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Les causes biomédicales de la mortalité infanto-juvénile

Chapitre 1 Les analyses biomédicales et socio-économiques des déterminants de la

1. Les causes biomédicales de la mortalité infanto-juvénile

1.1 Les causes biomédicales

Selon les estimations de l‟UNICEF (2008), le nombre de décès d‟enfants de moins de cinq ans dans le monde s‟élevait à 9.7 millions en 2006. La plupart ont lieu dans les régions en développement : près de la moitié en Afrique subsaharienne, et 40% en Asie du Sud et de l‟Est et dans la région Pacifique. Les taux de mortalité infanto-juvénile sont en effet beaucoup plus élevés dans les pays en développement que dans les pays développés (Figure 1. 1).

Figure 1. 1 Les taux de mortalité infanto-juvénile dans le monde, 2003

Source : Global Virtual University, Nations Unies, 2009

Les principales causes immédiates de décès d‟enfants de moins de cinq ans sont bien connues. Dans le monde entier, ces décès sont principalement dus à des causes néonatales, à la pneumonie, la diarrhée, le paludisme, les rougeoles et le SIDA (OMS 2008, Figure 1. 2).

Environ 40% des décès survenus avant l‟âge de cinq ans ont lieu durant la période néonatale, c‟est-à-dire durant le premier mois de la vie (UNICEF 2008)7. D‟après l‟OMS (2008), 98% de ces décès ont lieu dans les pays en développement, et la plupart sont liés au fait qu‟ils sont prématurés, asphyxiés ou qu‟ils sont touchés par des infections graves telles que des pneumonies ou des septicémies (OMS 2008). Concernant l‟ensemble des enfants de moins de cinq ans, les principales maladies mises en cause sont la pneumonie, la diarrhée, le paludisme, les rougeoles et le SIDA (OMS 2008). Environ 2 millions d‟enfants de moins de cinq ans meurent de pneumonie chaque année, ce qui représente 19% de la mortalité infanto-juvénile (UNICEF 2008, Türmen 2002). Les diarrhées sont la cause de 18% des décès. Enfin, le paludisme, le SIDA et la rougeole sont responsables ensemble de 15% de la mortalité infanto-juvénile (UNICEF 2008)8.

Figure 1. 2 Principales causes de la mortalité infanto-juvénile dans le monde

Source: UNICEF, 2008

Ces maladies sont pour la plupart évitables et curables. Alors qu‟est-ce qui fait que ces enfants n‟évitent pas ces affections ? Et qu‟est-ce qui fait qu‟ils ne guérissent pas (Figure 1. 3) ? Dans la partie qui suit, nous remontons la chaîne des causalités de déclenchement des maladies et voyons également en partie les raisons qui rendent fatales certaines de ces maladies.

7 Cette proportion varie, selon les estimations basées sur des données de 2000, de 33% à 42% (Black et al. 2003, OMS 2002).

8 Selon d‟autres sources (OMS 2002, Black et al. 2003), les pneumonies seraient responsables de 19% à 21% des décès, les diarrhées de 13% à 22%, et le SIDA et la rougeole réunis de 13% à 17%.

pneumonie diarrhée paludisme SIDA rougeole blessures autre infection prématuré asphyxie congénital tetanos diarrhée autre cause neonatale

Figure 1. 3 Quelles sont les causes de l’arrivée des maladies ? Qu’est-ce qui explique leur guérison ?

Source : Auteur

1.2 Quelles sont les causes du déclenchement des maladies ? Pourquoi causent-elles autant de décès ?

Le fait de guérir ou non d‟une maladie dépend en partie de la qualité des soins curatifs. Cependant, la survenue de la maladie et sa guérison sont toutes deux liées aux fragilités des individus. Ces fragilités sont elles-mêmes inhérentes à la malnutrition, mais aussi à l‟eau non potable, aux installations sanitaires inadéquates, au manque d‟hygiène, aux comportements sexuels à risque et à la fumée intérieure causée par des combustibles solides (Ezzati et al. 2002).

La malnutrition contribue directement et indirectement à 60% ou plus des décès d‟enfants (Türmen 2002, OMS 2008). Les enfants issus de mères sous nourries naissent généralement avec un poids faible et ont en conséquence un mauvais système immunitaire, ce qui les expose à de hauts risques d‟infections. La sous nutrition des mères est donc une des causes sous-jacentes des maladies infectieuses attrapées par leurs enfants, et, dans le pire des cas, de leurs décès (Black et al. 2003). La sous nutrition directe des enfants entraîne les mêmes problèmes. Par exemple, les enfants sous alimentés ont plus de risque de contracter une pneumonie (UNICEF 2008).

On observe d‟ailleurs nécessairement que dans les pays à mortalité infanto-juvénile élevée, la prévalence de sous et mal nutrition est importante : dans ces pays, en 2005,

Déclenchement des maladies

Guérison, survie

Décès

32% des enfants de moins de cinq ans étaient considérés comme « plus petits que la normale »9 (OMS 2008). La qualité et la quantité de la nutrition ont toutes deux leur importance pour déterminer la croissance et le développement de l‟enfant (Türmen 2002) ; et, dans les pays en développement, beaucoup souffrent de sous-poids, mais aussi de déficiences en fer, en vitamine A, en zinc, et autres micronutriments (Ezzati et al. 2002), autant d‟éléments qui peuvent affaiblir le système immunitaire10

.

L’environnement a également son importance dans la mortalité des jeunes enfants. Des installations sanitaires et des conditions de logement insalubres, une hygiène personnelle pauvre, le manque d‟eau potable, etc. Tous ces éléments augmentent les risques de développer des diarrhées (Türmen 2002), ils sont même responsables chaque année d‟environ 1.5 million de décès d‟enfants de moins de cinq ans selon l‟OMS (2002). De même, la pollution intérieure, comme la fumée de tabac ou la fumée de combustibles solides comme le bois ou le charbon, augmente de façon importante le risque d‟infections respiratoires et contribuent à rendre les enfants vulnérables à la pneumonie (Türmen 2002, UNICEF 2008). Le comportement sexuel risqué des parents est aussi mis en cause pour environ 10% du fardeau de la morbidité et de la mortalité des enfants (Ezzati et al. 2002). Enfin, les fragilités ont davantage de probabilité de se développer lors de la coexistence de plusieurs risques dans le même temps.

9 Leur taille était inférieure de 2 écarts-types par rapport au médian de la population de référence.

10 Pour une description détaillée des problèmes subséquents à chaque type de déficience, voir le rapport sur la santé dans le monde 2002 (OMS), chapitre 4.

Figure 1. 4 Synthèse de la section

 Eléments de réponse à : quelles sont les causes du déclenchement des maladies et qu‟est-ce qui explique leur guérison ?

 Eléments manquants : à quoi sont dus la malnutrition, la mauvaise qualité de l‟environnement, les comportements sexuels à risque ? à quoi est due la qualité des soins curatifs ?

Source : Auteur

1.3 Où se place l’analyse des sciences socio-économiques dans la recherche des déterminants de la santé ?

Si on remonte la chaîne des causalités, on suppose que les risques de mortalité, plus présents dans les pays en développement que dans les pays industrialisés, sont en partie le résultat d‟un manque de ressources. On pense notamment à la sous-nutrition, qui est un des malheureux résultats de la pauvreté monétaire. Ces dangers résultent également de comportements à risque, comme l‟utilisation de charbon à l‟intérieur de la maison, ou le fait de ne pas allaiter l‟enfant. Ces comportements peuvent donc être liés à un manque de

Survenue des maladies Guérison, survie Décès

?

Lutte contre les maladies Affaiblissement du système immunitaire

Qualité des soins curatifs Malnutrition, mauvaise qualité de l‟environnement, comportements sexuels risqués ? ?

connaissances. De même, un suivi médical des femmes durant leur grossesse11 pourrait éviter les naissances prématurées ainsi que des complications de grossesse. Mais il se peut que les femmes ne soient pas bien informées des dangers encourus si elles ne consultent pas. Ou alors, elles n‟ont pas accès à ce genre de services, soit par un manque de ressources financières, soit par un manque d‟infrastructures dans la communauté où elles vivent.

La présence d‟infrastructures de santé est en effet importante, tant pour la prévention que pour la guérison. Cependant, de même que précédemment, le manque de ressources

financières peut à la fois créer une barrière à l‟accès de ces soins pour les plus pauvres,

mais aussi rendre la qualité des soins moindre. De plus, la qualité des soins est liée, entre autres, à l’éducation du personnel de santé (Wagstaff et Claeson 2004). En effet, il existe des traitements peu coûteux qui pourraient éviter de nombreux décès12, mais ils ne sont pas toujours appliqués, pour des raisons de méconnaissance ou de culture.

En somme, la plupart des facteurs de risques pourraient être évités (Black et al. 2003), pour peu que des moyens socio et économiques soient déployés. Il semble donc clair que l‟analyse socio-économique peut en partie expliquer l‟état de santé dans les pays en développement, et par conséquent, servir à trouver les moyens de l‟améliorer. C‟est l‟objet de la partie suivante.