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L’intégration sociale; ses dimensions et ses indicateurs

Chapitre 2: Cadre théorique et revue de la littérature

2.2 L’intégration sociale; ses dimensions et ses indicateurs

2.2.1 Les dimensions de l’intégration sociale

Dans leur recherche sur la densité ethnique et l’intégration sociale des élèves d’origine immigrante au Québec, McAndrew, Pagé, Jodoin et Lemire (1999), définissent l’intégration sociale selon trois dimensions principales: l’appartenance au groupe primaire, l’appartenance à la société d’accueil, et les rapports interethniques. Chacune de ces dimensions peut contenir différents éléments.

Selon Lorcerie (2004), le sentiment d’appartenance au groupe primaire nous renvoie à un mode de différenciation sociale:

Il s’agit du mode qui se construit à partir de l’origine supposée, du sentiment d’appartenir ou que d’autres appartiennent à une communauté qui a des racines profondes (p.2).

Ainsi, comme le précisent McAndrew et al. (1999), dans un contexte multiethnique les individus reconnaissent l’existence de groupes ethniques. Ces derniers ont des liens privilégiés avec leur groupe d’origine. Cependant, le degré d’appartenance au groupe primaire peut être différent d’une société à l’autre, d’un groupe à l’autre et même à l’intérieur du même groupe.

Dans une société à vocation pluraliste, l’appartenance à la société d’accueil et l’appartenance au groupe ethnique ne s’opposent pas. Autrement dit, on peut avoir un degré d’identification élevé ou faible dans les deux cas, ou bien l’une des

identifications peut être dominante sur l’autre (1999). On peut la cerner par la participation à des structures formelles (activité professionnelle, institutions politiques et sociales) et par l'adoption de normes communes (modèle familial, langue, comportements sociaux).

En ce qui concerne les rapports interethniques, selon McAndrew et al. (1999), l’intégration sociale de l’individu dépend de la qualité de ses relations avec les membres de la société d’accueil. Pour Schnapper (1998), la nature de ses rapports dépend de la société en question, de sa conception de la nation et de la manière dont l’immigration y est perçue et traitée (Wadbeld, 1999). Au regard de la question des rapports ethniques et des sentiments d’appartenance ethnique, nous devons préciser qu’il existe plusieurs possibilités d’appartenance, et le choix de ces appartenances dépend de plusieurs facteurs. Parmi ces derniers, on peut mentionner le facteur temps (la durée de résidence), l’âge, le sexe, les statuts socio-économiques, le niveau d’éducation, etc. Il ne faut pas oublier que ces appartenances ne sont pas des engagements fixes et elles peuvent avoir différents niveaux (la question d’appartenance multiple sera étudiée plus en profondeur dans la partie consacrée à l’identité).

Dès lors, puisque notre recherche porte sur l’intégration sociale des jeunes d’origine iranienne, il nous semble important d’évaluer, les différentes dimensions de cette intégration, tant sous l’angle des sentiments d’appartenance que selon le niveau d’implication dans le milieu, et les réseaux sociaux.

2.2.2 Les indicateurs de l’intégration sociale

Précisons d’emblée qu’il n’existe pas de consensus sur les indicateurs de l’intégration. En effet, les critères varient selon les pays et même selon les chercheurs ( OIM ). De plus, en ce qui concerne l’intégration sociale, comme le précise Breton (1994), il est plus facile de trouver les indicateurs économiques et linguistiques que socioculturels. Car, dans les deux premiers cas, les résultats attendus sont plus mesurables que dans le cas de l’intégration socioculturelle. En milieu scolaire McAndrew (1994), identifie trois principaux types d’indicateurs potentiels d’intégration sociale 1- la participation individuelle ou collective aux diverses instances et activités scolaires, 2- le contact potentiel entre les membres du groupe d’accueil et ceux du groupe d’origine, 3- la qualité des relations interethniques en milieu scolaire.

Les indicateurs de participation mesurent le degré de participation des jeunes aux activités du groupe d’origine ou bien du groupe d’accueil, c'est-à-dire aux activités scolaires, aux loisirs, aux associations, aux fêtes et aux manifestations interculturelles. Cependant, afin de pouvoir participer à différentes instances et activités du groupe d’accueil, l’individu doit d’abord comprendre le fonctionnement du système en question. Ce qui nécessite un minimum de présence durant un certain nombre d’années dans le contexte en question. Pour McAndrew (1994) la dimension temporelle est un problème majeur des indicateurs de participation. Selon l’auteure, pour pouvoir actualiser un indicateur il faut considérer une période de 10 voire 15 ans. En considérant que les sujets de notre recherche font partie de la première génération d’immigrants iraniens et qu’ils ont été socialisés en Iran, si nous voulons

avoir des indicateurs qui soient significatifs, nous devons davantage nous limiter aux activités qui sont fonctionnelles pour les nouveaux arrivants.

Parmi l’ensemble des indicateurs mentionnés, ceux qui nous apparaissent les plus pertinents à observer sont: la participation aux activités scolaires, (soit les activités parascolaires, le travail bénévole organisé par l’école, les sorties récréatives et les voyages organisés) et la participation aux activités du groupe d’origine, (soit les activités ethnoculturelles, les fêtes, les loisirs organisés par les associations ethniques).

Les indicateurs de contact peuvent concerner les relations entre les membres d’un même groupe ethnique, entre les membres de groupes ethnoculturels et ceux de groupes d’accueil, et entre les membres de différents groupes ethnoculturels. Selon Gördi (2004), l’immigration produit des situations de vie dans lesquelles les relations interpersonnelles et les réseaux de solidarité et d’entraide deviennent plus importantes.

Comme précise Ross (2002), une personne qui a noué des liens avec autrui et qui est entourée d’un grand réseau d’amis et de connaissances, possède un capital social. On distingue trois types de contacts sociaux. Le premier a trait aux contacts de filiation et correspond aux liens de l’individu avec les membres de sa famille. Le deuxième se rapporte aux contacts d’intégration et correspond à la rencontre de l’individu et d’autres personnes à l’extérieur du réseau familial. Le troisième est relatif aux contacts de citoyenneté, contact avec les institutions d’état qui repose sur le principe

d’appartenance à une nation. Ce dernier type de contact ne peut être considéré comme indicateur de mesure dans notre étude car il suppose un long séjour dans le pays.

Pour Bouchard et al. (2006), le capital social peut être étudié selon trois dimensions. D’abord la structure du réseau, à savoir le nombre, la diversité des personnes fréquentées, ainsi que la qualité des liens forts (parenté, amis) ou faibles (connaissances) entre les membres de ces réseaux. Puis, la dynamique des relations, soit la fréquence des contacts et la réciprocité des échanges. Finalement, la nature des échanges, c’est-à-dire les ressources émotionnelles, affectives, matérielles et instrumentales qui circulent à l’intérieur du réseau. Pour leur enquête, Bouchard et al. (2006), se penchent sur deux volets de capital social, la structure et les ressources de réseaux, et ont choisi les indicateurs suivants :

La satisfaction vis-à-vis des contacts sociaux, la fréquence des contacts sociaux, la taille du réseau relationnel, la disponibilité d'un support social instrumental (aide concrète en cas de besoin), la qualité du support social fonctionnel. (Institut cientifique de la santé public, 2001).

Dans notre étude, à l’instar de Gördi (2004), nous ajouterons l’indicateur de la sélection en ce qui concerne l’origine ethnoculturelle des réseaux relationnels. Dans sa recherche sur les immigrants hongrois, l’auteure a constaté que malgré les relations nouvelles qui s’établissent en Hongrie, les réseaux organisés en fonction du même lieu d’origine constituent la base de la solidarité et de l’entraide dans le contexte d’accueil.

Les indicateurs de la qualité des relations interethniques ont pour objectif de mesurer les rapports intergroupes. Ces relations sont vécues par les membres d’un groupe ethnique avec les membres d’autres groupes ethniques et avec ceux de la communauté d’accueil majoritaire (McAndrew et al., 1999). Dans notre cas, ces rapports seront étudiés en fonction du genre d’acculturation de nos sujets de recherche. L’acculturation est un processus dynamique dont découlent deux formes dynamiques de réaction: l’ouverture ou la fermeture au changement culturel (Favre, 2006).