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III. Résultats

2. Facteurs influençant l’utilisation d’une filière d’admission directe

2.4. La difficulté d’accès au plateau technique

De nombreux médecins hospitaliers rapportent les difficultés qu’ils rencontrent pour obtenir rapidement des examens paracliniques en particuliers radiologiques, pour les patients hospitalisés, hors urgence.

H1/ « une radio, c’est le lendemain le plus souvent… Un scanner c’est plusieurs jours voire une semaine ! Hors urgence… »

H3/ « Aujourd’hui on sait que comme l’accès au plateau technique se raréfie, il faut que l’examen complémentaire serve à la guérison rapide du malade, si c’est une suspicion de néo et qu’il faut 15 jours pour avoir son scanner, et bien son scanner il ira le faire en ville… […] Aujourd’hui on nous dit « si le malade est sortant vous n’attendez pas 2 semaines pour avoir le scanner. »

H8/ « Je suis un service de médecine… Je n’ai une radio thoracique qu’en 48 heures… […] Un scanner ? Le prochain scanner, la prochaine plage horaire de scanner que j’ai c’est vendredi… Mais pas demain !! Vendredi prochain ! «

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Pour un certain nombre d’entre eux, obtenir un examen d’imagerie dans l’urgence est quelque chose d’encore plus difficile :

H7/ « s’il y a une imagerie à faire on ne peut pas la faire l’après-midi même. Donc ça ce n’est pas possible… »

H4/ « on en a eu des surprises avec les admissions directes (insiste avec un

mouvement de tête) avec le patient pour qui il fallait faire la radio, le scanner en

urgence etc. etc. et que du coup on galère pour avoir les examens »

L’obtention d’examens d’imagerie en urgence est chronophage et à l’origine d’une désorganisation des services d’hospitalisation conventionnelle et de radiologie, notamment parce qu’elle mobilise du personnel hospitalier.

H1/ « Et demander un examen en urgence c’est pareil, c’est le même problème, ça fait du mouvement, ça prend du temps, faut appeler les brancardiers, faut négocier avec la radiologie… Parce qu’en plus ici l’après-midi c’est un privé qui s’occupe des scanners. »

H9/ « Parce que déjà, pour nous, ça va être compliqué pour l’équipe, et puis nos confrères vont nous dire « vous vous foutez du monde, s’il était passé par les urgences ça aurait été plus simple ».

L’accès aux examens de laboratoire aussi représente une difficulté en particulier dans les structures hospitalières n’ayant pas de laboratoire sur place.

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H1/ « Oui parce que le laboratoire n’est pas sur place ! »

H5/ « Et le labo, donc en fait le problème c’est qu’ici le laboratoire a été délocalisé, donc nos prises de sang partent avec un coursier, à Sainte Musse »

H6/ « La bio on ne l’a pas, pas en urgence en tout cas, en plus c’est délocalisé à Toulon, donc même si c’est piqué dans l’après-midi nous on ne l’a pas. On dépend du coursier. »

Les examens biologiques peuvent représenter une contrainte pour le personnel hospitalier intervenant avant l’analyse au laboratoire.

H1/ « Puis faut que l’infirmière se détache pour faire un bilan en plus de l’admission, faut descendre le bilan pour que le coursier le récupère… Rien que ça, ça désorganise le service »

Du fait du temps nécessaire à l’obtention des résultats, les examens de laboratoires sont aussi un obstacle pour le personnel médical et posent le problème de la responsabilité médicale. Le prescripteur du bilan sanguin, selon l’heure de prélèvement, ne reçoit les résultats qu’après sa fin de journée supposée. Il peut choisir de rester à son poste pour attendre les résultats, les interpréter, et prendre des décisions en fonction, ou bien déléguer ces tâches aux confrères du service des urgences. Dans les deux cas, on comprend aisément que ce n’est pas une pratique qui peut et doit arriver fréquemment.

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H5/ « le patient arrive à 15h, il n’a pas été piqué en ville, il arrive, il peut être prélevé tout de suite. Par contre les résultats … […] euh pour récupérer les résultats, souvent ça va tomber vers 18 ou 19h, les médecins ne sont plus là et c’est pour les urgentistes. Bon oui parce qu’après la nuit, l’astreinte médicale est gérée par les urgences. Donc ça peut poser problème. »

Le problème de délai d’obtention des résultats est superposable dans le domaine de la radiologie.

H8/ « Et même !! Même !! Si le radiologue me dit maintenant « ok je te le fais en urgence » … le scanner je ne l’ai pas avant 2 heures ! Et par fainéantise, (parle plus

bas, comme pour me livrer une confidence) je ne vais pas attendre ici 2 heures…

enfin faut un peu comprendre qu’on a notre vie aussi »

La difficulté d’accès aux examens paracliniques est ressentie comme un obstacle à l’admission via une FAD. Cet accès est facilité lors d’un passage par les urgences.

H1/ « Mais on pourrait peut-être avoir moins peur d’une entrée pas tout à fait stable… Si on avait la biologie et l’imagerie rapidement aussi ! […] Donc c’est clair que s’il faut un examen radiologique urgent c’est qu’il faut passer par les urgences. »

H6/ « Bon après à l’inverse, nous étant loin du plateau technique, ça nous arrive aussi de dire « non là on a besoin d’une imagerie, faites-le passer par les urgences »

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L6/ Parce que je me dis qu’il va avoir un bilan complet, tout de suite… Enfin tout de suite (souriant comme pour faire référence au temps d’attente aux urgences) en théorie… Donc prise de sang et radio rapidement

L10/ « Enfin il nous demande un passage par les urgences c’est parce que les urgences c’est l’avantage d’avoir une radio, une prise de sang qui sont faites et tout de suite »

Le praticien hospitalier qui déclare avoir le taux d’admission directe le plus important, ne rapporte aucune difficulté d’accès aux examens paracliniques. De fait, l’accès facilité au plateau technique semble être un facteur favorisant le développement de la FAD

H2/ « on a un accès facile avec le laboratoire, s’il s’avère être très instable, je peux faire mon bilan, je téléphone à la radio il est prioritaire j’ai tout de suite ma radio mon scanner mon angioscanner et puis si ça ne va pas je peux même le mettre à l’UHCD pour avoir un lit monitoré. »