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Le choix des P3 du présent de l’indicatif

I. Méthode de constitution du corpus

I.2. Restriction du corpus

I.2.2. Le choix des P3 du présent de l’indicatif

La seconde restriction que nous avons effectuée sur la source primaire est basée sur un critère morphosyntaxique : nous avons sélectionné uniquement les P3 du présent de l’indicatif. Nous avons fait ce choix en premier lieu pour pouvoir étudier la sémantique de la racine verbale, en excluant tout biais sémantique éventuel dû à la conjugaison. Ce choix répond à un besoin de prototypicalité : nous souhaitions travailler sur l’une des formes présentant l’action verbale de la manière la plus neutre et basique possible.

Par ailleurs, le choix des monosyllabes rend le corpus plus homogène sur le plan phonologique mais provoque une grande hétérogénéité sur le plan morphosyntaxique. En effet, il évince du corpus certains groupes de verbes, des modes, des temps et des personnes, rendant ainsi incomplètes les tables de conjugaison. D’abord, les verbes du deuxième groupe sont obligatoirement disyllabiques au minimum puisqu’on ajoute à leur radical une voyelle supplémentaire –i (finit, pâlit, vrombit, etc.). Pour le mode, on peut illustrer la lacune créée avec l’infinitif dont la plupart des formes sont au minimum disyllabiques à cause de l’ajout d’un morphème flexionnel au radical du verbe (chanter, finir, courir, etc.). Au niveau temporel, tous les temps composés sont retirés d’office et il en va de même pour certains temps simples comme le futur (chantera, finira, courra, etc.). Au niveau des personnes, le pluriel et notamment les P4 et P5 demandent l’ajout d’un morphème supplémentaire provoquant, la majorité du temps, le passage à une forme plurisyllabique (chante > chantons, finit > finissons, court > courons, etc.).

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En plus de nous permettre d’étudier la sémantique de la racine verbale, le choix des P3 du présent de l’indicatif donne un nouvel équilibre morphosyntaxique au corpus. Ces formes sont par ailleurs parmi les plus nombreuses et les plus fréquentes en français du point de vue du mode, du temps et de la personne. Pour vérifier ce postulat, nous avons effectué les mêmes calculs que dans la sous-partie précédente à partir des indications de fréquence du corpus primaire.

D’abord, nous avons regardé, au sein des monosyllabes exclusivement, comment les modes étaient répartis.

Modes Exemples

Nombre de formes verbales

Somme des nombres d’occurrences tirées du corpus primaire Fréquences cumulées (%) Indicatif est 6979 4685094 19,3 Subjonctif soit 6696 1091661 4,5 Impératif faites 1635 6106 0 Infinitif faire 128 1357358 5,6 Participe fait 351 17181175 70,6

Tableau 4 : Calcul des fréquences des formes verbales monosyllabiques en fonction de leur mode.

Les données confirment le fait que certains modes sont peu représentatifs du monosyllabisme. On voit ici que les deux modes non personnels – l’infinitif et le participe – ne comptent que très peu de formes verbales dans ce sous-corpus. On note toutefois une fréquence relativement élevée de ces formes verbales, notamment du participe. Le mode participe regroupe deux temps – le présent et le passé. Il est logique que ces formes verbales soient fréquentes, notamment les participes passés car ces derniers sont utilisés pour construire tous les temps composés en français. Ils ne répondent toutefois pas à notre besoin de prototypicalité car c’est le participe passé qui est le plus fréquent or cela pourrait induire un biais sémantique lié à la conjugaison. Au sein des modes personnels, en termes de nombre de formes, il y a une quasi équivalence entre l’indicatif et le subjonctif tandis que l’impératif compte environ 4 fois moins d’occurrences. Cette différence peut s’expliquer par le fait que l’impératif n’existe qu’à certaines personnes (P2, P4 et P5) qui, comme nous le verrons, ne sont pas les plus fréquentes. Pour les deux modes restants, on voit que les formes verbales à l’indicatif sont environ 4 fois plus fréquentes que celles au subjontif. Ces données appuient donc également le choix du mode indicatif.

108 plus représentatif. Modes Exemples Nombre de formes verbales

Somme des nombres d’occurrences tirées du corpus primaire Fréquences cumulées (%) Présent est 6480 4407203 94,1 Imparfait jouait 72 5923 0,1

Passé simple dit 427 271968 5,8

Tableau 5 : Calcul des fréquences des formes verbales monosyllabiques à l’indicatif en fonction de leur temps.

Nous confirmons l’observation de départ selon laquelle le critère du monosyllabisme écarte certains temps : le futur ne compte aucune forme verbale et l’imparfait n’en compte que très peu. On voit clairement que c’est le présent qui compte le plus de formes et que celles-ci sont de loin les plus fréquentes. Ces données quantitatives en faveur du présent s’ajoutent à notre critère initial de prototypicalité et renforcent donc notre argumentaire.

Enfin, au sein des monosyllabes au présent de l’indicatif, nous regardons quelle personne est la plus représentative.

Modes Exemples

Nombre de formes verbales

Somme des nombres d’occurrences tirées du corpus primaire Fréquences cumulées (%) P1 suis 1598 188053 4,3 P2 es 1597 17051 0,4 P3 est 1643 3568061 81,0 P4 sommes 19 11115 0,3 P5 êtes 23 6178 0,1 P6 sont 1600 616745 14,0

Tableau 6 : Calcul des fréquences des formes verbales monosyllabiques au présent l’indicatif en fonction de leur personne.

D’abord, nous remarquons que les données confirment le postulat de départ selon lequel certaines personnes sont exclues à cause du critère du monosyllabisme. C’est bien le cas pour les P4 et P5 qui sont très peu nombreuses à résister à ce critère de restriction. Pour les autres personnes, en termes de nombre d’occurrence, les données sont similaires mais les fréquences sont radicalement tranchées. Les P3 sont les plus fréquentes à 81 %, devant les P6 à 14 %, les P1 à 4,3 % et les P2 à 0,4 %. Il est logique que les pronoms de la P3 soient plus fréquents que

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ceux des P1 et P2. En effet, « je » et « tu » sont des pronoms nominaux, ils « désignent

directement leur référent » alors que « il » est représentant, c’est-à-dire qu’il « rappelle ou annonce un être ou une notion évoqués dans le contexte (textuel ou énonciatif) » (D. Denis et

A. Sancier-Chateau, 1994 : 453). La P3 peut ainsi être utilisée dans un nombre infiniment plus grand de contextes car elle ne se limite pas à désigner le locuteur ou l’interlocuteur. Elle peut remplacer n’importe quel syntagme nominal, animé ou inanimé. La P3 est également la seule personne qui puisse être utilisée avec les verbes impersonnels (ex : il faut, il pleut, il neige, etc.) À nouveau, les données quantitatives permettent de justifier le choix des P3.

Au final, la restriction du corpus aux monosyllabes à la P3 du présent de l’indicatif nous fait aboutir à un corpus de 1643 entrées.