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2.2 - Le Rorschach

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 108-113)

Le Rorschach est un outil essentiel en psychologie clinique adulte. C. Chabert (1983) nous indique deux points importants dont il faut tenir compte lors de son administration :

- « En tant qu’objet réel, le stimulus Rorschach va permettre l’émergence d’une parole qui rendra compte d’images articulées à partir d’une réalité matérielle ».

- « En tant qu’objet imaginé, le Rorschach va permettre une élaboration de la perception en fonction des préoccupations essentielles du sujet, des modes d’aménagement de sa relation aux objets, des fantasmes et des affects qui sont sous-tendus par les mots-images qu’il va nous livrer ».

Ces deux dimensions sont considérées, « réalité matérielle » du support et

« préoccupations essentielles du sujet », en nous centrant essentiellement sur les planches

« maternelles » (VII et IX), « paternelle » (IV) et « phallique (VI), bien que ce test soit administré en totalité puisqu’il évalue des composantes dynamiques de la personnalité.

C. Chabert (1983) rapporte les travaux de Nina Rausch de Traubenberg (1970) qui « a repris l’analyse des planches de Rorschach, suivant trois dimensions : les caractéristiques objective du matériel, la tonalité émotionnelle et la « sollicitation symbolique latente privilégiée » » (C. Chabert, 1983).

La planche IV

- La tonalité émotionnelle est presque toujours dysphorique. La planche par le noir intense et l’étalement, provoque des réactions d’angoisse ou de grand inconfort et de malaise.

- La sollicitation symbolique est étroitement tributaire du stimulus large, noir, étalé, avec en filigrane la forme humaine. Image de puissance, de force, de domination, voire d’autorité, la planche éveille des prises de position de

domination ou de soumission, étant entendu que le rôle surmoïque peut très bien être celui d’une image paternelle à moins qu’apparaisse, dans le cadre d’une relation duelle prégnante, une image maternelle omnipotente.

La planche VI

- La réaction émotionnelle est plus souvent négative que positive. Le climat est souvent semblable à celui de la planche IV. La planche est fréquemment rejetée dans le choix ou même spontanément refusée.

- La sollicitation symbolique : la planche VI est très chargée d’implications sexuelles. Bien qu’elle soit bisexuée, c’est la dimension phallique qui est davantage utilisée. La dynamique activité/passivité ou une problématique de castration peuvent s’exprimer ici à travers le jeu d’images en mouvement (K) ou passives (estompages) outre les représentations sexuelles symboliques ou non.

La planche VII

- La tonalité émotionnelle reflète le caractère « inachevé et « désarticulé » donc instable et comme en déséquilibre du stimulus et la réaction est soit neutre, soit franchement négative.

- L’implication symbolique est très nettement féminine et/ou maternelle. La planche pousse le sujet à se situer par rapport au sexe féminin, à l’image féminine ou à l’image maternelle « en fonction de sa propre relation primitive à sa mère ».

La planche IX

- La tonalité émotionnelle est fonction de l’acceptation ou de la résistance à l’appel symbolique de la planche.

- La sollicitation symbolique : ici c’est la sollicitation à la régression qui est dominante, les positions régressives pouvant être vécues positivement ou négativement mais renvoyant toujours à une symbolique maternelle prégénitale associée ou non à des fantasmes de grossesse ou de naissance.

Nous nous intéressons à l’anxiété générée par ces planches (4, 6, 7 et 9), ce qui nous permet d’opérationnaliser les hypothèses 2 et 3. Cette anxiété peut être mesurée grâce à plusieurs indices :

- Au nombre de Clob, qui révèle la dimension anxiogène de la projection.

* Des Clob relevés aux planches IV et VI peuvent être reliées à des angoisses de castration associées à des questions d’identification sexuelle. Il peut également s’agir d’angoisse face à l’acceptation impossible de l’agressivité suscitée par ces planches.

* Des Clob relevés aux planches VII et IX indiquent des angoisses associées à des éléments de registre plus archaïque et en particulier relatifs aux premières relations objectales. Selon C. Chabert (1983), cette angoisse est « liée au sentiment de peur qui entrave l’émergence de fantasmes prégénitaux ».

- Au nombre de C’ proportionnellement au nombre de C, qui indique, selon son importance, la préférence pour le noir, la sensibilité au gris témoignant « très souvent d’une humeur dépressive, d’inquiétude, d’une anxiété diffuse » (C. Chabert, 1983).

Parfois, cette sensibilité au C’ explique l’introduction secondaire de Clob chez le sujet.

De plus, il est intéressant de noter que les C’ sont corrélés à la qualité des relations précoces : « Leur apparition aux planches « maternelles » (VII et IX), leur association avec des thèmes de froid ou d’hostilité […] met l’accent sur l’aspect précaire et insécure de ces modalités relationnelles » (C. Chabert, 1983).

- A la référence au blanc, qui, trop fréquente, montre une dimension de manque, de carence affective, pouvant être source d’anxiété.

- Au coefficient d’angoisse existentielle, qui, s’il est supérieur à 12%, révèle l’anxiété du sujet. Ce coefficient (IA %) se calcule à partir de la formule suivante :

[ ( ∑ anat + ∑ sexe + ∑ sang + ∑ Hd)/ R] x 100

- A la qualité de l’investissement objectal, évaluable à travers les représentations de relations dans les réponses kinesthésiques.

- Au caractère cru ou mal symbolisé des contenus projetés.

- Au degré de dévitalisation de ces contenus.

Ces trois derniers indices retenus permettent le repérage d’une angoisse potentielle à partir de dimensions non considérées dans le calcul du coefficient d’angoisse existentielle.

L’ensemble de ces indices permet la mise à l’épreuve de la troisième hypothèse.

Concernant la deuxième hypothèse, nous étudierons, parallèlement à ces indices, la thématique œdipienne aux planches IV et VI. En effet, des kinesthésies (K) saturées par un aller-retour entre désir et interdit impossible à élaborer, ou particulièrement conflictuel signeraient une thématique d’Œdipe non structurant.

Enfin, le Rorschach permet également l’opérationnalisation de la première hypothèse via la considération d’éléments significatifs d’un fonctionnement psychique aux traits paranoïaques. Les éléments considérés sont :

- Les projections de menace externe.

- La mégalomanie.

- Le besoin de protection.

- Les projections d’intention malveillante au testeur.

Voici la consigne que j’utilise lors de la passation :

« Je vais vous montrer des tâches d’encre, vous allez essayer d’imaginer ce que cela peut être. Il est important de dire tout ce qui vous passe par la tête. Vous pouvez me donner une ou plusieurs réponses, sur une partie ou l’intégralité de la planche. Vous pouvez aussi tourner l’image si vous le souhaitez. »

Je relève les temps de latence, à l’aide d’un chronomètre. Effectivement, le temps de latence est important d’un point de vue clinique puisqu’il permet de montrer « la plus ou moins forte réactivité du sujet ou au contraire sa tendance à l’inhibition » (C. Chabert et F.

Brelet-Foulard, 1990). Il semble donc important de signaler aux femmes qu’elles peuvent prendre tout le temps qui leur semble nécessaire puisque ce dernier n’est pas interprété en terme de performance.

Après la passation, je questionne les sujets à partir de la consigne énoncée par C.

Chabert (1983) :

« Nous allons maintenant reprendre les planches ensemble, vous essaierez de me dire ce qui vous a fait penser à ce que vous avez évoqué. Bien entendu, s’il vous vient d’autres idées, vous pouvez m’en faire part. »

Suite à cette enquête, je sollicite le sujet en lui demandant : - De choisir les deux planches qu’elle préfère.

- De choisir les deux planches qu’elle aime le moins.

- De choisir la planche qui représente le mieux son père.

- De choisir la planche qui représente le mieux sa mère.

- De choisir la planche qui la représente le mieux.

Le sujet choisit ses planches parmi les dix présentées simultanément face à lui, choix que je lui demande de justifier de manière systématique.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 108-113)