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5.2 Les données primaires

5.2.2 Le capital physique

5.2.2.1 Le foncier

Le foncier est un facteur essentiel sur le plan de la production et de la création des revenus des exploitants-théiculteurs. Les zones de Teza et d’Ijenda sont caractérisées par une saturation des terres arables. Les exploitants-théiculteurs exploitent presque la totalité des terres disponibles en vue de satisfaire les besoins alimentaires. La plupart des exploitants-théiculteurs enquêtés disposent de moins de deux hectares.

Dans la zone sous étude, le mode d’acquisition du foncier est de trois formes : l’héritage, l’achat et la location (tableau 12).

Tableau 12: Mode d’acquisition (en %) des terres

Teza Ijenda

Héritage 100 100

Achat 59 44

Location 50 19

Source : Enquête, 2018

Tous les exploitants-théiculteurs interrogés disposent des exploitations héritées de leurs parents. Pour pouvoir accroître les terres cultivables, les exploitants-théiculteurs recourent aux achats et aux locations. A Teza, 59% ont acheté des parcelles additionnelles et 50% ont loué des parcelles, la location pouvant se faire dans des provinces plus éloignées. Un de nos répondants nous a confié :« Je loue chaque année

une parcelle de 300.000 FBu pour la culture du riz dans la province de Bubanza. »6.

6 Bubanza est une province de la région naturelle de l’Imbo située à une distance d’environ 83 km, en empruntant la

RN2.

0 20 40 60

Yagamukama Primaire secondaire sans niveau Teza ijenda

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A Ijenda, 44% ont acheté des parcelles additionnelles et 19% ont loué des parcelles cultivables. Les modalités de location diffèrent d’une zone à une autre. A Teza, la location est faite par paiement de l’argent en numéraire, les montants variant en fonction des dimensions de la parcelle louée et du nombre de saisons à cultiver. Par contre, à Ijenda la location de terres arables se fait par l’octroi de bière au propriétaire. C’est une manière de maintenir la terre en état d’exploitation pour les ménages qui n’ont pas les moyens (humains ou financiers) de l’exploiter.

La question foncière se pose avec grande acuité. La survie des ménages étant majoritairement tournée vers l’agriculture, la dualité pression démographique et disponibilité des terres nécessite de nouvelles adaptations. En effet, générations après générations, la question la plus aiguë est la transmission de l’exploitation aux descendants. Diviser et rediviser les terres arables, aboutit à une parcellisation excessive de celles-ci avec pour corollaire, des unités de production de taille extrêmement petite pour assurer la survie des ménages.

La pression croissante sur les terres arables aboutit à des conflits ou à l’exode rural si des opportunités de survivre s’offrent ailleurs. Liés à la croissance démographique dans un espace réduit, les conflits fonciers sont amplifiés par le recours exclusivement à l’agriculture pour assurer la sécurité alimentaire de la famille en l’absence d’autres moyens ou autres activités génératrices de revenus. Deux sortes de conflits ont été régulièrement évoquées. L’un des conflits est le déplacement de bornes. L’affaire liée à ce conflit foncier est généralement réglée par les notables, les « Bashingantahe » car sa traduction au tribunal est passible d’une amende ou d’un emprisonnement. Un autre genre de conflit est lié à l’héritage des portions de terres. La situation des conflits fonciers est plus marquée dans la zone d’Ijenda que dans la zone de Teza. La pression démographique sur les terres accentue les problèmes fonciers qui à leur tour aggravent le niveau de productivité et la détérioration de l’environnement. La coexistence du droit coutumier et de la loi écrite ne manque pas de susciter des conflits permanents au sein de la population rurale. Ces conflits ont un impact négatif sur la production agricole car, tant qu’une terre est en litige, il est difficile pour l’exploitant de la mettre en valeur et de consentir les investissements nécessaires pour augmenter sa productivité (MINAGRIE, 2011).

5.2.2.2 Le théier et son mode d’acquisition

Les exploitants-théiculteurs enquêtés possèdent de petites superficies théicoles allant de 2,5 à 23 ares (tableau 13). Le mode d’acquisition est variable.

Tableau 13: Superficie des plantations des exploitants-théiculteurs

Teza Ijenda

< 2,50 ares 55% 44%

2 ,50-10 ares 32% 50%

10,1-23 ares 13% 6%

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Les exploitants-théiculteurs peuvent hériter du théier de la part de leurs parents. D’autres cultivent ou achètent les plantations. Pour le théier planté, les plants sont reçus gratuitement de la part de l’OTB. Selon leurs capacités culturales, les exploitants-théiculteurs peuvent combiner les trois modes d’acquisition. Pour des raisons de besoins urgents (les frais scolaires, le matériel scolaire, etc.), certains exploitants-théiculteurs donnent leurs champs théicoles en location aux autres exploitants pour une période maximale de 3 ans de récolte. Si un exploitant loue un champ théicole, il est dans l’obligation de maintenir le champ loué en bon état d’exploitation. A Ijenda, une pratique de mise en location des champs théicoles ne nous a pas été signalée.

La culture du théier trouve source dans diverses motivations. D’une part, les recettes tirées du théier incitent les exploitants ruraux à cultiver leurs propres plantations. Un des répondants nous dit : « Pour cultiver le théier, j’ai été motivé par le fait que lors de la paie, les exploitants-théiculteurs satisfaisaient leurs besoins familiaux et se désaltéraient contre la soif. J’étais fort jaloux. ». D’autre part, cultiver le théier est une façon de maximiser l’exploitation de la terre arable disponible. Un autre interviewé nous notifie : « La terre était tellement stérile qu’aucune autre plante ne pouvait y pousser. J’ai opté de cultiver le théier sur cette terre. ». Ici, la question de productivité du théier est mise en question. En effet, le théier est une plante qui, elle aussi, nécessite des sols riches en différents nutriments.

5.2.2.3 Les cultures vivrières

Les cultures vivrières sont cultivées sur les collines pendant les saisons A et B et dans les marais au cours de la saison C. La saison A s’étend de mi-septembre jusqu’à mi-février, le début de la saison des pluies. La saison B s’étend du 16 février à mi- juin. C’est la période de la saison des pluies. La saison C s’étend du 16 juin à mi- septembre. Tous les exploitants-théiculteurs pratiquent l’agriculture des vivriers. L’assolement des cultures dans la zone étudiée est fait d’une variété de cultures vivrières (figure 7).

Saison A (pluies légères) Saison C (pas de pluies)

Sept. Oct. Nov Dec Janv. Févr. Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre

Saison B (pluies abondantes)

Teza

Ijenda

Figure 7: Assolement des cultures vivrières dans la zone enquêtée

Source : Enquête, 2018

Pomme de terre, maïs, haricot, patate douce, manioc, poireau, blé, oignon et petit pois

Haricot, petit pois, blé et pomme de terre

Patate douce, maïs, choux, poireau, betterave, carotte, céleri, haricot, pomme de terre, amaranthe, oignon, courge, manioc

Maïs, haricot, pomme de terre, courge, patate douce, petit pois, choux

Petit pois, pomme de terre, haricot et blé

Pomme de terre, maïs, choux, petit pois et patate douce

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Pendant la période de saison A, il est cultivé la pomme de terre, le maïs, le petit pois, le haricot, la patate douce, le manioc, le poireau, le blé et l’oignon. Durant la saison B, les exploitants cultivent le haricot, le petit pois, le blé et la pomme de terre. Pour la saison C, sont cultivés : la patate douce, le maïs, les choux, les poireaux, la betterave, la carotte, le céleri, le haricot, la pomme de terre, l’oignon, la courge et le manioc. Il existe une certaine ressemblance au niveau de l’assolement des cultures pour les zones de Teza et Ijenda durant les saisons A et B. La différence est constatée au cours de la saison C, saison durant laquelle les cultures pratiquées à Teza sont plus nombreuses qu’à Ijenda. Cette différence s’explique par la présence des marais à Teza plus qu’à Ijenda. La production est autoconsommée ou vendue sur le marché pour la satisfaction des autres besoins dans les ménages.

5.2.2.4 Le bétail

La situation d’élevage dans la zone étudiée est différenciée. A Teza, l’élevage est fait principalement de petit bétail (les petits ruminants) alors qu’à Ijenda, les éleveurs ont plus de gros bétail (tableau 14).

Tableau 14: Elevage (en % de détenteurs) du bétail dans la zone enquêtée

Teza Ijenda Bovins 43 62 Caprins 48 27 Ovins 0 25 Porcins 67 25 Volailles 10 32 Source : Enquête, 2018

L’effectif élevé des éleveurs de bovins à Ijenda témoigne de l’intérêt accordé à la vache depuis longtemps. En l’absence de contraintes de pâturage, le nombre de têtes bovines renseigne sur la richesse de l’éleveur. Ainsi, il est constaté que 62% de notre échantillon à Ijenda ont des vaches contre 43% à Teza.

5.2.2.5 Equipement

L’outillage agricole dans la zone de notre étude est rudimentaire. Les exploitants- théiculteurs utilisent la houe, la pioche, la hache, la machette, la serpette, etc. L’utilisation de ces équipements renseigne sur la situation et les potentialités de production. Dans les ménages, tous les adultes en âge d’activité ne sont pas dotés d’une houe. A Teza, le nombre de houes s’élève à trois en moyenne par ménage et la moyenne de houes est de deux par ménage à Ijenda. Cette différence s’explique par le fait que le nombre d’actifs dans les ménages à Teza est relativement élevé par rapport à celui des ménages d’Ijenda. Les enfants de moins de 15 ans et les élèves de l’école secondaire ne sont pas dotés de houes. Pendant la période de vacances, une main- d’œuvre est alors non utilisée. La serpette est utilisée pour tailler principalement le théier. Elle doit être bien aiguisée.

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