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NOTES DE L'INTRODUCTION

1.2. Caractérisation de la valeur

2.2.1. La valeur d'"intensif"

Ces variations peuvent être ramenées à un changement d'organisation thématique de l'énoncé. Pour simplifier considérons que la relation sera toujours du type <a / rb>. Dans les exemples qui nous occupent, le choix du terme thématisé donne lieu à trois possibilités:

1) "a" est le terme thématisé: "Ton chien, il est gentil".

2) "rb" est le terme thématisé: "Qui est-ce qui est gentil? Ton chien, il est gentil".

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3) Il n'y a pas de terme thématisé la relation <a/rb> est repérée en bloc par rapport au repère situationnel: "Il est gentil, ton chien"!

L'"appréciatif" correspond au cas 1). L'"intensif" correspond au cas 3).

Ce mode d'organisation de l'énoncé (cas 3) permet d'expliquer pourquoi la surprise est le contexte privilégié d'apparition de l'"intensif". Revenons à l'étude de l'exemple- type: "Il est bien ridé, cet homme!".

2.2.1.1. Primauté de la construction temporelle

A. Construction d'une occurrence pi de P.

1) L'énonciateur n'a pas d'attente particulière en ce qui concerne le vieillissement ou pour quoi que ce soit d'autre, d'ailleurs. Il constate qu'une relation <lui / être ridé> est vérifiée indépendamment de toute attente ou de tout calcul de sa part. Celas'imposeàlui. La relation <lui/ être ridé> est repérée en bloc, indépendamment de toute prise en charge subjective, par

rapport au pôle temporel To.

Dansl'"intensif",la"nécessité"descontextesde"surprise"correspondà laprimautédurepéragetemporeldel'occurrencepi (de 'être ridé') parrapportàtouteconstructionsubjective.

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Maisiln'yariensurleplansubjectifquipermetted'évaluercequiestconst ruitsurleplantemporel.L'occurrencepiestdoncqualitative-

mentinstable. Les opérations dont bien est la trace (§B.1 et §B.2) et que nous allons décrire débouchent sur l'ajustement de ces deux plans à partir du plan temporel.

3)

L'énonciateurreconstruitaposteriorisurleplansubjectiflavaleurptel lequ'elleestvérifiéesurleplantemporelparl'occurrencepi. Le complémentaire p' de p se définit comme autre-que-p, rétrospectivement il peut apparaître comme ce à quoi on pouvait "normalement" s'attendre dans le contexte de l'énoncé. Le complémentaire p' correspond à une zone qui est la Frontière du domaine de P. Ce mouvement, déjà décrit par J-J Franckel (1986, p53) (3) comme la "construction rétrospective du validable" est tout à fait différent de celui qui consiste à délimiter p dans l'"appréciatif". Ici p n'est que le transfert sur un autre plan d'une valeur (pi) déjà construite indépendamment du sujet. p apparaît comme une valeur délimitée "objectivement" contrairement au statut de p dans l'"appréciatif".

B. Il s'agit d'une altérité par défaut.

1) Dansundeuxièmetemps,

l'énonciateurvacomparer(opérationdeparcours) pi avec p. Ce que nous proposons de gloser ainsi: "Etant donné une occurrence

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localisée pi de P, je reconstruis cette valeur sur le plan subjectif telle que je la perçois et je vérifie que je ne me trompe pas" (4).

Cette opération peut paraître illogique, elle est pourtant très "perceptible" dans des énoncés comme les suivants:

Je ne rêve pas! Pince-moi!

Il s'en va! Mais c'est pas vrai! Tu vois ce que je vois?

L'opération de parcours va consister à rechercher une éventuelle différence entre pi et p. Le résultat est qu'en partant de pi on n'arrive pas à stabiliser du p'. Il n'y a pas de différence (du autre-que-p) entre pi et p. La relation pi--p est profondément différente dans l'"appréciatif" et dans l'"intensif". Dans l'un, il s'agissait de prendre en compte une altérité qui préexistait par construction au parcours. Dans l'autre, c'est d'une altérité supposée qu'il s'agit ("altérité par défaut").

2)

Etantdansl'impossibilitédestabiliserdup',onenconclutquefinalement pi seramèneà p. L'identification à p fournit à pi le statut qualitatif stabilisé qui lui faisait défaut. Et comme p a été construit à partir de pi, il ne s'agit pas d'une appréciation subjective mais d'un "constat".

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Cette description nous permet d'ores et déjà de distinguer formellement l'"intensif" de l'"appréciatif".

2.2.1.2. Bien et l'"intensif"

Les valeurs p et p' correspondent à des zones dans les- quelles on trouvera des degrés de "vraiment p" et des degrés de "plus ou moins p". Il s'agit d'altérité faible. Sur ce point l'"intensif" ne se distingue pas de l'"appréciatif". Il vérifie comme lui le deuxième critère:

C.2. L'altérité est de type I/F.

La différence est ailleurs. Elle tient à la primauté de la construction temporelle de pi par rapport à toute autre construction subjective sur p,p'. Cette primauté a comme conséquence que l'"intensif" ne vérifie pas le critère 1 ("Le terme de référence est préconstruit"). Il est nécessaire pour rendre compte de cette valeur de mettre en place un nouveau critère (le troisième) que nous écrirons ainsi:

C.3. Le terme de référence est construit a posteriori.

Si on veut la définir "en plein" on peut toujours dire que l'"intensif" (comme l'"appréciatif") est une valeur de "valuation". C'est vrai parce qu'avec l'"intensif" la question de la validation est déjà réglée et tout simplement parce qu'elle

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vérifie le deuxième critère. Mais l'"intensif" ne peut pas être considéré comme une valeur de "conformité" puisque le terme de référence n'est pas préconstruit. Il s'agit de décrire le mouvement qui identifie pi à p. On sait qu'il n'y a pas de différence entre ces deux termes (sinon par l'origine des plans sur lesquels ils sont construits) et que la délimitation de p n'est pas attribuable à So. L'identification est un "constat". L'"intensif" est une valeur de "constat".

On nous dira que tout ceci distingue peut-être les deux valeurs mais n'explique pas pourquoi l'"intensif" s'accompagne souvent de connotations négatives (par exemple la glose "trop" (5). Doit-on les rapporter au contexte notionnel, à certaines catégories de procès, ou sont-elles inhérentes à la construction même de la valeur?