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Carte 6. Aire du groupe kongo H10 en République du Congo Collectif (1987 : carte 5)

3. Les marqueurs de la conjugaison

4.6 Les déterminants

Les principaux marqueurs utilisés comme déterminants sont : — les démonstratifs ;

— le connectif ; — l’interrogatif ;

— l’anaphorique plus distant; — l’anaphorique de reprise.

1 On parle de distance nulle (Culioli 1999 ; T2 : 135).

73 4.6.1 Les démonstratifs

Les démonstratifs sont formés au moyen de trois principaux marqueurs qui indiquent le degré de proximité, ou d’éloignement relatif, du locuteur ou de l’allocataire ou des deux à la fois. Il s’agit :

— du marqueur í/ú/á du démonstratif proche ; — du marqueurs ó du démonstratif distant ; — et du marqueur i/u/ané du démonstratif distant.

Le marqueur du démonstratif proche apparaît sous la forme í/ú/á. Il détermine la proximité du locuteur1.

Le marqueur -ú dans le pronoms wuú « ci » détermine que le sujet mwaaná (cl. 1), repris par la classificateur pronominal, est situé proche du locuteur au moment de l’énonciation.

Le marqueur ó du démonstratif proche indique l’éloignement de l’allocutaire2.

Dans ce contexte, c’est le marqueur -ó, dans woó « là » qui exprime que l’allocutaire est distant au moment de l’énonciation. Ce même marqueur est également employé dans le pronom utilisé comme un anaphorique.

1 Cette voyelle s’assimile à la voyelle du classificateur avec lequel il est utilisé.

2 Il assimile la voyelle contiguë du classificateur pronominal.

(26a) Mwaaná wuú waá múbote.

mu-ána wu-ú wu-a mu-bote CL1-enfant ACL1-PROX ACL1-REP.ANAPH ACL1-bon m. à m. « L’enfant l’enfant-ci il [l’enfant-ci] il [l’enfant-ci] bon. » « Cet enfant est gentil. »

(26b) Mwaaná woó waá múbote.

mu-ána wu-ó wu-a mu-bote CL1-enfant ACL1-DIST ACL1-REP.ANAPH ACL1-bon m. à m. « L’enfant l’enfant-là il [l’enfant-là] il [l’enfant-là] bon. » « Cet enfant-là est gentil. »

(4b) Musamú wó muteélelé wo.

mu-ámu wu-ó Ø-Ø-mu-ta-il-il-i wu-ó CL3-problème ACL3-DIST MS1-RSLT-MO1-dire-APPL-APPL-R ACL3-DIST m. à m. « Le problème le problème-là il lui a dit le [le problème-là]. »

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Le marqueur -ó, dans le premier pronom woó « là », permet à l’énonciateur de faire allusion à

musamú « problème » (cl. 3) au moment de l’énonciation. Le deuxième wo rappelle, placé en

fin d’énoncé est également utilisé comme anaphorique. Il rappelle – permet de se souvenir de – musamú wó « ce problème-là » (cl. 3). Le souvenir de musamú (cl. 3) est encore vif dans la mémoire des inter-actants à la différence de l’anaphorique plus distant que nous aborderons plus loin.

Le marqueur i/u/ané exprime l’éloignement relatif du locuteur et de l’allocutaire au moment de l’énonciation.

Le marqueur i/u/ané, dans ewuné « là-bas », détermine que le sujet mwaaná (cl. 1), repris par le classificateur pronominal wu- (cl. 1) est localisé distant du locuteur et de l’allocutaire au moment de l’énonciation. Le marqueur e- détermine que le doigt est orienté en direction du sujet. Ce marqueur peut être relié au marqueur -ké de la focalisation.

Ce marqueur ke- permet de mettre sur le sujet pendant la monstration. 4.6.2 Le connectif

Le connectif apparaît sous la forme á. Comme son nom l’indique, il sert à relier des unités souvent.

1 Extrait de Lere lere « À chacune son heure » ; auteur Michel Rafa et le ballet théâtre Lemba, vidéo déposée le 11 août 2013 ; http//www : yotube.com/watch ?v=QroZY5Y9k9w.

(26c) Mwaanéewuné waá múbote.

mu-ána e-wu-uné wu-a mu-bote CL1-enfant POINT-ACL1-ELOIN ACL1-REP.ANAPH ACL1-bon m. à m. « L’enfant l’enfant là-bas il [l’enfant là-bas] il [l’enfant là-bas] bon. » « Cet enfant là-bas est gentil. »

(27) Emanéeké bóongá.

e-ma-ané-ké Ø-Ø-boong-á

POINT-ACL6-ELOIN-FOC MS1-FUT-prendre-NR m. à m. « Ci-[les oranges] là-bas-là tu prendras. » « Tu prendras celles [les oranges] là-bas. »

(28) Lere ya menó buú yifwéeni.1

Ø-lere yi-á menó bu-ú yi-Ø-fwaan-i

CL9-heure ACL9-CONN moi CL14-PROX ACL9-RSLT-suffire-R m. à m. « L’heure l’heure de moi elle [l’heure] suffire. »

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Le marqueur á, dans le pronom ya (cl. 9), relie lere « l’heure » (cl. 9) au pronom tonique menó « moi » dans lere ya menó, paraphrasé par ‘l’heure celui de moi’ et traduit par « mon heure », qui joue le rôle du sujet. Cette construction a une valeur possessive.

4.6.3 L’interrogatif

Le marqueur -é permet de construire le pronom interrogatif lorsqu’il est relié à un classificateur pronominal.

Le marqueur -é dans le pronom wé « quel » d’exprimer l’interroger concernant l’objet

mwaaná (cl. 1) repris par le classificateur pronominal. L’interrogation qu’il exprime porte

donc sur l’objet. Cela sous-entend qu’il y a un groupe d’enfants parmi lesquels on compte celui sur qui porte l’interrogation. On a donc affaire ici à une sélection dans la classe des occurrences.

4.6.4 L’anaphorique plus distant

Le marqueur -í-/ú/-na est utilisé comme un anaphorique plus distant qui contribue à faire le renvoi. Il intervient dans la construction du pronom anaphorique lorsqu’il est relié à un classificateur pronominal.

Le pronom anaphorique wuúna reprend musamú « le problème » (cl. 3). Il est paraphrasé par ‘auquel je fais allusion’. Contrairement à l’anaphorique distant woó, en (5b),

wuúna évoque un souvenir lointain.

(29a) Mwaaná wé katwíiri ?

mu-ána wu-é ka-Ø-tu-il-i

CL1-enfant ACL1-INTERR MS1-RSLT-frapper-APPL-R m. à m. « L’enfant l’enfant quel il a frappé ? »

« Quel enfant il a frappé ? »

(4c) Musamú wuúna waá kakunteélelé. mu-ámu wu-úna wu-a

CL3-problème ACL3-ANAPH ACL3-REP.ANAPH ka-Ø-ku-n-ta-il-il-i

MS1-RSLT-CL15-MO1-dire-APPL-APPL-R

m. à m. « Le problème le problème là-bas il [le problème là-bas] il lui a dit. » « Le problème [en question] il lui en a parlé. »

76 4.6.5 L’anaphorique de reprise

Le marqueur -a exprime la reprise, de l’objet ou du sujet, dans le pronom où il est utilisé.

Il apparaît après le nom qu’il détermine.

L’anaphorique waá rappelle l’objet musamú « le problème » (cl. 3)1. Le classificateur pronominal wu- (cl. 3) indique qu’il s’agit de musamú « le problème » (cl. 3) dans l’énoncé tandis que le marqueur a exprime que musamú « le problème » (cl. 3) est encore repris.

Musamú waá est paraphrasé par ‘le problème, le’. Cela traduit une l’insistance sur musamú

« le problème » (cl. 3) marquée aussi par sa thématisation. Dans ce contexte, le pronom de reprise est prononcé avec une voyelle longue. Elle peut aussi être prononcée brève.

La valeur prédicative est enclenchée à cause de la présence de l’adjectif múbote « bon ». Il y a aussi une forme de renforcement dans la valeur « est » qui se dégage. Il y a lieu de croire que la longueur vocalique permet de distinguer ces deux emplois de l’anaphorique.