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Courtételle : synthèse des résultats Maruska Federici-Schenardi et Robert Fellner

12.2 Les ensembles

12.2.5 La zone d’activité 4 et les bassins

La zone d’activité 4 se situe sur la rive droite du ruisseau La Pran, 30 m à l’est de la zone d’activité 3 et 40 m à l’ouest de la ferme 3, sur un terrain remontant en pente douce vers le sud comme pour la zone 3 (fig. 2). Au nord se trouve le lit médiéval du cours d’eau et au sud la zone d’activité proprement dite ; entre les deux trouvent place trois bassins qui représentent des aménagements anthropiques localisés dans un chenal secondaire du ruisseau. La surface occupée par la zone d’activité 4 et les bassins correspond à environ 1200 m² (fig. 76).

Aucune trace de bâtiment n’a été retrouvée, mais plusieurs struc-tures liées aux activités artisanales sont présentes. Un bas foyer et une aire de forge témoignent du travail du fer ; d’après les très grandes quantités de scories retrouvées aux alentours, il s’agit de la principale activité de cette zone. La fonction originelle des trois bassins, reliés par des canaux et installés près du ruisseau, n’a pas pu être déterminée avec certitude, mais l’utilisation de la force hydraulique a pu être exclue. Suite à leur destruction par des crues successives, les bassins ont été utilisés comme dépotoirs et des meules à charbon ont été installées à proximité. Les rejets, en majorité des scories provenant de la zone d’activité, continuent de s’accumuler après l’abandon du charbonnage.

Comme pour la zone d’activité 3, la situation en pente a pro-voqué une érosion marquée de l’horizon archéologique, excep-tés les bassins et les alentours de la berge du ruisseau médiéval

qui furent épargnés (chap. 4.3.6). Ce fait rend l’interprétation de cette zone plus difficile ; la nature des vestiges ainsi que le pendage du terrain permettent cependant d’écarter la possibilité d’une ferme.

D’après la datation relative de la céramique et du mobilier métal-lique, cet ensemble n’a pas été fondé avant le dernier quart du 6e siècle et a été abandonné vers la fin du 7e siècle (CAJ 14, chap. 6.4.5 ; CAJ 15, chap. 5.5). Les analyses 14C permettent de préciser encore davantage ce cadre chronologique, entre la fin du 6e et le début du dernier quart du 7e siècle (CAJ 13, chap. 9.5). Les quelques tessons plus récents, trouvés à la limite occidentale des bassins, proviennent probablement de la zone d’activité 3 (CAJ 15, chap. 6.4.3). La séquence stratigraphique observée dans les bas-sins permet de reconnaître plusieurs phases d’occupation dis-tinctes. Elle commence avec l’aménagement des bassins pendant le dernier quart du 6e siècle, bassins détruits peu après par une crue importante. Le charbonnage et le rejet de scories commen-cent une décennie après la destruction des bassins ; ces derniers précèdent donc nettement les activités sidérurgiques. Une fois le charbonnage arrêté, les scories continuent d’être rejetées dans les bassins, jusqu’à l’abandon de la zone avant la fin du 7e siècle (CAJ 13, chap. 9.4.2).

L’aménagement des bassins coïncide chronologiquement avec une phase de construction majeure des fermes orientales. En l’ab-sence d’indices de tannage ou de travail des textiles, cela parle en faveur de l’hypothèse de bassins ayant servi pour stocker du bois de construction. La transformation des troncs abattus en planches et en poutres est en effet facilitée si le bois est maintenu mouillé (communication personnelle de R. Marti).

L’activité principale pratiquée dans la zone d’activité 4 reste cependant liée à la sidérurgie (fig. 82). Près de 2,7 tonnes de sco-ries, soit les deux tiers des déchets métallurgiques du site, ont été mis au jour dans cet ensemble, la plupart concentrées dans un dépotoir recouvrant les bassins (CAJ 14, chap. 6.1.5). Les activités de charbonnage attestées en bordure de cette zone de rejet sont également liées à la sidérurgie (CAJ 13, chap. 17.4.4). L’érosion a apparemment détruit une partie des structures de combustion réservées au travail du fer : seules deux furent épargnées (CAJ 14, chap. 6.2.4).

Quelques traces discrètes et difficilement interprétables d’autres activités artisanales ont toutefois été observées. Ainsi deux des fosses ne se prêtaient guère à une utilisation primaire liée à la sidérurgie (CAJ 13, chap. 9.3.1). Le mobilier retrouvé dans la zone de rejet ZR5, à l’emplacement des bassins, compte d’ailleurs une proportion non négligeable de tessons de céramique et de restes de faune (fig. 44). La vaisselle est même caractérisée par des pro-portions particulièrement élevées de récipients à boire, souvent de qualité (gobelets de céramique fine et en verre ; chap. 9.3.3). Or, vu l’absence de structures liées à l’habitat et la topographie peu propice à l’installation de maisons, nous interprétons ces ves-tiges comme des restes de repas préparés et consommés dans les ateliers de forge. Les artisans ne se privaient apparemment pas de manger « comme il faut », même sur les lieux de travail.

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12.2.6 La ferme 3

La ferme 3 se situe 250 m à l’est de la ferme 2, sur la rive droite du ruisseau, sur un terrain relativement plat, délimité au nord par un ancien méandre du cours d’eau (fig. 2). La zone d’activité 4 se trouve à 40 m à l’ouest, la ferme 4 à 60 m à l’est. La surface occupée originellement par les structures de la ferme 3 n’a proba-blement pas dépassé 1200 m² (fig. 76).

Les traces de trois bâtiments à poteaux ont été détectées dans cette ferme (dépliant). Il s’agit d’une maison, d’un bâtiment annexe de taille moyenne – éventuellement une seconde habitation moins importante – et d’un petit bâtiment annexe de type grenier ou remise. Une petite fosse, une concentration de calcaires brûlés et une zone de combustion ont aussi été mises au jour. Toutes ces structures appartiennent à une seule phase d’occupation. D’après les dates 14C, la ferme aurait été édifiée à la fin du 6e siè-cle et abandonnée vers 660 (CAJ 13, chap. 10.6). L’étude de la céramique indique une fondation légèrement plus précoce, dans

la deuxième moitié du 6e siècle, et un abandon vers le milieu du 7e siècle, à un moment où toutes les autres fermes sont encore habitées, à l’exception de la ferme 6 (CAJ 15, chap. 5.6). La ferme 3 est réservée pour l’essentiel à des activités domestiques (fig. 83). Les traces d’artisanats particuliers font largement défaut. Cependant, des quantités relativement importantes de tuiles recy-clées et de calcaires brûlés ont été observées directement au nord de l’enclos a, formant un « effet de paroi » (chap. 5.7 et 9.1.2 ; CAJ 13, chap. 10.5.2). Les foyers associés aux bâtiments A et B ayant été équipés de couronnes en blocs de molasse, l’origine pré-cise de ces tuiles et de ces calcaires nous échappe, mais ils doivent résulter d’une activité de combustion.

En dehors de l’habitation principale, une construction soignée à nef unique comme dans la ferme 4, la ferme 3 paraît compter une habitation secondaire et contemporaine (bâtiment B). Aucune cabane en fosse n’est par contre présente.

Fig. 82 Scène de vie dans la zone d’activité 4 vers le milieu du 7e siècle, vue depuis le sud-est. Des forgerons sont en train de travailler le fer dans le bas foyer 15. A gauche, des scories sont rejetées dans la fosse 13. En arrière-plan, une meule à charbon est aménagée à l’ancien emplacement des bassins.

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Fig. 83 Scène de vie dans la ferme 3 vers 620. Vue intérieure de la maison A depuis sa paroi septentrionale. Le foyer 64, seule source de chaleur, est à l’arrière-plan.

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12.2.7 La ferme 4

La ferme 4 se situe 60 m à l’est de la ferme 3, sur un terrain relati-vement plat, délimité au nord par un ancien méandre du ruisseau La Pran (fig. 2). A l’est, elle est séparée de la ferme 5 par un espace de 50 m, également occupé par un ancien méandre du ruisseau. D’après les structures, la surface initiale de cette ferme n’a proba-blement pas dépassé 1100 m², même si le mobilier associé présente une distribution nettement plus large (env. 2200 m² ; fig. 76). Les traces de quatre bâtiments y ont été mises au jour (dépliant). Il s’agit d’une maison, d’un bâtiment annexe de taille moyenne, d’un petit bâtiment annexe de type grenier ou remise et d’une cabane en fosse. Ils étaient accompagnés d’une grande fosse et d’une concentration de calcaires brûlés. Toutes ces structures appartiennent à une seule phase d’occupation.

D’après les dates 14C, la ferme aurait été établie au tout début du 7e siècle et abandonnée vers 660 (CAJ 13, chap. 11.5). Les études typologiques de la céramique et des objets métalliques permet-tent d’avancer une date similaire pour le début de cette occupa-tion mais suggèrent un abandon plus tardif, vers la fin du 7e siècle (CAJ 14, chap. 6.4.7 ; CAJ 15, chap. 5.7). Les bâtiments de la ferme appartiennent cependant à une seule phase d’occupation ;

le plan de l’habitation ne comporte d’ailleurs aucune trace évi-dente de réparation. Nous avons estimé la durée de vie d’une telle maison à environ 50 ans (CAJ 13, chap. 17.14.3), ce qui est nettement inférieur à la fourchette chronologique suggérée par l’analyse typologique du mobilier. Comment résoudre cette contradiction ? Nous proposons de dater l’occupation de la ferme entre environ 610 et 680. Le plan très régulier du bâtiment A indique que cette maison a été construite avec un soin particulier (CAJ 13, chap. 11.3.1), le rendant éventuellement un peu plus résistant aux ravages du temps. Selon cette hypothèse, les quel-ques objets plus anciens – il s’agit essentiellement de récipients céramiques (CAJ 15, chap. 5.7) – avaient déjà un âge certain au moment de la construction de la ferme 1. Avant l’abandon de cette dernière, la cabane en fosse D a été délaissée suite à une inonda-tion, sans être remplacée (fig. 84 ; CAJ 13, chap. 11.3.4).

D’après la répartition du mobilier, le bâtiment principal a été entouré d’un cordon large de 1,5 m et encadré par deux cours, situées respectivement au nord et au sud de la construction. Ces espaces, largement démunis de déchets et matérialisés par des « effets de paroi », ont probablement été démarqués par des barri-cades ou des enclos, qui n’ont cependant pas laissé d’autres traces (chap. 8.5).

Fig. 84 Scène de vie dans la ferme 4 vers 630, vue depuis le ruisseau. Au premier plan, la cabane en fosse D est en cours de destruction par une inondation. Le grenier C, le bâtiment annexe B et la maison A sont à l’arrière-plan.

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La ferme est principalement réservée à des activités domestiques. Comme dans la ferme 3, des quantités relativement importan-tes de tuiles recyclées et de calcaires brûlés ont été observées (chap. 5.8 ; CAJ 13, chap. 11.4.2). L’origine précise de ces déchets, sans doute liés à une activité de combustion, nous échappe. La dépression laissée après l’abandon de la cabane en fosse D a été réemployée pour installer une petite meule à charbon. Les traces d’une autre activité artisanale font défaut.

Les similitudes entre les fermes 3 et 4 ne s’arrêtent pas à la com-position des déchets et, par conséquent, aux activités qui s’y sont déroulées. L’architecture des habitations est également très sem-blable, tout en étant bien différente de celle observée dans les autres fermes (CAJ 13, chap. 17.1.2). Il est alors fort probable que ces deux maisons aient été construites par les mêmes personnes. La datation du mobilier et des structures permet cependant d’écar-ter l’hypothèse d’une simple succession de deux unités occupées l’une après l’autre par une seule « famille ». Certes, l’occupation de la ferme 3 commence plus tôt ; mais au moment de son abandon, vers le milieu du 7e siècle, la ferme 4 est occupée depuis quelques décennies déjà. Le lien indéniable entre les deux unités a donc une autre origine.

12.2.8 Le sondage T1

Le sondage T1 a été réalisé à 30 m au nord-est de la ferme 4, sur un terrain relativement plat au nord du ruisseau moderne (fig. 2). Une concentration d’objets du Haut Moyen Age y a été mise au jour, insérée dans une séquence de sédiments alluviaux. On se situe donc à l’intérieur d’un chenal datant de la période mérovingienne (CAJ 16).

La concentration d’objets consiste essentiellement en un amas de scories de fer de 22 kg recouvrant une surface de 1,4 x 0,5 m (CAJ 13, chap. 12.2 ; CAJ 14, chap. 6.1.8). Quatre tessons de céra-mique, cinq fragments d’os et quelques fragments de bois y sont associés. La céramique permet de dater la concentration du 6e ou 7e siècle, sans plus de précision (CAJ 15, chap. 5.8).

Il s’agit de toute évidence d’une zone de rejet. L’origine de ces déchets, un atelier de forge, se situe sans doute en dehors et au nord de l’emprise de la fouille. L’intérêt de cette découverte réside principalement dans le fait qu’elle documente la présence d’une unité supplémentaire (ferme ou zone d’activité ?), située entre les fermes 4 et 5 mais sur la rive opposée du ruisseau. De plus, l’aménagement d’une zone de rejet à l’intérieur du lit du ruisseau documente un comportement de rejet intéressant, à savoir l’ache-minement d’une part des rebuts à une distance certaine de leur lieu de production (chap. 8.6 et 9.3.2).

12.2.9 La ferme 5

La ferme 5 se situe 50 m à l’est de la ferme 4, sur un terrain plat délimité au nord et à l’ouest par un ancien méandre du ruisseau (fig. 2). A l’est, elle est séparée de la ferme 6 par un espace de 40 m, dépourvu de structures et de mobilier, occupé lui aussi par un autre ancien méandre. Les structures de la ferme 5 s’étalent sur une surface de 2500 m², mais le mobilier associé présente une

distribution un peu plus large (fig. 76). La limite sud-ouest de l’ensemble n’a pas été atteinte lors des travaux.

Les restes de treize bâtiments ont été reconnus (dépliant). Leur situation et leur orientation permettent de les regrouper en trois ensembles (CAJ 13, chap. 13.6.2). La maison A, accompagnée par les deux greniers ou remises E et F, la cabane en fosse J et les vestiges mal conservés d’un bâtiment de cuisine forment l’en-semble central. Le bâtiment B, les greniers ou remises G, H et I et les cabanes en fosse K et L forment l’ensemble oriental. Les bâtiments C et D, en limite méridionale de la surface fouillée, semblent annoncer un troisième ensemble. En dehors des bâtis-ses, un puits, une dizaine de fosses et une tombe complètent l’in-ventaire des principales structures découvertes.

L’habitation A se distingue par une architecture très particulière : elle est construite sur un solin de pierres espacées et possède une galerie longeant ses façades est et sud (fig. 85 ; CAJ 13, chap. 13.3.1). La cuisine, dont le plan n’a pas pu être reconstitué avec certitude, a probablement aussi été construite sur un solin en pierres espacées (CAJ 13, chap. 13.5.1). Le bâtiment B, interprété comme une habitation probable, ainsi que les bâtiments annexes C à I, sont quant à eux des constructions à poteaux « tradition-nelles ».

D’après les dates 14C et la typologie du mobilier, la ferme aurait été fondée pendant la deuxième moitié du 6e et abandonnée avant la fin du 7e siècle (ibid., chap. 13.6). Deux phases de construction ont pu être observées : les greniers ou remises E et F, érigés immé-diatement à l’est de la maison A, ont été démontés pour faire place à la galerie ajoutée à cette habitation (ibid., chap. 13.3.3). L’analyse de la répartition du mobilier céramique permet d’écarter l’hypothèse d’une succession chronologique entre les habitations B et A, proposée après l’étude des structures (ibid., chap. 13.6.2). En fait, il semble que l’occupation de ces deux constructions ait été largement contemporaine (chap. 7.2).

L’incendie, qui a détruit la maison A et le bâtiment de cuisine, a provoqué l’abandon de la ferme (ibid., chap. 13.5.1). Quelques traces d’incendie ont également été observées sur le bâtiment B (ibid., chap. 13.3.1). La durée de vie potentielle d’un bâtiment érigé sur un solin en pierre est considérable et la proposition que le bâtiment A et la cuisine aient existé pendant toute la durée de l’occupation de la ferme est donc soutenable. Le bâtiment B, construction à poteaux dont le plan ne démontre aucune répara-tion, n’a par contre guère pu fonctionner plus d’un demi-siècle (ibid., chap. 17.14.3). Par conséquent, si les trois bâtisses ont été détruites lors du même incendie – une hypothèse cohérente avec les traces de feu observées – la construction de la maison B n’a pas pu intervenir avant le deuxième quart du 7e siècle et donc bien après celle du bâtiment A et de la cuisine. L’insertion chro-nologique précise du troisième ensemble de constructions (les bâtiments annexes C et D) n’a pas pu être déterminée.

L’occupation de la ferme 5 a donc commencé avant la fin du 6e siècle avec la construction de la maison A, accompagnée des greniers ou remises E et F et d’un bâtiment de cuisine séparé.

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Après quelques décennies, la ferme a été agrandie vers l’est avec la construction du bâtiment B, qui représente probablement une deuxième habitation ou alors un grand bâtiment annexe de type grange ou étable. Une galerie est ajoutée à la maison A et les gre-niers ou remises E et F sont démontés. Avant la fin du 7e siècle, tous les bâtiments principaux de la ferme sont détruits lors d’un incendie, ce qui provoque son abandon complet.

La ferme est surtout réservée à des activités domestiques. Les 125 kg de scories de fer retrouvés à l’intérieur de l’ensemble indi-quent cependant la présence d’un atelier métallurgique, localisé probablement dans l’angle nord-est de l’ensemble mais détruit par l’érosion (chap. 8.7). Les traces évidentes d’une autre activité artisanale font défaut.

Le mode de construction particulier de la maison A, la présence d’un bâtiment de cuisine séparé et le mobilier abondant et diver-sifié (CAJ 14, chap. 6.4.8 ; CAJ 15, chap. 5.9) donnent à l’ensem-ble central un caractère « imposant ». Notons également la taille de la ferme, qui dépasse largement celle des autres unités situées sur la rive sud du ruisseau (fermes 3 à 6 ; fig. 76).

12.2.10 La ferme 6

La ferme 6 se situe à l’extrémité orientale de l’habitat, 40 m à l’est de la ferme 5, sur un terrain plat délimité au nord et à l’ouest par un ancien méandre du ruisseau. La surface occupée par les structures de la ferme 6 n’a probablement pas dépassé 1500 m² et le mobilier associé présente une distribution à peine plus large (fig. 76).

Les traces de dix bâtiments ont été relevées (dépliant). Il s’agit de l’habitation A, située dans la partie septentrionale de l’en-semble, ainsi que des bâtiments annexes B à J, à quatre ou à six poteaux, localisés dans la partie méridionale de la ferme (CAJ 13, chap. 14.3). Un bas foyer, trois fosses et un foyer se situent au nord-ouest, dans un espace non occupé par les bâtiments. D’après les analyses 14C, l’occupation de la ferme 6 correspond à une période couvrant grosso modo les deux premiers tiers du 7e siècle (ibid., chap. 14.6). La datation relative obtenue par l’étude du mobilier céramique restreint davantage cette plage chrono-logique en suggérant un abandon vers le milieu du 7e siècle (CAJ 15, chap. 5.10). Notons cependant la présence d’une boucle

Fig. 85 Scène de vie dans la ferme 5 vers 670, vue depuis le sud-est. Un notable visite les lieux. Le bâtiment de cuisine est à gauche de la maison A, la cabane en fosse R à droite.

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d’oreille en bronze plus récente (CAJ 14, chap. 6.4.9). Cet élément mis à part, les quelques autres objets métalliques caractéristiques indiquent également une période d’occupation correspondant à la première moitié du 7e siècle.

A l’intérieur de la maison A, la présence de trois trous de poteau rebouchés intentionnellement indique que ce bâtiment a été précédé par d’autres aménagements et correspond donc à une deuxième phase de construction (CAJ 13, chap. 14.3.1). L’analyse de la répartition du mobilier céramique permet de préciser cette réflexion (chap. 7.2). La céramique datant du milieu du 7e siècle a été trouvée uniquement à proximité du bâtiment A ; plus au sud, à l’emplacement des bâtiments annexes B à J, tous les tessons datés sont plus anciens (fig. 37). La première occupa-tion de l’ensemble, datant probablement du premier quart du 7e siècle, correspond donc à la mise en place de nombreux petits bâtiments de type grenier ou remise. A ce moment-là, l’unité est donc plutôt une zone d’activité qu’une ferme. La construction de l’habitation remonte probablement au début du deuxième quart du 7e siècle. Les nombreux bâtiments de stockage semblent avoir été abandonnés en même temps. La durée de l’occupation de la

maison A, qui possède d’ailleurs un plan plutôt irrégulier (CAJ 13, fig. 198), a dû être relativement brève et ne dépasse guère deux décennies.

L’analyse de la répartition du mobilier, qui met en évidence deux zones de rejet bien séparées, suggère que l’utilisation du bas foyer est contemporaine de l’occupation du bâtiment A (chap. 8.8). Le