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PRINCIPALEMENT TRAITÉ AU MASCULIN

B- LES CONNAISSANCES ACTUELLES SUR LES RAPPORTS DE SEXE ENTRE MOYEN ÂGE ET RENAISSANCE DE SEXE ENTRE MOYEN ÂGE ET RENAISSANCE

4. LA RADICALISATION DES POSITIONS (FIN XV e -XVI e SIÈCLE)

Une violente « guerre des sexes » se déclenche donc au début du quinzième siècle, qui oppose les partisans des femmes et de la mixité à leurs détracteurs, désormais bien installés aux postes de pouvoir. Les cours où l’influence des dirigeantes les plus puissantes se fait sentir deviennent des foyers de résistance à l’idéologie des clercs, qui a gagné du terrain. Dans les deux camps, on écrit des textes pour soutenir des positions contraires. Ces textes se multiplient à mesure que les positions se radicalisent dans la période suivante, où ils bénéficient en outre d’une plus large diffusion grâce au succès de l’imprimerie.

4. LA RADICALISATION DES POSITIONS (FIN XVe-XVIe SIÈCLE)

On sait que la fin de la guerre de Cent ans, sous Charles VII, puis l’élargissement des frontières nationales, sous Louis XI et Charles VIII, permirent aux souverains français de reprendre à marches forcées la centralisation de l’État et de s’engager définitivement sur la voie de la construction de la monarchie absolue. Ce processus s’accompagne d’un effort pour façonner les esprits, afin de les rendre plus soumis à l’autorité centrale, la sociogenèse de l’État étant indissociable d’une psychogenèse des individus. La famille est un rouage essentiel de cette construction : le chef de famille est appelé à y relayer le pouvoir central, aux termes d’une délégation qui lui donne puissance sur son épouse et ses enfants. Diverses institutions et groupes sociaux participent conjointement à la mise en place de mesures de normalisation des conduites sexuelles et familiales. Des contradictions majeures minent toutefois cet édifice, en raison des intérêts divergents existant entre ses différents acteurs, et de la

238 Voir Charity Cannon Willard, « Isabel of Portugal and the French Translation of the Triunfo de las Doñas », Revue Belge de philologie et d’histoire, 1965, vol. 43, n° 43-3, p. 961-969.

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Florence Serrano, La Querelle des Femmes à la cour, entre la Castille et la Bourgogne, au XVe siècle : étude et édition critique du Triunfo de las donas / Triumphe des dames de Juan Rodríguez del Padrón,

thèse sous la direction deCarlos Heusch et Véronique Duché-Gavet, ENS LSH, 2011.

240 Sur cette première période de la Querelle des femmes, voir Joan Kelly, « Early feminist theory and the “Querelle des Femmes”, 1400-1789 », Signs 8-1, 1982, p. 4-28 ; et plus récemment Éliane Viennot, « Champions des dames et misogynes : les enjeux d’un combat frontal, à l’aube des temps modernes (France, 1380-1530) », in Florence Rochefort et É. Viennot (dir.), L’Engagement des hommes pour l’égalité des sexes, XIVe-XXIe siècle), Saint-Étienne, Publications de l’Université, 2013, p. 21-36.

« puissance de feu » que leur permet l’imprimerie. La présence presque ininterrompue de femmes au pouvoir entre la mort de Louis XI (1483) et celle d’Henri III (1589) en est une illustration aussi bien qu’un ferment. Ces contradictions ont pour conséquence un approfondissement de la polémique sur le rôle des femmes et un accroissement considérable des discours normatifs participant à la construction du genre.

4a. La mixité du pouvoir en France

Traditionnelle en cas de régence dans la monarchie française, la présence de femmes au pouvoir est renforcée durant toute cette période par une volonté délibérée de la plupart des souverains de s’appuyer sur les femmes de leur famille, et même sur leurs maîtresses.

Peu avant sa mort en 1483, le roi Louis XI confie la tutelle de son seul fils à sa fille Anne et à son mari Pierre de Bourbon, alors simple sire de Beaujeu ; c’est alors le moyen de leur confier la direction du royaume. En 1491, lorsque Charles VIII marié et âgé de vingt-et-un ans paraît pouvoir assumer seul le pouvoir, « Madame la Grande » se concentre sur la direction du duché de Bourbon dont son mari a hérité. La Cour de Moulins demeure cependant le centre politique du royaume. Le couple royal y séjourne une grande partie de l’année, et le couple ducal y reprend la direction des affaires pendant les guerres d’Italie (Pierre est officiellement régent).

Le règne suivant (1498-1515) est marqué par l’importance exceptionnelle d’une « reine régnante » (la place de reine étant généralement faible en terme de pouvoir, tant que le roi est présent) : Anne de Bretagne. D’une part, l’épouse de Louis XII a déjà été reine, puisqu’elle est la veuve de Charles VIII. Ce dispositif avait été prévu dans le contrat de mariage qu’Anne de France avait imposé à la fin de la « guerre folle » qui avait marqué le début de sa régence, et dans laquelle était entré le duc de Bretagne : en cas de veuvage sans enfant vivant, l’héritière du duché s’engageait à se remarier avec le roi de France suivant. Anne de Bretagne remonte donc sur le trône en 1499. L’enjeu de l’opération est évidemment l’accaparement de la Bretagne, à condition que le mariage soit fécond. L’amour de Louis XII contribue aussi à faire d’elle une reine influente, et elle est par ailleurs chérie du peuple pour qui elle est un symbole d’union et de paix. Mettant à profit les leçons d’Anne de France, apprises à la cour de Moulins, elle développe la « cour des dames » et s’entoure d’artistes et d’hommes de lettres.

Le règne suivant (1515-1547) marque une accentuation de cette tendance. Comme le rappelle Simone Bertière, « avec François Ier accède au pouvoir un

triumvirat, ou plutôt une sorte de trinité politique241 » comprenant sa mère Louise de Savoie et sa sœur Marguerite de Navarre. La première est jusqu’à sa mort, en 1531, associée au gouvernement de son fils. Elle assume par ailleurs deux fois la régence : pendant la campagne d’Italie de 1515, puis pendant celle de 1523, qui, suite au désastre de Pavie et à l’emprisonnement du roi, se prolonge durant deux ans et demi. La seconde se déplace à Madrid pour négocier la libération de son frère avec Charles Quint. Elle est également une des plus grandes écrivaines du siècle, protectrice des lettres et des idées réformées à la cour de France puis dans sa cour de Nérac après 1527, date de son mariage avec le roi de Navarre. Enfin, la seconde partie du règne de François Ier (après la mort de Louise) est marquée par la présence à ses côtés de la duchesse d’Étampes, qui, si elle n’est pas investie de pouvoirs manifestes, joue un rôle primordial dans les luttes d’influence qui divisent la cour dans les dernières années du règne, notamment entre les partisans des deux fils du roi.

Si Anne de Pisseleu et Marguerite de Navarre voient leur influence décliner après la mort du dauphin François, c’est leur principale opposante, Diane de Poitiers, mentor et maîtresse du dernier fils du roi, qui arrive au pouvoir avec lui. Le règne d’Henri II (1547-1559) est marqué de bout en bout par cette favorite d’autant plus influente que le roi était de vingt ans son cadet. Elle est la première maîtresse royale à jouer un rôle proche de nos premiers ministres. Le roi fait d’Anet, le château qu’il a fait rénover pour elle, l’un de ses lieux de résidence préférés, il lui offre des bijoux de la couronne et la propriété royale de Chenonceau.

Ce pouvoir prend fin à la mort du roi, mais non la présence de femmes au pouvoir. Si Marie Stuart, épouse de François II, n’a pas le temps d’imposer en France sa puissante personnalité, vu que ce règne dure moins d’un an (1559-1560) et qu’elle repart dans le royaume dont elle a hérité, l’Écosse, Catherine de Médicis est nommée régente pour le second de ses fils, Charles, âgé de dix ans à la mort de son frère. La reine mère s’était déjà vu confier des régences limitées lors des campagnes de Lorraine en 1552 et 1554, mais c’est sous le règne de Charles IX (1560-1574) puis sous celui de Henri III (1574-1589) qu’elle montre toutes ses capacités. Elle doit notamment faire face aux guerres civiles et religieuses qui marquent de bout en bout sa présence au pouvoir. Elle meurt, toujours active, au milieu de la dernière guerre, en 1589, peu après les funestes États généraux de Blois, à l’âge de soixante-dix ans.

241 Simone Bertière, Les Reines de France au temps des Valois, « Le Beau XVIe siècle », Paris, éd. de Fallois, 1994, p. 193. Voir aussi « Régence et pouvoir féminin », in Kathleen Wilson-Chevalier et Éliane Viennot (dir.), Royaume de fémynie, Pouvoirs, contraintes, espaces de liberté des femmes, de la Renaissance à la Fronde, Paris, Champion, 1999, p. 63-70.

Cette longue présence des femmes au gouvernement, seules ou en collaboration avec les rois, s’interrompt ensuite sous le règne d’Henri IV (1593-1610), qui s’ouvre après plus de huit ans de guerre civile généralisée, durant laquelle les prétendants au trône ont été jusqu’à six, et surtout durant laquelle le débat sur les règles de succession – et notamment sur la loi salique – n’ont jamais cessé.

4b. L’importance des femmes de la cour et des dirigeantes des grandes familles

Le premier cercle n’est pas le seul à contribuer à la mixité de la vie publique. La période est également caractérisée par une présence de plus en grande de femmes dans les allées du pouvoir, ainsi qu’à la tête des clans alliés ou opposants de la monarchie. Le premier phénomène est à la fois lié à la progression de l’absolutisme et à la présence des gouvernantes. Suivant l’idée d’Anne de France, qui dans ses Enseignements recommandait à sa fille de s’entourer de femmes éduquées pour tenir un rôle central à la cour (animation culturelle, gestion des affects, soutien des politiques menées)242, toutes les reines puissantes ou dirigeantes ont contribué à développer les aréopages féminins. Pour le plus grand plaisir des souverains, assurément (on prête à François Ier l’adage « une cour sans femmes est un jardin sans fleurs », et l’on sait qu’il en fit grand usage), mais aussi pour leur plus grand profit – la cour de France faisant l’admiration des visiteurs tant français qu’étrangers243.

Le second phénomène est quant à lui lié à la tradition féodale, encore vivace. La politique est toujours pour partie l’affaire des grandes familles, dont les dirigeantes, veuves ou non, jouent un rôle de premier plan. Au XVIe siècle, c’est le cas des duchesses de Guise (et plus largement de toute la famille dite « de Lorraine »), des duchesses de Montpensier et de Montmorency, auxquelles on doit ajouter certaines « favorites » de Catherine de Médicis, comme la duchesse d’Uzès Louise de Clermont et la maréchale puis duchesse de Retz Claude-Catherine de Dampierre. Henriette de Clèves, duchesse de Nevers, participe avec Marguerite de Valois, fille de France et reine de Navarre, au complot de 1574 visant à écarter Henri III du trône. La sœur du troisième duc de Guise, Catherine-Marie de Lorraine, duchesse de Montpensier, dirige la propagande du clan lorrain pendant la Ligue. Diane de France, fille légitimée

242 Voir à ce sujet, entre autres, Élodie Lequain, « La maison de Bourbon, escolle de vertu et de perfection. Anne de France, Suzanne de Bourbon et Pierre Martin », Médiévales, n° 48 « Princes et princesses à la fin du Moyen Âge », 2005, p. 39-54.

243 À l’occasion des fiançailles de François Ier et de Claude de France en 1506, un contemporain décrivant la procession de nombreuses grandes dames menée par Anne de France et Louise de Savoie fit ce commentaire : « il sembloit que le royaume de Fémynie y fust arrivé » (cité dans Royaume de Fémynie…,

qu’Henri II eut avec une italienne, élevée par Diane de Poitiers et admise à siéger au Conseil de ses demi-frères Charles IX et Henri III, est l’une des chevilles ouvrières du rapprochement de ce dernier et du futur Henri IV, en 1588-1589. Elle sera l’une des rares femmes jouissant de véritable considération sous le règne du premier Bourbon.

Au-delà de ces grands noms, enfin, nombre de femmes assument des délégations de pouvoir importantes pendant les guerres civiles, s’occupant seules de leurs domaines, exerçant le commandement militaire, négociant les trêves et les libérations de leurs maris244.

4c. L’investissement des femmes dans les conflits religieux

Les femmes sont également très impliquées dans le développement de la Réforme et celui de la Contre-Réforme, en temps de guerre comme en temps de paix. Elles interviennent sur ce plan comme dirigeantes, quand elles le sont, comme parentes de dirigeants, comme mères, mais aussi comme « militantes » de base, au sein des mouvements populaires qui se développent à l’occasion des conflits.

On connaît bien le rôle de Marguerite de Navarre dans l’essor du protestantisme en France, mais moins ceux des grandes dames qu’elle réussit à convaincre et qui prirent le relais de la protection et de la diffusion des idées réformées. On connaît aussi le rôle de sa fille Jeanne d’Albret, qui imposa la religion protestante dans son royaume après son veuvage et rédigea le manifeste du parti huguenot de 1568, mais moins celui de sa petite-fille Catherine de Bourbon, gouvernante du Béarn pendant vingt ans et promue chef du parti huguenot après l’abjuration de son frère Henri IV. Moins puissantes mais tout aussi impliquées sont Louise de Montmorency, à l’origine de l’engagement dans le protestantisme de ses enfants, dont le célèbre amiral de Coligny ; Renée de France, cadette de Louis XII, proche de Marguerite de Navarre et comme elle attachée à la nouvelle foi, qui dans ses résidences de Ferrare puis de Montargis accueillit les protestants persécutés. Les princesses de Condé (notamment Françoise d’Orléans et Charlotte-Catherine de La Trémoille), les Rohan (Catherine de Parthenay et ses filles, Anne et Catherine) défendent également la cause protestante, quand les princesses de la famille de Lorraine soutiennent le parti catholique.

De très nombreuses femmes de toutes classes sociales sont également engagées dans la dernière guerre civile pour empêcher l’arrivée au pouvoir d’Henri IV. Les observateurs de la vie parisienne dans les années qui la précèdent ne cessent de noter, comme Pierre de l’Estoile dans son Journal, la très grande mixité des manifestations de

piété populaire, voire des actes d’héroïsme de certaines femmes. Une mixité qui continuera de caractériser le mouvement militant favorable à l’instauration des décrets du Concile de Trente en France245.

Sans être activement engagées dans un parti, enfin, certaines femmes marquent leur préférence pour l’un ou l’autre. C’est notamment le cas de Marguerite de Valois, qui finance l’établissement des Jésuites dans plusieurs villes de son apanage, et qui les soutient encore – quoique plus mollement – dans leur ascension parisienne au début du XVIIe siècle.

4d. La contestation de la présence des femmes au pouvoir

Toutes les dirigeantes de la période doivent faire face à des oppositions, qui vont de la critique publique à la guerre, en passant par des manœuvres visant à les écarter du pouvoir. Anne de France n’est pas à la tête de l’État depuis un an que se prépare la « Guerre folle » (1485-1488). Louise de Savoie est en butte à de nombreuses critiques durant son « règne », et à des frondes ouvertes au temps de l’absence prolongée de François Ier, après le désastre de Pavie. Catherine de Médicis doit manœuvrer pour recevoir la régence en 1560, et elle est l’objet d’une guerre médiatique ininterrompue après la Saint-Barthélemy.

Éliane Viennot a montré que l’opposition à ces femmes, tout en continuant à puiser dans l’argumentaire misogyne « classique », s’était peu à peu homogénéisée autour de la référence à la loi salique. La première impression du traité anonyme des années 1460 date de 1488, soit du lendemain de la victoire d’Anne de France sur les coalisés de la « guerre folle ». Le traité est dès lors doté d’un titre : La loi salique, première loi des Français. Il est réimprimé en 1507, lorsque Louis XII envisage de confier la régence à son épouse et à Louise de Savoie pendant la « conquête de Gênes ». Il l’est à nouveau sous le « règne » de Louise de Savoie (1522), puis au temps de la puissance de la duchesse d’Étampes (1541) et de celle de Diane de Poitiers (1557). Ce vieux texte est ensuite abandonné au profit d’autres, plus adaptés à la nouvelle période.

Vers 1550, en effet, après la publication d’une version carolingienne du code des Francs Saliens – vraisemblablement due aux frères Du Tillet –, l’idée se répand parmi les savants et les historiens que la loi salique, comme disposition successorale, a « été inventée, ou par Philippe le Long, ou par Philippe de Valois, pour se faire rois, et pour exclure leurs nièces de cette couronne », comme l’écrit Bernard de Girard du Haillan

245 Voir Margaret L. King et Albert Rabil Jr., Teaching Other Voices : Women and Religion in Early Modern Europe, Chicago, 2007 ; et Barbara Diefendorf, From Penitence to Charity : Pious Women and the Catholic Reformation in Paris, Oxford, Oxford UP, 2004.

dans l’État et succès des affaires de France en 1570246. Aucun d’entre eux ne propose cependant de revenir à l’héritage des filles. Reprend alors du service l’argument de la coutume française d’exhérédation des femmes du trône, forgé après les usurpations du début du XIVe siècle. Théodore de Bèze, s’appuyant sur l’idée de la « première loi des Français », fait de ce principe la « première loi fondamentale de l’État » (Le Droit des magistrats, 1574). À la même époque (celle de l’écrasement du complot des Malcontents par Catherine de Médicis), plusieurs pamphlets s’emparent de cette notion et remettent en selle la loi salique. C’est en invoquant « l’autorité de notre loi salique » que l’auteur anonyme du Discours merveilleux de la vie, actions et deportements de Catherine de Médicis appelle à l’union contre la reine mère, affirmant « que les femmes peuvent aussi peu régir et gouverner ce royaume qu’en prétendre la succession ; que, quand le contraire s’est fait, ç’a été par un abus tout manifeste, dont nous avons toujours porté la peine247 ». Le succès de ce texte, rédigé par un catholique proche des princes arrêtés, mais aussitôt republié par les protestants, puis traduit en latin et dans plusieurs langues européennes, relance alors la fable248.

Dès 1585, lorsque s’ouvre la guerre pour la succession d’Henri III, la loi salique est alléguée comme fondement de leurs prétentions par deux candidats au trône, le catholique Charles de Bourbon et le protestant Henri de Navarre. Après l’assassinat d’Henri III (1589) et la mort de « Charles X » (1590), seul le roi d’Espagne, Philippe II, conteste ouvertement le mythe français, pour défendre la candidature de sa fille (petite-fille de Catherine de Médicis et d’Henri II) tandis que les catholiques français se divisent. En juin 1593, alors que les États généraux siègent pour désigner un nouveau roi, le Parlement de Paris émet l’« arrêt Lemaistre » (du nom du président qui le prononce) selon lequel, depuis la nuit des temps, la loi salique empêche « que la couronne ne tombe ès mains des étrangers ». Henri de Navarre abjure un mois plus tard le protestantisme, geste qui signe la réconciliation générale autour de la francité, de la catholicité et de la masculinité du nouveau monarque. Même si Henri IV se garde bien, comme ses prédécesseurs, de légiférer sur le mode successoral dont il a encouragé la propagande durant huit ans, son règne constitue le « début de la fin » de la puissance des dirigeantes en France.

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Cité par Éliane Viennot, La France, les femmes et le pouvoir…, t. 1, op. cit., p. 584.

247Ibid, p. 592-3. Voir l’intégralité du chapitre 14, « La « première loi des français (1483-1585) », p. 570-599.

248 Ceux qui affirment le contraire ont beaucoup moins de succès : le Discours de La Légitime succession

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