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La représentation des choses et das Ding

Dans le document Tao Te King et Lacan (Page 39-42)

Dans la théorie freudienne, il y a une opposition de la représentation de choses dans l’inconscient et de la représentation de mots pour le préconscient. En allemand, ces deux termes sont respectivement la Sachvorstellung et la Wortvorstellung. Lacan se

sert de la distinction entre Sache et Ding comme point de départ sur le problème de

das Ding. Les deux mots peuvent dire la Chose en français. La chose en allemand concerne l’opération juridique. Néanmoins das Ding ne désigne pas l’opération juridique, mais indique le rassemblement qui la conditionne, c’est-à-dire une

assemblée plénière pour délibérer d’un litige (le vollversammlung)56. Et puis comme

Maître Eckhart disait que l’âme est la plus grande des choses, on peut employer Ding

pour parler de l’âme57. En plus, selon l’exégèse de Barbara Cassin, la relation entre

Chose et Cause est ainsi:

« Les mots français Chose et Cause viennent tous deux du même mot latin, causa,

qui relève du vocabulaire juridique et désigne une affaire où sont en jeu des intérêts, à

la fois procès, objet du procès et parties en présence-toutes choses que nous

désignons nous aussi par cause. Causa est souvent joint à Ratio, et prend alors le sens

de cause comme « raison », « motif », « influence »…Par ailleurs, causa est souvent joint à Res, pour désigner l’ « affaire », les « faits de la cause »…58»

Par contre, ce dont il s’agit dans le mot Sache, c’est d’une opération juridique où un conflit entre les hommes passe à l’ordre symbolique. En plus, Sache veut dire aussi

55 Lacan, Jacques, L’éthique, la version de Staferla, leçon du 13 janvier, 1960. 56 Heidegger, Martin, Essais et conférences, Paris: Gallimard, 1980, p.207. 57 Lacan, Jacques, L’éthique, la versioin de Staferla, leçon du 16 décembre, 1959.

les affaires de la religion. Lacan citait une phrase de certains germanophones pour

distinguer sache de ding:

« Die Sache ist das Wort des Dinges ».

En français, cela est traduit comme « l’affaire est le mot de la Chose ».

Pour la théorie freudienne, Lacan met l’accent sur le fait que Freud n’utilise pas le

mot Dingvorstellung, mais le mot Sachvorstellung. Pourtant nous pouvons d’abord

mettre cette accentuation en question. Parce que dans le texte « Sur la conception des

aphasies », il y a ce terme de Objektvorstellung, et puis dans « l’Interprétation des

rêves », il y a celui de Dingvorstellung. Donc Freud a déjà parlé de Dingvorstellung.

Ainsi, pourquoi Lacan déclare-t-il que Freud ne parle pas de ce terme ? Il faut qu’on éclaire ses raisons. Dans l’appendice C de « L’inconscient », Freud a décrit deux rapports, l’un est le rapport entre une chose et la représentation de chose, l’autre est le rapport entre la représentation de chose et la représentation de mot. Mais il a pris

considéré la seconde pour une vraie véritable relation symbolique. Donc pour

Lacan, les relations entre la représentation des choses et la représentation des mots

sont comme la paille et le grain. Nous pouvons séparer le grain des choses de la paille

des mots. Les choses du monde humain sont structurées en paroles. La Sache est des choses de l’industrie qui est dirigée par le langage. Par conséquent, il concluait que chose (Sache) et mot (Wort) sont si étroitement liés qu’ils sont comme un couple.

Cette relation correspond à la substitution du symbole à la chose. Par ailleurs selon le

caractère de das Ding, elle est inconnue pour le processus de jugement, et elle est un

reste qui se soustrait au jugement. Même si on essaie de reconnaître ce reste, il fuit

pour le processus secondaire. Selon la lecture de Lacan, le Sachvorstellung convient

au processus secondaire qui est dominé par le langage qui est le signe de réalité venant de ω.

Si nous nous référons à « l’Esquisse », le mouvement de la représentation est

gouverné par le principe du plaisir. Elle est sous le coup du mécanisme du refoulement. Elle, comme les processus de pensée, s’insère entre perception et

conscience où l’inconscient s’organise. Quand Freud aperçoit l’insuffisance de la notion de représentation, dans « l’inconscient » il propose le représentant représentatif

qui fait de la représentation un élément associatif et combinatoire. Le représentant représentatif s’organise selon les lois du signifiant, c’est-à-dire la condensation et le déplacement. Ces représentations ont besoin de l’intermédiaire de la représentation de

mot dans le préconscient pour que la conscience les sache. La représentation de chose s’oppose aux représentations de mot, mais elle ne fonctionne pas sans ces dernières. Pour la Chose, elle est différente de la représentation qui est constituée d’éléments imaginaires de l’objet et qui produit une déception d’une apparence. Lacan disait que le mouvement de la représentation qui était le processus symbolique tourne autour de

la Chose59. Il met la Chose au point initial de l’organisation du monde psychique, à

savoir de ce qui se passe au niveau du système Φ. Elle se passe avant l’entrée de l’organisation des représentations dans le système Ψ. Cette Chose appartient au registre du réel primordial60. Le réel est impossible à symboliser pour Lacan. La Chose qui est hors signifié nous fait mettre en question les mots. Elle était la première chose qui a pu se séparer de tout ce qu’il a commencé de nommer et d’articuler. Elle concerne le point d’énigme de la négation (Verneinung).

La négation représente la forme inversée du refoulement. Pour Freud elle révèle au niveau du discours les connotations refoulées dans l’inconscient. Autrement dit, ce qui est caché dans l’inconscient se trouve d’une façon paradoxale à la fois présentifié et renié. Dans le graphe du désir, Lacan distinguait deux niveaux du discours, c’est-à-dire l’énonciation et l’énoncé. Comme ce qui se passe dans l’exemple qu’il utilise fréquemment dans son enseignement, le «ne» discordantiel dans cette phrase « je crains qu’il ne vienne». Dans la théorie freudienne, la réalité devient un objet problématique. D’abord, ni l’élément quantitatif ni l’élément qualitatif de la réalité n’entre dans le processus secondaire. Parce que la réalité du monde extérieur subit des coupures, et puis présente aux hommes des morceaux choisis. Ensuite, le processus

59 Lacan, Jacques, L’éthique, la version de Staferla, leçon du 16 décembre, 1959. 60 Ibid, leçon du 23 décembre, 1959.

hallucinatoire peut dépasser le signe langagier de réalité afin d’inciter une décharge comme cela dans le cas où il y a le perception. La négation nous invoque qu’il y

aurait une autre réalité où la Chose au lieu central du psychisme apparaît.

Souhaitons que le fait que Lacan n’ait pas tenu compte du mot Dingvorstellung ait

trouvé ici son explication.

Dans le document Tao Te King et Lacan (Page 39-42)

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