• Aucun résultat trouvé

4.2 L A FAUNE

4.2.2 Grande faune

4.2.2.2 Cerf de Virginie

4.2.2.2.1 Description et traits distinctifs régionaux

Communément appelé chevreuil, le cerf de Virginie est une espèce bien connue par la quasi-totalité du public fréquentant les Laurentides. Rares sont ceux qui n'ont jamais eu l'occasion d'en apercevoir un, ne serait-ce que sa queue blanche caractéristique, s'éloignant rapidement au saut ! Tout comme l'orignal, cette espèce est très recherchée par les chasseurs sportifs.

L'état des populations de cerf préoccupe les habitants de la région depuis très longtemps. Ceux-ci en discutent abondamment et maints récits de chasse parlent de trophées et de « bucks ». Par exemple, c'est à cette espèce qu'a été dévolu le plus grand nombre de pages dans une plaquette consacrée à chacune des espèces fauniques présentes dans les Laurentides (Pelletier 1968). Plusieurs se souviennent aussi des pressions des chroniqueurs sportifs de la fin des années 60 afin de mettre en place des programmes de contrôle des prédateurs servant à protéger cette espèce (Banville 1981).

Mont-Laurier#

#

Saint-Faustin-Lac-Carré

Saint-Jérôme#

Saint-Eustache#

10 EST 11 EST

15 14

9

10 OUEST

8

11 OUEST

Figure 4.10 Les zones de chasse sportive sur le territoire de la Direction de l'aménagement de la faune des Laurentides

N E W

S 74

Zone de chasse Zone d'exploitation contrôlée Pourvoirie à droits exclusifs Réserve faunique Parc

1 : 1 150 000

20 0 20 40 Km

Même si la population de cerfs de Virginie est considérée comme relativement abondante dans le sud de la région, les effectifs diminuent rapidement dans le nord.

Cette particularité est due à la rigueur des hivers et aux accumulations de neige plus abondantes, notamment en terrain montagneux. C'est d'ailleurs pourquoi nous distinguons trois populations dans la région : celle des Basses-Laurentides (approximativement dans la zone 9, environ 3,3 cerfs/km2 après la saison de chasse 2000), celle de la réserve faunique Papineau-Labelle (zone 10-Est, 6 cerfs/km2), et celle des Hautes-Laurentides (zones 11 et 15, 4,4 cerfs/km2). Les hivers relativement doux de la dernière décennie ont permis une croissance des populations, lesquelles atteignent maintenant des densités permettant des opportunités de mise en valeur qui auraient été jugées utopiques il y a dix ans. Ainsi, il a été proposé que les saisons de chasse à l'arc et à l'arme à feu soient prolongées de même qu'ouvertes dans de nouveaux territoires où elles avaient été fermées vingt ans auparavant. De plus, des inventaires étant prévus pour l'hiver 2002 dans la zone 9-Ouest et dans la zone 11 en 2003, ceux-ci permettront de valider plusieurs projections actuellement réalisées par simulation mathématique de la croissance des populations.

L'importance de la rigueur de l'hiver sur l'abondance du cerf de Virginie augmente la dépendance des cerfs envers la qualité de leur habitat d'hiver, les ravages. Bien aménagés, ces habitats peuvent supporter un nombre accru de cerfs. C'est pourquoi on estime que le développement économique lié au cerf repose sur l'aménagement des ravages, puisque sans ces habitats, la population de cerfs ne pourrait se maintenir.

On dénombre sur l’ensemble du territoire des Laurentides un total de 23 aires de confinement du cerf de Virginie, ce qui représente une superficie totale de 1 047 km2. Un seul de ces ravages est situé entièrement sur terre publique, les autres étant soit en terre privée ou mixte, c’est à dire constitués de terres publiques et privées.

Conséquemment, neuf d’entre eux détiennent actuellement un statut légal à titre d’habitat faunique, ce qui signifie que ces derniers (superficie totale de 555,8 km2) sont protégés en vertu de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune.

4.2.2.2.2 Aspects réglementaires

La réglementation de la chasse au cerf a constamment évolué durant les dernières décennies en relation avec l'abondance des effectifs. D'une longueur de cinq à douze jours selon les secteurs en 1970, la saison à l'arme à feu, de loin la plus populaire, s'étire actuellement sur 14 à 16 jours dans la majeure partie de la région, selon les zones de chasse. À partir de 2002, ces saisons seront prolongées pour atteindre 23 jours de chasse à l’arme à feu dans certains secteurs de la région. Quelques exceptions sont notées, comme par exemple dans la zone 8, où seuls l'arc, l'arbalète et les armes à poudre noire sont permis. Notons que la chasse au cerf n'est autorisée dans la zone 15 que depuis la saison 2000, suite à une fermeture datant de 1984.

La mise en valeur des populations de cerfs doit être adaptée à l'abondance des populations. Parfois restrictive, d'autres fois plus libérale, la réglementation doit être en mesure de répondre rapidement aux variations de l'abondance de cette espèce.

Signalons que des mortalités de 30% ont déjà été observées suite à un hiver rigoureux.

De même, il est possible qu’une population puisse doubler ses effectifs en trois ans.

Dans ce contexte biologique, des outils efficaces de suivi ont été développés avec les années, tout comme des mécanismes réglementaires permettant une réponse rapide à ces fluctuations.

4.2.2.2.3 Potentiels de mise en valeur

► Dans l'état actuel de nos connaissances, il appert que les populations de cerfs de Virginie pourraient supporter une exploitation plus élevée par la chasse que ce que nous connaissons aujourd'hui. C'est d'ailleurs dans cette optique que le prochain plan de gestion sera élaboré et que la chasse dans la zone 15 a été ouverte en 2000, devançant par le fait même la mise à jour du plan de gestion actuellement en vigueur.

Sur ce dernier point, nous notons que cette nouvelle activité suscite beaucoup d'intérêt, particulièrement suite aux résultats très encourageants tant au niveau quantitatif par le succès de chasse élevé qu'au niveau qualitatif, à cause du grand nombre de trophées qui ont été récoltés (Groulx 2001). Sûrement que les travaux menant à l'élaboration du prochain plan de gestion nous permettront de mieux quantifier les possibilités de récolte de cerfs. L'aménagement de sites de chasse en terres privées devient de plus en plus intéressant à cause de l'augmentation de la longueur de la saison. Alors qu'au nord, l'abondance des terres publiques permet facilement la pratique de la chasse, la situation est bien différente au sud.

L'organisation de services aux chasseurs afin de les mettre en relation avec des propriétaires privés, tel que mis en place en Estrie, est de nature à favoriser l'accessibilité pour les chasseurs et simultanément, la pratique de l'activité à une faible distance de leur résidence.

► La relève pour la pratique des activités de chasse demeure tout de même un problème qui doit être abordé afin de maintenir la chasse comme outil de gestion des populations. À cet effet, nous proposons d'évaluer la possibilité de mettre en place une école de chasse où les apprentis chasseurs pourraient apprendre les rudiments de ce sport. Les règles de pratique telles la longueur de la période de chasse devraient être assouplies dans ce cas précis de manière à faciliter l'apprentissage et à recevoir un nombre de chasseurs suffisant à assurer une rentabilité financière. Les Laurentides étant reconnues pour la qualité des chasseurs de cerfs, elle demeure un endroit de prédilection pour l'apprentissage de la chasse.

► L'observation des cerfs est une activité sans prélèvement qui est déjà développée par plusieurs municipalités de la région, le plus souvent par l'octroi de subventions à des associations locales pour l'achat de nourriture « artificielle ». Les clubs de motoneiges sont aussi intéressés, comme en font foi les indications de présences de cerfs sur les cartes de localisation des sentiers, de même que les nombreuses mangeoires installées le long de ceux-ci. Bien que courante et appréciée par la majorité de la population, la pratique du nourrissage artificiel des cerfs de Virginie n'est cependant pas sans causer de problèmes, que l'on pense à l'augmentation des accidents routiers et aux cas de déprédation à proximité des mangeoires, sans oublier les effets négatifs au niveau des cerfs eux-mêmes.