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La construction de la matrice de comptabilité sociale

Chapitre 3 - Evaluation de l’impact macroéconomique de l’adhésion à l’OMC: Simulation à

4. La construction de la matrice de comptabilité sociale

Il s’agit dans cette section de fournir un aperçu global de la technique de construction et de désagrégation de la matrice de comptabilité sociale que nous avons utilisée, base comptable nécessaire pour le calibrage du modèle à l’économie libanaise. La SAM ou la MCS est un tableau à double entrée permettant de présenter, sous une forme matricielle, les comptes du système de comptabilité nationale et de développer les interrelations entre le tableau des ressources-emplois et les comptes des secteurs institutionnels (Round, 2003).

Dans un pays où les données statistiques sont quasi-inexistantes, et où les études économiques quantitatives sont très rares, le recours à une matrice de comptabilité sociale déjà existante était quasi impossible pour plusieurs raisons. En effet, les matrices de comptabilité sociale utilisées dans les études quantitatives appliquées au Liban sont soit très agrégées et utilisant les données de 1997, soit appliquées à un pays dont la structure économique ressemble à celle du Liban. Ainsi, l’un des principaux défis dans cette étude

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était de pouvoir obtenir une matrice de comptabilité sociale, basée sur les données nationales et sa désagrégation par la suite pour étendre le champ d’analyse.

On a pu surmonter cet obstacle par le recours à la Commission Economique et Sociale des Nations Unies pour l’Asie Occidentale (ESCWA), dont l’équipe économique était en train de construire en 2012 une matrice de comptabilité sociale, toujours non diffusée, à nos connaissances.

La matrice de comptabilité sociale qu’on a utilisée est calibrée pour l’année 2010. Elle a

été désagrégée par la suite pour inclure sept sous-secteurs industriels, au lieu d’un seul,

conformément à ceux existants dans les comptes de la comptabilité nationale :

1- produits agro-alimentaires,

2- textiles,

3- minéraux non-métalliques,

4- métaux, machines et appareils,

5- bois, caoutchouc et chimie,

6- meubles,

7- autres branches.

La SAM libanaise se présente sous forme de 42 comptes agrégés. Elle distingue d’abord

les secteurs d’activité et les biens produits, pour mieux visualiser l’hypothèse du modèle de l’IFPRI selon laquelle un même bien peut être produit par plusieurs activités et une même activité peut produire plusieurs biens. Le travail et le capital sont les deux facteurs de production du modèle. Pour des raisons de manques de données, on ne considère qu’un seul facteur travail. La matrice englobe deux comptes courants pour les unités institutionnelles résidentes, à savoir les ménages et le gouvernement, ce dernier ressortant les dépenses publiques. L’hypothèse de l’agent représentatif est retenue puisqu’on ne classifie les ménages qu’en un seul groupe. Cette hypothèse sera relâchée dans le chapitre suivant lequel fait recours à l’enquête ménages. La matrice distingue aussi un compte d’épargne-investissement, et les comptes des recettes directes et indirectes de l’Etat.

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Les données du commerce extérieur sont collectées dans un compte d’échanges, le « reste

du monde ». L’une des caractéristiques du modèle dynamique de l’IFPRI est qu’il permet

une désagrégation régionale du commerce international. Dans ce but, les données du commerce extérieur du Liban ont été classées en sept zones d’échanges géographiques, au lieu d’inclure un seul compte « reste du monde ». Cette spécification permet de rendre compte de l’hétérogénéité du commerce extérieur par région et de mieux examiner les phénomènes de substitution régionale et l’évolution du prix des importations, suite aux politiques de libéralisation commerciale (Punt, 2004). Il y a d’abord les deux principaux

partenaires commerciaux, à savoir les pays de l’Union européenne (UE 28), et les pays

arabes membres de la grande zone de libre échange (GAFTA). Les échanges commerciaux avec les pays du groupe de l’EFTA (l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse) sont eux-aussi considérés, puisque ce groupe de pays constitue un des principaux partenaires commerciaux du Liban, et vu qu’il existe déjà des accords commerciaux enre ce groupe. Sont prises en compte aussi les relations commerciales avec les autres principaux partenaires commerciaux, à savoir le groupe ALENA (les Etats-Unis, le Canada et le Mexique), la Chine et la Turquie, dont la part du commerce avec le Liban est importante. Les informations sur les flux commerciaux avec ces pays\groupes de pays sont collectées auprès de la base de données MacMap (Market Access Map), développée conjointement par le Centre du commerce international CCI,

(CNUCED-OMC, Genève) et le Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations

Internationales (CEPII, Paris), et recueillies pour l’année 2010 (Plummer, 2010).

Le calcul des paramètres du modèle se fait sur la base de la MCS et de certaines hypothèses. Les paramètres non calibrés proviennent de sources extérieures. Le taux de croissance de la population est estimé à 1,3% par an, conformément aux projections faites par le Fond Monétaire International (FMI, 2013).

Pour prédire le comportement d’offre et de demande en ce qui concerne le commerce extérieur, deux types d’élasticité sont utilisés: les élasticités d’Armington et les élasticités régionales. Les élasticités d’Armington sont des estimations de la facilité avec

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laquelle les produits domestiques peuvent se substituer aux produits importés dans la consommation domestique (Armington, 1969). Plus cette élasticité est grande, plus les produits sont homogènes et plus il est aisé de substituer les produits nationaux aux produits importés ou inversement. Les élasticités régionales estiment la facilité avec laquelle les consommateurs libanais peuvent s’approvisionner sur tel ou tel marché étranger en réponse à un changement des prix relatifs. Les élasticités régionales sont supposées être supérieures aux élasticités d’Armington : le degré de substitution est supposé être plus élevé entre les biens importés qu’entre ces biens importés et les biens domestiques. Aucune estimation de ces élasticités n’est disponible pour le Liban. Cela nous a amené à les emprunter à la littérature des MEGC et à des études empiriques réalisées dans d’autres économies en développement.