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Le système d’enseignement-apprentissage (SEA)

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 90-93)

PARTIE 1 : ORIENTATION THEORIQUE ET PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE

A. Le système d’enseignement-apprentissage (SEA)

1. Définir un système

L’enseignant, agent principal dans la classe, est confronté à un ensemble d’éléments en interaction dynamique. Il veut faire avancer un processus didactique sur des contenus imposés par les programmes, tenir compte de la temporalité qui lui est impartie pour dispenser ses cours, faire en sorte qu’un maximum d’élèves apprenne tout en organisant une gestion pédagogique, réguler son enseignement lorsqu’il le ressent comme nécessaire (Wanlin, 2011).

Par ces quelques exemples choisis, nous percevons que « le SEA est un ensemble de composantes en interaction qui se structure en fonctionnement et se caractérise par son évolution » (Bru, 1991, p. 49). Pour comprendre cette situation réelle en classe, nous accéderons à son intelligibilité à partir de l’approche systémique réalisée par Bru (1987, 1991). De surcroît, la SEA est représentée comme un système, c’est-à-dire modélisable en un objet(Le Moigne, 2006) :

- identifiable (observable en classe), - dans un environnement (l’école),

- ayant une ou plusieurs finalités (que les élèves apprennent), - générant une « activité » (d’enseignement et d’apprentissage), - comprend des structures (éléments) stables,

- évoluant dans le temps (durée d’une séance, d’une séquence…).

Par ailleurs, des interactions et des tensions internes entre les différents éléments du système génèrent des organisations nouvelles de manière inattendue, modifiant ces mêmes interactions et tensions (Bru, 1991). La particularité de ce système est de se scinder en deux

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systèmes, le premier représentant les pratiques d’apprentissage (des élèves), l’autre les pratiques d’enseignement (du professeur).

2. Deux sous-systèmes : l’enseignement et l’apprentissage

Le premier sous-systémique nous avons schématisé en processus d’apprentissage correspond à la construction et la production de connaissances déclaratives et procédurales des élèves. Le second correspond à celui de l’enseignement. Sa fonction est « l’organisation des apprentissages ». Il est relatif à un processus qui comprend les modalités pédagogiques et didactiques que l’enseignant met en œuvre dans son activité en classe. (Bru, 1991 ; Lefeuvre, 2007 ; Talbot, 2009).

Bien que ces deux sous-systèmes soient en interrelation et en multiples échanges avec les contextes72, ils ont la propriété d’être des structures et des organisations autonomes (Bru, 1991). Ceci permet donc, comme le signifie Lefeuvre (2007), de proposer un modèle distinguant deux processus et d’appréhender le processus d’enseignement comme un objet dynamique et évolutif. Ce processus s’auto-organise à partir des modalités pédagogiques et didactiques que met en œuvre l’enseignant. Mais, comme il est en relation constante avec des éléments de contexte, il ne se réduit pas à des situations « d’ici et maintenant » ou des planifications réalisées.

In fine, étudier l’enseignement dans son rapport à l’apprentissage et dans une perspective systémique, c’est chercher à connaître la structure « concrète » des composantes dans ce rapport, c’est aussi rechercher les relations qui l’organisent, mais c’est aussi tenir compte de la temporalité. La notion de système ou de sous-système évoluant dans le temps nécessite l’introduction du concept de processus (Le Moigne, 2006).

3. Processus d’enseignement et d’évaluations formatives et verdictives verbales

Dans sa définition la plus courante, le terme processus renvoie à la signification suivante :

« suite continue de faits, de phénomènes présentant une certaine unité ou une certaine régularité dans leur déroulement »73. Son origine latine venant de « progrès »74, il est employé

72 L’enseignant en classe est lié aux éléments de contextes (l’école, de sa hiérarchie, des parents, etc.), mais réciproquement il participe aussi aux éléments qui structure et organisa ces contextes.

73 Récupérée, le 1 juillet 2014 sur le site, http://www.cnrtl.fr/definition/processus

74 Le petit Robert : Dictionnaire de la langue française (2001, p. 204)

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dans bien des disciplines scientifiques depuis une quarantaine d’années, introduisant alors les notions de temporalité et de modification. Que ce soit en sciences sociales, en Biologie et en Automatisme, dans les années1960-1970, les scientifiques développent ce concept (Le Moigne, 2006). Ainsi, Mutel (1978), en automatisme, définit le processus comme une succession de changement « d’état » d’un système sur un temps infiniment court. Il existe alors un état initial qui subit des transformations grâce à une procéduralisation et une opérationnalisation de différentes tâches pour produire alors un état final. Le phénomène se répète indéfiniment tant qu’il existe une activité du système (ou du sujet). Pour Le Moigne (2006), tout changement de la matière, de l’énergie ou des informations ne seraient pas les seules variables à l’origine de ce changement. Il met en garde, contre une vision trop analytique et causaliste où l’ensemble serait susceptible d’évoluer uniquement en fonction d’une variable dépendante du temps.

En psychologie génétique, Piaget introduit ce terme pour évoquer les transformations de connaissances d’un sujet qui se développe, et qui apprend pendant son activité. Nous retrouvons alors trois composantes relatives au concept de processus par la théorie des systèmes : temps, changement, irréversibilité. Parler de changement (ou transformation) d’un objet, c’est poser l’existence d’une transformation dans l’espace, dans le temps et dans les formes de cet objet par un autre objet (Le Moigne, 2006). En conséquence, évoquer le processus d’enseignement, c’est modéliser les changements75 des modalités pédagogiques et didactiques dues aux contextes de classe comme l’espace et le temps.

« Enseigner c’est aussi évaluer » (Talbot, 2009), de ce fait, nous décrivons le processus d’évaluation verbale comme la modélisation du sous-système d’enseignement qui « inclut (donc) l’activité (d’évaluation) (…), son histoire, son contexte (…) les changements qui ont altéré sa structure » (idem, p. 93). Pour rendre intelligibles ce processus en dynamique et sa complexité, nous nous référerons à la notion de pratique telle que Bandura (2007) la définit.

75 Nous dirons qu’il y a changement car les modifications sont irréversibles

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