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LE PROJET COUBERTINIEN DANS SES AMBIGUÏTÉS

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LE PROJET COUBERTINIEN DANS SES AMBIGUÏTÉS

Le projet coubertinien relève d‟une création idéologique et culturelle et impose un véritable projet de société associant les pratiques corporelles à des valeurs bien identifiables. En outre, les éléments de connaissance historique que nous possédons sur Coubertin et sur ceux qui se sont à ses côtés pour promouvoir le sport et les valeurs de l‟olympisme démontrent des affinités idéologiques qui correspondent à des positionnements clairement marqués sur l‟échiquier politique français de l‟époque. Comme l‟ont montré Gleyse, Jorand et Garcia (2001), les « sportifs » s‟inscrivent dans une longue filiation politique, qui remonte à la Révolution française, caractérisée par l‟attachement au pouvoir royal, aristocratique et de droit divin et par une vision de la société élitiste, fondée sur une oligarchie restreinte et autoproclamée par Dieu et le sang. A cette vision de la société correspondent encore des items tels que la monarchie, le capitalisme et le libéralisme, le catholicisme, l‟individualisme, la valorisation enfin de l‟enseignement privé :

« Vous n’y croyez pas aux carrières que l’on se fait à soi-même, parce que vous songez à ces premières bouffées d’air pur qui grisent le collégien rendu à la liberté (…). Ce n’est pas le militarisme qu’il faut à notre éducation, c’est la liberté ; ce ne sont point des administrés et des subordonnés, mais des hommes libres que nos maîtres doivent former ; et ce serait une singulière introduction à la pratique de cette liberté que d’apprendre aux enfants la seule obéissance du soldat (…), ce nivellement égalitaire qui, poussé à l’extrême, ne fait en réalité que porter au sommet tant de médiocrité. Dans l’éducation et même plus qu’ailleurs, il y a des ‘inégalités nécessaires’. Renonçons donc à cette dangereuse chimère d’une éducation égale pour tous ».

Pierre de Coubertin (1904).

Autrement dit, si le sport et l‟olympisme relèvent d‟une création culturelle moderne, ils reposent toutefois aussi, sous certains aspects, sur une base conservatrice voire réactionnaire. En outre, Coubertin, dans sa volonté de créer un projet de synthèse philosophique universelle, de la diffuser et de l‟universaliser, s‟est trouvé contraint de louvoyer entre des valeurs et des éthiques élitistes et démocratiques, oscillation nécessaire à la promotion nationale et internationale des pratiques physiques. Ce fait est repérable notamment dans la gestion de la diffusion du sport dans les milieux populaires, qui est fortement rejetée du fait d‟un risque de mise en question de l‟idéal sportif par des individus « vulgaires » et socialement éloignés des milieux raffinés de la haute société, mais qui sera néanmoins progressivement encouragée en sous-main en vue d‟élargir le nombre des adeptes de la pratique (Léziart, 1989).

L‟identification des ambiguïtés qui sont présentes dès la formulation du projet sportif de Coubertin permet alors d‟en identifier cinq :

Une première ambiguïté : le sport entre deux éthiques

Prof. Christophe Jaccoud, Centre international d’étude du sport/ Université de NeuchâtelPage 178 La première ambiguïté du projet coubertinien réside dans le fait que le sport, tel que Coubertin le pense et le valorise, entremêle deux éthiques ou deux morales distinctes, a priori mutuellement exclusives, qu‟il va tenter toutefois de nouer l‟une l‟autre.

La première est clairement une éthique aristocratique et élitaire, socialement expressive d‟une condition sociale et économique aux contours précis et aux limites bien assignées :

« Cet amateur dont je cherche à esquisser rapidement les traits n‘existe en France qu‘à l‘état embryonnaire. On le rencontre en Amérique, en Angleterre, en Angleterre surtout dans les rangs de cette bourgeoisie largement ouverte et dont tout homme bien élevé a le droit de faire partie et par bien élevé il faut entendre un mélange de loyauté, de distinction, de politesse, qui constitue ce que l‘on appelle le gentleman »

Pierre de Coubertin (1890).

Pour Coubertin, dont il faut rappeler qu‟il croyait fermement en l‟existence d‟une élite naturelle, issue de l‟aristocratie et des fractions modernistes de la bourgeoisie, transposition contemporaine des élites de la Grèce antique élevées aux lumières de la philosophie et d‟une pédagogie sollicitant les jeux du corps, le sport rappelle le culte de l‟honneur des aristocrates et les vertus grecques d‟ascétisme et de perfection morale, en même temps qu‟il doit former des dirigeants aptes à occuper les échelons les plus élevés d‟un pays qui doit reconquérir sa place dans le concert des nations.

Cette éthique n‟est donc accessible qu‟à des personnes appartenant à ce monde et en possédant déjà les codes, les normes et les valeurs. Autrement dit, le sport ne permet pas d‟acquérir tout ou partie de cette excellence de naissance, mais seulement d‟actualiser une excellence, de la faire advenir. Par glissement, la « vraie » pratique sportive ne peut en aucun cas constituer un travail, une activité rémunérée, mais doit rester une activité gratuite et désintéressée. Du fait de ce puissant marquage, on comprend mieux pourquoi les premiers promoteurs du sport, et ceci quasiment jusqu‟aux années 1980, ont tenu en profonde méfiance les sportifs de métier, considérés comme des individus d‟un rang social inférieur doublement menaçants : en premier lieu, comme en mesure de corrompre les valeurs du sport ; en second lieu, comme risquant, grâce à un entraînement régulier, de contester la suprématie sportive des amateurs issus des classes supérieures.

A ce propos, l‟histoire du sport nous rappelle opportunément que la main-mise des coubertiniens sur le sport en France a correspondu à sa « purification » rapide, traduite, en particulier dans le domaine de l‟athlétisme et du cyclisme, par le bannissement des professionnels, par l‟interdiction des prix en espèces, ou encore par celle des paris. Réamateurisation du sport sans doute moins contraignante dans l‟autre grand foyer de naissance du sport, l‟Angleterre, où le golf, professionnalisé dès 1850, a longtemps vu s‟opposer, dans des compétitions dites « open », des professionnels et des amateurs. En raison sans doute d‟une moindre composante morale et idéologique attachée à la pratique sportive.

La deuxième éthique qui fonde le sport coubertinien est une éthique qu‟on peut qualifier de républicaine, qui s‟incarne dans la fameuse formule « l‟important n‟est pas de gagner mais de participer ». Historiquement parlant, c‟est la grande éthique sociale et politique qui se met en place

Prof. Christophe Jaccoud, Centre international d’étude du sport/ Université de NeuchâtelPage 179 au XIXe siècle avec l‟avènement des démocraties. Cette éthique est donc celle de la Déclaration des droits de l‟homme et de la Révolution française, qui se distingue par le fait qu‟elle pose que les individus sont égaux en droit et que chacun peut obtenir ce qu‟il veut pour autant qu‟il fasse un effort pour y parvenir. Dans cette perspective, et par analogie, le sport se définit comme une activité démocratique, ouverte à tous, juste et équitable dans laquelle chacun peut espérer atteindre les sommets à la condition qu‟il cherche à se dépasser, à repousser ses limites. Dans cette perspective, la compétition sportive n‟est plus un espace dans lequel se rencontrent et se confrontent des sujets qui se distinguent des autres par des privilèges de naissance, de condition, ou par la possession d‟un capital distinctif, mais un espace neutre, au sein duquel les propriétés sociales sont gommées, au profit du mérite personnel, des qualités physiques, des habiletés et des agiletés, toutes qualités qu‟un entraînement assidu et bien conduit peut permettre d‟acquérir151.

Une deuxième ambiguïté : affirmation de valeurs de la modernité et conservatisme social Une deuxième ambiguïté se dessine à travers le fait que la philosophie sportive coubertinienne entremêle une fois encore, mais sous un autre angle cette fois, des constellations de valeurs qui peinent à s‟agréger au sein d‟un projet à visée universelle et homogène. Dans le détail, on trouve, en effet, et nettement affirmées, des valeurs qui sont à situer à l‟intérieur du courant central du modernisme en même temps que des perspectives implicites qui sont très proches du conservatisme philosophique.

Du point de vue du modernisme, le sport est moderne en ceci qu‟il constitue une anthropofabrique, le creuset et le vecteur d‟une société nouvelle dans laquelle les modèles de réussite et d‟excellence doivent impérativement être encouragés dans la mesure où ils conviennent à une période d‟innovation technique, industrielle et commerciale accélérée ; époque qui sollicite des valeurs et des qualités d‟énergie, de force, d‟intelligence, d‟initiative et de courage, de même que des dispositions à faire circuler les richesses. Comme l‟écrit André Rauch (2000) :

«La vie professionnelle s‘ordonne selon ce désir d‘entreprendre et de s‘élever (…). Un nouveau type se dessine : désormais la considération passe par la réussite professionnelle. Elle valorise la compétence plus que la naissance et retint l‘efficacité sociale avant la théâtralité de la mise en scène (…). Voilà brossés les traits de personnalité qu‘illustrent dans le roman les Rastignac, Julien Sorel et autres « Bel Ami » ».

Du point de vue du conservatisme, il est tout aussi clair que la philosophie de Pierre de Coubertin s‟articule sur des thèmes, sur des choix et sur des préférences qui s‟inscrivent dans une lignée intellectuelle conservatrice et moralement conformiste et, plus généralement, sur une « pensée d‟ordre ». Le coubertinisme s‟inscrit ici comme l‟une des pièces d‟un mouvement de réaction et de régénération nationale et internationale qui entend imposer un nouvel ordre et une nouvelle hiérarchie, en fustigeant et en marquant une vive hostilité à l‟encontre des mouvements

151 On se souviendra combien cette éthique républicaine a été mise en avant pour expliquer la victoire de l‟équipe de football française –« black, blanc, beur »- lors de la Coupe du monde de 1998 ; les spécialistes ayant longuement insisté sur la composition multiculturelle d‟un onze victorieux au sein duquel les différences sociales, culturelles et ethniques s‟étaient fondues dans une entité sportive assurant l‟égalité parfaite des joueurs le composant.

Prof. Christophe Jaccoud, Centre international d’étude du sport/ Université de NeuchâtelPage 180 sociopolitiques et socioculturels que sont l‟ouvriérisme, le socialisme et le marxisme, ou encore les courants artistiques non conformistes, décrits comme décadents et favorisant l‟avachissement152. L‟autorité, la tradition, le sacré et la religiosité attachée au sport inscrivent encore le projet coubertinien dans une sociologie bourgeoise et anti-moderniste153. A l‟opposé du modèle de l‟artiste, de l‟intellectuel engagé, du politicien socialiste ou du poète décadent, du démocrate et de l‟égalitariste se tient le modèle du sportif, déclinaison nouvelle, certes, mais déclinaison tout de même du modèle du bourgeois, du croyant et du citoyen, politiquement conservateur, adepte de l‟ordre et de la discipline, attaché aux hiérarchies et à l‟immobilité intangible des ordres sociaux et politiques. Le sport, d‟ailleurs, porte l‟empreinte durable d‟une influence, qu‟on peut illustrer de plusieurs manières : le monde de l‟excellence sportive évoque un modèle de réussite construit autour de la performance, du classement et du chiffre, dans lequel la position dans la hiérarchie définit la valeur de l‟individu ; dans la manière dont fonctionnent tout à la fois la pédagogie et les club sportifs, on peut identifier la prégnance d‟un « ordre du père », d‟une transmission patriarcale et verticale des savoirs, reproduction à l‟identique d‟un ordre social et familial intangible.

Une troisième ambiguïté : exclure ou recruter ?

«Joué par des mineurs et des ouvriers des grandes usines, gens qui ne passent pas pour avoir l‘esprit chevaleresque, le football devient nécessairement brutal et dangereux, joué par des jeunes gens bien élevés, il reste ce qu‘il est, un excellent exercice, d‘adresse, d‘agileté, de force, de sang-froid auquel on peut se livrer sans se départir des règles de courtoisie ».

Pierre de Coubertin (1890).

« En fait, la diffusion du sport dans les milieux populaires contribue à mettre en question l'idéal sportif. Les pratiques sportives populaires produisent une corruption de l'esprit sportif qui n'existe nulle part ailleurs que dans les clubs chics ou dans le discours des dirigeants ». Pierre de Coubertin, 1891).

Une troisième ambiguïté caractérise le projet coubertinien, dont on saisit la nature à travers ces deux citations. Ainsi dit, si sa philosophie possède un message universaliste, humaniste et réconciliateur des ordres de la nation menacées par le délitement du lien social et les conflictualités propres à la modernité, il n‟en est pas moins vrai que les pionniers du sport en France ont strictement orienté sa dynamique de diffusion vers un large public, et singulièrement vers le public populaire. Et ceci dans

152 On peut identifier ici, transcendant des détestations idéologiques, des détestations proprement esthétiques : Coubertin stigmatise en fait plus largement les signes de la nonchalance et du laisser-aller, considérés comme l‟opposé de la nouvelle figure de la virilité que le sport propose. On peut mettre cela en relation avec une tendance sociale plus large de sportivisation de la société qui voit se développer un grand nombre de salles privées dévolues aux exercices physiques, à l‟entretien de la santé et au maintien : « Selon les annonces publicitaires, on y trouve, outre la culture physique, l‘escrime, la boxe anglaise et française, des exercices de musculation (…). La prestation, axée sur le travail des apparences et des attitudes du corps, vise autant l‘hygiène de soi que la tenue et les signes de l‘élégance. Le choix des exercices est motivé par le souci de la beauté corporelle et par le désir légitime de se retrouver en compagnie d‘autres hommes » (Rauch, 2000, p. 230).

153 On peut sans doute aller plus loin encore pour rappeler que les deux principaux maîtres à penser de Coubertin sont des penseurs ou des pédagogues dont le message est sujet à caution. Thomas Arnold d‟abord, le directeur du collège de Rugby, est clairement un racialiste, ainsi que le montre Léon Poliakov (1987), dans son ouvrage Le Mythe aryen, essai sur les sources du racisme et des nationalismes ; quant à Frédéric le Play, sociologue et conseiller de Napoléon III, on sait que ses théories corporatistes et paternalistes ont été expérimentées tant à Vichy que dans le Portugal de Salazar.

Prof. Christophe Jaccoud, Centre international d’étude du sport/ Université de NeuchâtelPage 181 le sens d‟un tri social et d‟un strict contrôle des accès à la pratique. Point complexe d‟ailleurs, et ceci pour trois raisons au moins.

Première raison : la pensée de Coubertin est flottante sur le sujet. Bien qu‟attaché à une définition élitaire de la pratique sportive, il convient, dès 1901, et son ouvrage Notes sur l‘éducation publique, que les jeunes des classes populaires doivent être initiés à une pédagogie des exercices physiques ; mais selon une logique de stricte fonctionnalité toutefois dans la mesure où Coubertin propose les exercices physiques de la famille du « sauvetage », de la « défense », de la « locomotion », ainsi que les travaux manuels.

Deuxième raison : Coubertin a une vocation de réformateur et de pacificateur et, à ce titre, se montre méfiant à l‟encontre des pratiques et des activités qui se réfèrent à des découpages et à des césures politiques et sociales : la paix sociale exige une recherche constante de réduction des strictes cloisonnements et les clivages sociaux par trop stricts ne sont pas adéquats à la formation d‟une nouvelle société.

Troisième raison : le succès du sport et la sportivisation de la société française sont laborieux. Aussi les premiers organisateurs du mouvement sportif ont-ils été confrontés précocement à un impératif contradictoire : d‟un côté, diffuser la pratique sportive, à travers l‟élargissement de la base des pratiquants ; d‟un autre côté, parce que le sport est le projet d‟une classe sociale, trier et sélectionner ceux qui constitueront les adeptes de la pratique.

En dépit de ce conflit des finalités, on peut dire que, jusque vers les années 1920, les principaux textes de Coubertin et de ses proches définissent avec rigueur le profil du sportif « idéal » et, dans le même temps, les attributs de ceux qui doivent être exclus de la « bonne » pratique sportive. Le pratiquant, tel que Coubertin le voit, est un homme distingué, possédant de fortes qualités individuelles (courage, flegme, maîtrise de soi, distinction), capable de combattre loyalement, accordant une importance relative à la victoire, attaché à l‟action et au progrès, à l‟innovation, considérant le sport comme un moyen de se mesurer, de se confronter. Son dynamisme et ses capacités d‟innovation sont évidemment centrales, à égale valeur de ses qualités sociales de naissance. Il importe tout de même que sa position, autant acquise qu‟héritée, l‟installe dans une situation et une éminence qui le détachent des problèmes financiers. A cet égard, la liaison entre ce sportif-type et les hommes modernes que le capitalisme recherche est sensible154. Cette image, autant que cette attente, dessinent alors une vision plus précise des socio-types qui sont exclus du sport tel que Coubertin l‟entend. Dans le détail, trois socio-types en particulier sont exclus du projet coubertinien.

Premier socio-type exclu : les représentants de la petite bourgeoisie commerçante. Ses comportements sont jugés étriqués et mesquins, ses préoccupations égoïstes et prosaïques. Facteur aggravant, puisque jugé anti-moderne : une culture économique archaïque, en particulier son goût pour l‟épargne prudente et la thésaurisation, stigmatisée comme le contraire-même de l‟investissement, de la circulation de l‟argent, donc d‟une réelle dynamique capitaliste.

154 La qualité de sportif, dans la conception qu’en a Coubertin, est une éthique autant qu’une esthétique, qui se donne à lire dans un réseau serré de gestes, de manières, d’attitudes et de postures qui disent la supériorité physique et morale.

Ainsi cette description du comte d’Entraques par le romancier français d’origine suisse Édouard Rod, dans son ouvrage Le glaive et le bandeau (1908) : « Le comte d’Entraques était au banc des témoins. De vingt ans plus âgé que sa femme, il portait beau, la taille serrée dans une redingote grise. Il avait les traits nets, les cheveux en brosse, poivre et sel, des moustaches plutôt blanches, relevées au fer, l’aspect solide d’un homme de sport, l’air hautain et distant ».

Prof. Christophe Jaccoud, Centre international d’étude du sport/ Université de NeuchâtelPage 182 Deuxième socio-type exclu : le groupe de ceux que Coubertin désigne comme appartenant à la

« classe oisive ». Cette classe, dont Coubertin voit surtout l‟incarnation dans la vieille aristocratie, socialement peu dynamique, politiquement dépassée et économiquement menacée par les enjeux d‟un monde en devenir, est le symbole d‟une société moribonde qui doit disparaître faute de s‟adapter à l‟ordre politique et économique nouveau. Si cette classe sociale est l‟archétype du conservatisme, elle est encore détestable pour une raison supplémentaire : son goût pour les jeux et les exercices corporels qu‟elle dévoie, du fait d‟un usage principalement esthétique et distinctif de ses bonnes manières. Cette conception du sport n‟est pas la bonne pour Coubertin, dans la mesure où les activités athlétiques ont vocation à formation de l‟individu, et non à le distraire.

L‟aristocratie, tout au moins ses fractions les plus rétrogrades, est donc exclue du monde sportif155 :

« L‘USFSA –Union des sociétés françaises de sports athlétiques, première fédération sportive omnisports- (…) ne se recrute pas dans la foule des oisifs et des hommes de loisir. Ceux-là se contentent le plus souvent de la dose d‘athlétisme qui consacre leur élégance. Ils jouent au sport ils n‘en font point ».

Pierre de Coubertin (1890)

Troisième socio-type exclu : les classes populaires, qui vont être et demeurer isolées des activités sportives bourgeoises au moins jusqu‟aux années 1920. On peut dire que si l‟exclusion de la petite

Troisième socio-type exclu : les classes populaires, qui vont être et demeurer isolées des activités sportives bourgeoises au moins jusqu‟aux années 1920. On peut dire que si l‟exclusion de la petite