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CHAPITRE 3 : LE GABON FACE AU DEFI DE L’ACCUEIL DES REFUGIES

2. Les afflux successifs des populations réfugiés

L’accueil des réfugiés au Gabon date de 1968 avec l’arrivée des enfants biafrais. Cet accueil a évolué jusqu’au grand afflux des Congolais dans la décennie quatre-vingt-dix. Ces afflux constituent trois décennies d’expérience d’accueil des réfugiés au Gabon.

A. Les enfants biafrais, premiers réfugiés mais non reconnus

Le 30 mai 1967, une sécession éclate dans l’Etat du Biafra au sud-est de l’Etat fédéral du Nigeria. Elle est conduite par le colonel Odumegwu Emeka Ojukwu. Le Biafra est habité par plusieurs ethnies parmi lesquels les Ogoni, les Ijaw et les Ibo qui sont la communauté la plus importante démographiquement. Le Biafra s’autoproclame République le 30 mai de cette année. Cependant, en raison des richesses, surtout pétrolières, dont regorge cette région, car

c’est la région la plus riche du pays, les autorités fédérales n’acceptent pas cette insurrection et l’investissent militairement. La guerre qui suit provoque 1 à 2 millions de morts victimes pour l’essentiel de la faim et de la malnutrition causées par le blocus instauré par le pouvoir de Lagos99.

A la proclamation de l’indépendance biafraise, la majorité des Etats ne la reconnaissent pas, en dehors de la France, de la Côte-d’Ivoire, de la Tanzanie, de la Zambie et du Gabon. On découvrira que cette reconnaissance et surtout les soutiens militaires dont a bénéficié le Biafra pour résister à l’armée fédérale pendant plus de deux années étaient un acte exemplaire du fonctionnement de la France avec l’Afrique mené de main de maître par « l’homme de l’ombre » Jacques Foccart. L’interview donnée par Omar Bongo le 12 novembre 1968 au sortir d’un entretien avec le Général de Gaulle à l’Elysée aide à le comprendre. Il déclare : « Nous avons parlé du Biafra avec le Général de Gaulle dans un sens

purement humanitaire et, je crois que j’ai répondu à cette question le jour de mon arrivée à Paris. J’ai été très surpris, voire même indigné, de constater que certains journaux écrivent que le Gabon sert de relais pour les armes à destination du Biafra et que c’est la France qui fournit ces armes là. Mais, je tiens à vous dire, une fois de plus, qu’il n’est pas du tout question que la France fournisse des armes au Biafra. Cela est une information gratuite dénuée de tout fondement et je vous demande, vous messieurs les journalistes, si vous êtes prêts, à venir au Gabon passer le week-end pour vous rendre compte si effectivement les avions qui vont au Biafra transportent les armes »100.

Plusieurs observations sont susceptibles d’être tirées de cette déclaration. D’abord, lorsqu’Omar Bongo invite les journalistes à venir au Gabon enquêter, ou plus précisément à observer le départ des avions vers le Biafra, il ne remet pas du tout en cause le fait que ces avions soient un soutien de la France au Biafra, tout comme il positionne pleinement le Gabon comme le centre névralgique de ce soutien. A l’époque, la polémique enclenchée autour de la question établit un axe Paris-Abidjan-Libreville avec Libreville comme plaque tournante des actions décidées à Paris. Philippe Letteron dit que « le soutien logistique de la France passe

par la fourniture d’armes qui transitent par la Côte-d’Ivoire et le Gabon (…). Libreville, la capitale du Gabon, devient en toute discrétion la plaque tournante de l’aide française sous l’égide d’une équipe réduite et autonome » (Letteron, 2004 : 1). L’axe Paris-Abidjan-

99 C’est lors de cette guerre largement médiatisée que Bernard Kouchner lance Médecins sans frontières pour

venir en aide aux réfugiés biafrais.

Libreville met en scelle Omar Bongo et Félix Houphouët-Boigny qui ont longtemps été au centre des relations de la France avec les pays africains.

Ensuite, en affirmant que ses discussions avec le Général de Gaulle sur la guerre du Biafra n’ont porté que sur « un sens purement humanitaire », comment peut-on saisir l’humanitaire dans les relations d’Etats sans aucune dimension politique et/ou économique ? Toute intervention des Etats dans un conflit et même dans l’accueil des réfugiés n’est pas guidée que par des aspects purement humanitaires101. Luc Legoux l’exprime clairement lorsqu’il affirme à propos de l’accueil des réfugiés par exemple que « toute protection

garantie par un Etat est en effet une intervention dans un conflit, même si le paravent de la neutralité humanitaire est aujourd’hui de plus en plus souvent utilisé pour tenter de dissimuler cette réalité incontournable. La conjoncture des relations politiques internationales est ainsi de facto au cœur de l’organisation de la protection, mais elle n’y est pas la seule, la conjoncture socio-économique est également très présente » (Legoux, 2004 :

11). Aucun pouvoir ne s’implique dans une guerre simplement au nom de l’humanitaire. Il se cache toujours des intérêts politiques et/ou économiques qui commandent cette décision. Le cas du Biafra ne pouvait pas échapper à cette logique. La question qui se pose est alors celle de savoir pourquoi la France, le Gabon et la Côte-d’Ivoire ont-ils accepté de reconnaître et de soutenir la sécession biafraise ?

L’enquête qui a abouti au film réalisé par Joël Calmettes intitulé Histoires secrètes du

Biafra. Foccart s’en va-t-en guerre donne une explication intéressante sur les raisons qui ont

poussé la France à se lancer dans ce conflit102. Les différents témoignages recueillis et l’ensemble des informations fournies montrent que Foccart, dès le jour même de la proclamation de l’indépendance du Biafra, envoie Maurice Robert au Nigeria rencontrer Odumegwu Emeka Ojukwu. Car, il estime que la France doit absolument aider la sécession biafraise pour une seule raison : affaiblir le Nigeria qui se tourne depuis peu de temps vers

101 La confrontation des intérêts diplomatiques et humanitaires s’est vérifiée en France avec la formation du

premier gouvernement de Nicolas Sarkozy qui avait créé au sein du ministère des affaires étrangères un secrétariat d’Etat aux droits de l’homme. Très vite, il s’est révélé que la diplomatie entrait souvent en collision avec les droits de l’homme. Cela s’est vu lors de la visite du colonel Mouammar Kadhafi en France lorsque Rama Yade, qui s’occupait des droits de l’homme, avait déclaré que la France « n’est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits » (Le Parisien du 10 décembre 2007). Après ces propos, elle avait été reçue à l’Elysée parce que cette déclaration pouvait remettre en cause l’objectif de la vente des avions militaires français, les Rafales, qui était en négociation avec la Libye. Autrement dit, la vente des Rafales avait plus d’intérêt que les questions de droits de l’homme que soulevait Rama Yade. D’ailleurs, en dissolvant ce secrétariat aux droits de l’homme, Bernard Kouchner, ministre français des affaires étrangères, avait dit que c’était une erreur de l’avoir créé.

102 Au début du documentaire, le réalisateur précise qu’il a été conçu sur la base des archives de la cellule

Afrique de l’Elysée et indique que ces archives sont des notes de synthèse, des coupures de presse, des messages codés, des rapports d’espionnage et des photographies. Dans ce documentaire, il y a des témoignages du colonel Maurice Robert, à l’époque responsable Afrique des services spéciaux français.

Moscou et pense que son rapprochement avec l’Union Soviétique, en pleine guerre froide, est dangereux parce que pouvant s’étendre aux pays voisins, particulièrement aux anciennes colonies françaises que la France tente depuis les indépendances des années soixante de garder dans son giron103. Mais, si la France place son intervention dans le cadre de la guerre froide que se livre les puissances mondiales, que gagne le Gabon à reconnaître le Biafra ?

Pour Eustache Mandjouhou-Yolla, « cette affaire est un fiasco pour la diplomatie

gabonaise. Le seul enseignement à en tirer c’est qu’elle confirme la domination de la France sur la Côte-d’Ivoire et le Gabon. Dans ce conflit, la France est intervenue sous couvert de ces deux pays car elle espérait avoir des retombées sur le pétrole biafrais sans toutefois se découvrir aux yeux de la communauté internationale » (Mandjouhou-Yolla, 2003 : 179).

Cette analyse montre qu’en réalité, au sortir des indépendances africaines, en moins d’une décennie, l’autorité française dans ces pays n’est nullement entamée et que la cellule africaine de l’Elysée est un prolongement, sinon peut-être même le lieu de conception, de la diplomatie de ces Etats naissants. Toutefois, il semble qu’il n’est pas possible d’expliquer l’intervention du Gabon, indépendant tout de même depuis huit ans, simplement sur des logiques de domination française sans penser qu’il ne tire aucun profit. A ce propos, Eustache Mandjouhou-Yolla nous aide à apporter une analyse différente. Il indique que « le Gabon

s’est toujours opposé à toute tentative de fédération de l’AEF. On conçoit plus facilement qu’il nourrissait une certaine crainte envers le géant Nigeria. Il y avait peut-être la conviction que le Biafra serait pris en exemple comme le seul pays en Afrique non hérité de la colonisation et assez homogène dans la composition de sa population (les Ibo) »

(Mandjouhou-Yolla, 2003 : 178).

Premièrement, ce passage fait ressortir que le Gabon souhaitait sans l’avouer un morcellement du Nigeria pour éviter d’avoir près de ses frontières un voisin puissant. Si cela a été pensé, certainement qu’un besoin d’anéantissement de ce pays était alors partagé avec la France. Aussi, si cela se vérifie, il est possible de se demander si cette crainte n’existe plus.

Deuxièmement, cette analyse d’Eustache Mandjouhou-Yolla quant à ériger le Biafra comme un exemple de pays non hérité de la colonisation soulève un certain questionnement sur la recherche de l’homogénéité linguistique. Le Gabon est un espace de forte diversité ethnolinguistique, en quoi le Biafra aurait-il pu être un modèle pour lui ? Est-ce à dire que son refus d’une fédération de l’AEF aurait été guidé par la multiplicité ethnique qu’aurait

103 Il faut noter que lorsque la sécession éclate, le pétrole vient d’être découvert au Biafra et que depuis

engendrée le rassemblement avec les autres pays ? Sinon, si la sécession biafraise était un succès, les autorités gabonaises auraient-elles repensé leurs frontières sur la construction des aires ethniques ? Au-delà de toutes ces interrogations, il reste que le positionnement du Gabon dans ce conflit s’est manifesté par l’arrivée à Libreville des milliers d’enfants biafrais. Combien sont-ils arrivés et comment ont-ils été accueillis ?

Quand éclate le conflit, la stratégie d'étouffement des poches de résistance biafraise par l'armée nigériane conduisit irrémédiablement à l'écrasement sanglant de la révolte en dépit des soutiens que possédera la sécession. Le blocus terrestre et maritime de la poche biafraise où sont coincés des millions de personnes sur quelques milliers de kilomètres carrés entraîne une terrible famine. Le Gabon donne son accord pour que les enfants biafrais viennent sur son sol. Le nombre initialement prévu de 1000 enfants explose rapidement. Trois semaines plus tard, il passe à 1020 pour atteindre 1400 en décembre 1968. Pour Williams Nyama,

« cependant, les chiffres pris globalement donnent en décembre 1969, plus de 2000 alors qu’une étude datée de 1969 sur les enfants réfugiés biafrais en Côte-d’Ivoire, avançait le chiffre de 3000 enfants réfugiés au Gabon. Clairement, si nous risquons à avancer un chiffre global, nous ne sommes pas loin de plus de 4000 enfants, au regard de l’évolution des chiffres non moins fiables » (Nyama, 2005 : 80).

A leur arrivée, ces enfants sont installés dans la concession de l’hôpital de Mélèn à l’est de Libreville sur la Nationale 1, au lieu dit du PK 11. Les pathologies qu’on trouvait fréquement chez ces enfants, « étaient l’anémie, les parasitoses (ascaris, ankylostomes).

Quelques cas de tuberculose pulmonaire avaient été décelés. La malnutrition provoquait chez les enfants, une dépigmentation de la peau, une décoloration des cheveux en roux, provoquant du kwashiorkor et dû au « mauvais entretiens auxquels ils ont été longtemps soumis ». Autres maladies recensées, les otites, les pneumonies, et les gastroentérites. Pendant les premiers jours qui ont précédé l’arrivée des enfants à Libreville, la banque de sang de l’hôpital avait été mise à contribution, à hauteur de 50 flacons de sang en moyenne par jour » (Nyama, 2005 : 24). Eu égard à ces conditions pénibles, un élan de solidarité se

forme pour assister ces enfants. Les populations apportent des contributions financières et matérielles. Le président de la République lui-même avait appelé à faire ces gestes et dira plus tard que pour un élan de générosité, « le Gabon a montré son grand cœur »104.

Certains enfants repartiront en 1970, soit vers le Nigeria, soit vers la France tandis que d’autres resteront au Gabon. Omar Bongo, dans Les chances du Gabon pour l’an 2000, le

chemin du futur (1998), dit que 250 familles gabonaises avaient décidé d’adopter des enfants

biafrais. Une démonstration, s’il en était encore besoin, du Gabon qui « a montré son grand cœur ». En réalité, cette décision n’a pas été spontanée. Une campagne, et surtout une pression, au sein de la sphère des dirigeants avait été menée pour pousser les gens à adopter ces enfants.

Cependant, si dans les faits, ces enfants ont été accueillis en tant que réfugiés, le Gabon ne les compte pas comme tel. Tout au moins, aucun texte législatif les reconnaissant comme réfugié ne sera pris. Donc, l’accueil des enfants biafrais au Gabon, s’il est de fait la première expérience de migrations forcées vers le Gabon, dans le domaine législatif, il n’existe pas de traces de leur passage. Depuis lors, d’autres afflux de réfugiés ont eu lieu au Gabon.

L’arrivée massive des réfugiés congolais à la fin des années quatre-vingt-dix a été une expérience inédite de gestion des réfugiés. Avant leur arrivée et après l’accueil des enfants biafrais, le Gabon a accueilli d’autres nationalités de réfugiés. Dans la suite de cet exercice, analysons les arrivées des réfugiés tchadiens et des réfugiés équato-guinéens. Le choix de parler de ces deux nationalités se fonde sur deux raisons. Premièrement, nous voulons montrer l’acte fondateur de la reconnaissance officielle des réfugiés au Gabon qui s’est fait avec l’arrivée des réfugiés tchadiens. Deuxièmement, la Guinée-Equatoriale présente les mêmes caractéristiques dans ses liens avec le Gabon que le Congo. En dehors du fait qu’elle n’a pas été une colonie française mais espagnole, elle partage une frontière commune avec le Gabon et possède des populations de part et d’autre de cette frontière qui sont de même groupe ethnique, le groupe fang.

B. Les réfugiés tchadiens, une première reconnaissance législative des réfugiés Le Tchad depuis son indépendance connaît des crises politiques permanentes. Il a connu des guerres civiles. Mais, il a également souvent connu des crises avec ses voisins (Libye, Centrafrique et actuellement le Soudan) qui servent ou ont servi de base arrière aux mouvements armés rebelles qui voulaient le déstabiliser. Le Tchad est indépendant depuis le 11 août 1960 et, « cinq ans à peine après ladite indépendance, le premier gouvernement

tchadien s’était vu confronter à de vives agitations politiques et sociales, agitations qui donnèrent l’occasion à la suppression des partis politiques d’opposition en janvier 1962, aux arrestations et incarcérations de quelques leaders de ces partis en 1963 et à la rébellion

armée sous l’auspice du Front de Libération Nationale du Tchad (FROLINAT) à partir de 1966 » (Toglo-Allah, 1997 : 16).

Marita Toglo-Allah situe les fondements véritables des conflits qui minent le Tchad à partir des luttes entre les partis politiques pour l’acquisition de l’indépendance du pays. Fondé par Gabriel Lisette en 1947, le Parti Progressiste Tchadien (PPT) de François Tombalbaye et de Toura Ngaba d’un côté, et l’Union Démocratique Tchadienne (UDT) de Léré Gountchomé Sahoulba et Ahmed Koulamallah de l’autre, vont livrer bataille autour de la question de l’indépendance. Le premier était favorable à l’indépendance et le second était plutôt contre. Les leaders du PPT étant tous les deux issus du sud du Tchad, Marita Toglo-Allah explique que leur parti sera perçu comme un parti sudiste, ce qui aura pour conséquence de transposer la lutte politique de l’indépendance sur le terrain de la division « Nord/Sud » et « Chrétien/Musulman ».

Pour Marita Toglo-Allah, l’indépendance va exacerber le conflit dans sa dimension « Nord/Sud » et « Chrétien/Musulman » qui jusque là était latente. Pour lui, dès 1960, François Tombalbaye, qui est président du jeune Etat, tente de se débarrasser de la puissance colonisatrice et de tous ses relais dans l’administration, ainsi que de ses adversaires politiques qui siégeaient avec lui dans le même gouvernement. Mais, la suspicion qui régnait entre les différentes forces politiques n’était pas pour lui un gage de stabilité et une ambiance propice pour mener les chantiers. C’est donc graduellement qu’il se détachera de la puissance colonisatrice et de ses concurrents. Les mécontentements qui naitront conduiront à la création de mouvements armés.

Ainsi, « le premier mouvement armé décidé à lutter contre le régime de Tombalbaye a

vu le jour dès 1965 sous la houlette d’un certain El Hadj Issaka, ancien chef de canton d’Harazé-Djombo-Assinet (Batha), déchu deux fois aux élections cantonales de Mangalmé. C’est dire donc qu’après son échec auxdites élections, Issaka s’était rendu en République Centrafricaine où il a d’après le Dr. Abba Sidick, pris contact avec les mécontents de l’indépendance octroyée au Tchad par la France, ou du moins octroyée à un non musulman (Tombalbaye) » (Taglo-Allah, 1997 : 53). A la suite de ce premier groupe armé, d’autres,

entre autres le Front de la Libération du Tchad (FLT), l’Union Nationale Tchadienne (UNT), verront le jour jusqu’à la création le 22 juin 1966 au Soudan du FROLINAT, mouvement commun rassemblant les diverses rebellions, qui s’imposera comme la principale force armée face au pouvoir. Il aura, au départ, comme Secrétaire Général Ibrahima Abatcha.

Après la révolte durement matée en 1963, on assiste jusqu’en 1967 à la multiplication d’embuscades menées par les rebelles. L’année 1968 se révèle dure pour les rebelles parce

qu’ils avaient « abattu, dans une embuscade qu’ils tinrent aux militaires le 20 janvier 1968,

deux coopérants européens travaillant à l’hôpital d’Abéché dont un Français et un Espagnol. Suite à cette action, l’armée nationale tchadienne, déclencha pour la première fois sur ordre de Tombalbaye une grande offensive militaire dont le but était de nettoyer toutes les poches de résistance rebelles dans l’Est du pays. C’est au cours de ces affrontements qu’Ibrahima Abatcha chef fondateur du FROLINAT aura trouvé la mort le 11 février 1968 » (Taglo-Allah,

1997 : 63). Cette mort porta un coup sévère aux mouvements armés.

En 1969, l’opposition militaire organisée par le FROLINAT s’installe à Tripoli sous la direction du Dr Abba Sidick. Cette rébellion est soutenue par la Libye. Les militaires libyens franchiront la bande d’Aouzou dès 1972 et reviendront s’installer au Tchad en 1973. A partir de 1974, la situation diplomatique entre le Tchad et la France qui a depuis lors aidé le pouvoir de François Tombalbaye contre les rebelles, se détériore. La France quitte le Tchad, ce qui conforte l’installation des troupes libyennes et l’aide de la Libye aux rebelles. Cette situation aboutira à l’assassinat de François Tombalbaye en 1975. Il sera remplacé à la tête de l’Etat par Félix Malloun qui restera jusqu’en 1979 avant d’être remplacé par Goukouni Oueddei lui-