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Caractérisation des deux valeurs

NOTES DE L'INTRODUCTION

1.2. Caractérisation de la valeur

1.3.4. Caractérisation des deux valeurs

Soit l'exemple suivant:

QUICK (les "fast-food") est cruel, même avec son élite. L'homme que Suker (le mauvais nouveau patron) a remplacé fut remercié parce qu'il était "bien" disent les équipiers qui ont connu son époque. Ils ont du mal à définir ce "bien": "juste" parce que "neutre", "d'humeur égale". Ils cherchent encore et s'accordent: "le contraire du nouveau boss". (B. Grosjean in L'événementdujeudi, n°259, du 19/10/89, p106)

-"il est bien" peut s'interpréter: "il dirige bien, il parle bien, il paye bien, il conseille bien etc ...". Notre difficulté est liée à la structure syntaxique "être + bien". Pourrendrecomptedel'existencedecetteinterprétationnousdevonsécrir ecettestructure: "être+bien+(Y)",(Y)étantl'image (14) detouslestermesquipeuventinstanciercetteplace.

On peut dire que "quelle que soit" la valeur envisagée (opération de parcours sur une classe) la relation sera validée "comme" on peut attendre qu'elle le soit (opération d'identification). Il

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faut souligner que le terme de référence se définira toujours comme un "êtrecommeilfautêtre" en raison de sa nature "d'image" d'une classe de valeurs. Il s'agit donc d'un terme préconstruit (critère C.1).

Voyons maintenant un exemple de "bien-être":

Là, je suis bien, il peut commencer.

-"je suis bien" peut s'interpréter: "je me trouve bien comme je suis, ,je suis bien assis, je me sens bien dans ce fauteuil, je suis bien là, je suis bien à t'écouter etc...". Tous les prédicats ne sont pas envisageables, il est impératif qu'il s'agisse d'un procès spécifiable (possible) dans la relation <je / être ( )> telle qu'elle est repérée en Sito. Autrement dit ilfautqueleprocèscorrespondeàlasituationdanslaquellesetrouvel'éno nciateur (auquel renvoie je). Ce procès pi est évalué par rapport à un terme de référence préconstruit qu'on peut gloser comme étant "cequeSosouhaitequesoitpenSito". On peut le vérifier aux contraintes qui pèsent sur les exemples suivants:

+ Là, je suis bien tu peux commencer. ? Je suis bien, tu peux commencer. + Ah! On est bien chez toi, dis donc!

? On est bien tous les jours, depuis une semaine. ? C'est un homme qui est bien.

+ Aucun doute, le corps est détendu, la position n'est pas rigide, c'est un homme qui est bien.

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Dans les deux cas le calcul est fait relativement à un terme de référence déjà construit (premier critère) et il s'agit de valeurs de valuation (deuxième critère), il s'agit donc bien d'"appréciatif" mais qu'est-ce qui les différencie?

La variation sur la nature du terme (classe de procès ou procès spécifiable) sur lequel porte la détermination n'est possible qu'à une seule condition: qu'il s'agisse d'une place vide. Alors deux possibilités et seulement deux sont ouvertes:

-"déontique": on envisage la classe des procès pouvant instancier la place.

-"bien-être": on envisage le procès (spécifiable) localisé en to comme instanciant cette place.

Toute autre possibilité suppose une spécification effective du procès qui nous ferait retomber dans le cas d'un "appréciatif" ordinaire.

L'existencemêmededeuxvaleurs (telles que nous venons de les décrire)

aulieud'uneseuleestl'indicationtangibleque"bien"doitêtreencoreici considérécommeunadverbe; avec un adjectif ce type d'ambiguïté est peu plausible.

Nous avons mis en évidence l'importance de la nature du procès qui doit instancier la place (Y) (classe de procès vs

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procès spécifiable). C'est le critère essentiel de différen- ciation. Le second met en jeu le sujet de l'énoncé, nous allons voir qu'il s'agit en fait d'une conséquence du premier.

La relation S1 (sujet de l'énoncé) / So (énonciateur) distingue clairement le "déontique" du "bien-être". Quand S1 est différent de So on a le "déontique", mais quand S1 renvoie à So on a le "bien-être". Ainsi:

Ah! je suis bien là! Tu peux commencer.

Dans le cas du "bien-être" pour que So puisse trancher le rapport entre le terme de référence et l'occurrence localisée sur le plan factuel, il est indispensable que S1 = So puisque S1 est le seul repère à partir duquel on puisse connaître la valeur de (Y). Si, a contrario, on voulait attribuer aux propriétés primitives de bien l'origine de cette valeur, il faudrait expliquer pourquoi ce type d'interprétation n'apparaît pas ailleurs, et cela semble impossible. La question complémentaire est: "Pourquoi ne retrouve-t-on pas le même effet de sens avec le "déontique" puisque, malgré tout, la structure syntaxique est la même?

Avec le "déontique", le sujet de relation est normalement à la troisième personne: "Il est bien, lui, tu peux l'engager". A la première personne, soit l'énoncé est bizarre ("Je suis bien"), soit on a établit contextuellement une forme d'altérité entre So et S1 (à la première personne) de telle sorte que l'énoncé est

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Je serai bien, ne vous en faites pas.

Là, je suis bien, mais alors sur cette photo! J'étais bien, autrefois...

Si So est dans une relation d'identification stricte avec S1 (cas de l'énoncé bizarre "Je suis bien"), il ne peut se prononcer que sur To, or le "déontique" suppose qu'on envisage tout Sit, il est donc nécessaire que So se différencie de S1 pour pouvoir valider la relation pour tout Sit.

Pour spécifier ce qu'ont de caractéristique ces deux formes d'"appréciatif (15) nous écrirons:

"déontique": S1 # So et (Y) est une classe de procès. "bien-être": S1 = So et (Y) est un procès spécifiable.

tout en sachant qu'elles vérifient les critères généraux de construction de la valeur .

En résumé

L'"appréciatif" est une valeur de bien qu'on peut caractériser à partir des critères suivants:

C.1. Le terme de référence est préconstruit.

69 NOTES DU CHAPITRE I (1): J. GIRODET., (1981), Piègesetdifficultésdelalanguefrançaise, Bordas, éd de 1986, 896p. (2): P. DUPRE., (1972), Encyclopédiedubonfrançaisdansl'usagecontemporain, 3vol, Ed de Trévise, T1, 890p.

(3): A propos d'exemples comme "Balzac écrit bien" ou encore "Il a bien réussi (son examen)", Denis Slakta, dans LeMonde du 2/2/90, écrit "qu'il n'est pas douteux (...) qu'il s'agisse d'un adverbe de manière". voir "La vie du langage: 'L'horrible bien'", in LeMonde, n°14002, p30.

(4): J-Cl. CHEVALIER et alii, (1964),

GrammaireLaroussedufrançaiscontemporain, Larousse éd, 495p.

(5): Un énoncé n'est pas "acceptable" ou "peu acceptable" de manière absolue mais relativement à un autre énoncé auquel on le compare pour un contexte donné. Pour noter leur acceptabilité relative nous utilisons les symboles suivants:

? -L'énoncé paraît peu naturel dans le contexte où il se trouve

(pour une valeur donnée de bien). Il existe un autre contexte dans lequel il serait acceptable.

+ -L'énoncé paraît plus naturel que l'énoncé auquel on le

compare et qui est doté d'un "?".

* -L'énoncé nous paraît inacceptable quel que soit le contexte.

(6): Les "exemples-types" sont les exemples qui servent de base à notre démonstration. En général nous leur attribuons un numéro qu'ils conservent tout au long du chapitre où ils sont utilisés. Les exemples qui sont utilisés ponctuellement ou bien qui sont donnés à titre d'illustration ne sont généralement pas numérotés mais désignés par des lettres.

(7): A. CULIOLI., (1989), "La négation: marqueurs et opérations", in Lanotiondeprédicat, collection ERA 642, Université de Paris VII, pp 185-206.

(8): Le développement consacré à la structuration de la classe d'occurrences peut être décrit en termes de "domaine notionnel". Nous ne l'avons que modérément exploité pour ne pas alourdir une description déjà pesante mais voici brièvement ce qui pouvait être dit, dont nous empruntons l'essentiel à A. Culioli (1989):

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"On construit ainsi un agrégat d'occurrences, qui sont iden- tifiées à un type, centre organisateur du domaine notionnel par rapport auquel le sujet établit cette indiscernabilité des occurrences. Ainsi par voisinage, toute occurrence est identifia- ble à toute autre occurrence, ce qui assure cette équivalence minimale sans laquelle il ne pourrait y avoir production- reconnaissance de formes" (p 189). A priori le domaine se présente comme un ouvert. Ce qui correspond à un stade où les occurrences sont individuables (Qnt) mais non-distinguables sur le plan qualitatif. Le domaine se présente comme faiblement hétérogène, il n'a fait l'objet d'aucune opération de détermination.

Ensuite, situer une occurrence pi sur le domaine suppose une structuration du domaine en zones. On construira le domaine de la propriété P qui contient "toutes les occurrences jusqu'à la der- nière imaginaire qui quelles que soient les altérations, sont identifiables par la conservation de la propriété constitutive du domaine" (p 191). Sur ce domaine on construira deux zones l'Inté- rieur et la Frontière. La Frontière est une "zone de diffé- renciation", elle contient toutes les occurrences, dès la première (imaginaire), dont on peut dire qu'elles manifestent une altération, même infime, de la propriété constitutive du domaine". C'est la zone de ce qui est "plus ou moins p". L'Intérieur du domaine, est la zone de ce qui est "vraiment p" pour moi.

La mise en place de ces deux zones I/F correspond à ce que nous avons appelé une "construction subjective préalable". Une occurrence instable sur le plan qualitatif est une occurrence qu'on ne peut pas situer sur le domaine, on hésite entre I et F (voire entre I/F et E "l'Extérieur qui est vide la propriété constitutive, soit par altérité radicale, soit par inexistence" (p 191).

(9): La primauté de la construction subjective de p a pour conséquence l'instabilité qualitative de toute occurrence pi de P. Or "tout terme entrant dans (une) relation doit être nécessairement situé", voir A. CULIOLI., (1987), p10, "Formes schématiques et domaine" in Bulag, n°13, Université de Besançon, pp 7-15.

(10): A. CULIOLI., (1975), "Notes sur 'détermination' et 'quantification': définition des opérations d''extraction' et de

'fléchage'", in

Projetinterdisciplinairedetraitementformeletautomatiquedulangage, Université de Paris VII, 14p.

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autrement qu'indirectement, elle a cependant des correspondances pragmatiques et sémantiques tout à fait sensibles. Ainsi D. Slakta (1990, p30) dans un article où il cite A. Culioli (1978) n'hésite pas établir le parallèle suivant: "On utilisera plusieurs exemples, (...) et le concept de parcours: un locuteur peut en effet construire une classe de valeurs, les parcourir et sélectionner une des valeurs comme appropriée. D'emblée, on mettra en place un premier ensemble que la tradition grammaticale n'a pas entièrement méconnu. Hypothèse d'école: si un critique d'antan avance: "Balzac écrit bien", c'est qu'il a d'abord repéré une classe d'évaluation qui se développe de très bien à très mal en passant par bien, médiocrement et mal. Il parcourt cet ensemble d'où découle la sélection d'un degré: "Balzac écrit bien". (...) Dans tous les cas, l'évaluation ne vise pas un instant la quantité mais la qualité." (voir note 3).

A titre d'illustration nous voudrions donner l'exemple d'une phrase entendue à la radio (France-Inter, le 16/09/89) au cours de l'interview d'un célèbre metteur en scène d'opéras: "Oui, je gagne beaucoup d'argent, enfin, beaucoup, non mais je peux dire qu'avec mon métier je gagne bien ma vie". Nous avions été frappés par la mise en évidence contextuelle de l'indétermination de la relation <moi / gagner de l'argent> à travers les hésitations du locuteur.

(12): Les différences qu'on a pu relever entre notre ca- ractérisation et celle proposée par A. Culioli (1978) seront analysées au chapitre V au moment où nous abordons les exemples (type: "On achève bien les chevaux") qui servent de point de départ à la caractérisation d'A. Culioli.

(13): J-J. FRANCKEL., (1989),

Etudedequelquesmarqueursaspectuelsdufrançais, Droz éd, 472p.

(14): Nous employons "image", avec le sens que lui attribue A. Culioli (1974) qui réserve ce terme au "représentant dans l'énoncé d'une classe de valeurs imaginaires" par exemple Qui dans "Qui a ouvert la fenêtre?", "A propos des exclamatifs", p9, in Languefrançaise, 22, Larousse éd.

(15): Le "déontique" et le "bien-être" vérifient les critères de l'"appréciatif". Ce sont des spécifications locales de l'"appréciatif" et nous en avons donné les caractéristiques (relation S1--So et nature du procès) qui tiennent toutes deux à la structure syntaxique particulière de la suite "être + bien".

On peut concevoir une troisième valeur ainsi définie: S1 # So et (Y) est un procès spécifiable. Cette valeur existe. Elle apparaît lorsque (Y) fait l'objet d'une détermination

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contextuelle, comme dans: "Il est bien en cour". Les dictionnaires de même que M. Grevisse (§834, p877) ne manquent pas de citer quelques exemples de ce type comme: "Il est bien auprès de ses chefs".

Dans ces énoncés le terme qui instancie la place (Y) fait l'objet d'une détermination dans l'énoncé: "(en) cour" ou "(pour) ses chefs". Du coup, même si on envisage une classe de valeurs celle-ci fait l'objet de la détermination en question et on perd la connotation morale propre au "déontique" ('être homogène en tout Sit'). Nous attribuerons à cette troisième valeur des énoncés ayant une connotation ironique comme: "Il est bien lui!".

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CHAPITRE II

L'"INTENSIF"

Nous avons déjà évoqué l'"intensif" au chapitre précédent. Nous essaierons d'abord de l'identifier avant d'en donner une caractérisation. Nous aborderons ensuite la question du caractère (éventuellement) "détrimental" de cette valeur; nous voulons parler des connotations négatives qui peuvent l'accompagner.

2.1. Identification de la valeur

Dans cette section, nous allons voir ce qui différencie et ce qui rapproche l'"intensif" de l'"appréciatif" selon des critères sémantiques, grammaticaux et syntaxiques.

2.1.1. Critères sémantiques

L'"intensif" ne peut pas être glosé par "d'une manière satisfaisante". Ainsi dans l'exemple qui servira d'exemple-type pour notre analyse:

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Il est bien ridé, cet homme!

En revanche, il peut être glosé par "très", voire "trop", comme dans les exemples suivants:

Ce pays est bien arriéré, je ne sais pas si notre mission aura beaucoup de résultats.

Bernanos est bien surfait.

Tout cela est bien morcelé, que voulez-vous que nous fassions?

Ils sont de notre cru car les dictionnaires ne proposent pas d'exemples de cette suite syntaxique. Pour en trouver dans les dictionnaires il faut prendre en compte la suite "bien + adjectif". E. Littré (éd de 1963, p1011) donne "Une lettre bien longue", "Encore bien jeune", "Je suis bien malheureux"; on trouvera aussi "C'est bien simple", "Je suis bien aise" donnés par P.Robert (éd de 1966, p468).

Ces exemples de la suite "bien + adjectif" sont glosables par "très". Le rapprochement entre adjectifs et participes passés est donc sémantiquement justifié par la permanence de la glose "très" que l'on peut associer à bien dans les deux types d'exemples. Nous ne sommes évidemment pas les premiers à l'effectuer. A cet égard on peut citer P. Robert qui donne un exemple de participe passé "bien avancé" au milieu d'une série d'adjectifs. Plus récemment D. Slakta (1990) donne "bien fatigué" à côté de "bien content" et en général, les grammairiens se

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2.1.2. Critères grammaticaux

Les grammairiens s'accordent pour considérer que bien est un "adverbe d'intensité" lorsqu'il est suivi d'un adjectif ou parfois d'un participe passé. Mais la terminologie n'est pas stabilisée, M. Grevisse considère que l'"intensité" est une variante de la "quantité" qu'il oppose à la "manière". En revanche R.L. Wagner et J. Pinchon considèrent qu'il s'agit de trois classes de statut équivalent. Ces derniers s'appuient sur des critères syntaxiques:

1) bien est "adverbe de quantité" dans la suite "bien + nom" (§489, p412), comme dans: "Il a bien de la patience!", ou encore "J'ai déjà lu bien des livres mais jamais d'aussi stupide".

2) bien est "adverbe d'intensité" dans la suite "bien + adjectif", ou "bien + adverbe" (ou certains emplois de la suite "bien + verbe", §490, p413) comme dans "Vous êtes bien bon!", "Il est bien trop tôt pour se lever!" ou encore "Il est bien ridé, cet homme!".

3) bien est "adverbe de manière" dans certains emplois de la suite "bien + verbe" (§491, p416) comme "Aller bien".

Nous nous rangerons à leur avis en distinguant nettement la suite "bien + nom" que nous étudierons au chapitre III. La question sera alors de savoir si bien a les mêmes valeurs que

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dans la suite "bien + verbe" à laquelle nous allons d'abord nous intéresser (1).

2.1.3. Critères syntaxiques

Nous avons déjà évoqué les résultats négatifs de l'"intensif" aux tests syntaxiques de la question et de la négation. On acceptera moins bien:

? Est-ce qu'il est bien ridé?

? Il n'est pas bien ridé, dis-donc! que:

+ Est-ce que c'est bien dessiné? + Ce n'est pas bien orthographié.

En revanche bien commute toujours avec très mais pas avec très bien quand il s'agit d'un "intensif", et inversement quand il s'agit d'un "appréciatif":

à partir de la valeur d'"intensif" on acceptera plus facilement:

+ Bernanos est très surfait. + Il est très ridé, cet homme! que:

* Bernanos est très bien surfait. ? Il est très bien ridé, cet homme!

inversement à partir de la valeur d'"appréciatif" on acceptera plus facilement:

+ Ce devoir est très bien orthographié. que:

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? Ce devoir est très orthographié.

Que nous apprennent ces tests? Avec l'"intensif", on n'est pas en mesure de distinguer différentes occurrences (qualitativement différenciées) de la propriété considérée. Par contre on est à même de distinguer différents degrés de cette propriété. L'exemple-type ("Il est bien ridé, cet homme!") peut s'interpréter comme:

-un "intensif": en contexte de surprise, on ne considère qu'une seule occurrence et pour cette occurrence on envisage différents degrés de la propriété.

-un "appréciatif": en contexte de comparaison (cf le contexte du maquillage de l'acteur) on considère plusieurs occurrences de la propriété.

Comme on le voit, les tests ne sont pas directement pertinents, il est nécessaire pour trancher (distinguer l'"intensif" de l'"appréciatif") de revenir aux contextes. En quoi peuvent-ils être déterminants? (2).

2.2. Caractérisation de la valeur

Revenons à l'exemple "Il est bien ridé, cet homme". Le locuteur est surpris; la syntaxe est un indice certain, le terme sujet est renvoyé à la fin de l'énoncé. Si on déplace le sujet:

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"Cet homme est bien ridé" l'énoncé paraît moins naturel parce que c'est un ordre qui suppose plutôt l'assertion que la surprise. On vérifie cela sur un tout autre exemple:

Cette maison est belle.

n'implique pas forcément la surprise, en revanche:.. Elle est belle, cette maison.

s'interprétera plutôt comme une exclamation.

Ceci est confirmé par A. Culioli (1981, p70), il montre que "si l'on prend l'exemple:

Il est gentil, ton chien!

il est perçu en français comme un exclamatif (...mais que) Si l'on permute les termes:

Ton chien, il est gentil.

on perd la valeur exclamative". Comment doit-on interpréter ces variations?