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3. Premier article : une méthodologie d’étude de cas comparatif

3.3 Les entretiens de recherche semi-directifs

Dans les études de cas, les entretiens constituent une source d’information essentielle (Yin 2009 : 106). Pour cette recherche, nous voulions interroger les acteurs-clés qui étaient les initiateurs des deux projets, mais aussi ceux qui ont été au cœur des activités du lancement du projet. Nous avons par conséquent procédé avec un « échantillonnage par choix raisonné », stratégie de choix des interviewés qui consiste pour le chercheur à choisir délibérément les personnes pertinentes pour un entretien. Grâce à la documentation, nous avons eu accès aux noms des personnes qui correspondaient à nos critères. Le type d’entretien que nous avons réalisé est souvent appelé entretien d’expert (Flick, 2010 : 214-219). Il existe des définitions plus ou moins restrictives de ce qui peut être appelé un « expert ». Selon la définition, à notre avis trop large, de Gläser et Laudel (2009 : 12), un expert décrit le rôle spécifique d’une personne interviewée comme source de connaissances spécialisées sur le domaine social qui fait l’objet de l’étude. Par exemple, un musicien ou un sportif pourraient ainsi être considérés

comme experts puisqu’ils ont des connaissances spécialisées dans leur domaine. Bogner et Menz (2010 : 54) donnent une définition plus restreinte de l’expert et ils mettent l’accent sur la connaissance réflexive et la connaissance dans l’action (‘action knowledge’) des personnes : « An expert has technical, process, and interpretative knowledge that refers to a specific field of action, by virtue of the fact that the expert acts in relevant ways (for example in a particular field or the experts own professional area) » (Bogner et Menz, 2010 : 54). Les auteurs notent qu’un expert, sans nécessairement appartenir à une élite, a une influence sur les conditions d’action des autres acteurs du champ (p. 55). Selon Flick (2010), on peut considérer comme experte une personne qui a des connaissances spécifiques des processus et des stratégies et qui détient des informations difficilement accessibles par d’autres moyens. Éventuellement, la personne a elle- même des responsabilités dans les processus décisionnels. Une personne considérée comme experte dans un domaine donné se trouve souvent dans un réseau intéressant pour le chercheur. Ceci peut conduire vers d’autres personnes à interviewer (échantillonnage par réseau ou par boule de neige (Merriam, 2009 : 79)). Un entretien d’expert s’intéresse moins à la personne dans son ensemble, mais avant tout à ses connaissances dans un champ spécifique (Flick, 2010 : 214). Cependant, nous nous sommes également intéressés aux parcours professionnels, aux visions, réflexions et motivations des personnes interviewées.

Guidés par les informations obtenues de façon préalables et par notre cadre théorique, nous avons construit des guides d’entretiens semi-directifs (Merriam, 2009 : 89). Ils contenaient un ensemble de questions utilisables de façon flexible. Pour chaque personne interviewée, le guide d’entretien était adapté pour tenir compte des connaissances spécifiques de chaque expert. Un exemple de guide d’entretien avec un participant dans l’initiation de l’ISO 26000 se trouve dans l’annexe (annexe 3)

Pour les entretiens en face à face avec les personnes du Global Compact de l’ONU, nous nous sommes déplacés avec notre directeur de thèse en janvier 2011 à New-York. Lors de deux journées, nous avons interviewé quatre personnes dans les bureaux du Global Compact: l’un des créateurs historiques et dirigeant actuel (97’), le responsable des communications (91’), le responsable des ‘réseaux locaux’ (46’), ainsi que le responsable du ‘Communication on Progress Framework’ (64’).

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Lors de tous les entretiens de recherche, nous avons expliqué les objectifs de la recherche, et nous avons informé les interviewés sur l’utilisation des informations d’entretiens avant chaque entretien. Nous avons également fait lire et signer un formulaire de consentement de recherche qui indiquait notamment les modalités d’un consentement libre, éclairé et continu.3 Un exemple du formulaire du consentement se trouve dans l’annexe (annexe 4). Toutes les personnes interviewées étaient également d’accord avec l’enregistrement de l’entretien.4

Aux fins de l’article, nous avons principalement exploité l’entretien avec l’initiateur. Les autres entretiens ont fourni des informations sur l’évolution de l’initiative à la suite de son opérationnalisation et des informations contextuelles sur les enjeux autour les initiatives RSE volontaires. Les thèmes abordés par l’entretien avec le créateur portaient sur l’origine de l’idée, les raisons et les motivations pour un Global Compact, sur la rédaction et la tenue du discours initiateur par le secrétaire général Kofi Annan, sur les rencontres de préparation, le financement initial, sur le réseau de soutien parmi les entreprises et les gouvernements, ainsi que sur les opposants.

Nous avons également conduit des entretiens avec des personnes clés dans la création initiale de l’ISO 26000. Nous avons fait la connaissance et eu un échange informel avec l’un des initiateurs lors du colloque international du Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (CRIMT) en juin 2011. Ce contact a mené à un entretien de recherche formel conduit en début 2012 à Toronto lors de notre participation au ‘PhD Workshop’ du Canadian Business Ethics Research Network (CBERN) (64’). Lors d’un voyage à Genève pour participer à un atelier de l’ISO en novembre 2012, nous avons interviewé le secrétaire général adjoint de l’ISO (59’). Ensuite, nous avons également interviewé deux personnes qui avaient été membres du groupe consultatif d’experts de l’ISO (SAG). Ce groupe, actif entre 2003 et 2004, avait analysé les enjeux d’une possible norme de responsabilité sociale. Le premier avait été le président du SAG, interviewé en août 2012 à Montréal (39’). Nous avons

3 Nous avons été surpris que l’Université de Montréal ne mette pas à disposition un formulaire de base en anglais

et nous avons donc dû traduire le formulaire.

4 Dans le cadre de notre projet de recherche doctorale, toutes les personnes auxquelles nous avions demandé

d’enregistrer les entretiens ont donné leur accord (en face à face ou par téléphone/Skype). Ceci a grandement facilité la collecte de données puisque nous avons pu transcrire les enregistrements.

interviewé le deuxième par appel téléphonique en juillet 2012. Finalement, nous avons joint l’une des initiatrices de l’ISO 26000 par téléphone en mai 2015 afin de récolter quelques informations complémentaires et pour corroborer certaines autres informations (39’). Au cours des entretiens, nous avons également interrogé deux des personnes sur la diffusion de l’ISO 26000. Ceci nous a été utile pour le projet du deuxième article.

4. Deuxième article : une méthodologie d’étude de cas avec deux cas enchâssés