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Carte 6. Aire du groupe kongo H10 en République du Congo Collectif (1987 : carte 5)

3 Emplois comme opérateur syntaxique

3.3 Emplois entre les énoncés simples

Bu (cl. 14) est suivi d’un procès non réalisé, ou réalisé, lorsqu’il apparaît à l’intérieur de

l’énoncé.

3.3.1 Avec un procès non réalisé

Bu (cl. 14) articule deux procès non réalisés dans l’énoncé (13b) :

Nous avons vu précédemment que bu (cl. 14) n’articule pas de la même manière le

1 Extrait de N'sangou « nouvelles », auteur : Antoine Moundanda,

vidéo déposée le 15 mars 2011; https://www.youtube.com/watch?v=lrrEVbiGNH4.

(25) Temó bu ciwíiri, mbóongo zaáni nikwé boongá.1

Ø-témo bu ci-Ø-wa-il-i N bóongo zi-á-ni

CL7-tontine CL14 ACL7-RSLT-terminer-APPL-R CL10-argent AC10-CONN-MO1 ni-Ø-ku-yend-á Ø-boong-á

MS1-FUT-CL15-aller-NR CL15-prendre-NR

m. à m. « La tontine abstrait elle [la tontine] est terminée, les argents [les argents] de moi je vais prendre. »

« Dès lors que la tontine est terminée, [je me suis dit] je m’en vais chercher mon argent. »

(13b) Nwa máamba bu dyá.

-nu-á ma-ámba bu --di-á

IMP-boire-NR CL6-eau CL14 MS2-FUT-manger-NR m. à m. « Bois les eaux abstrait tu mangeras. »

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premier et le deuxième terme selon qu’il est placé devant l’énoncé ou après le terme de départ. Dans l’énoncé (13b), les deux termes, nwa máamba « bois l’eau » et dyá « tu mangeras », situés de part et d’autre de bu (cl. 14), sont localisés, en même temps, à l’endroit abstrait qu’il exprime. Bu (cl. 14) les coordonne donc par un lien d’équivalence. La valeur hypothétique est cependant exprimée dans le deuxième terme bu dyá « lorsque tu mangeras » où bu (cl. 14) est suivi du procès non réalisé. La valeur globale de l’énoncé est également1 « conditionnelle », car nwa máamba « bois l’eau » ne sera possible que ‘si et seulement si’ l’hypothèse exprimée par bu dyá « lorsque tu mangeras » est validée. On peut remarquer que cette valeur est également possible dans cet énoncé qui n’a pas de terme relai.

Bu (cl. 14) articule les procès non réalisés par l’intermédiaire de mbó « ensuite » dans

l’énoncé (20f) :

Il ressort que bu (cl. 14) active la valeur contextuelle hypothétique, dans le deuxième terme, lorsqu’il apparaît au milieu des énoncés simples suivi d’un procès non réalisé.

3.3.2 Avec un procès réalisé

Bu (cl. 14) articule deux procès réalisés dans l’énoncé 26 :

1 Voir point 31.1.

2 Extrait de Kouelohele, auteur : Antoine Moundanda, vidéo déposé le 11 avril 2011; https://www.youtube.com/watch?v=J9aGncZM550.

3 Emprunt du français.

(20f) Bakala mbó kamusáansá bu kakwéendá ku loongo.

Ø-bakalá mbóko ka-Ø-mu-saans-á bu ka-ku-Ø-yend-á

CL5-mari ensuite MS1-FUT-MO1-entretenir-NR CL14 MS1-CL15-FUT-aller-NR ku lu-ongó

LOC17 CL11-foyer

m. à m. « Le mari ensuite il l’entretenir abstrait elle ira distance le foyer. » « Le mari [va] l’entretenir dès lorsqu’elle ira au foyer. »

(26) Midi mibwiíri bu nkeéri ku nzó.2

Ø-midi3 mi-Ø-bu-il-i bu ni-Ø-kaal-i ku CL4-midi MS4-RSLT-tomber-APPL-R CL14 MS1-RSLT-revenir-R LOC17 N zó

CL9-maison

m. à m. « Le midi il [le midi] est tombé abstrait je suis revenu direction la maison. » « Midi sonne au moment où je rentre à la maison. »

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Midi employé comme sujet et terme de départ, détermine le moment du déroulement de l’évènement exprimé par tout l’énoncé. La localisation journalière qu’il exprime, n’a pas de détermination particulière. La valeur véhiculée par l’énoncé est donc mixte ; elle manifeste plusieurs occurrences mises ensemble et traduit une sorte de répétition à cause du caractère générique de midi. Il y a coïncidence entre midi et bu (cl. 14). Mibwiíri « tombe » annonce cette concordance.

Midi mibwiíri « midi a sonné » et nkeéri ku nzó « je rentre à la maison » sont

localisées à l’endroit abstrait exprimé par bu (cl. 14) qui les fait correspondre. Bu (cl. 14) active une valeur temporelle à cause du procès réalisé qui le suit dans le deuxième terme. Il détermine le moment ‘à partir duquel’ a lieu nkeéri ku nzó « je rentre à la maison » ; d’où la valeur ‘au moment où’.

Bu (cl. 14) articule les procès réalisés par l’intermédiaire de ni « est » dans l’énoncé

(27a) :

Le passé récent n’est pas possible dans le deuxième terme de l’énoncé (27b).

Il en est de même pour le résultatif dans l’énoncé (27c) :

Ces exemples montrent que bu (cl.14) sélectionne les aspects avec lesquels il est utilisé. Le passé lointain, dans tásuumba « nous achetâmes », permet la narration. Son aspect global

1 Extrait de Kesse kesse « qu’est-ce-que c’est », auteur : Antoine Moundanda, vidéo déposée le 11 avril 2011 ; source : https://www.youtube.com/watch?v=vHoO-fGoyNs.

(27a) Tásuumba malavú ní bu tánwa.1

tu-á-suumb-a ma-lavú ni bu tu-á-nu-a

MS2-PASS-acheter-MN CL6-boisson est CL14 MS2-PASS-boire-MN m. à m. « Nous achetâmes les boissons est abstrait nous bûmes. »

« Nous achetâmes la boisson et nous la bûmes. »

(27b) * Tásuumba malavú ní bu tanwiiní.

tu-á-suumb-a ma-lavú ni bu tu-á-nu-il-i

MS2-PASS-acheter-MN CL6-boisson est CL14 MS2-PASS-boire-APPL-R m. à m. « Nous achetâmes les boissons est abstrait nous avions bu. »

« Nous achetâmes la boisson et nous l’avions bue. »

(27c) * Tásuumba malavú ní bu tunwiiní.

tu-á-suumb-a ma-lavú ni bu tu-Ø-nu-il-i

MS2-PASS-acheter-MN CL6-boisson est CL14 MS2-RSLT-boire-APPL-R m. à m. « Nous achetâmes les boissons est abstrait nous avons bu. »

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contribue à situer, dans un premier plan/une toile de fond, les actions qui constituent la trame principale de l’histoire. Il favorise donc un ancrage étroitement lié au contexte narratif. Ní « est » exprime l’identité de tásuumba malavú « nous achetâmes la boisson » avec tánwa « nous bûmes ». La notion de boire, exprimée par malavú « la boisson » (cl. 6), est véhiculée sans rupture dans l’énoncé. Tásuumba malavú « nous achetâmes la boisson » est paraphrasé par ‘partant du fait que nous achetâmes la boisson’ grâce au cadre posé par le verbe, conjugué au passé lointain, qu’il contient.

Bu (cl.14) traduit qu’il y a une suite logique entre les deux évènements ; le fait d’avoir

acheté la boisson implique de la boire. Les évènements se succèdent dans un ordre chronologique coordonné par bu (cl. 14). L’évènement du deuxième terme qui est une incidence du premier, ne peut donc avoir lieu en dehors du cadre temporel circonscrit par

tásuumba « nous achetâmes », d’où l’impossibilité des énoncés (27b) et (27c). Le lien de

causalité est renforcé par la valeur consécutive « et » qui découle de l’opération entre bu (cl. 14) et ní « est », et de la coordination des termes, par bu (cl. 14), grâce à sa position.

Bu (cl. 14) articule un procès non réalisé avec un procès réalisé dans l’énoncé (28a) :

L’énonciateur n’a pas eu d’autre choix que de lire le courrier de son ami pour récolter des poèmes en kikongo (lari).

Dans cet énoncé, l’ordre de déroulement des évènements, du point de vue de la réalité objective, est le suivant :

1 A. Miabeto (1993 : 20).

(28a) Katulémvokelá bu tuteéngi mukáandaándi.1

ka-a-tu-lemv-ik-il-á bu tu-Ø-taang-i MS1-SUBJ-MS2-pardonner-STAT-APPL-NR CL14 MS2-RSLT-lire-R mu-káanda-á-ndi

CL3-lettre-CONN-3SG

m. à m. « Qu’il nous pardonne abstrait nous avons lu la lettre de lui. » « Qu’il nous pardonne d’avoir lu sa lettre. »

(28b) Tuteéngi mukáandaándi, katulémvokelá. tu-Ø-taang-i mu-káanda-á-ndi MS2-RSLT-lire-R CL3-lettre-CONN-3SG ka-a-tu-lemv-ik-il-á

MS1-SUBJ-MS2-pardonner-STAT-APPL-NR

m. à m. « Nous avons lu la lettre de lui, qu’il nous pardonne. » « Nous avons lu sa lettre, qu’il nous pardonne. »

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Tuteéngi mukáandaándi « nous avons lu sa lettre » est normalement survenu avant katulémvokelá « qu’il nous pardonne ». Cet enchaînement des unités, dans l’énoncé (28a), est à comprendre dans le raisonnement qui suit. Katulémvokelá « qu’il nous pardonne » traduit la notion de réconciliation suite à une offense.

La base verbale -taang- ‘lire’ met en relation le terme a, repris par le marqueur du sujet tu-, avec le terme b, exprimé par l’objet mukáandá « lettre » (cl. 3). Le connectif -á, dans mukáandaándi « sa lettre », relie cette mise en relation avec le terme b’ exprimée par l’objet -ndi « lui ». Tuteéngi mukáandaándi « nous avons lu sa lettre » est la raison de l’offense. La thématisation de katulémvokelá « qu’il nous pardonne » détermine que tuteéngi

mukáandaándi « nous avons lu sa lettre », la cause de l’offense, est exprimé par rapport à lui.

Le subjonctif contribue à exprimer le souhait de l’énonciateur de voir cette offense abolie. Toutes ces valeurs enclenchent la valeur contextuelle causale « parce que », de bu (cl. 14), également activée dans l’énoncé (11a) où il utilisé comme un classificateur pronominal avec l’anaphorique plus distant. Les deux termes ne sont donc pas interchangeables, par rapport à la situation de l’énonciation, comme le montre l’énoncé (28c).

On pourrait croire que le sujet a sciemment lu la lettre pour obtenir l’abolition de sa faute. Cet énoncé exprime aussi qu’il impose sa demande, ce qui est tout à fait contraire à la notion même de pardon qui nécessite le bon vouloir de celui qui l’accorde. De même, la notion de souhait, véhiculée par le subjonctif, est contraire à l’obligation.

Cet exemple manifeste également que le positionnement de bu (cl. 14) est de beaucoup dans la manière dont les unités se succèdent. Il est donc corrélé à l’organisation des constituants, dans l’énoncé, comme nous l’avons aussi remarqué dans les occurrences où bu (cl. 14) est placé après le terme de départ, par exemple.

Cependant, les énoncés (26), (27a) et (28a) confortent également notre hypothèse selon laquelle la position de bu (cl. 14) contribue dans la valeur globale de l’énoncé. Il se dégage que le lien de cause à effet est très prononcé lorsque bu (cl. 14) est situé entre les deux

(28c) *Bu tuteéngi mukáandaándi, katulémvokelá. bu tu-Ø-taang-i mu-káanda-á-ndi CL14 MS2-RSLT-lire-R CL3-lettre-CONN-3SG ka-a-tu-lemv-ik-il-á

MS1-SUBJ-MS2-pardonner-STAT-APPL-NR

m. à m. « Abstrait nous avons lu la lettre de lui, qu’il nous pardonne. » « Maintenant que nous avons lu sa lettre, qu’il nous pardonne. »

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termes. Cela s’explique, d’une part, par le fait qu’il exprime déjà cette valeur en articulant les segments et, d’autre part, qu’il les coordonne, mis à part la valeur causale qui émane aussi de l’énoncé lui-même comme c’est le cas en (28a). C’est donc cette imbrication des valeurs qui suractive la valeur causale manifestée dans les valeurs contextuelles, « parce que », « au moment où » et « et ». Mais cette valeur contextuelle reste accessoire comparé à la valeur temporelle activée par le contact de bu (cl. 14) avec le procès réalisé.

Bu (cl. 14) exprime une valeur contextuelle temporelle, dans le deuxième terme où il est

suivi d’un procès réalisé, lorsqu’il est placé au milieu des énoncés simples qu’il articule en les coordonnant. Cette valeur est également abstraite.

Bu (cl. 14) fonctionne comme un opérateur syntaxique qui apparaît devant, après le

terme de départ, ou au milieu des énoncés simples. Il enclenche une valeur hypothétique dans le terme où il est suivi d’un procès non réalisé ; cette valeur est temporelle dans le terme où il est suivi d’un procès réalisé. Dans les deux cas, il exprime une valeur abstraite.

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Bu (cl. 14) est employé comme un classificateur nominal qui détermine les occurrences

des notions. Dans ce contexte, il induit une valeur notionnelle abstraite dans les nominaux qu’il aide à construire. Son fonctionnement, à ce niveau pré-lexical, est qualitatif grâce à ce repérage. Bu (cl. 14) est aussi utilisé comme un classificateur pronominal qui exprime une valeur notionnelle abstraite dans les pronoms exprimant les valeurs comparative, temporelle et causale, qu’il contribue de construire. Il a, à ce niveau morpho-syntaxique, un fonctionnement qualitatif. Bu (cl. 14) est également utilisé comme un opérateur syntaxique qui relie les segments de l’énoncé complexe. Dans ce contexte, il repère les énoncés et contribue ainsi à les déterminer. Les valeurs hypothétique et temporelle qu’il exprime, sont également abstraites. Son fonctionnement à ce niveau métalinguistique, donc plus abstrait, est aussi qualitatif. Il apparaît qu’il y a indubitablement une continuité entre ses différentes attestations. On retiendra donc que, quel que soit le niveau où il intervient, il effectue une opération de détermination ; c’est un marqueur de qualification et de quantification1, donc un classificateur à tous les niveaux. L’invariant qui se dégage, c’est-à-dire la valeur commune à toutes ses occurrences, est donc son fonctionnement qualitatif compact. Il apparaît aussi qu’en localisant les procès, bu (cl. 14) se comporte comme un localisateur, mais abstrait ; à la différence des classificateur 16, 17 et 18 c’est pourquoi. Nous le considérons comme un localisateur à part entière ; c’est pourquoi nous l’avons également étudié dans la thèse.

CHAPITRE 3 : LE CLASSIFICATEUR GA (CL. 16)

Ga (cl. 16) apparaît sous la forme d’un morphème lié ou libre. Il active valeurs

contextuelles variées qui dépendent de sa forme, de sa position, et des relations qu’il entretient avec les autres marqueurs de l’énoncé. Il a les valeurs contextuelles « sur », « au moment où », « ici », « à partir de là », etc.

L’analyse consiste à voir s’il y a une suite logique entre ses attestations et comment s’organise la continuité entre elles. Elle porte sur les aspects suivants :

la nature de l’espace qu’il exprime ; ses appariements ;

les unités qu’ils détermine (les occurrences de notions, les types de verbes, etc.) ; la manière dont ils les déterminent (comment se fait le repérage) ;

la logique sous-jacente qui gouverne l’organisation de l’espace qu’il exprime ou les paramètres qui interviennent dans la relation spatiale qu’il gouverne ;

les problèmes que posent les unités avec lesquelles il est utilisé ; ce qui le différencie des classificateur 17 et 18.

Ce chapitre vise à déterminer l’invariant de ga (cl. 16) à travers les occurrences où il est utilisé comme :

— un classificateur nominal ; — un classificateur pronominal ; — un marqueur de lieu ;

— et un localisateur de procès.

1 Emplois comme classificateur nominal

Ga (cl. 16) est utilisé comme un classificateur nominal dans le terme gúuma qui signifie

« endroit contact » (cl. 16).

Pour que l’énoncé (1a) soit possible, il faut que le référent soit sur une surface appréhendée comme n’ayant pas de contours. S’il détermine un espace perçu comme

(1a) Gúuma gaáni kabebése.

ga-úma ga-á-ni ka-Ø-beb-is-i

CL16-endroit ACL16-CONN-1SG MS1-RSLT-abîmer-CAUS-R

m. à m. « L’endroit contact l’endroit contact de moi il a abîmé. » (Référent = sol) « Il a abîmé mon espace [endroit contact]. »

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étant l’endroit qui part de là où se situe l’énonciateur, à un autre distant de lui, dans ce contexte ga (cl. 16) n’est plus d’application.

L’énoncé n’est pas possible parce que cette relation spatiale est adaptée à ku (cl. 17) comme cela apparaît dans l’énoncé (1c) :

Si le référent est un espace intérieur, le cas d’une maison par exemple, ga (cl. 16) n’est pas également d’application.

L’énoncé (1d) n’est pas possible parce que cette relation spatiale est propre à mu (cl. 18).

Les substantifs gúuma (cl. 16), kúuma (cl. 17) et múuma (cl. 18) signifient tous « endroit » grâce au thème -úma « endroit » qu’ils partagent, mais l’angle sous lequel la relation spatiale qu’ils déterminent est perçu dépend du préfixe qu’ils portent. Ga (cl. 16), dans gúuma (cl. 16), exprime que cet endroit est une surface et que ses limites ne sont pas incluses dans la représentation que l’on se fait de cette zone.

(1b) *Gúuma gaáni kabebése.

ga-úma ga-á-ni ka-Ø-beb-is-i

CL16-endroit ACL16-CONN-1SG MS1-RSLT-abîmer-CAUS-R

m. à m. « L’endroit contact l’endroit contact de moi il a abîmé. » (endroit où se situe le locuteur opposé à celui distant de lui)

« Il a abîmé mon espace [endroit contact]. »

(1c) Kúuma kwaáni kabebése.

ku-úma ku-á-ni ka-Ø-beb-is-i

CL17-endroit ACL17-CONN-1SG MS1-RSLT-abîmer-CAUS-R m. à m. « L’endroit distance l’endroit distance de moi il a abîmé. »

« Il a abîmé mon espace. »

(1d) *Gúuma gaáni kabebése.

ga-úma ga-á-ni ka-Ø-beb-is-i

CL16-endroit ACL16-CONN-1SG MS1-RSLT-abîmer-CAUS-R

m. à m. « L’endroit contact l’endroit contact de moi il a abîmé. » (intérieur) « Il a abîmé mon espace. »

(1e) Múuma mwaáni kabebése.

mu-úma mu-á-ni ka-Ø-beb-is-i

CL18-endroit ACL18-CONN-1SG MS1-RSLT-abîmer-CAUS-R m. à m. « L’endroit intérieur l’endroit intérieur de moi il a abîmé. » « Il a abîmé mon espace [intérieur]. »

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Le substantif gúuma « endroit » (cl. 16) est employé avec un verbe qui détermine une relation prédicative centripète dans l’énoncé (2a) :

La base verbale -tseem- « être propre » construit une relation a r b où le terme a, exprimé par le sujet gúuma « endroit » (cl. 16), et repris par le marqueur du sujet ga- (cl. 16), correspond également au terme b. Gúuma « endroit » (cl. 16) est donc la source et le but du procès qu’il initie lui-même. D’un point de vue sémantique1, on dit qu’il y a absence de contrôle, car il n’y a pas d’agent qui « contrôle son action »pour que le procès soit exécuté. Ici aussi, cet endroit est perçu comme n’ayant pas de limites.

Il faut cependant être locuteur natif pour percevoir la notion d’absence de contours associée à ga- (cl. 16) dans gúuma « endroit ». Elle ne transparaît pas, avec la même intensité, dans la traduction « sur » en français.

Pour ce qui est de son appariement, gúuma « endroit » (cl. 16) fait sont pluriel en mu (cl. 18)2.

Il y a pluralisation, mais les propriétés du substantif de classe 16 restent les mêmes, c’est-à-dire que l’on a également, dans ce contexte, affaire à des surfaces dépourvues de limites. On peut donc, concernant ga- (cl. 16), poser l’appariement suivant :

Sg. Pl

ga- (cl. 16) mu- (cl. 18)

Par ailleurs, le repérage de l’occurrence de la notion ‘-uma’ /endroit/, effectué par ga- (cl. 16), se fait de la manière suivante :

Classificateur Occ. de notion Fragmentation Terme construit

ga- (cl. 16) ‘-úma’ /endroit/ contact ˃ « Endroit contact »

1 (Dèsclès 2009 : 79).

2 Lumwamu (1970 : 524).

(2a) Guumá gatseémené.

ga-úma ga-Ø-tseem-il-i

CL16-endroit MS16-RSLT-être propre-APPL-R

m. à m. « L’endroit contact il [l’endroit contact] s’est propre. » « L’endroit est devenu propre. »

(2b) Muumá mutseémené.

mu-úma mu-Ø-tseem-il-i

CL18-endroit MS18-RSLT-être propre-APPL-R

m. à m. « Les endroits contacts ils [les endroits contacts] se sont propres. » (sols) « Les endroits [surfaces contacts] sont devenus propres. »

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Il apparaît que ga- (cl. 16) repère l’occurrence de la notion ‘-úma’ /endroit/. Cette opération fait de celle-ci un mot de la langue, le substantif gúuma (cl. 16) en l’occurrence, qui signifie « endroit contact ». Grâce à cette détermination, ga- (cl. 16) fonctionne ainsi comme un classificateur nominal. On en déduit que la valeur qu’il exprime, mis à part celle de la notion ‘-úma’ /endroit/, exprime ‘le contact’ : telle est donc sa valeur notionnelle dans ces emplois.

Ga- (cl. 16) fonctionne comme un classificateur nominal qui détermine l’occurrence de

la notion ‘-úma’ /endroit/. Le substantif gúuma (cl. 16) qu’il contribue à construire, signifie « endroit contact ». Dans ce contexte, ga- (cl. 16) exprime la notion de contact.

2 Emplois comme classificateur pronominal

Ga- (cl. 16) est utilisé comme un classificateur pronominal dans le verbe conjugué et

dans les déterminants.