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Le tracé d’ensemble de la faille Argentera-Bersezio

C- La faille Argentera- Bersezio

2. Le tracé d’ensemble de la faille Argentera-Bersezio

Ce travail de cartographie a été réalisée à partir d’un aller-retour entre les photos aériennes et les images SPOT afin d’assurer à la fois une vision d’ensemble et une précision minimum sur les éléments (linéaments, escarpements, décalages de dépôts récents…) qu’on peut rapporter à la faille

Argentera-Bersezio. Nous avons aussi essayé de tracer la continuité de la faille vers le nord ouest et vers le sud est et de replacer les séismes qui ont été analysés. Une synthèse est présentée sur la Figure II-35 (cette figure est disponible en pleine résolution dans le répertoire « figures » sur le CDROM associé à ce mémoire).

Les images de télédétection, en particulier les images satellitales, présentent l’avantage d’une vision régionale homogène. Cependant, compte tenu du cumul de déformation, des lithologies hétérogènes et de l’érosion glaciaire, l’analyse des escarpements, par exemple, même à l’échelle des photos aériennes reste ambiguë. Ce travail ne peut donc être considéré que comme une vision de premier ordre qui doit être affinée par les observations de terrain.

Le tracé de la faille n’est pas continu, on le perd en de nombreux endroits où il est soit recouvert par des colluvions, soit masqué par les variations lithologiques. Au nord la continuité avec le faisceau de failles de Sérenne est effective (Sue, 1998), ce qui prolonge la faille de plusieurs dizaines de kilomètres et en fait l’une des structures potentiellement actives la plus longue des Alpes. Vers le sud, nous avons pris l’option de la continuité avec la faille Fremamorta-colle del Sabbione même si il est difficile de l’argumenter de façon précise à cette échelle. Sur ces images et photos, il ne nous a pas été possible de détailler suffisamment la géométrie pour analyser des segments qui traduiraient une réactivation récente de certaines portions de la faille.

Figure II-35 : Bilan de l’analyse morphotectonique et sismotectonique sur le Massif de l’Argentera (modifié d’après Godel, 2003). Les images sont des SPOT 3 panchromatiques orthorectifiées (K52-J260, K52-J261 et K54-J261). La trace de la faille Argentera-Bersezio et de la faille Fremamorta-colle del Sabbione a été reportée sur les images SPOT à partir de l’analyse des photos aériennes. Les mécanismes au foyer correspondent aux événements suivants : 1 (07/03/1999, Ml=2,6), 2 (13/10/1995, Ml=3,9), 3 (17/10/1999, Ml=2,9), 4 (19/03/1997, Ml=2,5), 5 (23/09/2000, Ml=2,5), 6 (23/09/1999, Ml=2,6), 7 (24/11/2002, Ml=2,7), 8 (26/06/2000, Ml=3,3), 9 (30/05/2001, Ml=2,5) et 10 (24/10/2008, Mw=4,1). Toutes les données sur les mécanismes sont décrites dans Godel (2003) sauf pour l’événement de 2008 (n°10, B. Delouis, com. pers.).

Comme pour la microsismicité, les dix séismes significatifs que nous avons pu reporter ne s’alignent pas sur la faille (à la précision de la localisation près). Cependant sept d’entre eux se concentrent dans la zone de forte courbure au nord de Saint Martin de Vésubie (Figure II-35).

3. Analyse morphotectonique : topographie du Massif de l’Argentera

Dans le Massif de l’Argentera les sédiments plio-quaternaires, qui seraient de bons marqueurs de la déformation, sont rares. Les accumulations dans les lacs d’altitude et les formations glaciaires, alluviales et colluviales ne sont pas continues et restent pour l’instant peu analysées. Les études morphotectoniques, sur la forme d’ensemble du relief, des surfaces d’érosion, des surfaces de comblement et le réseau hydrographique représentent donc une voie majeure d’accès pour trouver des indices de déformation récente et active. Ces analyses permettent en particulier de détecter des structures sans expression de surface notable, qu’elles soient en cours de formation ou déjà érodées (Burbank et Anderson, 1996).

L’analyse du relief à partir des Modèles Numériques de Terrain est maintenant largement développée. En fonction de la résolution du MNT, cette approche permet d’estimer les paramètres

et al., 1999 ; Vassallo et al., 2007a), à l’échelle d’un bassin versant (e.g. Hurtrez et Lucazeau, 1999) ou encore à l’échelle d’un orogène (e.g. Gilchrist et al., 1994 ; Kühni et Pfiffner, 2001).

A partir d’une analyse globale de la topographie du massif, Musumeci et al. (2002) ont mis en évidence la morphologie de premier ordre qu’ils rapportent à la surrection du compartiment nord est de l’Argentera (au nord est des failles Argentera-Bersezio et Fremamorta-colle del sabbione) dans le contexte en transpression du Miocène et du Pliocène.

Figure II-36 : Modèle Numérique de Terrain du Massif de

l’Argentera (source I.G.N et Région Ligurie). Le contour du massif est en pointillés blancs et les traits rouges correspondent aux profils

topographiques de la figure II-35 (modifié d’après Godel, 2003).

Dans le Massif de l’Argentera le régime tectonique actuel est en extension (Figure II-16 ; Larroque et al., sous presse) mais ni les données sismologiques analysées, ni les données de terrain connues ne nous

Figure II-37 : Exemple de sept profils topographiques extraits du MNT sur la partie nord ouest du Massif de l’Argentera. Ces profils sont moyennés sur une largeur de 1 km. La position des profils est reportée sur la Figure II-36.

permettent de dater l’âge de mise en place de ce régime. Tout au plus peut on proposer qu’il est post 3,5 Ma, selon l’histoire de la surrection du massif (Bigot-Cormier et al., 2000 ; Bogdanoff et al., 2000), et qu’il est

certainement très récent puisqu’il ne semble pas y avoir pas de manifestation structurale évidente dans le paysage (J.M. Lardeaux, com. pers.). Si ce régime tectonique est trop récent pour avoir produit des

modifications structurales majeures en surface il pourrait néanmoins induire des anomalies morphologiques telles que des basculements de surfaces initialement horizontales ou des anomalies du réseau

hydrographique.

Pour couvrir l’ensemble du Massif de l’Argentera, nous avons utilisé le MNT de l’Institut

Géographique National pour la partie française et celui de la Région Ligure pour la partie italienne (fourni par nos collègues de l’Université de Gênes). Leurs caractéristiques sont proches : une résolution de 50 m avec une précision verticale et horizontale de l’ordre de 5 m (Figure II-36). Les surfaces glaciaires que nous avons pu identifier sont en général de faible étendue. Un grand nombre de profils topographiques (Figure II-37) ont été tracés à travers le massif suivant différentes directions et analysées en détail mais aucun

basculement notable de surfaces, qui correspondrait à des mouvements post-glaciaires, n’a pu être mis en évidence. Il est fort probable que ces basculements, si ils existent, sont trop faibles pour être mis en évidence sur un MNT à résolution moyenne (50 m).

4. Analyse morphotectonique : le réseau hydrographique autour de la faille