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Le contrôle parental par rapport à ces fréquentations

Chapitre 4: Analyse des entrevues

4.3 Le vécu familial et social des jeunes et leurs choix de vie

4.3.2 Le contrôle parental par rapport à ces fréquentations

Rappelons que pour mesurer le contrôle parental nous avons posé des questions sur les règles familiales, les interdictions et la nécessité d’obtenir des autorisations préalables pour les sorties et les heures de retour. En général les parents sont plutôt autoritaires. En d’autres termes, ils ont des exigences surtout en matière d’éducation. Ils imposent des règles et fixent des limites tout en répondant aux besoins des adolescents.

Généralement, les parents acceptent que leurs enfants reçoivent des amis à la maison. Néanmoins dans certaines familles surtout celles qui sont traditionnelles ou semi traditionnelles, il existe certaines restrictions par rapport à cette question, surtout lorsqu’il s’agit des filles.

Nous pouvons constater dans les propos de nos jeunes, que dans les familles où les exigences et les limites imposées à ces adolescents sont relativement moins sévères pour les garçons que pour les filles, ces dernières se sentent davantage contrôlées que leurs frères. Cela se traduit par des surveillances plus sévères, des heures de sorties plus restreintes et plus limitées par rapport à leurs fréquentations. Et voila pourquoi les filles revendiquent plus d’autonomie que les garçons:

Ma mère ne me laisse pas passer la nuit chez mes amies ; au début, elle ne me laissait pas aller chez elles non plus. Au moins une fois ils devraient me laisser rester chez mes amis. J’ai essayé de la convaincre, maintenant elle me laisse dormir chez des amis que mon

frère fréquente aussi, comme ça mon frère peut m’accompagner (Mina, 14 ans).

Les filles, et parfois les garçons, surtout les plus jeunes, ont mentionné leur mécontentement par rapport aux restrictions de ne pouvoir dormir chez leurs amis:

C’est ridicule, ce sont seulement les pères iraniens qui sont comme ça. Mes parents ne veulent pas que je reste chez une amie. On me dit souvent: «demande à ton amie de venir chez nous». Mes amies aussi sont comme moi et leurs parents leur répètent la même chose. On me dit tout le temps, tu mets ta tête sur ton oreiller26, c’est ridicule (Maral, 14 ans).

Ainsi, comme nous venons de constater, dépendamment du type de la famille et du sexe et de l’âge des enfants en question, les nuances des restrictions sont différentes. Dans les propos qui suivent nous allons comparer trois couples de frères et sœurs de trois différents types de familles. Dans le premier cas, le couple vient d’une famille plutôt traditionnelle, où la fille est la seule fille de la famille. Elle a 3 frères et même si elle est plus âgée (18 ans) que son frère (17 ans), elle a beaucoup moins de liberté que lui:

Ma mère est très exigeante avec moi, je dois tout leur dire. Elle veut même contrôler mes sorties et avec qui je sors…Elle insiste que je finisse le secondaire pour aller au cégep. Je n’ai pas envie, elle veut tout contrôler. Avec mes frères elle est très facile, même mon petit

frère peut tout faire, sortir et rentrer quand il veut…Je fais ce que je veux, elle ne peut pas tout contrôler (Maryam, 18 ans).

Mes parents me laissent libre, seulement si je ne veux pas rentrer à la maison je dois les appeler….En fait, il n’existe pas de limites chez nous, il faut seulement se respecter et ce respect existait déjà chez nous (Bahram, 17 ans, le frère de Maryam).

Le deuxième couple est composé d’un frère de 13 ans et d’une sœur de 14 ans d’une famille semi traditionnelle. On remarque dans leur cas que les exigences des parents envers tous les deux sont à peu près pareilles car le garçon est encore trop jeune (13 ans) pour avoir plus de liberté que sa sœur aînée (14 ans):

Mes parents ne me permettent pas de sortir la nuit toute seule. Je ne dois pas sortir avec les mauvaises amies, pour ma mère une mauvaise amie c’est quelqu’un qui fume, ou qui s’habille mal, si je rentre cinq minutes en retard je dois leur expliquer où j’étais (Mina, 14 ans).

Pour moi, si je veux rentrer tard, je dois appeler ma mère. Ils ne veulent pas que je fréquente les jeunes qui font des mauvaises choses et qui cherchent des problèmes (Majid ,13 ans, le frère de Mina).

Finalement, le cas suivant illustre une famille moderne d’inspiration occidentalisée. Dans le cas de ce dernier couple il n’existait pas de différence entre la fille (18 ans) et le garçon (17 ans) et tous les deux doivent respecter les mêmes principes réglementaires:

Les règlements de mes parents sont pour nous aider à garder notre culture, Je suis iranienne, je suis une fille libre, ma famille est une famille « démocrate », mais il y a des limites et il faut les respecter. Ma mère me dit même : si tu aimes aller dans une boîte de nuit, vas-y mais c’est mieux si tu n’y vas pas (Nala, 18 ans).

Si je veux rentrer tard, je dois appeler. Dans notre maison, il n’y a pas de différence entre la fille et le garçon, s’il existe des dangers, ils existent pour les garçons aussi. Nous n’avons pas de limites par rapport aux heures en dehors de la maison, mais il ne faut pas rester longtemps dehors. Tout cela dépend de la façon dont les enfants ont été élevés, nous, même quand on était enfant on pouvait fréquenter nos amis et même rester chez eux (Naime, 16 ans, frère de Nala).

Ce qui se dégage de nos entrevues, c’est le respect de l’autorité parentale. En effet, tous les jeunes, indépendamment de leur sexe et de leur âge, et du type de leur famille, ont mentionné qu’ils respectent cette autorité, même s’ils ne sont pas toujours d’accord. Le fait d’accepter les règlements des parents pour les sorties, le choix des amis et l’heure de rentrée, nous le prouve.

Quant aux modes de sanctions parentales, d’après les propos des jeunes, les parents optent pour un mode inductif. Cela dit, ils expriment clairement leur désapprobation devant certains comportements et essayent de changer la situation par le dialogue.