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Le secteur du théier fait face à de multiples défis, notamment la limitation des terres à l’expansion du théier, la pénurie de main-d’œuvre, la concurrence vis-à-vis d’autres boissons, le changement climatique, les maladies, etc.

3.4.1 Le changement climatique

Le changement climatique est une contrainte majeure qui affecte la plupart des pays producteurs du théier. Le changement climatique a un impact sur la productivité du théier et par conséquent sur des millions de personnes qui dépendent des revenus du théier. L’excès, ou la pénurie de pluies affecte la qualité et la productivité du théier. L’excès des pluies change le volume aromatique et métabolites dans le théier. De plus une irrégularité dans la pluviométrie, la fréquence de la grêle et les températures extrêmes affectent la qualité du thé (FAO, 2015 ; UNIDO, 2017). Par exemple, il a été constaté une tendance à la baisse des pluies de l’ordre de 200 mm dans le nord-est de l’Inde sur une période de 96 ans (1918-2014). En plus de cette réduction pluviométrique, les températures moyennes ont également monté dans cette région de 1,3°C sur une période d’environ 100 ans (1923-2013) (FAO, 2016). Au Sri Lanka, une réduction des pluies a réduit une production de 30 à 80 kg/ha par mois. La réduction de la production due à la sécheresse a été de 26% en 1992 par rapport à la production de 1991, une perte qui a été estimée à 70 millions d’USD. D’autre part, les inondations ont causé de fortes érosions dans le pays (Wijeratne, 1996 ; Karunaratne et al., 2015). Au Kenya les signaux de changement climatique sont répétitifs et se caractérisent par : la hausse de la température, des précipitations imprévisibles accompagnées de tempêtes et grêles, les pluies irrégulières, parfois très abondantes ou moins abondantes chaque année, la gelée et la sécheresse (UNIDO, 2017). En Chine, dans la région de Kunning, les faibles pluies (565,8 mm en 2009) ont entraîné une

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sécheresse avec des pertes de production estimées à 20% et une destruction d’une superficie de 3.300 ha. Dans la région de Haikou, le même phénomène s’est produit en 2004 avec 984 mm de précipitations annuelles soit 58% de la moyenne des précipitations. A Hangzhou, l’hiver a duré presque toute l’année en 2003. En 2008, la province de Zhejiang a subi une période hivernale longue qui a affecté 49% des plantations avec une perte de 1.690 millions de yuan (¥) (FAO, 2016).

Les maladies et ravageurs du théier sont comptés en termes de milliers dans le monde, les acariens étant des ravageurs très dangereux. Avec la sécheresse, la probabilité d’infestation des ravageurs augmente et par voie de conséquence la production devient faible. De plus, par manque d’eau suffisante, le théier devient moins résistant aux maladies. En Inde, il est constaté une perte de production due à l’épidémie de la punaise du thé, à la chenille, etc. Pour combattre ces maladies, l’on a recours à des produits chimiques dangereux et toxiques (FAO, 2016). Pour satisfaire la demande du thé, beaucoup de ressources sont mobilisées pour accroître la production. La mobilisation de ces ressources a des conséquences sur l’environnement naturel. Le défrichement des forêts vierges pendant la préparation du terrain pour planter le théier est accompagné d’une perte d’une biodiversité de la flore et de la faune. La transformation de la FV exige un apport en bois-énergie supplémentaire à l’énergie hydroélectrique ou du carburant, une menace de déforestation.

3.4.2 La disponibilité des terres arables

Le théier joue un rôle important dans la vie socio-économique des pays producteurs par le biais de revenus et création d’emplois. L’exploitation du théier est principalement faite par de petits exploitants à l’amont de la CV et l’insuffisance des terres arables constitue une contrainte surtout pour les petits exploitants de l’Afrique de l’Est. Les contraintes relatives au régime foncier, l’inégalité dans sa répartition, le manque de lois claires pour le transfert du foncier occasionnent une agriculture moins développée. Il s’en suit de l’insécurité alimentaire et la dégradation des ressources naturelles. De plus, les terres disponibles en Afrique de l’Est sont subdivisées en petites unités économiques de production à faible productivité agricole. Par exemple, elles sont en moyenne d’un ha en Ethiopie, 2 ha en Tanzanie, et 2,5 ha en Ouganda et au Kenya par exploitant (Salami, Kamara & Brixiova, 2010). Ainsi, il s’observe une pénurie des terres d’extension du théier pour les petits exploitants. Pour un exploitant qui a une superficie de 6 ha par exemple, le théier ne peut être exploité que sur un espace compris entre 0,8 ha à 2 ha. La moyenne de la superficie du théier est de moins de 0,4 ha en Indonésie, 1,6 ha en Inde et plus de 80% des exploitants au Sri Lanka ont moins de 0,2 ha (FAO, 2012). La terre allouée au théier diminue chaque année par conversion des terres à d’autres activités. En Indonésie, elle diminue de 1,7% chaque année (Sita, 2015).

3.4.3 Manque de moyens financiers et d’équipement

Les exploitants-théiculteurs ont des moyens financiers insuffisants pour augmenter la production. Ils ont des difficultés d’accéder aux crédits pour l’achat des divers intrants agricoles (les engrais, les produits phytosanitaires, etc.), manquent de matériel

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de plantation et de transport. Ils n’ont généralement pas d’entreprise propre de transformation et dans certains pays (au Sri Lanka par exemple) la collecte de feuilles se fait par des intermédiaires avec l’incertitude de paiement (Sumadio et al., 2017 ; ILO, 2018). Par conséquent, les petits exploitants du théier prêtent moins d’attention aux techniques plus efficaces pour la production et le cas échéant utilisent des pesticides disponibles sans se soucier de leurs effets néfastes (ils ne les connaissent pas) sur la qualité du théier et sur l’environnement (Blowfield, 2003). Les exploitants devraient utiliser des nutriments (organiques, biofertilisants) comme fertilisants du sol qui procurent une nutrition optimale au théier car ils ont des effets moins néfastes sur l’environnement. Ils pourraient utiliser la fumure du bétail ou du compost par exemple. Il est essentiel de créer un organisme international de petits exploitants susceptible de mettre en œuvre une structure organisationnelle ainsi que des conditions de fonctionnement au niveau international. De plus l’usage des pesticides doit être d’une gestion stricte et minutieusement examinée. Il s’avère plus nécessaire de créer un code de conduite à observer pendant l’usage des pesticides dans les pays producteurs (Cyclope, 2016).

3.4.4 La main-d’œuvre

L’exploitation du théier et les activités qui lui sont associées dans sa transformation et à son marketing demandent une main-d’œuvre intensive particulièrement pendant la cueillette et la transformation. Le secteur du théier est considéré comme moins attractif et la jeunesse a tendance à migrer vers les milieux urbains à la quête de l’emploi plus rémunérateur. Cette migration rend chère la main-d’œuvre salariée dans les exploitations de théier et certains pays ont recours à la cueillette mécanisée (Van der Wal, 2008 ; Madamombe, Taylor & Tesfamariam, 2013 ; Wu, 2015). Dans les exploitations familiales, le coût de production est sous-estimé. La main-d’œuvre familiale est, en effet, utilisée pour planter, sarcler, appliquer du paillis et des engrais, tailler et cueillir les FV et les acheminer aux centres de collecte. La valorisation de cette main-d’œuvre pourrait démontrer des coûts de production largement supérieurs. Le recours à la main-d’œuvre salariée rend davantage le prix de la FV moins profitable (Kagira, Kagwathi & Kimani, 2012). Quoique le théier soit d’une importance cruciale dans la satisfaction des besoins élémentaires, les revenus issus du théier sont relativement faibles et peu attractifs. Dans certains pays, les travailleurs bénéficient de certains avantages sociaux (le logement, l’assurance maladie, etc.) qui sont supposés compenser les niveaux de salaire. Cependant, un réajustement de ces avantages s’avère indispensable (Van der Wal, 2008 ; Groosman, 2011 ; Gunathilaka & Tularam, 2016).

3.4.5 La compétitivité du thé avec d’autres produits

Le thé est en concurrence permanente avec d’autres boissons (le café, le cacao, etc.). L’analyse de la demande a montré que les consommateurs peuvent substituer le café et le thé avec les boissons gazeuses et diététiques, probablement en raison de leur teneur en caféine. Les boissons laitières et les jus sont substitués par les boissons gazeuses et l’eau considérées plus saines et moins caloriques (Deichert et al., 2006 ; Heng, House & Kim, 2018). Pour pouvoir réaliser de la VA sur le thé vendu et avoir un avantage concurrentiel par rapport aux autres boissons sur des marchés développés,

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les modèles d’innovation continuelle, le marketing et l’investissement sont des outils robustes. Ainsi, nous assistons à un développement des produits nouveaux comme le « ready-to-drink » tea et d’autres types de thé à VA (Ganewatta et al., 2005).