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Chapitre I. Violences et brutalité physiques du conflit

Section 2. La modalisation de la brutalité ritualisée

Tout comme la violence, auxquelles elles s’amalgament souvent sans plus de précision, les définitions des conflits face-à-face présentent des désignations floues et monolithiques. Dans les lieux communs comme dans les textes scientifiques, face à une situation brutale, difficile de savoir ce qui relève de la bagarre, de la rixe, où elle commence et où elle finit. Et puis après tout, "peu importe", puisque ce qui compte reste la source "sociale" de cette situation, à échelle de la "société". Il faut reconnaître que l’esquive est arrangeante, leur début étant hautement complexe et leur fin restant très aléatoire, ces situations présentent une limite immédiate à une sociologie catégorielle. Nous avons donc ici un "vide sociologique", avec des actions qui se promènent dans les limbes de l’insaisissable. Des rites d’action sans valeur, pourtant mobilisés en l’état de leur définition dans des recherches liées aux sciences de l’intervention. Des rites d’interaction sans valeur pourtant analysés à leur stade le plus standardisé manifesté par les pratiques pugilistiques par des centaines de chercheurs à travers le monde. Alors nous proposons de commencer à combler ce vide en décortiquant la modalisation des représentations brutales et en proposant différentes modalisations d’analyse de ces séquences d’interactions. Nous proposons en premier lieu de remembrer les mentions éparses de la sociologie d’E. Goffman liées au conflit, comme point de départ à développer par la proposition d’un modèle théorique d’analyse des interactions conflictuelles en séquences de bagarre et de rixe (1). Nous redéfinirons alors les termes et clarifierons la terminologie des situations brutales. Ce nouveau schéma théorique nous permettra d’amener le genre et les pratiques martiales comme deux éléments structurant la culture de la violence et permettant donc, en retour, de mieux saisir les subtilités de ce nouveau découpage (2).

§ A. La bagarre et la rixe dans leurs représentations comme

point d’entrée pour décrire les brutalités physiques

Nous voyons donc que les violences revêtent des dimensions plus profondes que leur seule expression, qui, elle même, reste peu décrite par les recherches en SHS. Parmi ces

différentes facettes de la violence, le conflit interpersonnel face-à-face est peu fouillé, et la bagarre est quasi absente. La bagarre n'est pas un objet noble. Lieux communs et sciences humaines et sociales s'accordent sur ce point. La bagarre ce n'est pas sérieux. D’ailleurs, tant dans une conversation quotidienne que lors d’une intervention en colloque, lorsqu'il en est fait mention, le mot prête, en première approche, à sourire ou à haussement de sourcil(s). Jusque là, parler de "bagarre" vient avec la nécessité de mettre des guillemets pudiques. C’est ce avec quoi nous voulons rompre. Elle est quasi absente du champ scientifique, à se demander si elle ne constituerait pas si ce n’est un tabou, en tous les cas un angle mort de la connaissance. Comme nous le verrons, les milieux dits vulgaires placent pourtant ce phénomène au cœur de leurs lexiques spécifiques. Les évocations émiques sont fières, tantôt pavoisantes, tantôt grivoises. Ces déclinaisons linguistiques se retrouvent sur différents milieux sociaux et situations géographiques, au moins à échelle du territoire français.

Un examen plus approfondi montre des connexions avec de nombreux champs de recherche. Les mentions sont actuellement éparses et très rarement approfondies, portant sur la "bagarre" comme élément périphérique. Elles la mobilisent comme stigmate en action d’un état social du milieu où elle éclate, ou de celui dont sont issus les acteurs. Ce n'est pas le processus d'action en lui-même qui est mis au jour. Ces recherches portent sur les violences et mobilisent aléatoirement les concepts de bagarre ou de rixe pour désigner un peu tous les échanges violents… faute de mieux57. Ces recherches sont davantage préoccupées par la "cause profonde", la "conjoncture sociale", que par les dynamiques de l’action et sa situation à proprement parler. La bagarre, lorsqu’elle est abordée, reste cantonnée aux banlieues, mais aussi à la cours de récréations (Dubet, 1998 ; Carra, Faggianelli, 2003, 2011 ; Boxberger, Carra, 2014), à la prison (Chauvenet, 2006.) et au stade et ses cultures de supporters notamment (Bodin et al., 2013). Les démarches compréhensives de D. Bodin et de ses collaborateurs, ainsi que d’O-C. Boxberger et C. Carra nous intéressent particulièrement en ce qu’elles montrent le vécu des hooligans pour les premiers et cherchent à retrouver la pensée enfantine pour les secondes, amenant une mobilisation riche des violences en actions, éloignée du seul stigmate social. Il est intéressant de noter que ces champs exploratoires sont inclus dans des espaces dont des insularités physiques et/ou symboliques fortes constituent

57 Selon le grand Larousse illustré (2015) : Bagarre : 1 « Echange de coups, entre plusieurs personnes ; rixe ». 2 « Figuré. Vive compétition ; lutte : La bagarre de l’Internet à ultra haut débit ». « Chercher la bagarre, avoir un

comportement agressif et provocateur » (p. 130).

Rixe : « Querelle violente accompagnée de coups » (p. 1014). Le terme rixe est attesté dès le début XIVème, du latin rixa, querelle (Dubois et al., 2011, 870). Rixa, au sens de dispute, différend, rixe ; lutte, combat (Gaffiot,

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une caractéristique centrale de définition de l’espace et des relations qui s’y tiennent. En matière d'altercations violentes les SHS restent le plus souvent tiraillées entre analyse d'espaces de précarités et sciences de l'intervention. Cette dynamique glisse sur une pente ambiguë d’une double réification, la "Violence", mais aussi les situations, devenant des phénomènes, des entités. Les altercations deviennent les symptômes de "violences", elles mêmes symptômes à expliquer dans le but de les combattre, en modifiant leur contexte de survenue. Une chaîne peu productive, lorsqu’on rappelle que la notion de violence provient essentiellement de sa définition comme dépassement d’un seuil de déviance, et que la violence intolérable des uns peut s’intégrer dans un ensemble social cohérent pour les autres. Nous l’avons montré, l’écrasante majorité des études sur les violences préexistantes relèvent soit du champ des sciences politiques, incluant une sociologie et une philosophie politique, soit du champ de la psychologie. L'attitude de la recherche sur les violences oscille entre le discours général politiquement correct de responsabilisation de l'individu et la recherche de défaillance du système qui s’exprimeraient par les actions des groupes.

Appréhender le phénomène des interactions brutales désignées comme violentes dans toute leur amplitude nécessiterait une approche colossale puisqu’allant de l’agression verbale au meurtre, en passant par la torture. L'analyse doit éviter les deux écueils de la tentation d’une limitation à quelques isolats mis sous le feu des projecteurs politiques et scientifiques et d’une prise en considération de la "Violence" dans son ensemble sans borner des séquences de processus d’actions catégorisées pour les besoins de la recherche. La représentation de la bagarre est une de ces phases. La notion de bagarre doit alors être départie des préconçus issus de définitions généralistes de la "Violence". Il est nécessaire de souligner l'aspect protéiforme du concept de bagarre, un point d’entrée nous permettant ensuite d’analyser la phase préliminaire du conflit qui y mène, et la phase successive qui en découle, que nous nommons la rixe.

Notre approche est donc celle d’une analyse des modalités brutales du conflit face-à-face. Elle centre son attention sur la transformation de l’activité en s’appuyant sur les propositions d’E. Goffman, pour qui les éléments constitutifs de l'activité ne sont pas ce qui est transformé en soi, mais le « type de transformation » ; la dimension situationniste de l'ancrage d'une activité dans son environnement étant celle de sa modalisation et de sa fabrication (Goffman, 1991 [1974], 243-245). Il souligne d’ailleurs l’intérêt de questionner la complexité et l’enchaînement des complications possibles de la structure de l’activité jusqu’à ce qu’il y ait « rupture du cadre », au stade portant irrémédiablement à « confusion générale »

(pp. 184 ; 186). C’est exactement cette gradation de la dialectique entre la modalisation et le cadrage de la représentation vers un extrême possible qui nous intéresse, comme moyen de définition des représentations de conflits face-à-face et comme précision des objets de la bagarre et de la rixe.

Nos observations montrent que le conflit face-à-face suit bien une complexification de sa représentation dans le procédé de provocations et d’excuses (Cf. Chap. II, Sect. 2), mais peut aussi tendre à glisser de cadres secondaires vers des cadres primaires avec l'avancée dans le processus d’échanges physiquement brutaux. Les acteurs y passent progressivement d'une situation d'êtres autonomes et moralement responsables de leurs actes à un effacement des statuts, voire de la personne. Seulement, toujours selon E. Goffman, une activité où seul le cadre primaire prévaut est signifiée comme choquante et est socialement déclassée (p. 55). C’est bien le cas lors du déclenchement d’une bagarre ou du glissement vers une rixe, lorsque des membres du public ne les cadrent pas comme des activités ayant une utilité sociale dans le contexte. Les représentations physiquement brutales offrent donc une occasion rare de suivre l’ordre d’interaction des séquences de déconstruction de la stratification sociale, et leur lien avec la situation pour le cas des établissements de nuits. Elles pourraient donc se définir à l’aune de leur modalisation, mais aussi d’une dé-modalisation des cadres secondaires.

L’absence de réflexion sur le processus en lui-même fait que les bagarres, englobées dans le "phénomène violence", deviennent un stigmate de la déviance, alors qu'elles sont un processus de déviances normalisé. Pour remobiliser E. Goffman, elles sont un élément de désordre ordonné, jusqu’à un certain point, que nous allons tenter de situer. Les représentations de bagarres suivent un ordre d’interaction et sont elles-mêmes nécessaires à l’ordre d’interaction de la représentation sociale qui en constitue la situation, le cosmos. À écouter le discours médiatique, incluant une bonne part du discours scientifique, les acteurs se battraient parce qu'ils seraient déviants. La bagarre manifesterait un état de déviance. Peut être, mais, à contrepied, nous montrerons que des acteurs se bagarrant suivent la norme en intégrant une parenthèse de déviance normalisée, et que ne pas se battre, dans certaines situations, peut aussi représenter une déviance sociale. C’est ici que nous insérons la divergence entre la notion de représentation de bagarre et la notion de rixe. Soumise à l’analyse, la représentation de bagarre n’est pas une violence débridée, elle est une séquence physique du conflit où les acteurs s’affrontent "selon les règles". La représentation de bagarre est un excellent médiateur de l'imaginaire martial d'une société et des groupes sociaux qui la composent, de leur conception de la violence et de la victoire. Les acteurs lorsqu’ils se

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bagarrent, savent "comment" ils "doivent" se bagarrer. Il s'agit d'un « rituel d'interaction58 » fondamental (1973-b, 73 [V.ang : 88]), peut être même d'une « structure anthropologique » (Durand, 1992 ; Lévi-Strauss, 2003). Il s'agit en tout cas d’un ensemble de « techniques du

corps » (Mauss, 1967 [1926], 365-386).

La rixe, en revanche, débute lorsque les combattants vont "trop loin", lorsque leurs actions dépassent les brutalités tolérées par les entrepreneurs de morale présents. Ces notions sont donc totalement relatives au vécu de la norme des acteurs et du public (de la situation

hinc et nunc). Pour le système juridique et la société qu’il est sensé incarner, la violence ne

peut en aucun cas être formalisée hors du cadre légal. En ce sens, il serait pertinent de ne plus parler de bagarres, mais bien de rixes pour désigner les violences urbaines, les violences faites "hors des règles", du point de vue des institutions politiques. La « violence physique

légitime » (Weber, 2003 [1918-1920]) formelle se présente sous trois formes dans notre

société. Sur le plan individuel elle est juridiquement normée par la « légitime défense »59, pourvu que l’action soit « simultanée, nécessaire et proportionnée » dans sa réponse à une agression (Code pénal, Art.122-5). Sur le plan institutionnel, elle est la prérogative des agents mandatés des forces de l’ordre et de la Défense nationale. Sur le plan des activités sociales cathartiques, elle est canalisée par le sport, dans un cadre réglementaire où les affrontements sportifs fédéraux proposent un règlement "agonistique". Légalement, toute brutalité physique sortant de ces types est une déviance.

Les conflits éclatant en bagarres ne mènent pas nécessairement à la blessure corporelle d’un des protagonistes, il peut s’agir d’un échange de poussées ou d’une empoignade n’occasionnant pas de dégâts physiques. Même si elles ne présentent pas nécessairement de conséquences physiques pour les protagonistes, ces bagarres peuvent tout de même être violentes au regard de la norme de la représentation globale en cours. Elles sont violentes à la norme et à l'ordre établi, au sens où il ne s'agit pas de duels administrés, ils ne sont pas un

58 « Ritual is a perfunctory, conventionalized act through wich an individual portrays his respect and regard for

some object of ultimate value to that object of ultimate value or to its stand-in ».

59 « N'est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou

autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d'elle-même ou d'autrui, sauf s'il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l'atteinte.

N'est pas pénalement responsable la personne qui, pour interrompre l'exécution d'un crime ou d'un délit contre un bien, accomplit un acte de défense, autre qu'un homicide volontaire, lorsque cet acte est strictement nécessaire au but poursuivi dès lors que les moyens employés sont proportionnés à la gravité de l'infraction ».

"jugement de Dieu"60 ou "duel d'honneur" officiel, par exemple. Elles ne sont pas des combats institutionnellement régulés. Pour l’institution et ses représentants, il s’agit donc de rixes. Nous considérons qu’aux yeux de la loi, toute situation de violence non légitime est une rixe. La loi ou un règlement institutionnel ne considère tout simplement pas la possibilité de la bagarre, comme élément socialement tolérable. Il en va de même pour un videur intervenant sur une situation de bagarre, par exemple, qui doit immédiatement en faire cesser l’échange physique qui est violent aux normes de l’établissement, et pour lequel il s’agit d’une rixe. Il représente l’autorité et doit y mettre fin, il est hors de question qu’il ne laisse l’échange physique se poursuivre tout en arbitrant les suites. La seule brutalité tolérée est la brutalité légitime, toute autre brutalité est une rixe, l’expression intermédiaire de la bagarre ne peut être reconnue par l’institution.

L’assistance, elle, en revanche, peut estimer la bagarre comme légitime, et même l’encourager. Nous verrons que souvent les bagarres se règlent "à la sortie" de l’établissement de nuit, justement pour s’éloigner de l’autorité et pour se dérouler dans un cadre immédiat où elles ne sont pas violentes aux garants du respect de la norme présente. La bagarre est le rituel d'interaction mettant en scène les violences primaires socialisées, dans des schémas acquis depuis l’enfance. Structurée par la coutume, elle est l'expression sociale d’un conflit s’engageant physiquement, construit au tour par tour, au même titre que la conversation orale. Une interaction alternée permettant à chacun de calibrer sa réponse, mais aussi de se retirer de la situation.

Nous définissons la bagarre comme étant la prolongation par agression physique du conflit discursif et engageant une contre-provocation physique en rétroaction. L'agression entamant la bagarre peut être le simple contact d'une poussée légère. La réponse peut de même être un simple contact de poussée. La bagarre nécessite un aller-retour physique avec volonté agressante de part et d’autre. Elle implique donc nécessairement les deux acteurs d’une part, et ensuite la recherche d’agression ou de réponse dominante à une agression, sans quoi elle serait une simple provocation physique. Un individu poussant un autre, qui pousse en retour pour s’éloigner, refusant le conflit, n’est pas une bagarre, elle est une situation d’agression, menant à un heurt. La bagarre débute à l’instant où l’agressé cesse de refuser le conflit pour s’arrêter et pousser cette fois avec une volonté agressante, en provocation, que ce

60 Le jugement de Dieu, ou ordalie, est un système de preuve judiciaire propre à des cultures où la structure politique est au moins pour partie théocratique. L’issue de l’épreuve manifesterait le jugement de Dieu, comme c’est le cas pour les combats judiciaires de la chrétienté médiévale par exemple (Lemesle, 2016).

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soit pour faire cesser les agressions, ou bien par lassitude ou tout autre motif, se trouvant à son tour à contre-agresser l’agresseur. Nous développerons la complexité des moteurs de l’agression dans le second chapitre.

Notre recherche a montré que la bagarre n'implique pas nécessairement des coups. La bagarre peut être un conflit exprimé utilisant la brutalité physique comme forme d'expression pour redistribuer certains éléments d’une occasion sociale qui l’englobe. La bagarre n’existe que parce que déclarée comme telle par des acteurs ou encore un public direct, mais aussi indirect. L'énonciation de la situation comme étant une situation de bagarre est relative au perçu de la violence par les regroupements du public et d'acteurs en situation. Dans tous les établissements enquêtés, certains groupes verront une agression proxémique de part et d'autre, donc physique, engageant un rapprochement jusqu'au contact tête contre tête, comme étant une bagarre. Il s’agit d’un contact physique agressant avec réponse provocante, mais il n'y a que menace, sans aucune violence corporelle destructrice engagée. Pour certains videurs habitués aux brutalités, il ne s’agira pourtant pas d’une bagarre, car il ne s’agit pour eux pas d’un contact physique violent. Ils sauront cependant que cela peut être considéré comme une bagarre par des membres du public, et qu’ils doivent donc agir. Nous verrons que la bagarre pose la question des limites corporelles et de la connotation de l’intégrité de ces limites pour le groupe qui en témoigne (Cf. Chap. II).

Pour les acteurs présents, qu’ils soient bagarreurs éprouvés ou novices, la bagarre est déclarée à l'instant où l'interaction violente est irrégulière au continuum de la représentation et engage une dimension physique. Elle peut se résumer à des cris, des menaces et de petites poussées. Cette même bagarre sera une petite bagarre pour les uns, une "chamaillerie", et une grosse bagarre pour les autres, une "vieille baston". Pour exister, elle doit à minima être prise au sérieux par les protagonistes ou par des membres du public. De fait, la bagarre en public présente une grande part démonstrative, puisque pour exister aux yeux de l’audience, elle doit être suffisamment impressionnante pour rompre la représentation sociale initiale en train de se jouer et constituer une scène. La bagarre doit être brutale, elle doit générer un choc. Les acteurs élèvent la voix, font de grands gestes, pour intimider, mais aussi pour mobiliser le public. Comme les extraits du carnet n°1 au "Diamond" peuvent l’illustrer par les bagarres de piste, la majorité des situations désignées comme des bagarres en établissement de nuit ne comportent pas d'échanges de coups, mais se résument à des démonstrations de force. La bagarre nécessite donc un contact physique en aller-retour, avec volonté d’agression voire de domination, mais aussi la reconnaissance de ce contact comme rompant avec un seuil de