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CHAPITRE 1. CADRE CONCEPTUEL

1.3. L’Insertion des TIC dans le contexte des Entreprises

L’évolution technologique commence à avoir un impact sur le fonctionnement des entreprises à partir des années 1950. À ce moment, plusieurs théories organisationnelles

27 Masuda Yoneji, The Information Society as Post-Industrial Society, 1984. Fondateur et Président de l’Institut pour la Société de l’Information et Directeur de JACUDI (Japan Computer Usage Development Institut), a présenté le « Plan JACUDI » en 1972, étant le premier élément stratégique sur les Politiques Publiques de la Société de l’Information.

telles que la Théorie Structuraliste, la Théorie des Systèmes et la Théorie Néoclassique ont été développés avec une mise en relief de l’importance du capital humain et de la relation des entreprises avec l’environnement.

Avec l’apparition du microprocesseur dans les années 1960, les théories du Comportement et du Développement Organisationnel ont continué à aborder l’importance de l’Information qui provenait de l’environnement dans la prise de décisions des entreprises, soulignant le besoin de créer une relation plus dynamique entre les membres de l’organisation et l’environnement.

Plusieurs auteurs ont commencé à considérer le rôle de la Technologie comme un élément propulseur du développement social et productif à partir des années 1980, mais c’est à la fin des années 1990 que les effets et les bénéficies des TIC ont pu être appréciés, montrant l’influence positive de l’adoption technologique quand son implémentation vient accompagnée d’une série d’éléments complémentaires.

L’un des grands débats de l’époque a été développé par Solow avec « le paradoxe de productivité »29 qui soutenait que les investissements en Technologie ne produisaient pas une véritable augmentation dans la productivité des entreprises.

À ce propos, plusieurs auteurs ont affirmé que les faibles niveaux de productivité pourraient être associés à une économie de transition vers la Société de l’Information. Quatre aspects pourraient expliquer le paradoxe de productivité selon le chercheur Erik Brynjolfsson30. Le premier, concernait la mesure erronée d’outputs et d’inputs31

car la Technologie génère des bénéfices difficilement quantifiables tels que la qualité, le temps et le service aux clients. Le deuxième, concernait la tardive apparition de ses effets à cause du temps que prennent les organisations à s’adapter aux nouvelles mesures. Le troisième, trouvait ses arguments sur le fait que certaines entreprises ont pu grandir au détriment des autres. Et finalement, le quatrième aspect pouvait répondre tout

29 Solow Robert, Prix Nobel d’économie 1987.

30 Brynjolfsson Erik, The productivity paradox of information technology, 1993. Brynjolfsson est professeur et chercheur du MIT.

simplement à la mauvaise gestion de l’Information et de la Technologie. Cet auteur a affirmé que seulement en connaissance de cause du paradoxe de productivité, nous pourrions identifier et combattre les barrières pour atteindre des niveaux de productivité supérieurs.

Pour fermer ce débat, Strassman contestait la théorie de Solow depuis une perspective de maturation technologique, donnant comme exemple les quarante ans qui ont été nécessaires pour que l’électricité ait un effet positif sur les chiffres de la productivité. Avec la généralisation d’Internet et la diffusion des TIC dans la Société, le concept d’Entreprise-Réseau apparaît dans les années 1990. L’Information est devenue un élément central de l’activité des entreprises et la Technologie a commencé à être considérée comme une variable endogène supplémentaire. Dans ce contexte, des auteurs comme Christopher Freeman ont considéré le rôle de la Technologie dans la croissance économique et ses effets sur la compétitivité des entreprises32.

L’un des grands changements du nouveau paradigme propose une évolution organisationnelle qui part du modèle de production basé sur l’utilisation de l’énergie et les matières premières, et se tourne vers un modèle de production intensif en information, connaissances et services33.

Dans ce sens, Perez évoque que les employés commencent à être considérés partie prenante du capital humain et les structures deviennent un réseau flexible et autonome, ce qui rend les frontières des organisations plus ouvertes et adaptables aux variations du marché.

1.3.1. Les Systèmes d’Information et l’Entreprise Numérique

En grandissant, les entreprises ont éprouvé le besoin de développer des systèmes d’information dans chacune des différentes unités opérationnelles. Avec le temps, ces

32 Freeman Christopher, The economics of technical change”, 1998. 33

Perez, Technological Revolutions and Financial Capital. The Dynamics of Bubbles and Golden Ages, 2002.

systèmes d’information ont généré des problèmes liés à la gestion des archives, tels que la redondance des données, la dépendance, le manque de flexibilité dans la transmission des données et l’impossibilité de les comparer, parmi tant d’autres.

Pour résoudre cette problématique, des systèmes d’information plus performants ont été développés et adaptés à l’activité des entreprises, les rendant plus flexibles, adaptables, innovantes et productives ; quatre éléments indispensables pour les entreprises qui opèrent dans un environnement globalisé.

L’évolution technologique a créé des conditions favorables à la naissance de l’Entreprise Numérique. Dans ce type d’entreprise, presque toutes les relations significatives avec les clients, les fournisseurs et les employés se réalisent et se contrôlent grâce à des moyens numériques et aux systèmes d’information. Cisco Systems et Dell Computers font partie des entreprises sur le point de se placer dans cette catégorie grâce à l’utilisation d’Internet dans leur business modèle.

Les Laudon34 ont défini le Système d’Information comme l’ensemble des composantes qui captent, traitent, stockent et partagent l’information pour faciliter la prise de décisions et le contrôle dans l’Entreprise. Ces systèmes peuvent aider les chefs d’entreprises et les travailleurs à analyser des problèmes, à visualiser les situations complexes et à créer de nouveaux produits, entre autres aspects. Ces systèmes contiennent des informations sur les personnes, les endroits, les affaires et les aspects importants à l’intérieur de l’organisation et dans l’environnement proche, et sont disponibles à tout moment et en tout lieu pour faciliter la prise de décision.

Les Systèmes d’Information ont trois dimensions. A savoir, la dimension « administrative » qui comprend principalement la stratégie et le comportement organisationnel ; la dimension « technologique » qui comprend les hardwares, les softwares, les télécommunications, la connectivité, et les réseaux ; et puis la dimension « organisationnelle » qui comprend la hiérarchie, les processus et la culture de l’entreprise.

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Laudon Kenneth et Laudon Jane, Sistemas de Information Gerencial : Administración de la Empresa Digital.

Selon ces auteurs, les objectifs principaux qui motivent les entreprises à investir en Systèmes d’Information sont l’excellence opérative, la transformation des biens et des services, la création et le maintien des bonnes relations avec les clients et les fournisseurs, l’amélioration de la prise de décisions, la promotion des avantages compétitifs, et la survie dans le Marché.

Les systèmes d’information sont essentiels pour opérer dans une économie globale. Les hiérarchies sont plus plates et l’efficience administrative s’améliore grâce à un meilleur accès à l’information de la part des employés des niveaux inférieurs de l’organisation. Comme l’indiquait Drucker en 1988, la structure de l’organisation devient aussi plus plate car les employés ont le devoir de s’auto-diriger, et la prise de décisions est plus décentralisée à mesure que la connaissance et l’information se dispersent dans toute l’organisation.

Il existe une grande variété de systèmes d’information et d’applications pour supporter toutes les activités des entreprises qui sont classées selon différentes perspectives. Nous pouvons citer les Systèmes d’Information de Ventes et Marketing, de Manufacture et Production, Financiers et Comptables, des Ressources Humaines ; ainsi que le Système de transactions (TPS), de soutien à la prise de décisions (MIS), de soutien aux cadres de l’entreprise (ESS).

Telle est l’ampleur du sujet que nous sommes dans l’obligation de délimiter pour notre sujet d’étude. Sachant que le domaine des systèmes d’Information est très peu développé dans les PME en Colombie, nous allons orienter notre travail à l’analyse de l’utilisation d’Internet dans les Micros, Petites et Moyennes Entreprises – PME colombiennes.

1.3.2. La valeur des TIC dans l’Entreprise

Vers la fin des années 1990, l’appropriation des TIC pouvait se traduire comme un avantage compétitif pour les entreprises. La situation a changé, et aujourd’hui les TIC font partie de la vie quotidienne des citoyens et des entreprises. De ce fait, leur adoption ne représente plus un avantage compétitif, mais plutôt un besoin de survie, car sa non

appropriation pourrait compromettre d’une certaine manière l’avenir des entreprises les mettant en danger face à la concurrence.

Plusieurs études développées par l’OCDE ont souligné que l’appropriation des TIC doit être accompagnée d’une série d’éléments pour que l’impact sur les résultats des entreprises soit positif. Autrement dit, les changements dans l’organisation restent nécessaires pour pouvoir rentabiliser les investissements en Technologie.

Dans ce sens, les entreprises ont le devoir de reconsidérer leurs stratégies et leurs procédures internes et de prêter une attention particulière à la force de travail. L’OCDE indique que la tendance socio-économique de développement de la Société de l’Information, dessine une société où les personnes et leurs connaissances sont la plus-value des organisations, et où la formation des Ressources Humaines est un facteur principal de compétitivité.

Grâce à Internet et aux TIC, les entreprises peuvent commercialiser leurs produits et services de manière électronique, et effectuer une multiplicité de transactions. Un des avantages du commerce électronique c’est qu’il peut, à quelques exceptions près, avoir lieu partout. Les barrières géographiques et temporelles sont quasi inexistantes et les coûts des transactions ont été réduits de manière significative. Les transactions commerciales traversent les frontières culturelles et nationales, et la taille du marché équivaut au nombre d’internautes connectés au réseau.

Les TIC aident également à atteindre des niveaux de satisfaction supérieurs chez les clients et les fournisseurs, elles rendent les structures plus efficientes grâce à la diminution des transactions inutiles et la réduction du temps d’attente du transfert d’information, et facilitent également la formation de la force de travail à travers la formation en ligne. Étant donné la capacité des TIC à traverser tous les secteurs de l’Economie, il importe de les divulguer afin de maximiser les effets sur le plan de la compétitivité et de la croissance, car si les entreprises continuent à suivre l’ancien paradigme, elles pourraient avoir dans quelques années, une capacité limitée d’interaction avec celles qui auront adopté le nouveau.