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1. L’engagement bénévole

1.2. L’encadrement didactique

Une enquête réalisée conjointement par Amandine Bayle (Conseillère pédagogique IRIS) et Ophélie Passemard (Coordinatrice- Formatrice dans les ASL de l’ODTI) a été menée afin de recueillir des informations sur les pratiques, les attentes et les besoins des animateurs ASL. Quarante intervenants bénévoles (sur plus de 200 interrogés) ont répondu aux questions de l’enquête. Plusieurs constats et demandes ont émergé, les passages en gras sont extraits du compte-rendu de l’enquête :

o L’enquête « permet de réfléchir aux contenus à aborder dans le cadre de la

« professionnalisation » des intervenants ASL ». En effet, l’intégralité des

intervenants ayant répondu à l’enquête se considère en autoformation : formations IRIS, lectures diverses sur l’animation en ASL, etc.

o « l’encadrement et l’accompagnement des intervenants dans la structure

d’intervention sont remis en avant […] »

Les animateurs aimeraient être accompagnés sur leur pratique et souhaitent s’investir pour se perfectionner. Ils veulent cependant pouvoir garder leur identité tout en adoptant une « bonne » posture d’animation.

o « le manque de supports adéquats, leur exploitation et le manque de

mutualisation entre les intervenants »

Il est indéniable que le manque de supports adaptés est un problème commun aux ASL. Les supports se doivent d’être, pour majorité, créés. De plus, l’exploitation de ces supports n’est pas innée et nécessite une formation.

Beaucoup d’animateurs utilisent et exploitent leurs propres supports et n’en font pas part aux autres de peur d’être jugés peut-être ou de ne pas avoir la « bonne » méthode. On peut imaginer un manque de confiance, un manque de reconnaissance ou encore le caractère intime d’une activité créée de toute pièce…

Beaucoup regrettent de ne pouvoir suivre les formations proposées par IRIS : manque de disponibilité horaire dû à l’exercice d’une activité professionnelle, manque d’accessibilité des lieux, etc.

o «[…] permettre aux intervenants d’être plus efficaces et plus pertinents dans la préparation de leurs ateliers »

On note le besoin d’un travail plus approfondi pour appréhender plus facilement ou de façon plus « automatique » la création d’activités, en proposant des études de cas pratiques par exemple…

o « une animation abordant ce qu’est animer un atelier, quelle posture adopter,

savoir s’adapter »

Il s’agira donc de travailler sur la posture et l’adaptation de l’intervenant, en cadrant les interventions didactiques par exemple, en réfléchissant à ce qu’est enseigner et ce qu’est apprendre, en délivrant quelques conseils pour réagir face aux apprenants sans perdre la face.

o « une animation abordant ce qu’est apprendre en ASL : abordant les

représentations sur le public des ASL, appuyant sur ce qu’est un objectif d’apprentissage, ce qu’est une formation autonomisante »25

Il s’agit ici de replacer le rôle de l’intervenant dans le contexte ASL et d’en transmettre la démarche.

C’est la prise en compte de ces différents points qui a mené à la constitution d’un groupe de travail impliquant les intervenants bénévoles dans la construction d’outils répondant à leurs besoins et à leurs attentes, puisqu’ils ont participé à la production des Carnets de Bord. Dans cette continuité, le dispositif FLIP que j’ai créé veut répondre à ces différentes problématiques.

1.2.1. La structuration des ateliers

Les intervenants bénévoles sont encouragés à structurer leurs ateliers en suivant des thèmes précis recommandés par la coordinatrice pédagogique. Lors des réunions mensuelles sur la pratique enseignante au sein du pôle ASL, le retour sur l’organisation de chacun permet de cadrer la progression d’apprentissage des différents groupes. Il est

25

rappelé que les ateliers doivent contenir au minimum 2 activités, chacune devant travailler une compétence différente en réception ou production, orale ou écrite. Quelques cas pratiques permettent également de se formaliser avec l’utilisation d’un même document pour travailler différentes compétences.

1.2.2. L’utilisation des outils à disposition

En contexte associatif, les moyens financiers manquent souvent et l’acquisition de manuels doit être clairement réfléchie. Le centre de ressources de l’ODTI dispose de plusieurs manuels pédagogiques dont une grande partie couvre les niveaux débutants. Quelques manuels estampillés FLI viennent surfer sur la vague de ce « nouveau » champ. Quelques-unes des activités proposées dans le Livret FLIP sont directement extraites de

Trait d’Union Insertion Professionnelle 2, manuel qui vient servir d’appui pour la mise en

place de la formation mais dont le contenu seul ne permet pas d’aborder de façon exhaustive les différents thèmes proposés sur l’année. La démarche d’autonomisation des personnes accueillies dans la société française ne peut se faire sans l’utilisation de documents authentiques, reflets de la vie publique, citoyenne et culturelle d’un pays.

Afin d’encourager les intervenants bénévoles à utiliser des documents dits

« authentiques26 », plusieurs outils créés au sein de la structure sont à leur disposition. Les

« Carnets de bord » qui furent utilisés pour la première fois en septembre 2015 s’avèrent être une source de documents que beaucoup s’emploient à exploiter. Ce recueil de documents papiers articulés autour d’une progression en entonnoir est parfois rigoureusement suivi, sert parfois à confirmer la pertinence des documents sélectionnés individuellement, parfois il sert de pioche aux animateurs qui souhaitent aborder un thème précis. Un référentiel tel que les « Carnets de Bord » ou plus tard le Livret FLIP apparaît alors comme une base rassurante, un filet de sécurité.

Le Livret FLIP se distingue des « Carnets de bord » à plusieurs niveaux. Alors que les « Carnets de bord » traitent en 3 volets la vie personnelle, la vie publique et la vie culturelle, le Livret FLIP aborde uniquement la vie professionnelle. Les « Carnets de bord » proposent une sélection de documents supports exploitables quel que soit le niveau des apprenants tandis que les contenus du Livret FLIP s’adressent à des apprenants dont un niveau A2 est requis à l’oral comme à l’écrit. C’est pourquoi j’ai pu aller plus en

26 Beacco, repris par Adami, conteste l’utilisation de ce terme car les supports exploités, puisqu’ils sont sortis de leur cadre interactionnel premier, perdent de leur authenticité

profondeur dans ma démarche en proposant des exemples d’exploitations des documents que j’ai sélectionnés sous forme de fiches activités « prêtes à l’emploi ». La conception des « Carnets de bord » a été réalisée par un groupe de travail constitué de plusieurs intervenants bénévoles des ASL de l’ODTI auprès de la coordinatrice de la structure. La conception du Livret FLIP n’a pu se dérouler de la même manière, en raison du manque de disponibilité de l’équipe de bénévoles FLIP, je le rappelle, tous professionnellement actifs. Le travail de recherche-action que je décris dans la partie suivante se centrait alors à la fois sur les besoins des apprenants mais surtout, et toujours dans mon optique d’autonomisation didactique des intervenants bénévoles, sur les besoins des animateurs. J’ai essayé de décortiquer leur pratique enseignante : leurs méthodes, leur posture, leur gestion de l’hétérogénéité du groupe, leurs réactions face aux nombreux imprévus, leur utilisation des outils et matériels à disposition. Je leur ai posé des questions sur leur préparation, j’ai pu évaluer leur création d’activités ainsi que la mise en place de ces dernières. Toutes ces observations m’ont permis d’alimenter les contenus de mes 2 outils.