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La sémiologie comme fondement de la méthodologie

Synthèse sur l’individualisation et le média interactif

Chapitre 3 La sémiologie comme fondement de la méthodologie

« Nous ne saurions accepter une conception selon laquelle la fonction symbolique viendrait se surajouter du dehors à l’image. Il nous paraît […] que l’image est symbolique par essence et dans sa structure même, qu’on ne saurait supprimer la fonction symbolique d’une image sans faire s’évanouir l’image elle-même. »

Jean-Paul Sartre, L’imaginaire, (1940, 1973 : 189).

Ce troisième chapitre est le dernier de la première partie, rendant compte de notre démarche abductive par rapport à la question du design interactif, suivant les variables esthétique, médiatique et sémantique. Il s’agit de tracer les dernières lignes de force qui positionnent notre recherche dans le champ théorique, avant de nous consacrer au dessin du motif dans la deuxième partie avec l’étude approfondie d’un modèle, et aux conditions d’exposition, à « l’accrochage » si nous suivons notre métaphore artistique, dans la dernière partie avec l’expérimentation d’oculométrie sur un groupe humain.

Les deux précédents chapitres ont développé les enjeux repérés autour des deux premières variables retenues : esthétique et médiatique. Le design interactif, à la fois concept de communication et langage visuel, responsabilise l’utilisateur. La posture générée par la délégation d’énonciation qui lui est faite questionne les formes de récit à travers l’expérimentation du métarécit. Si le concepteur de

Approches esthétique, médiatique, et sémantique du design interactif

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Christine Bréandon. Thèse de Doctorat. Université du sud Toulon-Var

l’application en reste l’auteur, l’utilisateur en est le révélateur puisqu’il décide de l’émergence effective du design selon ses choix personnels ; destinateur et destinataire se partagent ainsi la responsabilité comme « dessinateurs », selon des aspects différents néanmoins.

Nous abordons ce troisième chapitre qui présente comme couleur dominante la variable sémantique, et comme ligne de force notre démarche épistémologique. Dans un premier temps, nous étudions la dimension sémantique du design interactif qui pose la question du sens dans un système communicationnel malléable et individualisé. Nous convoquons alors le champ disciplinaire de la sémiologie et nous appuyons sur les travaux du sémioticien Charles S. Peirce, dont les visées pragmatiques et méthodologiques guident cette recherche. Le second temps est dédié à la définition du cadre théorique et du contexte motivant cette étude. Les choix méthodologiques sous-jacents à cette organisation sont alors clairement argumentés et les hypothèses de travail développées.

On s’interroge sur les conditions de transmission du message entre le concepteur et l’utilisateur, sur sa cohérence et son degré d’individualisation. Le message visuel est un code sensible à l’interprétation individuelle : d’une part, le code sémantique présente une polysémie intrinsèque liée à son imprécision structurelle et au contexte culturel, d’autre part l’interactivité produit nécessairement un métarécit individualisé. Du point de vue de son code comme des conditions de sa réception, le message visuel transmis par un design interactif est mouvant et pose la questionde la fiabilité et de la cohérence du message émis lorsqu’il est soumis à la contingence de sa réception. La notion de récit s’installe à la fois dans l’interactivité préméditée par le concepteur et dans celle, personnalisée, du métarécit en action (Bréandon et Renucci, 2012). Il s’agit d’analyser le fond, c'est-à-dire le contenu signifiant associé à ce que nous appelons sa surface sémantique : la polysémie irradie les parcours possibles, en s’articulant à la perception singulière.

Dans un contexte sémiologique, se pose la question des conditions exploratoires de la tension observée : le message émis par le design-eur est conditionné par le métarécit de l’utilisateur le révélant. Le message est à la fois polysémique et polymorphe.

Première partie : contexte de l’étude Chapitre 3: corpus, méthodologie, et sémiologie

 La question du sens d’un design interactif commande d’envisager le message des deux points de vue en présence, celui de l’émetteur et celui du récepteur, ce qui crée un troisième regard, celui du chercheur.

Cette tripartition se retrouve dans l’organisation générale de ce travail de recherche et induit une méthodologie triadique qu’il nous faut détailler. Faisant suite à une position épistémologique prise auprès de la phénoménologie d’Edmund Husserl, de l’herméneutique de Paul Ricœur, et de la sémiotique de Charles S. Peirce, une posture méthodologique se dégage, la méthode triadique prônée par Charles S. Peirce. Elle articule chronologiquement trois temps forts dans la démarche scientifique : les approches abductive, inductive, hypothético- déductive (l’abduction en pratique). Ces trois temps forts théoriques sont appliqués aux trois points de vue orchestrés (design-eur / chercheur / utilisateur).

Cette incursion dans l’analyse des points de vue de la réception des messages nécessite que soient abordées les références au champ théorique de la sémiotique, dans ses développements structuraux avec les travaux contemporains en droite ligne de ceux d’Algirdas J. Greimas et Umberto Eco, comme dans ses recherches pragmatiques avec les travaux de Bernard Darras et Jean-Jacques Boutaud. Les sémiotiques herméneutique, structurale, cognitive, et pragmatique, sont convoquées conjointement afin de dévisager le rôle du contexte dans l’interprétation. La sémiopragmatique est retenue pour l’analyse en pratique, dont rend compte la deuxième partie de ce rapport, mais nous montrons aussi que les recours aux outils de la sémiotique structurale et les références à la sémiotique cognitive sont utiles pour construire une sémiotique du design interactif. Un syncrétisme des différents courants de sémiotique est proposé comme ligne de conduite du chercheur.

Epistémologie

Notre terrain d’étude est essentiellement lié à des facteurs humains au travers des manifestations esthétique, médiatique, et sémantique du design interactif. L’objet de notre analyse, le design interactif, convoque la perception (manifestation sensitive), l’interprétation (cognitive), et la production d’une

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réponse (réactive) par un procès ontologique. Comme le tableau, le design interactif est une ressemblance, un bricolage d'images mentales issu d’une perception singulière du monde. Son immatérialité renforce notre conviction à le considérer comme une chose immanente. Le regard erre en son lieu, selon notre conscience existentielle. L’image actée renforce la responsabilité de l’utilisateur dans l’existence du design qu’il perçoit, puisqu’il le construit. Lorsque l’utilisateur de Car Par 1 génère l’apparition et le mouvement d’un oiseau, il en constate l’existence mais en conditionne l’émergence ; il en perçoit les caractéristiques intrinsèques tout en le considérant comme la continuité de son geste. Cette participation de son existence à celle de ce monde qu’il génère et perçoit provoque un hiatus de l’immanence du design interactif : le spect-acteur prend conscience d’un monde qu’il perçoit mais qui est issu de son geste transcendantal.

L’égologie d’Edmund Husserl

La perception et les choix de consultation propres délimitent l'existence du design interactif. La couleur, la signification, l’interactivité sont des phénomènes que l’on perçoit en regard de notre volonté à ce qu'ils existent. Selon Edmund Husserl, l'opération réductionniste conclue à la nécessité du moi pur et à la contingence de la chose comme du monde : « La position du monde qui est une position contingente s'oppose à la position de mon moi pur et de mon vécu égologique, qui est une position nécessaire et absolument indubitable. Toute chose donnée en personne peut aussi ne pas être, aucun vécu donné en personne ne peut ne pas être. » (Husserl, 1985, Lyotard, 2007 : 23). Le vécu égologique est ici compris comme indubitable puisqu'inhérent au phénomène de la perception. La perception n'est pas à comprendre seulement en termes psychophysiologiques, mais en tant que conscience de l'existant, suivant le schéma de la conscience intentionnelle d’Edmund Husserl : « la conscience est toujours conscience de quelque chose ». Notre vécu indubitable est issu du moi pur, qu’Edmund Husserl réduit à notre conscience actuelle du monde.

Première partie : contexte de l’étude Chapitre 3: corpus, méthodologie, et sémiologie

 La perception que nous avons d'une chose ne nous livre pas l'absolu de cette chose, mais l'imperfection d'une perception issue des flux de notre vécu.

Une chose est cette chose pour moi. L'intentionnalité du Je inclut le monde dans la conscience à travers la perception que nous en avons comme monde réel.

L'intentionnalité est le rapport du sujet et de la situation, nous précise Jean- François Lyotard (2007 : 53), soulignant ainsi qu'il n'existe pas une intériorité (psychique) qui s'opposerait à une extériorité (naturelle). Il cite Maurice Merleau- Ponty (1976) qui articule la structure du comportement autour du sens que l'esprit donne à la perception préréflexive: « Il n'y a pas d'homme intérieur, l'homme est au monde, c'est dans le monde qu'il se connaît ». Le monde est en référence au contingent, le Moi est affirmé comme existant. Il est alors à préciser la position de cette conscience par rapport au corps. Maurice Merleau-Ponty (1985) insiste sur la corporéité de la perception : c'est à travers le mouvement du corps opérant que la vision s'organise: « On ne voit que ce qu'on regarde ». Il rejoint la position phénoménologique d’Edmund Husserl en ce que la perception est assujettie au projet du Je : « Tout ce que je vois par principe est à ma portée, au moins à la portée de mon regard, relevé sur la carte du “je peux“. […] Le monde visible et

celui de mes projets moteurs sont des parties totales du même Être.110

L’égologie de la perception du design interactif prépare la question de l’existence objective du sens. Si la conscience intentionnelle constitue le cadre privatif de l’existence de l’objet observé, que devient le message induit par le concepteur ?

» (Merleau-Ponty 1985 : 17). Ainsi l’égologie représente le cadre perceptif capté par la conscience intentionnelle du sujet assorti de son corps en mouvement. L’existence de tel design interactif ne convoque pas seulement le mécanisme de la vision du spect-acteur, mais engage son corps entier par les conditions particulières de son émergence.

110 Souligné par nous.

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Christine Bréandon. Thèse de Doctorat. Université du sud Toulon-Var L’herméneutique de Paul Ricœur

L’explication des phénomènes par l’empirisme ne suffit pas à Paul Ricœur. La phénoménologie d’Edmund Husserl étudie les phénomènes pour autant qu’ils apparaissent à la conscience, et accepte que la perception d’une chose ne nous livre pas l’absolu de cette chose. Paul Ricœur réalise un dépassement de cette méthode descriptive pour atteindre à une intelligibilité totale du phénomène, d’un point de vue ontologique. La question de l’interprétation se trouve alors au centre de son herméneutique. Il recherche le processus concret qui constitue l’objet en médiateur « entre la préfiguration du champ pratique et sa refiguration grâce à la réception de l'œuvre ». Cette herméneutique est limitée à la réception singulière. Paul Ricœur (2004) s’interroge sur le retour à soi, sur l’individualisation de la compréhension de l’objet inférant à la contingence de sa perception. Quel rôle joue cette herméneutique dans la constitution de la subjectivité ? L’être appartient à l’objet qu’il interprète. Dans son ontologie de la compréhension, Paul Ricœur (2004) place l’activité de comprendre comme projet d’existence puisqu’il révèle la manifestation de l’être au monde. Alors que la phénoménologie d’Edmund Husserl place l’être comme fondamental à l’existence du monde par l’intentionnalité de sa perception, Paul Ricœur déplace le fondement de l’existence, de l’intentionnalité à l’interprétation, de la perception à la compréhension du monde. L’être fait partie du processus d’interprétation, même s’il le déborde. Ainsi l’individualisation perceptive relevée par la phénoménologie d’Edmund Husserl et Maurice Merleau-Ponty se double d’une singularité interprétative fortement contextualisée.

 Nous retenons l’approche originale de Paul Ricœur qui fait de l’objet, advenu à la conscience, le centre de la médiation entre son champ pratique de perception et sa réception intelligible de la part du récepteur.

L’ontologie de l’être est devenue une ontologie de la compréhension de l’objet par l’être, une ontologie de la médiation. Le design interactif, émergé du métarécit singulier d’un spect-acteur, est ainsi l’objet de la médiation entre la conscience existentielle et la compréhension que celui-ci a de l’objet. Les mécanismes de l’interprétation entrent ici en jeu et nous invitent à convoquer le champ théorique

Première partie : contexte de l’étude Chapitre 3: corpus, méthodologie, et sémiologie

de la sémiotique de l’image. Charles S. Peirce, en père fondateur du courant pragmatiste, retient notre attention avec sa philosophie de la signification.

La question du sens, interrogeant les conditions de sa construction, a animé plusieurs courants de pensée. Nous ne nous positionnons pas dans la tradition d'une philosophie positiviste construite sur les travaux de Ferdinand de Saussure (1995). L'écart entre le pragmatisme de Charles S. Peirce et la sémiologie des théoriciens européens se situe au niveau de la condition d'existence objective du sens. Pour les sémioticiens français et européens d’alors, le sens est immanent à l'objet et lui succède.

 Charles S. Peirce avance l’idée pragmatique selon laquellele sens est non pas attaché à l'objet, mais à son référent. De fait, l’interprétation est sans cesse mouvante, révisable, réinterprétable selon un contexte singulier.

Le sens est toujours en cours de réalisation et l'interprétation qui participe de ce processus est un work in progress américain. Pour reprendre la formule qui est centrale à la sémiotique, la question du sens se ramène à une action, à un mouvement, celui de la sémiose, jamais totalement achevée, qui favorise la prémisse de semiosis ad infinitum (Fisette & Peirce, 2005). Dans ces conditions, l'analyse sémantique vise à décrire non seulement le sens déjà là, mais également les nouvelles voies de signification possibles, et ce, même dans un champ prédictif.

Notre travail s’organise autour de l’objet d’analyse (design interactif) selon trois points de vue (design-eur, chercheur, utilisateur), qui font advenir trois réalités nuancées d’un même objet. De fait, il nous apparait cohérent d’adopter la conception triadique initiée par Charles S. Peirce dans le cadre de sa méthodologie de la recherche.

Si le croisement de ces trois observations enrichit notre connaissance de l’objet d’étude, nous gardons à l’esprit qu’une déduction réductionniste est impossible en regard de l’essence de l’intentionnalité, comme de la compréhension, propre à chacun.

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Christine Bréandon. Thèse de Doctorat. Université du sud Toulon-Var La logique de Charles S. Peirce comme méthode

La théorie logique de Charles S. Peirce est remarquable par sa distinction des trois modalités de la saisie des êtres (priméité, secondéité, tiercéité). Charles S. Peirce a reproché à Kant d'avoir négligé l'importance de l’inférence dans l'établissement du jugement (Kant, 2011, 1955). Décrire différentes catégories de la pensée ne peut suffire à établir les mécanismes du jugement si elles ne sont pas articulées à l'inférence du dialogue généré par leur mise en relation. On voit ici déjà dessinée la théorie sémiotique triadique dont Charles S. Peirce fait la science de base à toutes sciences naturelles et humaines. La logique de Charles S. Peirce propose un enchaînement élémentaire du type : abduction – induction – déduction (Everaert-Desmedt, 2011). La première approche, l'abduction, organise un processus d'hypothèse générale autour de la catégorie du sensible. Cette prise en compte de la dimension sensible du sujet nous paraît un point de départ constructif dans notre posture de recherche par rapport au phénomène de l’opérabilité du design.

L’abduction : priméité

La priméité (Firstness), dans la conception triadique du modèle mental initié par Charles S. Peirce, est la catégorie du sensible, de l’expérience émotionnelle potentielle (Tremblay, 1997). Comme chez Edmund Husserl, c’est l’être qui est placé au centre même de l'observation du phénomène en tant que sujet.

L'abduction nous permet de relever une intuition issue de l’observation d’un fait : l’interactivité implique une manipulation du design de la part de son utilisateur. Inférant directement l’hypothèse, ce phénomène constitue la prémisse mineure :

 Le design interactif génère une consultation opératoire de l’interface, le sujet y inscrit son corps et ses émotions à travers ses choix de manipulation.

La première partie de cetouvrage est consacrée au développement théorique lié à cette intuition de départ, sur les plans esthétique (perception), médiatique (réaction), et sémantique (interprétation). L’abduction sera mise en pratique

Première partie : contexte de l’étude Chapitre 3: corpus, méthodologie, et sémiologie

hypothético-déductive dans la troisième partie consacrée à la validation expérimentale. Cette première phase à caractère herméneutique, ne garantit pas que l'hypothèse soit vérifiée.

 Suivant le schéma de Charles S. Peirce, la phase d'induction vient renforcer, au moyen d'analyses de documents, le sentiment premier.

Selon Edmund Husserl, la perception que nous avons de ce-qui-est ne peut pas ne pas être ; nous percevons toujours quelque chose en regard de notre conscience singulière du monde. Cet aspect phénoménologique rend compte à la fois de la perception du visible mais également de la phénoménologie du singulier qui nous conduit à l'hypothèse d'un design égologique.

L’induction : secondéité

La secondéité (Secondness) est la catégorie de la vie pratique : réaction, existence, rencontre du sujet avec l’autre qui le singularise111

Cette phase inductive nous confronte à l’objet d’étude. En tant que chercheur, il nous appartient de définir notre lecture esthétique, médiatique et sémantique, à travers l’étude d’un exemple : le site Communicate de l’agence Hi-ReS!. La deuxième partie de cet ouvrage met en pratique l’analyse du point de vue du spécialiste, c'est-à-dire selon une réalité référentielle différente de celle de l’auteur comme de celle du récepteur. Il s’agit d’établir une cohérence interprétative autour de la notion de récit, à partir d’un code visuel partagé, celui induit par l’émetteur et celui construit par l’utilisateur. Cette démarche ne corrobore pas l’hypothèse, elle est un test de validation provisoire du dispositif d’étude. La démarche qualitative (de l’intention du design-eur et de l’analyse structurale du message

. C'est la conception de l’être relatif à quelque chose d'autre ; il y a rencontre avec le concret, c'est la catégorie de l'actualisation (Tremblay, 1997). La singularité de la perception rencontre la contingence du contexte. C’est l’existence, l’expérience, l’action- réaction. Il y a une inscription du temps, du passé, puisque la relation de cause à effet est ici introduite.

111 Si l’on admet un autre, c’est qu’il est différent de /je/, c’est que /moi/ a une définition et une limite.

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émis) permet de déterminer les spécificités communicationnelles du site Communicate.

 Les résultats qualitatifs ne font pas autorité pour avancer une généralisation, mais ils apportent un éclairage pratique sur la réception envisagée du message.

La polysémie et le polymorphisme latents observés sur l’exemple du design interactif retenu (site Communicate) nous permettent d’établir la stratégie expérimentale qui est rapportée dans la troisième partie de ce recueil.

 La prémisse majeure est à présent confrontée à la mineure : « L’interactivité du design implique une consultation singulière générant un métarécit unique contingent de ses conditions d’émergence ».

La déduction : tiercéité

La troisième phase de la logique peircienne est celle de la mise en pratique de l’abduction, plus communément signifiée sous l’appellation hypothético- déductive. Selon Charles S. Peirce, la tiercéité (Thirdness) est la catégorie de la médiation qui met en relation et construit du sens sans quoi les objets du système ne seraient qu'une juxtaposition arbitraire non médiatisée. Elle nous conduit à un dispositif expérimental. La déduction, c’est l'opération qui consiste à déterminer une généralité des résultats rassemblés (Tremblay, 1997).

Cette dernière étape engage un dispositif de mesures de l’hypothèse sur un groupe humain. Le protocole expérimental met en œuvre un dispositif de recueil de données quantitatives au moyen d’un appareil d’oculométrie, complété d’un questionnaire évaluant les capacités de mémorisation des sujets. Ceux-ci sont exposés à l’objet d’étude, le site Communicate, suivant un groupe expérimental soumis à l’interactivité de l’application, et un groupe témoin privé de toute manipulation. Cette approche pratique de l’observation du phénomène produit des