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Le financement de l’emploi étudiant par les établissements

3. Rémunérer, soutenir

3.2. Professionnalisation : peut-être plus qu’un job étudiant ?

2.1.4. Le financement de l’emploi étudiant par les établissements

Le questionnaire de la première enquête comprenait des questions budgétaires. Elles nous renseignent sur le financement de l’emploi étudiant par les établissements.

Budget de l’université, budget du SCD

32 SCD sur 47 nous ont donné des informations sur le budget qu’ils consacrent à l’emploi étudiant. Celui-ci est évidemment très variable d’un établissement à l’autre – de 4 500€ par an pour une équipe de 4 étudiants à 204 000€ par an pour 42 contractuels. La moyenne s’établit à 74 495€.

Ces chiffres sont d’un intérêt limité pour notre étude, d’autant que plusieurs biais en faussent l’analyse : nous ne connaissons pas le salaire horaire des étudiants, ni le nombre mensuel moyen d’heures de travail des étudiants . La source et le mode de financement des « vacations » nous sont en revanche connus et peuvent nous intéresser.

Pour 48,9% des répondants81, le budget consacré aux emplois étudiants relève directement du budget général de l’université. Pour les 35,5%, il est prélevé sur le budget du SCD.

Budget de la COMUE, dotation régionale

15,5% des établissements répondants indiquent une autre source de financement : le budget de la Communauté d’universités et établissements (COMUE), mais également, dans le cas d’universités des Hauts-de-France, le conseil régional. Ces financements extérieurs peuvent également compléter les ressources affectées par l’université.

Les COMUE peuvent participer au financement des contrats étudiants des établissements qu’elles associent. C’était le cas de Sorbonne Universités qui regroupait, entre autres établissements, les universités Paris -Sorbonne et Pierre-et- Marie-Curie (fusionnées au 1er janvier 201882) et l’université de technologie de Compiègne. Sorbonne Universités a ainsi « mis en place un programme d’emplois

81 45 répondants pour cette question.

82 AUTHEMAYOU, Céline. Enseignement supérieur : ce qui change au 1er janvier 2018 . L’Étudiant. 8 janvier

2018. Consulté le 18 janvier 2018. Disponible à l’adresse : <http://www.letudiant.fr/educpros/actualite/enseignement - superieur-ce-qui-change-au-1er-janvier-2018.html>

Première partie. A l’échelle nationale : état des lieux de l’emploi étudiant en bibliothèque universitaire

étudiants »83, participant au financement de tout ou partie des contrats étudiants des universités citées.

Ce cas de figure peut être expliqué par une volonté commune des chefs d’établissement de développer l’emploi étudiant ; une autre explication peut être le retrait d’un autre financeur extérieur. En 2014, la région Île-de-France mettait fin à son dispositif de financement de l’emploi étudiant dans les établissements de l’enseignement supérieur84. Le conseil régional des Hauts-de-France continue, lui, de participer à son financement, au bénéfice des universités de la région. Trois responsables de SCD d’universités du Nord-Pas-de-Calais et de Picardie ont ainsi déclaré obtenir des financements de la région pour leurs contrats étudiants. Il s’agit vraisemblablement de la dernière région maintenant un tel dispositif.

Plan « Bibliothèques ouvertes »

L’enquête concernant l’année universitaire 2016-2017, plusieurs répondants signalent avoir obtenu des financements spécifiques grâce à l’opération « Bibliothèques ouvertes » (PBO+) et les avoir affectés à l’emploi d’étudiants. Dans certains cas, ce financement a pu être décisif : pour sortir du cadre universitaire stricto sensu, PBO+ a permis le doublement du nombre de contractuels étudiants employés par la bibliothèque Marie-Curie à l’Institut national des sciences appliquées de Lyon (INSA Lyon)85.

Les financements issus de ce plan n’ont cependant vocation qu’à soutenir les établissements lors de la phase d’ajustement liée à l’extension des horaires d’ouverture : ils sont ventilés de manière dégressive sur trois ans86. Dans le cas de certains SCD franciliens, le plan PBO+ a permis de suppléer au désengagement du conseil régional ; il ne peut cependant être pensé comme une source de financement pérenne de l’emploi étudiant en bibliothèque universitaire et devra être relayé par un autre dispositif après 2019 avant de garantir le maintien de l’offre d’emploi actuelle. Ajoutons qu’à ce stade, aucune bibliothèque universitaire parisienne n’est ouverte le dimanche, à l’exception des bibliothèques médicales.

Part du budget consacrée à l’emploi étudiant

Les répondants concernés ont été invités à indiquer la part du budget de leur SCD consacrée à l’emploi étudiant. Onze ont répondu, ce qui ne nous permet pas de donner des statistiques entièrement fiables. Indiquons néanmoins que la moyenne pour cet échantillon est de 7,95% du budget consacrés aux contrats étudiants. L’écart est très important entre le chiffre le plus élevé (16%) et celui le plus bas (1,5%). Il n’existe pas de corrélation évidente entre ce taux et le nombre d’étudiants employés par le SCD, ni avec la taille de l’université à laquelle appartient le service.

83 Emplois étudiants. Sorbonne-Universités. Consulté le 18 janvier 2018. Disponible à l’adresse :

<http://www.sorbonne-universites.fr/actions/vie-de-campus/vie-etudiante/emplois-etudiants.html>

84 Il s’inscrivait dans le cadre du dispositif Bibliorif pour la modernisation des bibliothèques des établissements

de l’enseignement supérieur et de la recherche.

85 Entretien avec Guillemette TROGNOT, 30 mai 2017.

86 Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Plan « Bibliothèques ouvertes ». Dossier de presse.

1er février 2016. Disponible à l’adresse : <http://cache.media.enseignementsup- recherche.gouv.fr/file/Bibliotheques_universitaires/41/3/26012016_DP_plan_BU_horaires_532413.pdf>

Ainsi, le financement de l’emploi étudiant varie grandement d’un établissement à l’autre, selon qu’il est pris sur le budget de l’université ou sur celui du SCD et selon qu’il existe ou non des sources extérieures de financement (conseil régional, PBO+).

2.2. Qui sont les étudiants employés dans les SCD ?

Intéressons-nous maintenant aux contractuels : qui sont ces 1 500 étudiants employés dans les SCD des universités françaises ?

Un questionnaire a été envoyé aux directeurs, responsables et encadrants ayant répondu à la première enquête pour qu’ils le fassent suivre à leurs contractuels étudiants. 277 questionnaires ont été retournés, ce qui correspondrait – en reprenant notre estimation – à environ 18,5% de l’ensemble des contractuels étudiants employés dans les services documentaires des universités. Nous pouvons dès lors utiliser les résultats de cette seconde enquête pour esquisser une analyse sociologique des contractuels étudiants employés en BU. Par ailleurs, le questionnaire donnait aux répondants la possibilité de s’exprimer sur leur expérience personnelle et sur l’emploi étudiant en général ; aux données quantitatives s’ajoutent ainsi des données qualitatives.

A partir des statistiques issues de l’exploitation des résultats de l’enquête, nous avons construit cinq profils types qui, pris individuellement, correspondent à des parcours communs ou typiques, et pris dans leur ensemble, sont assez représentatifs de la population étudiée. Ce groupe est composé d’un profil rassemblant toutes les caractéristiques majoritaires :

• Céline, 23 ans, étudiante en histoire contemporaine, niveau master 2 ; c’est sa première année de contrat ; elle envisage de travailler en bibliothèque après ses études, mais ce n’est pas son principal objectif professionnel. Et de quatre profils types complémentaires :

• Sonia, 22 ans, étudiante en sciences de l’information, niveau master 1, dont le projet professionnel est de travailler en bibliothèque ; c’est sa première année de contrat ; elle donne en parallèle de son contrat des cours particuliers et garde des enfants pour compléter ses revenus.

• Clément, 21 ans, étudiant en droit, niveau licence 3 ; son contrat en bibliothèque universitaire est avant tout un « job » pour financer ses études ; c’est sa seconde année de contrat ; il n’envisage pas de travailler en bibliothèque après ses études.

• Charlotte, 25 ans, doctorante en sociologie (deuxième année), ayant commencé à travailler en BU pour financer son doctorat et considérant maintenant une réorientation vers les métiers des bibliothèques ; c’est sa seconde année de contrat.

• Romain, 30 ans, étudiant en reprise d’études en physique, niveau master 2 ; malgré un nombre d’heures de service hebdomadaire plus important que la moyenne, il travaille en soirée comme barman pour compléter ses revenus ; c’est sa première année de contrat ; il n’envisage pas de travailler en bibliothèque après ses études ; il est très critique concernant ses conditions de travail.

Première partie. A l’échelle nationale : état des lieux de l’emploi étudiant en bibliothèque universitaire

Ces cinq profils font l’objet d’une présentation détaillée en annexe. Nous y ferons référence durant l’exposé des données statistiques.