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– LA BALANCE COMMERCIALE DES DÉPARTEMENTS D’OUTRE-MER

Dans le document Avis 19-A-12 du 04 juillet 2019 (Page 172-180)

La Réunion

En ce qui concerne le territoire de La Réunion188, la DAAF indique, dans une étude d’avril 2017, que la part de la production locale se maintient sur le marché du frais et que les importations continuent leur progression. Le marché du surgelé est très développé à La Réunion, car historiquement les filières volailles ou porc n’existaient pas sur l’île.

Sur le marché du frais, la couverture en produits frais par les producteurs locaux représente 77 % en moyenne pour les dix dernières années :

188

http://daaf.reunion.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Publication_Agreste_104_avril_2017_importations_cle01d7 df.pdf

Sur le marché global (frais, transformé et congelé), il est observé un léger recul du taux de couverture de la production locale sur les dix dernières années.

Selon un distributeur local, l’offre de produits alternatifs, notamment issus de la production locale, augmente d’année en année. Ainsi entre 2008 et 2017, de nouveaux produits comme des ailes de poulet « Péi » ont été intégrés à la gamme afin d’élargir l’éventail de choix offert aux clients mais aussi de soutenir le développement économique local.

En ce qui concerne la volaille, le taux de couverture de la production locale est passé de 45 % à 38 % en dix ans, alors que les importations de viande découpée surgelée ont augmenté sur cette période de 47 % en volume. De la même manière, pour la filière viande bovine, le taux de couverture a baissé de 8 points depuis 2007. Les importations de viande fraîche sont en légère baisse (-5,8 %), mais celles de produits congelés ont considérablement progressé (+59 %). Les productions de viande porcine, de lapins, de lait, et d’œufs voient leur taux de couverture baisser également de 3 à 5 points.

Le bilan des importations à La Réunion, publié par la DAAF de La Réunion au mois de mai 2018189, indique que les importations de viande de volaille représentent plus de la moitié des importations totales de viande à La Réunion : 20 300 tonnes ont été importées en 2017 sur près de 40 000 tonnes au total. Depuis 2014, les importations annuelles de cette catégorie de denrée se sont stabilisées, oscillant autour de 20 400 tonnes. En revanche, la valeur de la viande de volaille importée ne représente que le tiers de la valeur totale des importations de viande en 2017 et n’a cessé de baisser au fil des années, s’élevant en moyenne à 2 €/kg en 2017. La totalité des importations provient de l’Union européenne. 83 % du volume sont importés sous forme de découpes congelées, dont 40 % proviennent de France métropolitaine, 20 % de Pologne, et 15 % des Pays-Bas.

189 http://daaf.reunion.agriculture.gouv.fr/Bilan-des-importations-2007-2017,1513

Depuis dix ans, le volume annuel de viande de porc importé oscille autour de 12 800 tonnes.

En 2017, ce sont 13 000 tonnes qui ont été importées, dont 85 % sous forme de découpe congelée (essentiellement du minerai et dans une moindre mesure des côtes). Le jambon représente 9 % du volume importé. La totalité de la viande porcine importée provient de l’Union européenne, dont 63 % de France métropolitaine et 35 % d’Espagne.

En dix ans, le volume de viande bovine importé a augmenté de plus de 30 % pour atteindre 4 100 tonnes en 2017. On constate ces quatre dernières années une hausse continue des importations sous forme de découpes congelées : 2 500 tonnes en 2017 (+25 % depuis 2014).

En revanche, les importations en viande fraîche ont diminué de 20 % depuis 2014 et s’élèvent à 1 500 tonnes en 2017. Plus de 90 % des importations de viande bovine proviennent de l’Union européenne, essentiellement de France métropolitaine. De façon plus anecdotique, environ 350 tonnes ont été importées en 2017 de Namibie, Australie et Nouvelle-Zélande.

Les filières animales structurées au sein des interprofessions réunionnaises représentent près de 80 % des productions locales concernées (lait, viande bovine, porc et volaille) et plus de 4 000 emplois soutenant l’activité économique réunionnaise190. Pour la filière volaille, la production organisée représente 87 % de la production totale.

La concurrence des produits importés ne s’exerce en revanche pratiquement pas en ce qui concerne les produits frais191. Selon les déclarations des organisations professionnelles, seule la viande bovine fait exception à cette constatation.

La Martinique

En Martinique, le taux de couverture du marché par la production locale en 2017 se présente de la façon suivante192 :

190 POSEI France, Programme applicable au 1er janvier 2018, p. 62, http://www.odeadom.fr/wp-content/uploads/2018/04/Prog-POSEI-2018.pdf

191 http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/rap-info/i2942.pdf, p.31.

192 http://daaf.martinique.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/MEMENTO_2018_cle0edf11.pdf

Le commerce extérieur en viandes pour la Martinique pour l’année 2017 se présente de la façon suivante193 :

L’Association Martiniquaise Interprofessionnelle de la Viande (AMIV) indique que 90 % de la viande importée en Martinique vient de France et qu’il s’agit de produits vendus à un prix inférieur en Martinique qu’en métropole et/ou que les métropolitains ne consomment pas. La production locale a connu un développement récent. Le marché de viande fraîche est ainsi passé de 0 % à 17 %, à la suite d’efforts de la production et de la distribution pour valoriser ces produits. Selon l’AMIV, le consommateur martiniquais est attaché au produit local, mais le territoire n’est pas autosuffisant en ce qui concerne la production de viande fraîche. Selon cette association, les besoins en viande sont de 23 000 tonnes alors que la production locale est de 8 000 tonnes.

De plus, les consommateurs demeurent sensibles aux prix attractifs de la viande congelée, notamment durant les périodes de promotion.

193 http://daaf.martinique.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/MEMENTO_2018_cle0edf11.pdf

La Guadeloupe

Pour la Guadeloupe194, le taux de couverture de la production de viande peut être représenté de la façon suivante :

Les importations en volume de viande en Guadeloupe pour la période entre 2007 et 2017 ont évolué de la façon suivante195 :

194 http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/D97118A03.pdf

195

http://daaf.guadeloupe.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Agreste_Commerce_exterieur_09112018_cle0e9a9b.pdf

Depuis 2010, les importations de viandes et animaux vivants en Guadeloupe ont évolué de la façon suivante196 :

La balance commerciale en Guadeloupe est largement déficitaire à l’instar de la moyenne annuelle sur 20 ans. Pour la volaille, en 20 ans, les importations sont passées de 11 000 tonnes à 2 800 tonnes importées pour les produits frais alors que sur la même période les importations de produits congelés, quasi inexistantes en 1995, sont passées à 10 000 tonnes en 2015.

La Guyane

Les importations de viande en Guyane en volume depuis 2000 n’ont pas cessé d’augmenter197 :

En dépit d’une augmentation régulière de la production locale, les taux de couverture alimentaire restent encore relativement faibles (inférieurs à 20 %) pour les filières bovine, porcine et volailles chair. Le développement des cheptels fait face aux contraintes structurelles que représentent, d’une part la faible couverture de savane sur le territoire et, d’autre part, l’accès au foncier. La filière « œufs » de Guyane, structurée au sein de la Coopérative Avicole et Cunicole de Guyane (CACG) qui réunit 17 producteurs d’œufs, produit quant à elle plus de 12 millions d’œufs annuellement (estimation 2016). C’est la seule filière locale qui couvre 100 % des besoins locaux198.

En 2016, les abattages ont progressé de 8,1 % pour les bovins et de 3,2 % pour les porcins.

Les importations de viande bovine ont reculé de 1,72 % sur l’année (+ 9,9 % en 2015) tandis que les importations de viande porcine ont été en légère hausse de 1,46 % (contre - 5,75 % en 2015)199.

Dans un contexte de progression rapide de la population (+ 2,4 % par an entre 2009 et 2014), la production de viande issue de l’élevage guyanais n’est pas en mesure de couvrir l’ensemble des besoins de la population locale. Le taux d’autosuffisance200 s’établit à 17,5 % pour la viande bovine et 16,8 % pour la viande porcine.

196 http://daaf.guadeloupe.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/editionmemento2017-2_cle05edb3.pdf

197 http://www.daaf.guyane.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/memento2017_cle4fce95.pdf

198 http://www.daaf.guyane.agriculture.gouv.fr/Elevage

199 https://www.iedom.fr/IMG/pdf/ra2016_guyane.pdf

200 Ratio entre les abattages contrôlés et la somme des abattages contrôlés plus les importations issues du commerce extérieur de même nature.

Les aides à la structuration de l’élevage en Guyane en 2015 s’élevaient à environ 2,7 millions d’euros201. La structuration du secteur de l’élevage se présente ainsi202 :

Les éleveurs guyanais sont regroupés au sein de l’Interprofession élevage de Guyane- INTERVIG qui vise à développer les volumes locaux à la vente, structurer les filières locales, consolider l’interprofession guyanaise de l’élevage et gérer son quotidien. La marque repère

« produit issu de l’élevage de Guyane » mise en place par l’interprofession, permet au consommateur d’identifier immédiatement une viande issue de l’élevage local et commercialisée par un distributeur local, tous deux intégrés dans une démarche de structuration.

Mayotte

À l’instar des économies insulaires de petite taille, Mayotte dépend fortement de l’extérieur d’où elle importe l’essentiel des biens qu’elle consomme. La balance commerciale est donc structurellement déficitaire et le taux de couverture très réduit, du fait de la faiblesse des exportations203. Les produits agroalimentaires constituent le deuxième poste des importations à Mayotte (24,7 % en 2017).

Une étude récente de janvier 2018, réalisée par la DAAF de Mayotte204, indique un taux de couverture assez faible des besoins par la production locale pour la viande pour la période 2012 à 2016 :

201 http://www.daaf.guyane.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/memento2017_cle4fce95.pdf

202 http://www.daaf.guyane.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/memento2017_cle4fce95.pdf

203 https://www.iedom.fr/IMG/pdf/rapport_annuel_2017_iedom_mayotte.pdf

204 http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/D97618A02.pdf

En 2014 (dernière année disponible), la Chambre d’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte (CAPAM) compte près de 2 736 agriculteurs inscrits au Centre de formalités des entreprises (CFE) contre 2 770 en 2013, soit une diminution de 1,2 %. Pour autant, l’agriculture mahoraise représente un moyen d’autosuffisance domestique alimentaire ou un complément de revenu et possède donc un caractère principalement familial. Le secteur a une importance sociale essentielle puisqu’il fournit une part significative de l’alimentation de base pour la population locale. Seulement 28 % des agriculteurs commercialisent une partie de leur production205.

L’étude thématique « Mayotte 2017 » de l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer206 souligne le fait que le dernier rapport concernant l’état des lieux de l’agriculture a été réalisé en 2010 par la DAAF. Les données actualisées par la DAAF font état de 9 000 exploitations agricoles occupant une surface agricole utilisée de 8 717 hectares de superficie et de 15 700 familles agricoles, soit plus de 53 000 personnes, qui consomment la quasi-totalité de leur production et distribuent, pour l’essentiel, leur production dans le cercle familial. Les agriculteurs constituent une population jeune mais vieillissante, composée à 52 % de femmes et représentant 23,3 % de la population recensée207.

Malgré un marché potentiel local à forte demande, les agriculteurs professionnels sont peu nombreux à Mayotte. Les professionnels agricoles mahorais font face à des contraintes, souvent basiques, qui obèrent leur activité. Tout d’abord, la taille restreinte des exploitations, qui réduit le potentiel de mécanisation ainsi que le coût du travail et le manque d’infrastructures pèsent sur les coûts de production et ne permettent pas de générer des économies d’échelle. Le prix de vente des produits est donc élevé. Mayotte subit également la concurrence des territoires voisins (Comores, Madagascar, etc.) dont les coûts de production sont significativement plus faibles car ces territoires ne sont pas soumis au respect des normes européennes208.

Les agriculteurs sont également confrontés à des difficultés d’accès aux financements bancaires en raison de données objectives (incapacité à apporter des garanties, difficultés à présenter des bilans comptables et financiers) et ne peuvent, ainsi, ni étendre, ni moderniser leur exploitation.

205 https://www.iedom.fr/IMG/pdf/rapport_annuel_2017_iedom_mayotte.pdf

206 https://www.iedom.fr/IMG/pdf/rapport_annuel_2017_iedom_mayotte.pdf

207 Sur la base des données sur la population fournie par l’INSEE en 2015.

208 Étude précitée, p. 81.

Seule la filière « œuf », protégée par les contraintes et les coûts inhérents à l’importation de ce produit frais, a pu se structurer et se développer jusqu’à subvenir à la totalité des besoins de la population (en 2017, 73 % de la production totale d’œufs est locale).

En revanche, il n’existe pas de filière « poulets de chair ». Les productions locales ne représentent que 1 % à 2,5 % du total consommé localement (environ 800 tonnes par an). À l’exception de l’atelier agroalimentaire du lycée agricole qui dispose d’un atelier d’abattage agréé de petite capacité, il n’existe pas d’abattoirs privés à ce jour. Les importations de poulets sont donc indispensables pour répondre à la demande importante des consommateurs, sachant que le marché de la volaille croît fortement (de 10 à 20 % par an).

Les quantités produites de viande ne permettent pas de répondre à la demande, bien que la taille des exploitations soit passée de 4,8 animaux par éleveur en 2012 à 8 en 2015.

Par ailleurs, en l’absence d’abattoir et de laiterie, les bovins sont abattus et les produits agricoles transformés en dehors de tout circuit officiel de commercialisation. Les prix sont par ailleurs élevés : ainsi, en 2016, la production animale est estimée à 11,4 millions d’euros contre 13,4 millions en 2015. La demande locale augmentant à un rythme de 5 à 10 % par an, la production locale s’avère insuffisante à la satisfaire, justifiant ainsi le volume élevé des importations de cette filière209. En 2016, le prix de vente moyen de la viande bovine est en moyenne de 12 euros par kilogramme contre 9,50 euros par kilogramme en 2012 alors qu’un kilogramme de viande de bœuf dans l’hexagone se commercialise à 7,46 euros et est payé environ 3 euros au producteur.

209 Étude précitée, p. 87.

Dans le document Avis 19-A-12 du 04 juillet 2019 (Page 172-180)