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2 - Epidémiologie qualitative

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 47-59)

J.P Resnick (1970) indique que « l’intervention psychiatrique pour empêcher le néonaticide est extrêmement difficile ». En effet, il développe sur le fait qu’une consultation médicale psychiatrique avait été demandée par 40% des femmes auteurs de filicides peu de temps avant le passage à l’acte alors que chez les femmes auteurs de néonaticides, il n’y avait eu aucune recherche de soins prénataux. B. Poulin et coll. (2006) confirme ces chiffres en rapportant les résultats des travaux de L. Laporte et coll. qui annoncent en 2003 : 44% des femmes auteurs de filicide (sur un échantillon de 32 femmes) ont des antécédents médicaux dans la province du Québec, au Canada, de 1981 à 1991. Selon eux, deux groupes importants de pathologies sont identifiés : celui du registre dépressif allant de la dépression légère au registre psychotique et celui du registre paranoïde. J-L Kunst (2002) apporte un éclairage sur ces demandes de soins précédents le passage à l’acte chez les femmes auteurs de filicide.

Selon cet auteur, de telles femmes ne parviennent pas à obtenir une réponse proportionnée à leur besoin lorsqu’elles adressent une demande d’aide aux services psychiatriques ou sociaux.

A-L Simonnot (2002 et 1996) note, de son côté, que « les expertises psychiatriques ne permettent pas de conclure la plupart du temps à l’existence d’une pathologie mentale ». De même, S. Bourcet et coll. (2001) notent que « généralement, le meurtre d’un enfant n’est pourtant pas dû à une maladie mentale psychiatrique avérée du parent meurtrier ». T. et K.

Albernhe (1997) confirment que les infanticides commis par des parents qui ne présentent pas de pathologie mentale sont les plus nombreux. Toujours selon ces auteurs, la prévention de ce type de passage à l’acte, chez les personnes atteintes de troubles psychiatriques, aurait fait des progrès en France grâce au développement de prises en charge globale efficientes de ces personnes. Du côté des Etas-Unis, M. Oberman (2003) confirme: « Le filicide maternel n’est pas un crime aléatoire et imprévisible commis principalement par les femmes mentalement

malades ». Il en est de même au Canada où B. Poulin et coll. (2006) annoncent que les mères

« n’étaient pas nécessairement psychotiques à l’heure de l’offense ».

M.K Krischer et coll. (2007) distinguent le néonaticide et le filicide en termes de pathologie mentale associée. En effet, pour ces auteurs, lorsque le passage à l’acte s’inscrit dans un contexte de maladie mentale, le néonaticide s’inscrit davantage dans le “spectre” de la schizophrénie alors que le filicide s’inscrit dans le “spectre” de la dépression.

Concernant le passage à l’acte filicide, B. Poulin et coll. (2006) notent que les mères filicides avec une configuration dépressives démontrent une motivation altruiste parce qu’elles projettent leur propre douleur sur leur enfant. Pour celles présentant une configuration paranoïde, la victime est perçue en tant que persécuteur ; dans ce cas, elles se concentrent habituellement sur un enfant et tendent à employer plus de violence, particulièrement quand les hallucinations sont présentes.

J-L Kunst (2002) envisage des scénarios concernant les passages à l’acte filicide qui se rangerait dans deux larges catégories conceptuelles, les mères psychopathes ou psychotiques : Parmi des mères plus psychopathes, le but est sadique, parce qu’il s’agit d’infliger la douleur physique ou émotionnelle. L’enfant n’a jamais été vraiment voulu et est tué involontairement suite à des maltraitances ou délibérément dans l’idée de faire souffrir le conjoint. Bien que ces femmes présentent sans doute des troubles psychologiques, elles sont le plus souvent trouvées coupables du meurtre ou d’homicide involontaire et condamnées à la prison d’Etat.

Le deuxième scénario est celui de la mère psychotique, une catégorie qui s’est nommée filicide pathologique. Ici, la violence préserve l’individu et vise à contrôler la menace perçue ou le danger pour elle ou son enfant. Ces femmes souffrent d’une maladie mentale importante, telle que la schizophrénie, les troubles bipolaires ou la

dépression psychotique. Pendant un épisode aigu, elles deviennent confrontées au défi de contrôler l’impensable, les inquiétudes et les illusions liées au danger catastrophique imminent.

Parmi ces deux types de scénario mis en avant, J-L Kunst (2002) s’est plus particulièrement intéressée aux mères psychotiques qui commettent un passage à l’acte infanticide. Elle associe le recours à la violence chez ces femmes à un « besoin extrême pour l’instinct de conservation face au danger psychique » (J-L Kunst, 2002). Ce danger psychique serait différent selon la

« structure de caractère » de la femme.

Pour le type désorganisé, ce danger est la décomposition intérieure massive, un retour à une mise en danger impensable qui ne peut être élaborée mentalement en raison des limitations profondes de l’attachement et du développement du moi. Pour le type organisé, le danger provient d’un sentiment de persécution important et la crainte de l’annihilation par de mauvais objets. Pour ces patientes, il y a la croyance que la violence peut servir pour préserver et protéger leur enfant et elle-même en les transportant par la mort à un état sécure[…] Dans les deux cas, il y a recours à la violence physique en raison des échecs profonds de la mentalisation.

M.K Krischer et coll. (2007) présentent trois cas prototypiques du néonaticide, de l’infanticide et du filicide. Pour ces auteurs, l’infanticide correspond au meurtre d’un enfant âgé de un jour à un an.

Bien qu’atypique pour la plupart des auteurs de néonaticides qui sont la plupart du temps jeunes, les femmes bouleversées avec la maternité, un cas typique pour le groupe de néonaticide dans notre groupe des mères mentalement malades (qui sont la plupart du temps schizophrènes et âgées de plus de 30 ans) implique une femmes de 43 ans, schizophrène chronique qui présentait également un retard mental.

Après avoir donné naissance à cinq enfants, qui tous lui ont été enlevés et confiés à l’adoption, elle est devenue à nouveau enceinte. Elle a nié pendant longtemps sa

grossesse, donnant finalement naissance à l’enfant dans une salle de bain et le tuant en le jetant dans les ordures.

Prototypique pour le groupe d’infanticide dans notre échantillon, une femme de 30 ans, divorcée, blanche, issue d’une famille de classe moyenne. Elle a tué sa fille âgée de 9 mois en mettant le feu dans son berceau après avoir été fâchée et avoir soupçonné que la famille de son mari voulait prendre le bébé pour l’emmener loin d’elle. Elle avait souffert d’une réaction psychotique aiguë.

En conclusion, le groupe de filicide était illustré par le cas d’une femme de 35 ans avec une longue histoire de problèmes matrimoniaux et de dépression majeure.

Elle a commencé à avoir des illusions que ces enfants étaient sexuellement abusés à l’école en dépit d’aucune réelle indication qu’un tel abus ait pu se produire. Non traitée (sur le plan médicamenteux) à l’heure de l’offense, elle a interdit à ses enfants d’aller à l’école et a par la suite poignardé chacun d’entre eux et essayé de se tuer, après que son mari soit parti pour le travail.

Ces auteurs (M.K Krischer et coll., 2007) précisent que « la motivation pour tuer un enfant dépend de beaucoup de facteurs, même lorsque la mère est mentalement malade ».

Ainsi, n’oublions pas qu’un diagnostic psychiatrique ne constitue pas, à lui seul, un facteur de risque de passage à l’acte.

Plusieurs auteurs ont mis en évidence des facteurs corrélés à cette criminalité.

S.H Friedman, S. McCue Horwitz et J.P Resnick (2005) rapportent les travaux pionniers de J.P Resnik (1969) aux Etats-Unis et ceux de P.T d’Orban (1979) au Royaume-Uni. Le premier, à partir de la littérature psychiatrique du monde sur le filicide, met en avant l’idée d’une haute fréquence de dépression, de psychose, du recours antérieurs aux services psychiatriques et un comportement suicidaire parmi les mères qui commettent le filicide. Il

note que les mères commettant le néonaticide sont en général plus jeunes et non mariées. P.T d’Orban (1979) s’est intéressé au filicide commis par des mères admises en observations psychiatriques au cours de leur incarcération. Ses résultats suggèrent une association entre le filicide maternel et la présence de facteurs de stress dans la vie de la mère comme, le fait qu’elle ait survécu à des violences domestiques, des séparations parentales tôt dans l’enfance et des comportements suicidaires. Dans le cas du néonaticide, P.T d’Orban (1979) s’accorde avec son homologue américain quant au statut célibataire et le plus jeune âge moyen des agresseurs mais ne retrouve pas d’association avec la dépression ou la psychose.

J.P Resnick (1970) note « le stigmate d’avoir un enfant illégitime [comme] raison primaire du néonaticide chez les femmes célibataires aujourd’hui, comme cela a été le cas par les siècles passés ». Cet auteur, spécifiquement intéressé par le néonaticide, nous rapporte les résultats de V. J Hirschmann et E. Schmitz qui, dès 1958, tentaient d’apporter des éléments de compréhension de cette criminalité en repérant deux profils de femmes auteurs de néonaticide. Les premières sont décrites comme ayant une structure caractérielle faible (au sens de la passivité) et les secondes seraient des femmes aux commandes instinctives fortes et sans contrainte morale.

T. et K. Albernhe (1997) détaillent la présentation des facteurs corrélés au passage à l’acte comme suit :

* Selon les caractéristiques de l’auteur de l’acte :

- selon le degré de parenté de l’auteur (mère, père, collatéral, voisin, etc.) ; les pères commettraient essentiellement des filicides de grands enfants ou d’adolescents, et les mères des infanticides néonataux ;

- selon le sexe de l’auteur ou selon son âge (la majorité des infanticides sont actuellement le fait de mères âgées entre 30 et 40 ans, dans notre culture) ; les auteurs de libéricides sont très rares après 40 ans ;

- selon la situation de famille et la biographie personnelle de l’agresseur (les mères multipares infanticides seraient plus nombreuses que les primipares, et auraient eu une enfance difficile, marquée à la fois par les carences affectives et la misère socio-économique).

* Selon l’état psychique de l’auteur :

- selon le contexte passionnel néonatal (naissance d’un enfant non désiré ; malformation congénitale impossible à assumer par un parent, lequel délègue inconsciemment l’autre pour commettre l’homicide) ;

- selon l’existence de troubles psychiques éventuels : psychose puerpérale, état délirant chez les mères (les pères infanticides sont, eux, rarement délirants) ; on recherchera systématiquement une psychose maniaco-dépressive ou une schizophrénie, une épilepsie, une psychopathie, une débilité mentale, des stigmates de l’alcoolisme ;

- selon les motivations de l’auteur : colère et frustration longtemps contenues, hypersensibilité et irritation dues aux cris stridents du nouveau-né, maladresse et actes involontaires de négligence, accident.

* Selon les caractéristiques de l’acte lui-même :

- selon les modes de perpétration : étranglement, noyade, chute, etc. et selon la modalité médiate (à l’aide d’objet) ou immédiate (à mains nues) ; il est ici classique de noter que les pères ont volontiers recours aux armes, tandis que les mères étouffent l’enfant par des linges ou en le serrant contre leur poitrine (symbolique de l’étreinte mortelle et du mauvais sein suffoquant) ; […]

- selon le caractère aigu de l’acte : infanticide impulsif d’un raptus anxieux, ou d’une séquence comitiale (imprévisibilité et absence de préméditation, acharnement féroce

et incompréhensible, indifférence apparente à l’acte, absence de culpabilité et amnésie totale des faits) ;

- selon la séquence homicide : homicide simple, homicide suivi de suicide, suicide altruiste ou accompagné ; la survenue d’un état dépressif post-infanticide est fréquente lors d’une décompensation puerpérale ; ailleurs, l’homicide a un effet abréactif, de soulagement momentanée de l’anxiété de son auteur ; des épisodes confuso-oniriques ou crépusculaires peuvent être responsable d’une amnésie lacunaire de l’acte.

* Selon les caractéristiques de la victime : si l’illégitimité de l’enfant ne semble pas être un facteur déterminant, le contexte de naissance est ici primordial, ainsi et surtout que la pression sociale s’exerçant sur les parents et la victime.

Si la majorité des infanticides ne relèvent pas d’une dynamique criminelle liée à une pathologie mentale authentifiée, nombreux sont les cas où l’acte s’explique à la fois par un contexte de grande précarité sociale et par l’existence de problèmes d’ordre psychodynamiques particuliers.

Ces auteurs (T. et K. Albernhe, 1997) évoquent également le « portrait-type de la mère infanticide » décrit par H. Scharbach (1993) :

Il s’agit d’une femme, grande adolescente ou jeune adulte, ayant une personnalité organisée sur un mode dysharmonique, avec défaillance de l’intégration d’un projet d’existence élaboré. On repère l’existence d’une immaturité, de traits régressifs narcissiques et infantiles, de faibles capacités d’insight et de créativité. Il existe une situation de dépendance en certains secteurs au niveau de la famille avec dysfonctionnement dans les échanges intergénérationnels. Des mécanismes d’exclusion interne avec pauvreté de la verbalisation expliquent que puisse se dérouler une gestation non reconnue, même si la jeune fille vit au sein de la famille. Bien sûr, il n’y aura aucun suivi médical et l’auto-accouchement se déroulera dans des conditions

clandestines, parfois sous le toit parental dans une chambre. Le passage à l’acte homicide suivra rapidement, le corps étant jeté par la suite, dans une fosse sceptique ou un caniveau. Après annulation de la grossesse, il y a en quelque sorte fécalisation du produit de celle-ci.

Nous devinons que cette présentation concerne les femmes auteur de néonaticides.

A-L Simonnot (2002, 1996) note des caractéristiques de cette criminalité en fonction de l’âge de la victime.

Concernant le meurtre d’un enfant nouveau-né, l’auteur note :

- qu’il s’agit d’ «un crime essentiellement maternel. Il concerne des femmes de plus en plus jeunes, âgées de moins de 25 ans, célibataires, primipares, confrontées à une grossesse illégitime ».

- « Le sexe des victimes est indifférent ».

- « Ces jeunes femmes vivent souvent chez leurs parents dans des conditions affectives et matérielles qui, jusqu’au moment de leur grossesse, semble ne pas avoir soulevé de difficultés notables ».

- « On ne relève pas chez elle de notions d’antécédents de troubles psychiatriques ou psychologiques ayant nécessité un suivi spécialisé. De même après le passage à l’acte meurtrier, les expertises psychiatriques ne permettent pas de conclure la plupart du temps à l’existence d’une pathologie mentale connue répondant aux critères diagnostiques des classifications psychiatriques habituellement utilisées ».

- « L’isolement et la solitude de ces femmes [face à la grossesse et à la maternité] est un fait marquant. Leur solitude est avant tout psychique tant au moment du crime que tout au long de la grossesse […] La grossesse fait l’objet d’une négation, voire dans certains cas d’un déni ».

- « L’existence de relations incestueuses au sein de la famille ».

- « Quant au père de l’enfant, il se manifeste rarement dans la réalité et reste très absent ».

A-L Simonnot (2002,1996) évoque une différence de contexte clinique lorsqu’il s’agit de meurtres d’enfants plus âgés. Dans ce contexte, l’auteur souligne la différence de statut de la victime dans la mesure où « la victime n’est plus anonyme car l’enfant est inscrit sur les registres d’état civil ». A-L Simonnot (1996) envisage :

- « Ces passages à l’acte […] dans le cadre de troubles psychiatriques chez le meurtrier correspondant à des pathologies nosographiquement identifiables ».

- « Les meurtres d’enfants plus âgés sont commis par les pères dans 48% des cas selon J.P Resnick (1969) ».

- « La moyenne d’âge des parents se situe entre 20 et 35 ans ».

- « Concernant les mères, il s’agit de femmes mariées ayant déjà plusieurs enfants, vivant au foyer et très isolées ».

- « Le sexe des victimes est indifférent mais l’enfant est surtout menacé dans les sept premières années de sa vie et plus particulièrement durant la première année de son existence ».

- « Ces meurtres sont commis dans la majorité des cas au cours d’un épisode psychotique ».

Au sujet de l’âge des victimes, J. Stanton et A. Simpson (2002) notent que les enfants les plus jeunes (particulièrement âgés de moins de six mois) sont plus à risque que les enfants âgés de plus de trois ans. Ces derniers seraient plus fréquemment tués par des mères malades mentales ou dans le cadre d’une vengeance à l’égard du conjoint.

Les données relatives au sexe de la victime varient en fonction des auteurs.

J.P Resnick (1969) a fait une synthèse des travaux de 1751 à 1967 et a trouvé que seulement un peu plus de la moitié des victimes étaient des filles. J.D Marleau et J.F Allaire (2005) rapportent des études (celles de R.K Silverman et L.W Kennedy, 1993 ; M.N Marks et R. Kumar, 1993) concluant à l’absence de lien entre le passage à l’acte maternel et le sexe de la victime.

Par ailleurs, J.D Marleau et J.F Allaire (2005) notent l’existence d’études démontrant au contraire un lien entre le meurtre et le sexe de la victime « quand les motivations spécifiques relatives au filicide sont contrôlées » (J.D Marleau et J.F Allaire, 2005). Ils concluent : « Pour les femmes filicides, il est possible que les filles soient plus à risque dans des contextes altruistes et les garçons plus en danger pendant les épisodes de vengeance (à l’encontre du conjoint) ».

Enfin, C. Ley et coll. (2003) énoncent des éléments caractéristiques des femmes auteurs de filicide :

- dans l’enfance des patientes, une relation défectueuse avec leurs parents, surtout avec leur mère. Ces mères filicides n’auraient donc pas […] de modèle positif sur quoi fonder leur propre style parental.

- […] un faible niveau social, économique, éducatif, avec finalement peu de ressources pour faire face à des évènements de vie stressants. Cet état de fait peut être renforcé par une conjugopathie sous-jacente, aggravant encore le sentiment d’incapacité et le vécu abandonnique des patientes […].

- Enfin, les mères filicides souffrent plus volontiers d’une pathologie psychiatrique, qu’il s’agisse d’un état dépressif, d’allure ou non mélancolique, ou d’une psychose, ce qui n’exclut d’ailleurs pas des préoccupations suicidaires.

Des travaux américains (S.H Friedman, S. McCue Horwitz et J.P Resnick, 2005) mettent en avant des facteurs sensiblement identiques à savoir :

- Au sujet du néonaticide : des femmes célibataires, adolescentes ou jeunes adultes, de statut socio-économique faible, résidant chez leurs parents. Les grossesses sont le plus souvent niées ou cachées et dépourvues de soins prénataux. Lorsque les femmes auteurs de néonaticides présentent des désordres psychiatriques, elles sont, en moyenne, plus âgées et de statut économique plus élevé. Ces femmes présentent un déni de grossesse et rapportent fréquemment des épisodes de dépersonnalisation, d’hallucinations dissociatives et d’amnésie intermittente.

- Au sujet du filicide : des femmes souvent pauvres, s’occupant de l’enfant à temps plein, socialement isolées et ayant pu être elles-mêmes victimes d’abus domestiques, de maltraitance. Les mères négligentes et abusives ont souvent des problématiques avec l’abus de substances (alcool, drogues). Comparées aux femmes auteurs de néonaticide, ces femmes sont plus souvent mariées (mais en couple avec des partenaires non contenants), connaissent plus fréquemment le chômage, l’utilisation d’alcool et présentent une histoire où elles ont été abusées. Ces femmes auteurs de filicide présentent des taux élevés de psychose, dépression, comportement suicidaire et se sont souvent adressées, avant le passage à l’acte, aux services psychiatriques.

B. Poulin et coll. (2006) évoquent l’existence d’un lien entre le passage à l’acte filicide d’une part et la question de la gestion de l’abandon et de la colère d’autre part.

M.K Krischer et coll. (2007) s’intéressent aux caractéristiques même du passage à l’acte et notent des méthodes employées plus violentes concernant le meurtre d’enfants plus âgés par rapport aux enfants tués dans le cadre d’un néonaticide. Les auteurs soulignent également la spécificité du filicide : « Dans ce groupe, les facteurs psychosociaux ont joué un

rôle moins important que ceux psychologiques ». « Notre conclusion a suggéré que le filicide soit provoqué par des problèmes psychologiques et une longue histoire de dépression plutôt que par des circonstances de la vie de la mère et d’un stress récent » (M.K Krischer et coll., 2007). Dans ce contexte, les auteurs notent les limites, toujours importantes, de notre connaissance au sujet des facteurs de motivation spécifiques sous-tendant l’engagement du néonaticide et du filicide.

Comme tout autre champ d’investigation, rappelons que ces facteurs mis en évidence n’ont (heureusement) aucune portée prédictive. L’ensemble de ces données met en avant au moins deux axes de réflexions :

- Les données présentées varient selon les auteurs (par exemple concernant l’âge moyen de l’auteur du crime) et les facteurs mis en évidence me semblent concerner une part importante de la population comparativement à la part de la population auteur d’infanticide. Dans cette situation, dans quelles mesures pouvons-nous

- Les données présentées varient selon les auteurs (par exemple concernant l’âge moyen de l’auteur du crime) et les facteurs mis en évidence me semblent concerner une part importante de la population comparativement à la part de la population auteur d’infanticide. Dans cette situation, dans quelles mesures pouvons-nous

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