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1. L’engagement bénévole

1.1. Le bénévolat en ASL

Le questionnaire débute par une question d’ordre général en ces termes : pourquoi avoir choisi d’être bénévole ?

Trois raisons se dégagent de ses divers témoignages :

 S’engager pour se sentir utile à la société: c’est évidemment la raison

prédominante de l’engagement dans une structure sociale, plus ou moins teintée d’un certain militantisme :

« Au départ pour contrebalancer mon malaise au travail (il existe un niveau de dysfonctionnement tel que travailler ne sert plus à rien), avoir l’impression de faire quelque chose d’utile. Cela a aussi coïncidé avec le départ de mes enfants de la maison (s’occuper de ses enfants, c’est indéniablement utile). » Sylvie

« Ayant travaillé toute ma vie dans le privé, avec un travail très prenant, j’étais plus préoccupé par celui-ci que par une vie sociale pour laquelle je n’avais pas de temps. Arrivé à la retraite, j’ai éprouvé un certain vide et me suis dit qu’il était temps de

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m’occuper du monde autour de moi. Je suis dans plusieurs associations, qui malgré les contraintes qu’elles m’occasionnent, m’apportent la satisfaction de me rendre utile. »

Hubert

« A l'origine, par militantisme puis hors de l'action politique c'est devenu un engagement solidaire, un « coup de main » dans un espace associatif avec toujours en toile de fond une réflexion personnelle sur la légitimité de l'action bénévole. » Ida

« Ne travaillant pas et n’étant pas engagée politiquement, le bénévolat est ma manière de contribuer à mon échelle à une certaine idée de la société. » Nicole

 S’engager pour aider les autres. Je le dissocie ici de se sentir utile car en dehors du macrocosme de la société, il est question ici d’aider les individus rencontrés, dans le microcosme de l’association :

« Par altruisme » Henri

« Au moment de mon départ à la retraite, j'ai senti le besoin de me rendre utile pour les autres, tout en profitant aussi de mon temps libre pour moi et ma famille. Il me semblait nécessaire de rester en lien avec le monde qui m'entoure et de recréer un réseau de relations également. » Catherine

 S’engager pour se former. De nombreux étudiants en FLE ou en

sociolinguistique des langues étrangères s’engagent dans des associations proposant des ASL afin de joindre la théorie de leur cours à la pratique d’un terrain.

« Pour consolider mes acquis universitaires. Pour l'expérience sur le terrain.

Pour l'engagement dans une « structure sociale ».

Pour les rencontres humaines toujours très riches. » Aude

« Il permet d’étudier des phénomènes sociolinguistiques en contexte » Crispus

Une deuxième question portait sur le choix de l’enseignement du français.

 Pour les profils issus d’un cursus différent de celui des sciences du langage,

le choix d’enseigner le français à des adultes migrants est souvent lié à leur histoire personnelle :

« Je ne sais pas exactement pourquoi j’ai envie de faire de l’alphabétisation, mais cela fait longtemps que j’en ai envie. C’est sûrement lié à mon histoire personnelle : j’ai été à l’école plus tard que les autres, ils savaient déjà tous lire et écrire quand j’ai commencé » Sylvie

« J’ai choisi les cours de français car ayant été expatriée à plusieurs reprises, j’ai conscience de l’importance de pouvoir s’exprimer pour s’intégrer dans un pays, pour s’y sentir un minimum à l’aise. Par ailleurs, j’ai toujours aimé les langues, le français comme les langues étrangères ; j’ai appris le grec quand j’étais expatriée en Grèce, pris des cours d’italien et d’espagnol par curiosité et plaisir…J’aime ça.» Nicole

« C’est encore la langue que je maîtrise le mieux. Plus sérieusement c’est parce que j’aime partager mes connaissances et refaire ce que j’avais déjà fait à l’époque où j’étais étudiant. » Henri

Dans leur ouvrage Pourquoi s’engager ? , Havard Duclos et Nicourd, résument bien ce sentiment dans l’extrait suivant :

Rester fidèle à une association suppose que son engagement ait un sens par rapport à son histoire singulière, à sa vie. Trouver dans les collectifs d’engagement des ressources identitaires, penser le rapport à sa propre histoire et à son avenir, conquérir une estime de soi et une reconnaissance sont des points d’ancrage forts […](2005 : 73)

 Pour quelques personnes, l’idée d’aider les autres à prendre sa place dans la

société grâce à la langue est prédominante. Sur un air de militantisme …

« L'accès à la langue, à la lecture, l'écriture me semble fondamental pour s'inscrire dans un parcours de vie actif, c'est un droit élémentaire comme l'accès à la nourriture, à un toit, à la santé (femmes étrangères confinées dans des échanges familiaux, ouvriers passifs sur les chantiers, etc.) » Ida

« J'aime les langues. Je pense aussi que parler la langue de son pays d'adoption le mieux possible donne toutes les chances à une meilleure intégration, à la recherche d'un emploi, à la compréhension des règles de vie, etc. » Catherine

 Pour les étudiants et/ou les jeunes diplômés en didactique des langues, c’est

l’occasion de mettre en pratique leurs acquis :

« C'est la voie professionnelle que j'ai choisie. » Aude

« C’est en lien avec mon parcours FLE et mes études supérieures. Cela permet de relever de vrais défis d’enseignement/apprentissage du FLE en contexte. Essayer de créer de nouveaux outils d’enseignements » Crispus

Erving Goffman emploie le terme de réparation afin de spécifier le type de relation qui s’opère entre l’intervenant bénévole et, dans notre cas, l’apprenant : La « relation de

réparation » est la rencontre entre un spécialiste « réparateur » (le bénévole et/ou militant), un objet à réparer (la non-maîtrise de la langue par exemple) et un propriétaire de cet objet (l’usager). (Havard Duclos & Nicourd ; 2005 : 28)

Cependant, les intervenants bénévoles ne sont, pour la plupart, pas spécialistes de la didactique des langues. Il est alors nécessaire, pour les spécialistes, de les accompagner sur le terrain, à prendre en main leurs ateliers en fonction des outils à disposition.