ou la restauration de corridors fauniques prend ici toute son importance. Afin d'optimiser les investissements requis, il serait nécessaire d'effectuer l'inventaire des corridors existants, de s'assurer de leur protection et par la suite, de combler les lacunes identifiées. Une démarche de travail est présentée par Duchesne et al. (1999).

4.1.3.2 Les habitats en milieu agro-forestier 4.1.3.2.1 Description

Dans les Laurentides, les secteurs dits agro-forestiers sont distribués tout au long des grandes rivières et des routes principales. Cette répartition est certes due aux vagues successives de colonisation et d'occupation du territoire. Pour la MRC d'Argenteuil, la juxtaposition d'espaces agricoles et de forêt constitue même une richesse patrimoniale que le schéma d'aménagement révisé veut préserver. Au niveau de la faune, ce type de milieu est très diversifié par le grand nombre d'écotones (milieux de transition entre deux types d'habitat) qu'on y observe. Règle générale, les cours d'eau y sont moins affectés par l'agriculture industrielle qu'en milieu agricole typique. Cependant, même si la fragmentation menace moins la biodiversité que dans un paysage agricole, il n'en demeure pas moins que cet aspect mérite un suivi préventif.

Par définition, ce type de milieu est caractérisé par une étroite cohabitation de l'homme avec le milieu naturel. L'occupation du territoire est donc partagée avec la faune dite forestière, dont quelques espèces causent parfois des problèmes localisés de déprédation. Par exemple, l'ours noir peut causer des dommages aux installations des apiculteurs et plus rarement, des mortalités dans les élevages. De plus, certains citoyens peuvent être effrayés par sa présence. Le coyote peut à l'occasion prélever des ovins. Le castor peut facilement construire des barrages en travers des ponceaux, lesquels sont évidemment plus fréquents en milieu habité qu'en milieu exclusivement forestier. Les dommages causés par ce dernier peuvent parfois être élevés et la prévention est essentielle. La même attitude doit être développée envers l'ours noir, cette espèce pouvant adopter des comportements dangereux lorsqu'elle devient trop familière avec les humains.

Quelques espèces fauniques accomplissent une partie de leur cycle vital annuel dans les milieux agro-forestiers. C'est le cas entre autres du cerf de Virginie, dont quelques aires de concentration hivernale sont dans ce type de milieu. Les caractéristiques de ces habitats et de leur mise en valeur sont décrites à la section sur les habitats forestiers.

4.1.3.2.2 Potentiels de mise en valeur

Les milieux agro-forestiers présentent beaucoup d'intérêt pour leur mise en valeur. En effet, ils sont situés à proximité des lieux habités et offrent une excellente accessibilité physique par le réseau routier primaire. Ils sont cependant de tenure privée, sauf de très rares exceptions. Cette caractéristique peut empêcher l'accès à certains sites d'intérêt, selon la volonté du propriétaire. Inversement, la tenure privée augmente d'autant le sentiment d'appartenance et possiblement l'intérêt pour des aménagements favorisant la faune. La question du financement public pour des bénéfices qui ne profitent qu'aux propriétaires reste cependant à être réglée. Selon l'espèce en question ou son statut en

regard de la problématique des espèces menacées, cet investissement peut cependant être justifié. Chaque cas doit donc être évalué.

La question de l'accessibilité aux terres privées pour la pratique d'activités reliées à la faune est plus importante en milieu agro-forestier que dans les autres milieux. En effet, la faune y est plus abondante et diversifiée qu'en milieu agricole, ce qui augmente le nombre de cas de déprédation. Or, même si la solution durable à ces problèmes repose souvent sur un prélèvement accru des espèces en cause dans un contexte de gestion de population, la possibilité de capturer ou de récolter des animaux nécessite la possibilité d'avoir accès là où les animaux se trouvent. Afin de répondre à cette problématique, un système de réservation permettant de mettre en relation les chasseurs et les propriétaires intéressés à louer des sites de chasse pourrait être développé.

4.1.3.3 Les habitats en milieu forestier 4.1.3.3.1 Description

La forêt est une ressource naturelle importante dans les Laurentides. Non seulement procure-t-elle de l'emploi, mais également un environnement de qualité pour la pratique d'activités de toutes sortes. La forêt des Laurentides est exploitée depuis près de deux siècles, ce qui implique que la grande majorité est de seconde venue. Malgré cet historique, plusieurs secteurs n'ont pas été exploités par le passé, soit parce que la forêt était trop jeune suite à des incendies majeurs ou parce que l'intérêt était dirigé vers d'autres essences commerciales.

La répartition de la tenure des terres a des répercussions autant sur les modes de conservation et de mise en valeur des ressources naturelles que sur les possibilités futures de développement. Le programme de reconnaissance des écosystèmes forestiers exceptionnels dirigé par le ministère des Ressources naturelles a permis d'identifier 18 sites qui pourraient bénéficier d'une protection particulière. Ces sites auraient avantage à être connus et pourraient même constituer des destinations intéressantes pour des excursions écotouristiques. La mise en valeur d'un écosystème forestier exceptionnel à des fins éducatives, scientifiques et même récréatives est possible en autant que cela n'altère en rien son caractère exceptionnel.

Les aires de confinement du cerf de Virginie sont des habitats fauniques jugés essentiels à la survie de cette espèce dans la région. Ces habitats sont décrits à la section 4.2.2.2.1. Parallèlement à l'identification d'habitats particuliers, plusieurs MRC ou municipalités ont identifié des secteurs à développement touristique. Par exemple : - Bois de Belle-Rivière (MRC Mirabel);

- Parc régional éclaté (MRC Les Pays-d'en-Haut);

- Centre récréatif et éducatif des Laurentides (MRC Les Laurentides);

- Pisciculture de Saint-Faustin (MRC Les Laurentides);

- Pinède d’Oka, une plantation de pins (MRC Deux-Montagnes);

- Boisé d’érables argentés dans un secteur inondé de Pointe-Calumet (MRC Deux-Montagnes);

- Parc du Domaine Vert (MRC Mirabel).

En plus de ces secteurs touristiques, on note aussi la présence d'une forêt d’enseignement, de recherche et d’expérimentation, la forêt Mousseau, située dans la région de Sainte-Véronique (MRC d'Antoine-Labelle).

En résumé, les motivations premières de l'intérêt porté au milieu forestier diffèrent selon sa localisation dans la région. Par exemple, la MRC des Pays-d’en-Haut considère que la valeur de la forêt tient d’avantage à ses possibilités d’utilisation à des fins de villégiature et de récréation qu’à son potentiel d’exploitation pour la matière ligneuse. À l'opposé, la MRC d'Antoine-Labelle base son développement économique sur l'industrie forestière et revendique plus de droits de coupe afin, entre autres, de permettre l'installation d'une cartonnerie sur son territoire.

4.1.3.3.2 Potentiels de mise en valeur

Le milieu forestier recèle d'immenses potentiels de mise en valeur. Que ce soit à des fins fauniques, récréatives ou industrielles, les intervenants sont nombreux tout comme leurs objectifs à court, moyen et long terme. L'harmonisation des besoins s'avère essentielle afin de pouvoir rencontrer les aspirations légitimes de chacun des groupes d'intérêt. Ce n'est que dans un contexte de participation de tous à la prise de décision que ne pourra se réaliser le plein potentiel de mise en valeur du milieu forestier.

De façon plus ponctuelle, les ravages de cerfs de Virginie peuvent accueillir divers travaux d'aménagements forestiers. En effet, les interventions forestières planifiées adéquatement peuvent être bénéfiques aux cerfs et le Programme d'aide à l'aménagement des ravages (PAAR) est conçu afin d'offrir un incitatif financier aux propriétaires en terres privées. En terres publiques, ce sont les bénéficiaires de CAAF qui agissent sur l'habitat du cerf en orientant leur activités d'aménagement forestier selon le plan d'intervention des ravages (PIR), plan élaboré conjointement par le MRN et la FAPAQ. En terres publiques, ce sont les bénéficiaires de CAAF qui sont les principaux acteurs de l'aménagement d'habitat.