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Chapitre VII : La fracture numérique et ses dimensions

Chapitre 10 Les approches critiques de la communication

En ce qui concerne les théories critiques de la communication surtout d’inspiration marxiste538, il s’agit tout d’abord de l’école de Francfort, puis de structuralisme du Louis Althusser qui voit dans les moyens de communication un instrument idéologique au service de la classe dominante. En d’autres termes, le courant critique rassemble des marxistes francfortiens intéressés par les dérives de la communication, de ses intérêts ainsi que de ses idéologies. De plus, ils voient dans la multiplication des industries de la culture et de la communication un nouveau mécanisme d’aliénation et de domination idéologique. Ils portent donc une grande attention à la logique économique attachée à la révolution de l’information et de la communication du fait que les industries de la communication ont toujours des intérêts économiques et idéologiques. Ces représentants se rapproche de la vision structuraliste où la logique des intérêts l’emportes sur la logique des acteurs (WOLTON, 1997, p. 88). De plus, le courant britannique « cultural studies » ou la théorie culturelle qui s’intéresse à la production de la culture de masse dans une société donnée et s’interroge sur la place de la culture populaire dans la construction de l’expérience culturelle de la société, fait partie du courant critique de la communication.

Dans ce chapitre, nous montrerons les idées de l’école de Francfort relatives à la communication (surtout l’industrie culturelle). Puis, nous parlerons de la sociologie dans le contexte européen (surtout français), nous finirons par aborder le structuralisme français ainsi que ses pionniers surtout dans le domaine de la communication.

1. La théorie critique de la culture de masse de l’école de Francfort

D’après Armand et Michèle Mattelart, les grands courants sociologiques ayant marqué la recherche dans le domaine de la communication furent le fonctionnalisme et l’école de Francfort. La divergence de leurs points de vue envers les médias, d’après Armand et Michèle Mattelart, n’arrive pas à ébranler cette certitude commune que les systèmes de communication sont avant tout des systèmes de consensus, que ce dernier soit dénommé « socialisation », « consensus culturel », « consensus politique », « consensus social ». Mais

538Les marxistes furent les opposants de la communication, c’est pourquoi ils ont mené deux luttes : l’une idéologique contre la domination, surtout dans la communication audiovisuelle, et l’autre économique consacrée à dénoncer le poids des industries culturelles. Ils expliquent la capacité des moyens de communication en matière de manipulation en faisant recours au concept d’infrastructure marxiste, selon laquelle la propriété privé des moyens de production de la communication (qu’elle qu’elle soit : publicité, film, etc.), rend service pour une minorité qui fait manipuler le public.

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la similitude s’arrête là. Puisque pour les uns, il s’agit d’examiner les lois de conservation d’un système, pour les autres de critiquer la production-reproduction d’un dispositif de contrôle social (MATTELART A. & Michèle, 1986, p. 155).

L’école de Francfort539 a attribué beaucoup d’importance à la communication. Les médias jouent un rôle essentiel dans la diffusion des valeurs de la société américaine capitaliste, surtout celles de la culture industrielle ainsi que celles de la société de consommation, après avoir détruit les institutions traditionnelles (familles, syndicat, religion) au prétexte de donner aux individus la liberté. Cette école, des années 1920 aux années 1960, critique donc la société moderne, perçue comme une entreprise de domination et d’aliénation. D’une manière générale, l’école de Francfort a bien problématisé les médias dans les sociétés modernes notamment américaine540, en se basant sur la culture de masse vue comme un instrument de marchandisation, d’américanisation de la cultureainsi qu’un appareil de contrôle idéologique.

Les deux principales figures de l’école de Francfort sont Max Horkheimer et Theodor Adorno. Ces derniers ont fuit le nazisme vers les Etats -Unis qui connaissaient alors des modifications fortes, notamment dans le domaine culturel, du fait de l’industrialisation qui a atteint la production culturelle. Les conséquences en sont la perte d’autonomie (manipulation des goûts, des désirs, etc.), la tendance au conformisme, à l’uniformité et à la monotonie, la création de faux besoins, mercantilisation (les individus deviennent essentiellement clients), la perte de choix idéologique (HEINDERYCKK, 2002, p. 71).

Horkheimer et Adorno voient que la modernité est dominée par la technique, ainsi que par la marchandisation des rapports humains. [...]Les hommes sont livrés à eux mêmes mais ils deviennent étrangers à eux mêmes, « aliénés », en perdant leurs racines et leurs communautés d’appartenance. Ils sont donc susceptibles d’être manipulés par les nouvelles forces qui gouvernent la société en particulier par les médias auxquels ils sont confrontés directement. (MAIGRET, 57). Les médias forment un écran de fumée, une vapeur abrutissante : la communication de masse conduit au silence des masses. Ils sont

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En fait, la participation de l’Allemagne à la sociologie a été identifiée par la théorie critique de l’Ecole de Francfort où l’Institut de recherches sociologiques a été créé à l’université de Francfort en 1923 dont Max Horkheimer a été le directeur en 1931.

540 L’école de Francfort s’est penchée sur l’analyse de la société nord américaine perçue comme une société de consommation de masse. Dans les sociétés modernes non fascistes qui demeurent néanmoins en proie à l’autoritarisme, la culture de masse et les médias de masse deviennent le moyen privilégié de détruire et d’assujettir la subjectivité humaine.

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Aufklarung, le soleil noir de la modernité : ils généralisent l‘absence de sens critique et le respect pour la vraie culture en « mystifiant » les être humains (MAIGRET, 58).

Cette école s’est donc intéressée à analyser la société américaine ainsi que les régimes autoritaires (fasciste, URSS), en s’appuyant sur les médias et la société de consommation. Elle a aussi analysé et expliqué la situation de l’homme dans les sociétés modernes (démocratiques et fascistes) en faisant recours aux concepts marxistes surtout la superstructure (sociopolitique et culturelle) et l’infrastructure541(économie : mode de production). L’école de Francfort a par conséquent affirmé le versement de la dichotomie marxiste, que l’infrastructure détermine la superstructure. Du fait que dans la société moderne ainsi que dans les régimes autoritaires542 (nazie, fasciste), les médias comme représentants de la superstructure ont vu leur autonomie diminuer.[…]Le domaine communicationnel lui-même n’est pas exempt de manifestations de l’instrumentalisme… La communication n’est pas appréciée en elle-même, mais uniquement en fonction d’une fin ultérieure. La communication humaine cesse d’avoir un intérêt en soi ; elle n’est envisageable qu’en fonction d’un prétendu effet... (ATTALLAH,p.181).

1.1. La conception de l’industrie culturelle

La culture de masse ou « industrie culturelle » fut critiquée d’abord par les sociologues du XIXe siècle. Ces derniers se sont occupés de montrer les caractéristiques de cette société liées aux transformations sociales du fait de l’industrialisation, de l’urbanisation, de l’extension des moyens de communication, de l’intensification de la division du travail, ainsi qu’au droit de vote réservé aux classes laborieuses masculines, etc. En bref, tout ce qui

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D’après Marx, l’infrastructure détermine la superstructure qui dépend de l’infrastructure. Autrement dit, la culture d’une société dépend toujours de son mode de production, c’est le mode de production qui en dernière instance détermine les formes de vie sociale. Voilà pourquoi, selon Marx, a chaque forme de société correspondaient des formes de croyances, de jurisprudences ou de culture distincte mais appropriés, pourquoi au féodalisme correspondait la croyance en la transcendance divine, au capitalisme la croyance au progrès. 542

En tant que des éléments essentiels de la superstructure en URSS et en Allemagne nazie, la propagande accrue ainsi que la production culturelle ont été expliquées en faisant recours aux concepts d’infrastructure et superstructure. En fait, le rapport classique entre l’infrastructure et la superstructure était inversé, c’est-à-dire la superstructure est devenue autonome par rapport à l’infrastructure ainsi qu’elle pouvait agir sur elle. C’est pourquoi la propagande ainsi que la production culturelle étaient devenus des moyens de contrôle tout aussi efficaces que l’économie. Autrement dit, l’économie ne détermine plus la superstructure

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caractérise la société européenne des années 1850 -1930(BRETON & PROULX, 2002-2006, pp. 168-169).

Dans leur œuvre « Dialectique de la raison » où ils ont consacré un chapitre à l’industrie culturelle, Max Horkheimer et Theodor Adorno définissent ainsi l’industrie de la culture : « (elle) désigne un ensemble d’organismes géants (la presse, le cinéma, la télévision, la radio, l’édition, etc.) sensibles aux besoins du capitalisme et administrant de façon non réciproque une seule et même culture standardisée à l’ensemble de la population. La raison d’être de cette culture standardisée et administrée est d’orienter la population vers la consommation et ses bienfaits et de la détourner de ses véritables conditions sociales ».

En d’autres termes, dans beaucoup de leurs œuvres, Max Horkheimer et Adorno, critiquent l’idéologie dominante qui a réussi à faire industrialiser et commercialiser (marchandiser) la culture de masse. Ils s’intéressent, surtout Adorno, à monter les effets d’industrialisation de la culture. D’après eux, « ...Chaque manifestation de l’industrie culturelle reproduit les hommes tels que les a modelés cette industrie dans son ensemble. Et tous les agents de ce processus, du producteur aux associations féminines, veillent à ce que la simple reproduction de cet état mental ne soit en aucune manière plus nuancée et développée » (HORKHEIMER & ADORNO, 1944, 1974, p. 136). […] Les standards de la production sont prétendument basés sur les besoins des consommateurs : ainsi s’expliquerait la facilité avec laquelle on les accepte. Et, en effet, le cercle de la manipulation et des besoins qui en résultent resserre de plus en plus les mailles du système. Mais, ce que l’on ne dit pas, c’est que le terrain sur lequel la technique acquiert son pouvoir sur la société est le pouvoir de ceux qui la dominent économiquement […] Pour le moment, la technologie de l’industrie culturelle n’a abouti qu’à la standardisation et à la production en série, sacrifiant ainsi tout ce qui faisait la différence entre la logique de l’œuvre et celle du système social. Ceci est le résultat non pas d’une loi de l’évolution de la technologie en tant que telle, mais de sa fonction dans l’économie actuelle » (LAZAR, 1991, p. 39).

Dans un article intitulé L’industrie culturelle paru dans la revue Communication, Adorno s’est bien intéressé à l’art et à la musique de plus en plus marchandisés. « Les marchandises culturelles de l'industrie se règlent sur le principe de leur commercialisation et

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non sur leur propre contenu et sa construction exacte. Les productions de l'esprit dans le style de l'industrie culturelle ne sont plus aussi des marchandises mais le sont intégralement »543.

En bref, Adorno et Horkheimer ne voient pas dans la production industrielle des biens culturels qu’une idéologie économique basée sur le business, c’est pourquoi d’après eux, la vérité du film et de la radio est business.

Dans L’homme unidimensionnel, Herbert Marcuse a critiqué la notion d’industrie culturelle chargée de créer une société elle-même dominée par cette industrie. Il partage encore avec Adorno et Horkheimer l’idée selon laquelle les moyens de communication de masse sont des instruments de manipulation. Par conséquent, cette société unidimensionnelle est caractérisée par l’aliénation et la manipulation. L’aliénation explique le succès de ces produits culturels auprès du public : si le public aime ces produits c’est parce qu’il est aliéné, soumis au flot des messages. Les médias sont un des facteurs déterminant de la domination des masses par le pouvoir544.

En tant qu’héritier de l’école de Francfort, Habermas dans sa théorie de l’espace public vu comme un espace intermédiaire entre l’état et la société, s’intéresse aux lieux ainsi qu’aux organes par lesquels serait effectivement advenu l’espace public (journaux, salons mondains, cafés, clubs) et déploredans le même temps l’existence d’une dégradation régulière que le développement des médias de masse aurait accompagné (MAIGRET, 203).Autrement dit, il annonce des phénomènes ayant atteint et affecté la société développée, il s’agit de la commercialisation de la culture d’un côté, et de l’autre côté de l’individualisme égoïste, les médias ne sont plus que consommation et frivolité narcissique. Habermas insiste sur le fait que l’activité communicationnelle est devenuesans importance parce qu’elle est dominée par le système économique et elle lui rend un service. Elle perd par conséquent ses fonctions principales (culturelles et politiques) au profit de ses fonctions économiques. La communication devient un ensemble d’industries (cinéma, télévision, radio, presse, etc.) dont la fonction est désormais massivement économique. Ces mêmes industries culturelles (médias de masse en général) sont des instruments du pouvoir en faveur des dominants.

La science et la technique en tant que principales forces de production capitalistes, tandis qu’elles répondent aux exigences du travail, accomplissent à la fois un rôle productif et

543 Théodore W ADORNO, «L'industrie culturelle». Traduit de l'allemand par Hans Hildenbrand et Alex

Lindenberg, Communications, 3, 1964. pp. 13,

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588_8018_1964_num_3_1_993. 544 Cité in Judith LAZAR, Sociologie de la communication de masse, 1991, p.38.

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idéologique « La science et la technique assument aussi le rôle d’une idéologie(HABERMAS, 1968, p. 43). De même, avant Habermas, Karl Marx a bien traité la participation de la technologie ainsi que de la science dans le développement des sociétés capitalistes, surtout d’un point de vue économique545. Cependant, les deux auteurs ayant mieux expliqué l’importance de la technologie dans les sociétés industrialisée sont Marx et Schumpeter. Selon eux, l’âge scientifique de la technique coïncide avec l’essor du capitalisme industriel. Par

conséquent, l’innovation technique devient le moteur du changement (SALOMON, 1992, p.

92).

Nous remarquons que le concept d’industrie culturelle s’est répandu, c’est pourquoi de nombreux sociologues et chercheurs impliqués dans des questions relatives à la communication s’en servent pour exprimer la domination que subissent la société et les individus de la part des TIC. Dans le domaine francophone, de nombreux chercheurs s’intéressent à la notion d’industrie culturelle d’inspiration francfortienne, comme Bernard Miège, Gaëtan Tremblay546 (Montréal), pour eux les médias représentent un système économique industriel de production et de distribution de biens culturels. « L’industrie de la culture s’est développée en même temps que se développait la prédominance de l’effet, de l’exploit tangible, des détails techniques dans une œuvre qui, au départ, exprimait une idée et fut liquidée en même temps que cette idée »(MUCCHIELLI, 1998, p. 134).

2. L’approche structuraliste et l’étude de la communication

La participation de cette approche à l’étude de la communication est pertinente surtout en ce qui concerne les notions relatives à la conception des moyens de communication, comme d’autres agents, comme des appareils idéologiques d’états, du fait qu’ils servent au contrôle et à la surveillance du peuple.Les travaux du marxiste Althusser et son disciple Faucault sont, à ce sujet, très intéressants.

2.1. La sociologie française d’après la deuxième Guerre mondiale

La sociologie européenne classique (française et allemande) s’est construite entre la fin du XIX e siècle et le début du XXesiècle, plus précisément de 1890 à 1918.Par

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Selon Raymond Aron, on ne peut pas dire que «la pensée de la technique » soit la clé de la pensée de Marx, elle est plutôt l’un des socles d’enseignement et de démonstration sur lesquels il a développé sa théorie.

546Gaëtan TREMBLAY, « La société de l’information: du fordisme au gatesisme », Communication information, vol 16, n°2, 1995. Pp.131-158.

Bernard MIÈGE, La société conquise par la communication, Presses Universitaires de Grenoble, Grenoble, 1989.

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conséquent, cette construction s’est exprimée par la multiplicationdes ouvrages et des revues sociologiques.

La participation de Durkheim à la sociologie en générale et à la sociologie française en particulier semble être très forte. Durkheim a donné à la sociologie une identité disciplinaire en l’autonomisant par rapport à d’autres disciplines notamment la psychologie ou l’économie(DEVINANT, 1999). Par ailleurs, l’Année sociologique fondée en 1896 a été l’exemple le plus pertinent, précédée par la revue Internationale de sociologie ainsi que par la société de sociologie à Paris, fondées toutes les deux par Worms, respectivement en 1893 et en 1895 (ibid.67).

Dans le cas allemand en retard par rapport à la France, la première revue concernant la science sociale a été créée en 1903 par Max Weber et Werner Sombart. Mais, depuis cette date, la participation des pères de la sociologie allemande (Max Weber, Georg Simmel et Tönnies) dans le domaine des publications s’approfondit de plus en plus.

Malgré cela, la situation de la sociologie européenne (française et allemande) a stagnée entre les deux guerres mondiales. Après avoir construit la sociologieet établi l’essentiel de son corpus théorique et méthodologique, cette stagnation a duré jusque la fin de la seconde guerre mondiale.

Dans le contexte français, l’importance de l’école durkheimienne reste fortement dominant jusqu’aux années 1930, grâce à ses successeurs notamment son neveu Marcel Mauss et Maurice Halbwachs (pour n’en citer que quelque uns). Alors que dans le contexte allemand547, de nouveaux sociologues se sont joints aux pères fondateurs (M. Weber, G. Simmel et F. Tönnies), autrement dit, d’autres approches ont vu le jour, on cite l’école de Francfort d’inspiration marxiste critique dont les deux principaux représentant sont Max Horkheimer et Theodor Adorno, l’autrichien Alfred Schutz et son approche phénoménologique d’inspiration wébérienne. De plus, Karl Mannheim et Max Scheler ont participé à la construction de la sociologie de la connaissance.

Par contre, la fin de la seconde guerre mondiale a rendu le climat fécond pour les études sociologiques. La société s’est alors transformée du fait de l’industrialisation, de

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Il faut noter que la période de l’entre deux guerre mondiales se distingue par le départ des sociologues allemands et autrichiens vers l’Angleterre (Mannheim) et Elias qui s’est exilé en Angleterre puis en France, et vers les Etats Unies (sociologues ou philosophes néo -marxiste de l’école de Francfort) pour continuer leurs œuvres, en plus de Joseph Schumpeter et Alfred Schutz. De toutes façons, la situation de la sociologie allemande sous le nazisme a régressé du fait de l’émigration des sociologiques fuyant le nazisme. C’est pourquoi les Etats unis ont participé à la poursuite de l’histoire sociologique allemande (CUIN & GRESLE, 1992, 1996, pp. 23-24).

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l’urbanisation, de l’essor des services, de l’élargissement de l’éducation, du travail des femmes, etc. et la mise sur pieds des états-nations-providences s’est accéléré.La sociologie européenne s’est donc reprise de nouveau. Dans le contexte français, la sociologie de l’après-guerre s’est renouvelée notamment par les travaux, tout d’abord de Georges Gurvitch, puis de Georges Friedmann et enfin de Raymond Aron548.

2.2. L’origine du structuralisme français et ses pionniers

Étant donné le premier courant sociologique (socio-philosophique)de l’après-guerre, le structuralisme549 français est né à la fin des années 1960 inspiré par la linguistique (SCHAFF, 1974, p. 13), ainsi que l’anthropologie structurale (notamment Claude Lévi Strauss550, en tant que l’anthropologue structuraliste le plus connu). Le structuralisme s’étend à d’autres disciplines, philosophie (Louis Althusser et son disciple Michel Foucault considéré aux Etats -Unis comme l’un des principaux représentants de l’analyse structurale), sociologie (Pierre Bourdieu structuraliste-constructivisme ou constructivisme-structuralisme) et psychanalyse (Jacques Lacan), Roland Barthes en sémiologie et critiques littéraire (DELAS & MILLY, 2009, 2011, p. 315). En plus de George Dumézil en ce qui concerne l’histoire des religions (CORVEZ, 1969, p. 10).

De même, plusieurs revues ont participé à la formation des théoriciens du structuralisme français, il s’agit tout d’abord de Critique fondée en 1946, puis de Esprit

fondée en 1932 et enfin de Tel Quel fondée en 1959 (ANGERMULLER, 2013, p. 80). Cependant, après avoir connu une crise depuis le milieu des années 1970, le déclin de l’hégémonie structuraliste s’est fait en 1980 du fait de l’essor du néolibéralisme qui a mis fin

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Après la seconde guerre mondiale, quatre courants de recherche se trouvent en France, il s’agit du structuralisme génétique de P. Bourdieu (l’étude des structures déterminantes est l’objet du structuralisme génétique), de la sociologie dynamique (G. Balandier, Alain Touraine, (changement social), de l’approche fonctionnaliste et stratégique (M. Vivien, M. Block) et de l’individualisme méthodologique, le nom de R. Boudon est le plus connu dans ce domaine de recherche.

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D’après Raymond Boudon et François Bourricaud, le structuralisme désigne un mouvement d’idées diffus et complexe qui s’est développé dans le domaine des sciences sociales au cours des années 1960, exclusivement sur