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Les CPGE : un recrutement social très favorisé

E N AMONT DES GRANDES ÉCOLES : LES CLASSES PRÉPARATOIRES

5.1 Le recrutement des CPGE en 2016-

5.1.1 Les CPGE : un recrutement social très favorisé

La surreprésentation des catégories sociales favorisées dans les grandes écoles se retrouve dès les classes préparatoires. En 2016-2017, les étudiants issus de PCS très favorisées représentaient en effet 58 % des effectifs de ces formations, alors que seuls 23 % des jeunes des cohortes considérées et 35 % des étudiants inscrits dans les formations d’enseignement supérieur de niveau bac+1 à bac+2 apparte- naient à ces catégories sociales. À l’autre bout de l’échelle sociale, les étudiants de CPGE n’étaient que 12 % à être issus de PCS défavorisées alors que ces derniers représentaient 36 % des jeunes des cohortes considérées et 26 % des étudiants de niveau bac+1 à bac+2 (voir figure 5.3).

Au sein des classes préparatoires, un contraste marqué oppose la composition sociale des CPGE littéraires, scientifiques et économiques et commerciales, d’une part, à la composition sociale des CPGE technologiques, d’autre part (voir partie droite de la figure 5.3) : alors que les premières accueillaient près de 60 % d’étu- diants issus de PCS très favorisées, les secondes n’en comptaient que 34 %. On n’observe pas en revanche de différences notables entre les différents types de CPGE non technologiques : leurs compositions sociales moyennes sont très similaires.

Le recrutement social des CPGE est étroitement corrélé avec leur niveau de sé- lectivité (voir figure 5.4) : si l’on ordonne les classes préparatoires en fonction du

FIGURE5.3 – Composition sociale des classes préparatoires en fonction de leur type, 2016-2017 36% 27% 13% 23% 26% 26% 13% 35% 12% 19% 11% 58% 25% 25% 15% 34% 13% 19% 10% 58% 10% 19% 12% 59% 11% 18% 12% 60% Cohorte Etudiants

bac+1/2 EtudiantsCPGE Technologique Economique Littéraire Scientifique

Type de CPGE

PCS défavorisées PCS moyennes

PCS favorisées PCS très favorisées

Lecture : Parmi les étudiants des CPGE scientifiques en 2016-2017, 60 % étaient issus de PCS très favorisées, 12 % de PCS

favorisées, 18 % de PCS moyennes et 11 % de PCS défavorisées.

Notes : La composition sociale de la population (colonne « cohorte ») est estimée à partir des données SCOLARITÉ en utilisant

la PCS du responsable légal des élèves des cohortes concernées lorsqu’ils étaient inscrits dans l’enseignement secondaire (toutes classes confondues) à l’âge de 14 ans.

Champ : Étudiants français inscrits en CPGE en 2016-2017. Sources : Données STS/CPGE et SCOLARITÉ (MENJS-DEPP).

FIGURE 5.4 – Composition sociale des classes préparatoires, en fonction de leur niveau de sélectivité, 2016-2017

12% 19% 11% 58% 22% 24% 13% 41% 16% 21% 13% 49% 17% 21% 11% 50% 16% 21% 14% 49% 13% 21% 13% 54% 12% 21% 13% 53% 12% 21% 12% 55% 11% 19% 12% 57% 10% 16% 10% 64% 6% 13% 9% 72% Etudiants CPGE 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Décile de sélectivité (par ordre croissant)

Lecture : En 2016-2017, parmi les étudiants des 10 % des CPGE les plus sélectives, 72 % étaient issus de PCS très favorisées,

9 % de PCS favorisées, 13 % de PCS moyennes et 6 % de PCS défavorisées.

Notes : Les CPGE sont classées par décile de sélectivité en fonction du rang percentile moyen de leurs étudiants au baccalau-

réat général (calculé séparément par série et année de l’examen).

Champ : Étudiants français inscrits en CPGE en 2016-2017. Sources : Données STS/CPGE et OCEAN (MENJS-DEPP).

rang percentile moyen au baccalauréat de leurs étudiants, on observe que les étu- diants de PCS défavorisées constituaient 22 % des effectifs dans les 10 % des CPGE les moins sélectives mais seulement 6 % des effectifs dans les 10 % des CPGE les plus sélectives. À l’inverse, les étudiants de PCS très favorisées représentaient 41 % des effectifs des CPGE les moins sélectives et 72 % des effectifs des CPGE les plus sélectives. La composition sociale des CPGE du 10e décile de sélectivité est très proche de celle des 10 % des grandes écoles les plus sélectives (voir figure 4.2 du chapitre 4). La stratification sociale des grandes écoles apparaît donc fortement déterminée, en amont, par celle des classes préparatoires.

5.1.2

Une forte sous-représentation des filles

La sous-représentation des filles dans les classes préparatoires (voir figure 5.5) est comparable à celle qui prévaut dans les grandes écoles (voir figure 4.6 du cha- pitre 4) : en 2016-2017, les filles ne représentaient que 43 % des effectifs de CPGE (42 % des effectifs des grandes écoles) alors qu’elles constituaient 54 % des effectifs inscrits dans des formations d’enseignement supérieur de niveau bac+1 à bac+2.

La répartition filles/garçons varie cependant considérablement en fonction du type de CPGE : en 2016-2017, on comptait 75 % de filles dans les CPGE littéraires mais seulement 31 % dans les CPGE scientifiques et 14 % dans les CPGE technolo- giques. Seules les classes préparatoires économiques et commerciales présentaient une répartition équilibrée selon le genre des étudiants (55 % de filles).

Dans les CPGE scientifiques, la proportion de filles est d’autant plus importante que le niveau de sélectivité est élevé (voir figure 5.6) : en 2016-2017, on passait ainsi de seulement 20 % de filles dans les 10 % des CPGE scientifiques les moins sélectives à 38 % dans les plus sélectives. Alors que les catégories sociales défavo- risées sont sous-représentés dans toutes les CPGE, particulièrement dans les plus sélectives, la sous-représentation des filles dans les CPGE scientifiques présente un

FIGURE 5.5 – Répartition filles/garçons par type de CPGE, 2016-2017 49% 51% 54% 46% 43% 57% 14% 86% 55% 45% 75% 25% 31% 69% Cohorte Etudiants bac+1 à bac+2 Etudiants

CPGE Technologique Economique Littéraire Scientifique

Type de CPGE

Filles Garçons

Lecture : En 2016-2017, les CPGE scientifiques accueillaient 31 % de filles.

Notes : La répartition filles/garçons dans la population (colonne « cohorte ») est estimée à partir des données SCOLARITÉ

en calculant la répartition selon le genre des élèves des cohortes concernées lorsqu’ils étaient inscrits dans l’enseignement secondaire (toutes classes confondues) à l’âge de 14 ans.

Champ : Étudiants français inscrits en CPGE en 2016-2017. Sources : Données STS/CPGE et SCOLARITÉ (MENJS-DEPP).

FIGURE 5.6 – Proportion de filles dans les CPGE scientifiques en fonction de leur niveau de sélectivité

31% 69% 20% 80% 23% 77% 22% 78% 25% 75% 26% 74% 33% 67% 26% 74% 29% 71% 34% 66% 38% 62% Etudiants CPGE scientifiques 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Décile de sélectivité (par ordre croissant)

Lecture : En 2016-2017, les 10 % des CPGE scientifiques les plus sélectives accueillaient 38 % de filles.

Notes : Les CPGE sont classées par décile de sélectivité en fonction du rang percentile moyen de leurs étudiants au baccalau-

réat général (calculé séparément par série et année de l’examen).

Champ : Étudiants français inscrits en CPGE scientifiques en 2016-2017. Sources : Données STS/CPGE et OCEAN (MENJS-DEPP).

profil très différent : les filles accèdent moins souvent à ces formations, mais lors- qu’elles y accèdent, c’est plus souvent dans des CPGE sélectives, voire très sélectives. Ceci laisse entrevoir le fait qu’elles pourraient être plus nombreuses à accéder à ces formations – leur sous-représentation s’expliquant principalement par leurs choix d’orientation en amont, eux-même influencés par la prévalence des stéréotypes de genre et par des phénomènes d’auto-censure.

5.1.3

Des bacheliers scientifiques largement majoritaires

Type et série de baccalauréat. Sans surprise, les bacheliers généraux sont très largement majoritaires dans les classes préparatoires, puisqu’ils représentent près de 95 % des effectifs de CPGE en 2016-2017 (voir figure 5.7). Les bacheliers techno- logiques ne sont quant à eux majoritaires que dans les CPGE technologiques (80 % des étudiants).

Logiquement, la répartition des bacheliers généraux en fonction de la série du baccalauréat apparaît très fortement corrélée avec le type de CPGE : en 2016-2017 46 % des étudiants des CPGE économiques et commerciales étaient titulaires d’un bac ES, 54 % des étudiants des CPGE littéraires étaient titulaires d’un bac L et 100 % des étudiants des CPGE scientifiques étaient titulaires d’un bac S. Les bache- liers scientifiques bénéficient d’un accès privilégié à tous les types de classes prépa- ratoires puisqu’ils représentaient 71 % de l’ensemble des étudiants de CPGE (42 % dans les CPGE économiques et commerciales et 25 % dans les CPGE littéraires). Par contraste, les bacheliers professionnels sont quasiment absents des CPGE scienti- fiques et littéraires et sont très minoritaires dans les CPGE technologiques (5 % des effectifs) ainsi que dans les CPGE économiques et commerciales (1 %).

Mentions au baccalauréat. La répartition des mentions au baccalauréat fournit

une mesure du niveau de sélectivité des différents types de classes préparatoires (voir figure 5.8). Quel que soit le type de CPGE, la sélectivité est importante puisque

FIGURE 5.7 – Type et série du baccalauréat des étudiants des classes prépara- toires, 2016-2017 30% 21% 8% 16% 26% 9% 20% 11% 21% 39% 6% 9% 14% 71% 5% 80% 14% 1% 11% 1% 46% 42% 1% 54% 21% 25% 100% Bacheliers

2014 bac+1 à bac+2Etudiants EtudiantsCPGE Technologique Economique Littéraire Scientifique

Type de CPGE

Bac général S Bac technologique

Bac général ES Bac professionnel

Bac général L

Lecture : 100 % des étudiants des CPGE scientifiques en 2016-2017 étaient titulaires d’un baccalauréat scientifique. Champ : Étudiants français inscrits en CPGE en 2016-2017.

Sources : Données SISE (MESRI-SIES), STS/CPGE et OCEAN (MENJS-DEPP).

FIGURE 5.8 – Mentions au baccalauréat obtenues par les étudiants de CPGE, 2016-2017 48% 31% 15% 7% 42% 31% 18% 10% 6% 18% 33% 43% 16% 30% 37% 18% 6% 20% 35% 38% 3% 14% 32% 50% 5% 17% 33% 45% Bacheliers

2014 bac+1 à bac+2Etudiants EtudiantsCPGE Technologique Economique Littéraire Scientifique

Type de CPGE

Sans mention Assez Bien

Bien Très Bien

Lecture : Parmi les étudiants des CPGE littéraires en 2016-2017, 50 % ont obtenu une mention « Très bien » au baccalauréat. Champ : Étudiants français inscrits en CPGE en 2016-2017.

la proportion de bacheliers ayant obtenu une mention « Bien » ou « Très bien » y est beaucoup plus élevée (76 %) que parmi l’ensemble des étudiants de niveau bac+1 ou bac+2 (28 %). Avec près de la moitié des étudiants titulaires d’une mention « Très bien » et seulement 3 % n’ayant pas obtenu de mention, les CPGE littéraires sont les plus sélectives en moyenne. Les CPGE technologiques sont les moins sélec- tives avec 16 % d’étudiants n’ayant pas obtenu de mention au bac contre moins de 6 % dans les autres types de CPGE.

5.1.4

Un recrutement géographique très concentré

Des étudiants parisiens et franciliens surreprésentés. À l’instar des grandes écoles, les classes préparatoires se caractérisent par une surreprésentation des Fran- ciliens, et plus encore des Parisiens, parmi leurs étudiants (voir figure 5.9) : 8 % des étudiants de CPGE ont passé leur baccalauréat à Paris et 18 % en Île-de-France (hors Paris), contre respectivement 4 % et 15 % parmi l’ensemble des étudiants de niveau bac+1 à bac+2. Ce phénomène peut s’expliquer non seulement par la surreprésentation des catégories sociales favorisées à Paris, mais également par le fait que plus de 11 % des classes préparatoires en France sont situées à Paris, ce qui facilite l’accès des Parisiens à ces formations.

Lycées d’origine : un vivier limité. Le lycée d’origine apparaît également un dé- terminant important des inégalités d’accès aux différents types de CPGE (voir fi- gure 5.10) : la moitié des lycées généraux et technologiques ne fournissaient que 11 % des effectifs des CPGE scientifiques, 8 % des effectifs des CPGE économiques et commerciales et 7 % des effectifs des CPGE littéraires en 2016-2017. À l’autre bout du spectre, 16 % des lycées généraux et technologiques fournissaient à eux seuls la moitié des effectifs des CPGE scientifiques, et 14 % des lycées fournissaient la moitié des effectifs des CPGE littéraires et des CPGE économiques et commer-

FIGURE 5.9 – Origine géographique (académie du baccalauréat) des étudiants des classes préparatoires, 2016-2017

82% 16% 3% 81% 15% 4% 74% 18% 8% 78% 18% 4% 73% 20% 8% 74% 17% 9% 74% 19% 7% Cohorte Etudiants

bac+1 à bac+2 EtudiantsCPGE Technologique Economique Littéraire Scientifique

Type de CPGE

Hors Île-de-France Île-de-France (hors Paris)

Paris

Lecture : 8 % des étudiants des classes préparatoires en 2016-2017 ont passé leur baccalauréat à Paris.

Notes : La répartition géographique de la population (colonne « cohorte ») est estimée à partir des données SCOLARITÉ en

utilisant l’information relative à l’académie de scolarisation des élèves des cohortes concernées lorsqu’ils étaient inscrits dans l’enseignement secondaire (toutes classes confondues) à l’âge de 14 ans.

Champ : Étudiants français inscrits en CPGE en 2016-2017.

Sources : Données STS/CPGE, SCOLARITÉ et OCEAN (MENJS-DEPP).

ciales1. Cette concentration des lycées d’origine est donc très proche d’un type de CPGE à un autre et du même ordre de grandeur que la concentration des lycées d’origine des étudiants des grandes écoles (voir figure 4.17 dans le chapitre 4.).

FIGURE 5.10 – Concentration des lycées généraux et technologiques où les étudiants de CPGE on passé leur baccalauréat, par type de CPGE (courbes de Lorenz), 2016-2017

Lecture : La moitié des lycées généraux et technologiques ne fournissaient que 11 % des effectifs des CPGE scientifiques, 8 %

des effectifs des CPGE économiques et commerciales et 7 % des effectifs des CPGE littéraires en 2016-2017. À l’autre bout du spectre, 16 % des lycées généraux et technologiques fournissaient à eux seuls la moitié des effectifs des CPGE scientifiques et 14 % des lycées fournissent la moitié des effectifs des CPGE littéraires et des CPGE économiques et commerciales.

Notes : Le lycée d’origine est le lycée d’obtention du baccalauréat. L’axe des abscisses classe les lycées généraux et technolo-

giques par nombre croissant d’élèves accédant au type de CPGE considéré parmi ceux qui ont passé leur baccalauréat dans le lycée. L’axe des ordonnées présente la contribution cumulée des lycées au nombre total d’élèves accédant au type de CPGE considéré, qui est exprimée en pourcentage de l’effectif total de ce type de CPGE en 2016-2017.

Champ : Étudiants français inscrits en CPGE en 2016-2017.

5.2

Le recrutement des CPGE comparé à celui des