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Focus sur deux traits morphosyntaxiques

I. Méthode de constitution du corpus

I.4. Focus sur deux traits morphosyntaxiques

Pour les besoins de cette thèse, nous nous limitons à présenter les notions de transitivité et de pronominalité d’un point de vue morphosyntaxique en nous basant sur la Grammaire

méthodique du français (M. Riegel, J-C. Pellat et R. Rioul, 2008) et sur la Grammaire du français (D. Denis et A. Sancier-Chateau, 1994). Dans le cadre d’un approfondissement

ultérieur, nous pensons toutefois qu’il serait intéressant d’examiner la manière dont la sémantique, la linguistique cognitive et la philosophie du langage traitent ces notions. Cela pourrait nous permettre d’enrichir et de préciser encore plus notre interprétation des faits.

I.4.1. La transitivité

I.4.1.1. Définition

Le terme « transitivité » vient du latin transire signifiant « passer d’un endroit à un

autre ». Dans la Grammaire méthodique du français de Martin Riegel, Jean-Christophe Pellat

et René Rioul (2008 : 218), on trouve l’idée que, dans une acception formelle, les notions de transitivité et d’intransitivité caractérisent les différents types de constructions du verbe. Selon les cas, une construction verbale pourra être (a) intransitive, lorsque le verbe n’a pas de complément (« il nait », « il meurt ») ou (b) transitive, lorsque le verbe a un ou plusieurs compléments (« il dit quelque chose », « il offre quelque chose à quelqu’un »). Outre le critère syntaxique de la présence ou de l’absence d’un complément d’objet, le critère de transformation passive permet de distinguer les deux types de verbes : elle est possible pour les verbes transitifs (« le chat mange la souris » vs. « la souris est mangée par le chat ») et impossible pour les verbes intransitifs (« il meurt »). Cette distinction que fait la grammaire traditionnelle entre verbes transitifs et verbes intransitifs est toutefois réductrice puisque de nombreux verbes peuvent avoir, selon les contextes, les deux constructions (« il pense à quelqu’un », « il pense quelque

122 chose », « il pense »).

I.4.1.2. Organisation du corpus selon la transitivité

Comme nous l’avons vu dans la description du corpus primaire (cf. partie I.1.), S. Rauzy et ses collaborateurs distinguent sept catégories pour la transitivité. On retrouve les trois catégories classiques – transitifs, intransitifs et deux emplois – mais il arrive qu’ils précisent le caractère direct ou indirect de la transitivité ou de l’intransitivité. Cette précision n’est pas apportée systématiquement dans le corpus primaire, elle induit donc une certaine hétérogénéité et une complexité conceptuelle supplémentaire. Sur les 1193 formes verbales du corpus, seules 12 sont classées en dehors des trois catégories principales – « ment », « songe », « plait », « jouit » « rit », « cause », « pleut », « doute », « neige », « table », « cligne », « nuit ». Avec l’appui du Trésor de la langue française, nous les avons donc redistribuées au sein de celles-ci. À l’issue de cette légère modification, nous aboutissons à un corpus de 1193 formes verbales réparties dans trois catégories de la transitivité, avec 595 formes transitives, 380 formes qui acceptent les deux emplois et 218 formes intransitives. En termes de pourcentages, cela donne un ratio de 50 %, 32 % et 18 %. Le diagramme suivant présente le visuel de cette tripartition :

Figure 10 : Répartition des formes verbales du corpus (en nombre de formes et en pourcentages) dans les catégories de la transitivité.

595 50% 380 32% 218 18%

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I.4.2. La pronominalité

I.4.2.1. Définition

Les formes pronominales présentent plusieurs caractéristiques formelles communes. D’abord, elle se construisent avec un pronom personnel conjoint réfléchi (« me », « te », « se », « nous », « vous », « se »). Cela signifie que le pronom réfléchi et le sujet du verbe sont coréférentiels, qu’ils renvoient à la même entité et qu’ainsi, dans les phrases contenant une forme pronominale, le sujet est dédoublé. On notera, en outre, qu’à la P3 et à la P6, la forme pronominale (« se ») est spécifique par rapport aux formes non-pronominales (« le », « la », « les »), contrairement aux autres personnes où il n’existe pas de différence entre les deux. Ensuite, le pronom réfléchi est systématiquement antéposé au verbe (« je me lave », « ils se sont embrassés ») à l’exception d’une conjugaison du verbe à l’impératif présent (« calme-toi »

vs. « tu te calmes »). Enfin, dans les temps composés, on utilise obligatoirement l’auxiliaire être

à la forme pronominale (« il s’est évanoui » vs. « il s’évanouit »). Ces critères permettent de donner une certaine homogénéité à la forme pronominale mais, en même temps, ils rassemblent des verbes et des constructions dont le fonctionnement est différent.

En effet, lorsqu’on parle de forme pronominale, il faut distinguer entre les verbes pronominaux et les constructions pronominales. Les premiers sont enregistrés comme tel dans le lexique : on les retrouve directement dans le dictionnaire à la forme pronominale car ils n’existent que sous cette forme (« s’enfuir » vs. « enfuir »*, « s’évanouir » vs. « évanouir »*). Les secondes renvoient à des verbes qui acceptent les deux types de construction. Parmi les constructions pronominales, on différencie traditionnellement les constructions réfléchies, pour lesquelles « le sujet est à la fois source et terme de la relation exprimée par le verbe » (D. Denis et A. Sancier-Chateau, 1994 : 462) (« je me lave ») ; les réciproques pour lesquelles le sujet doit être pluriel et où « chacun des éléments évoqués est à la fois source pour lui-même et terme

pour l’autre de la relation exprimée par le verbe » (ibid : 462) (« ils s’embrassent ») ; et les

contructions passives, possibles pour tous les verbes transitifs directs. Dans ce dernier type de construction, sur le plan syntaxique, le syntagme nominal complément d’objet dans la forme non-pronominale devient sujet de la forme pronominale et sur le plan sémantique, le sujet est inanimé et « ne peut donc être l’agent du procès verbal, ce qui oblige à une interprétation

passive de la phrase » (ibid : 463) (« je fais mon travail lentement mais sûrement » vs. « le

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I.4.2.2. Organisation du corpus selon la pronominalité

Comme nous l’avons expliqué dans la description du corpus primaire (cf. partie I.1.), S. Rauzy et ses collaborateurs distinguent quatre types pour l’étude de la pronominalité. Nous avons ainsi les verbes essentiellement pronominaux (EP, qui représentent 2 % du corpus), les verbes qui n’acceptent pas de construction pronominale (PI « Pronominalité interdite », qui représentent 32 % du corpus) – il s’agit essentiellement des verbes intransitifs – les verbes qui acceptent les deux constructions (2C, représentant presque la moitié du corpus avec 48 %) et les verbes susceptibles d’avoir un emploi pronominal de sens passif (EPSP, qui représentent 18 % du corpus) – regroupant des verbes transitifs directs. La répartition dans les catégories de la pronominalité se fait de la manière suivante :

Figure 11 : Répartition des formes verbales du corpus (en nombre de formes et en pourcentages) dans les catégories de la pronominalité.