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L’identification dans la construction identitaire

La construction de l’identité profes- profes-sionnelle : catégorisation, identification

2.1. L’identification dans la construction identitaire

L’identification traduit les besoins d’affiliation et de sécurité des individus (Sain-saulieu, 1988 ; Ashforth et Mael, 1989) en réponse aux divisions et à l’incertitude qui règnent dans la société (Cheney, 1983 ; Turner et al., 1987) et donne sens à leur environnment social (Pettigrew, 1986). Elle est ainsi un concept clé dans toute théorie tentant de faire état du Soi et de ses fonctionnements au sein d’une structure sociale donnée (Becker, 2006 ; Dubar, 2010) :

[Il est] utile de déconstruire le concept d’identification pour retrouver ses com-posants, pour permettre des comparaisons et pour fournir des instruments plus fins d’analyse des problèmes spécifiques de la structure sociale et du dévelop-pement personnel [des individus]. (Becker, 2006, p. 243)

Pour répondre à la question « qui suis-je ? », les individus font appel à des caté-gories, des termes spécifiques offerts par la société et par les groupes auxquels ils appartiennent (Strauss, 1992 ; Becker, 2006 ; Goffman, 2010 ; Dubar, 2010). Plus précisément, l’identification permet de répondre à la question : comment est-ce que j’arrive à savoir qui je suis à travers mes relations aux autres (Pratt, 1998), que ces autres soient humains ou non humains (Cheney, 1983). En se définissant à partir des caractéristiques offertes par ces groupes d’autres, les individus considèrent ces dernières comme leurs (Strauss, 1992 ; Becker, 2006). Ce faisant, ils acquièrent un ensemble de représentations sur qui ils sont et comment ils devraient se comporter (Becker, 2006). Chaque individu agit donc en s’identifiant à certaines cibles : per-sonnes, famille, groupes, collectivités et dans une moindre mesure valeurs, objectifs, connaissances, activités, objets pour créer de la cohérence. L’identité est ainsi le résultat d’identifications contingentes (Dubar, 2000).

Dans une première partie, nous verrons que la construction de l’identité repose sur deux processus : la catégorisation et l’identification (2.1.1.). Nous verrons dans une seconde partie que l’identification est conduite par la recherche d’une identité sociale positive (2.1.2.). Nous conclurons en mettant en évidence l’existence de différents niveaux d’identification à une cible (2.1.3.)1

.

1. Dans les prochaines sections nous allons surtout nous fonder sur les travaux issus de la théorie de l’identité sociale pour comprendre le concept d’identification, qui est commun à toutes les recherches faisant état du Soi. Ces dernières années, les travaux issus de ce courant se sont intéressés à ce concept et nous pensons qu’il serait difficile de nous en dispenser pour comprendre la construction identitaire. Néanmoins, nous souhaitons rappeler aux lecteurs que nous n’adhérons pas, d’une part, à leur vision scindée de l’identité comme nous l’avons évoqué précédemment. D’autre part, pour ces auteurs, l’identification ne résulte que du jeu de l’individu. L’influence d’autrui n’est pas prise en considération dans la construction identitaire (une nuance est toutefois à apporter puisque les travaux récents commencent à s’intéresser à ce dernier aspect (cf. Ibarra (1999)). Comme nous le verrons par la suite, nous n’adhérons pas non plus à ce positionnement.

2.1.1. Catégorisation et identification

Selon les théories de l’identité sociale et de l’auto-catégorisation qui s’inscrit dans sa suite, l’identité sociale est la résultante de deux processus : la catégorisation d’une part et l’identification d’autre part (Tajfel et Turner, 1979 ; Tajfel, 1982 ; Turner, 1985 ; Tajfel et Turner, 1986). Ainsi, sans catégorisation préalable, pas d’identification possible.

L’individu évolue dans un système complexe. Pour le rendre cohérent et pouvoir mieux l’appréhender, l’individu « l’ordonne, le systématise et le simplifie » (Tajfel, 1982, p. 21). Il peut, pour se faire, s’aider et s’appuyer de catégories déjà présentes et proposées par son environnement (Dubar, 2010). Par cet exercice mental, l’individu segmente ce qui l’entoure en catégories auxquelles il attribue des caractéristiques spécifiques. Les caractéristiques attribuées sont diverses et variées et peuvent par exemple être l’âge, le genre, des valeurs et croyances, etc. (Tajfel et Turner, 1979 ; Hogg, 2000). La catégorisation c’est aussi ce que l’on retrouve en filigrane chez Goffman lorsqu’un individu distingue les stigmatisés des non stigmatisés ou encore chez Becker lorsqu’il nous parle des déviants.

Les groupes sociaux ainsi formés sont des prototypes. Ceux-ci sont des ensembles flous d’attributs qui définissent les membres d’un groupe à partir des caractéris-tiques de ses membres les plus représentatifs, caractériscaractéris-tiques qui incarnent au mieux le groupe et ses idéaux-types (Hogg et Terry, 2000). Ce sont, finalement, des sté-réotypes2 qui permettent à l’individu de clarifier les frontières entre les membres d’un groupe social spécifique et les non membres (Hogg, 2000 ; Carnegie et Napier, 2010). Un individu attribue les stéréotypes à toute personne dont il pense qu’elle appartient à un groupe spécifique (Carnegie et Napier, 2010). Une fois cette seg-mentation faite, l’individu classe les autres dans ces différents groupes et devient à même de différencier des individus appartenant à des groupes sociaux différents (Tajfel, 1972 ; Pettigrew, 1986). L’ensemble des ces étapes, de la catégorisation au classement des individus, forme ce que Turner (1985) appelle : le processus de ca-tégorisation. L’individu met ainsi en place un « système d’orientations qui crée et définit la place particulière d’un individu dans la société » (Tajfel, 1972, p. 293). Les membres d’un groupe social possèdent donc des caractéristiques communes et ce groupe, appelé endogroupe, n’acquiert de significations et d’existence pour les in-dividus que parce qu’il existe d’autres groupes (appelés exogroupes) (Tajfel, 1972).

2. Nous rappelons qu’une discussion de ce terme peut être trouvée dans la section 5.1. du chapitre 1.

Forme alors un groupe social l’ensemble des individus qui se perçoivent eux-mêmes comme étant membres de ce groupe, partageant certains liens émotionnels, et attei-gnant un certain degré de consensus social sur l’évaluation de leur groupe (Tajfel et Turner, 1979).

L’identification résulte du classement de l’individu dans un ou plusieurs groupes sociaux et peut se définir comme le sentiment d’appartenance d’un individu à un ou plusieurs groupes sociaux (Tajfel et Turner, 1979 ; Ashforth et Mael, 1989 ; Dutton et al., 1994 ; Dukerich et al., 2002). L’identification, c’est alors la consubstantialité, c’est-à-dire « une sorte de zone de chevauchement — réelle ou perçue — entre deux individus ou entre un individu est un groupe fondée par exemple sur l’existence de valeurs ou d’intentions communes » (Cheney, 1983, p. 146). L’idée est la même chez Dubar pour qui les individus se fondent sur des « catégories particulières visant à identifier les autres et à s’identifier soi-même » (Dubar, 2010, p. 110). Pour qu’il y ait identification deux composantes sont jugées nécessaires : une cognitive, c’est-à-dire la reconnaissance de son appartenance à un groupe ; une évaluative, dans le sens où la reconnaissance est liée à certains jugements de valeur (Tajfel, 1982). Les individus n’ont alors pas besoin d’interagir avec les membres de l’endogroupe et il y a identification dès qu’un individu se définit comme appartenant à un groupe (Pratt, 1998).

L’identification a pour conséquence la maximisation des différences qu’un individu perçoit entre les membres de l’endogroupe et ceux des exogroupes. En revanche, les membres des exogroupes sont perçus d’une manière relativement similaire comme des sujets indifférenciés. Dans le même temps, l’identification provoque une certaine dépersonnalisation du soi qui fait que l’individu se sent « identique » aux membres de son endogroupe (Tajfel et Turner, 1979).

Cette approche de l’identification en fait un concept statique puisque présentée sous la forme d’un état final. Des critiques se sont alors élevées et les travaux se situant dans le prolongement des théories de l’identité sociale l’ont alors définie comme les processus par lesquels les individus choisissent de s’identifier à un groupe (Hall et al., 1970 ; Cheney, 1983 ; Ashforth, 1998 ; Ibarra, 1999 ; Suddaby et al., 2007 ; Walsh et Gordon, 2008). Par exemple, Ibarra (1999) propose une vue processuelle de l’identi-fication3

et montre que les consultants et les banquiers d’investissement « essayent »

3. Nous remarquons ici l’introduction d’autrui dans les travaux se situant dans le prolongement des théories de l’identité sociale.

des identifications provisoires en interaction, incorporant des éléments du collectif, ils voient si ces éléments conviennent et en changent au besoin. L’identification est alors l’acte ou les actes qui rendent identiques un individu aux autres individus (Pratt, 1998). Elle s’apparente à ce que d’autres chercheurs appellent négociation identitaire qui est un processus par lequel l’individu aligne son identité à celle du groupe social (Kreiner et al., 2006).

Alors que des études se sont attachées à distinguer état et processus, dans d’autres, comme celles de Dubar et de Sainsaulieu, les auteurs ne font pas de différences et évoquent indistinctement l’identification comme un état ou un processus. Par exemple, Sainsaulieu (1988) définit l’identification comme « le modelage en pensée, sentiment ou action de quelqu’un sur une autre personne » (Ibid, p. 305), c’est-à-dire comme un processus alors qu’un peu plus loin dans sont écrit, il considère que s’identifier revient à reconnaître en l’autre une part de soi-même, l’identification est alors perçu comme un état.

Dans notre travail, nous considérons, tout comme notre vision de l’identité, que l’identification est à la fois stable et provisoire. Elle est en construc-tion permanente et elle est donc à la fois état et processus. Nous utiliserons le terme identification dans cette double acception.

En catégorisant son environnement et en choisissant de s’identifier à des groupes spécifiques, l’individu s’engage dans un processus de comparaison aux autres. Il n’est cependant pas possible de comprendre la catégorisation et l’identification sans considérer le fait que les individus souhaitent appartenir à des groupes socialement valorisés (Tajfel, 1982), comme nous allons le montrer dans la section suivante. 2.1.2. La comparaison sociale et la recherche d’une identité sociale

po-sitive

L’un des principes fondamentaux de la théorie de l’identité sociale pose que les individus cherchent à atteindre ou à maintenir une identité sociale positive (Tajfel, 1972 ; Tajfel et Turner, 1979 ; Tajfel, 1982). Les individus attachent de l’importance au statut de l’endogroupe, puisqu’ils pensent que les qualités et le statut de ce dernier leur permettent d’améliorer l’estime et l’image qu’ils ont d’eux-mêmes (Ashforth et Mael, 1989 ; Dutton et al., 1994). L’identification aux groupes est donc conduite par un besoin de valorisation :

De même que les individus acquièrent ou maintiennent une estime de soi posi-tive en se comparant posiposi-tivement à d’autres individus, ils ne peuvent acquérir

une identité sociale positive qu’en se comparant positivement aux membres d’autres catégories sociales. (Licata, 2007, p. 25)

L’identité sociale positive se fonde ainsi, en partie, sur des comparaisons favo-rables établies entre l’endogroupe et des exogroupes considérés comme pertinents. Par la suite, les membres de l’endogroupe pratiquent une « différenciation posi-tive », c’est-à-dire qu’ils valorisent les comportements et les caractéristiques de son groupe et dévalorisent ceux des exogroupes (Turner, 1985). Ce faisant les indivi-dus tentent d’améliorer, de préserver ou d’atteindre l’identité sociale souhaitée de leur groupe d’appartenance. La comparaison entre groupes sociaux a ainsi pour ob-jectif de confirmer ou d’établir une distinction favorable entre les membres de leur groupe d’appartenante et ceux des non membres, comparaison motivée par un besoin constant d’amélioration de l’estime de soi (Turner, 1985).

Les caractéristiques des groupes sociaux ne sont pas toutes positives. Un même groupe se voit attribuer des caractéristiques positives mais aussi négatives (Ash-forth et Kreiner, 1999), mais l’individu choisit de s’identifier à partir des caracté-ristiques positives du groupe. Ainsi, si les qualités perçues du groupe priment sur les négatives, et permettent à l’individu d’améliorer son image ou son statut, il s’y identifie (Ashforth et Mael, 1989 ; Dutton et al., 1994 ; Walsh et Gordon, 2008). Ces conceptions, positives ou négatives, émises sur un groupe social sont, par na-ture, relationnelles et comparatives (Tajfel, 1982) puisque les individus estiment la valeur de leur groupe en le comparant à d’autres groupes (Tajfel et Turner, 1979). Les membres d’un groupe peuvent se sentir valorisés par rapport à un deuxième, mais dévalorisés par rapport à un troisième, ce qui rend les comparaisons so-ciales contextuelles. Autrui est donc significatif pour forger les caractéristiques d’un groupe ainsi que l’identité des membres de ce dernier.

Ce n’est pourtant qu’en 2010 que les chercheurs s’interrogent sur les facteurs qui rendent une identité sociale positive aux yeux des individus. Dutton et al. (2010), en prenant pour exemple la positivité de l’identité professionnelle, identifient quatre perspectives pour qualifier une identité sociale de positive. Dans un premier temps, la perspective « vertueuse » considère qu’une identité au travail est positive lorsque ses caractéristiques identitaires sont imprégnées de qualités vertueuses, de traits moraux. Il s’agit de valeurs telles la bonté, le courage, la justice, l’humanité, l’hon-nêteté, etc. La deuxième perspective, dite « évaluative », s’intéresse aux regards que les individus portent sur leur propre identité au travail. En général, les individus aiment se sentir « bien dans leurs baskets » et sont motivés pour se distinguer

posi-tivement des autres. Une identité sera positive si elle est regardée favorablement en termes de compétences ou de capacités. En troisième lieu vient la perspective « évo-lutive ». L’identité change au cours du temps et elle devient positive si l’individu se rapproche de plus en plus de son identité idéale ou de standards qu’il s’est fixé. En-fin, la perspective « structurelle » considère que l’identité est composée de multiples facettes qui forment un équilibre. Une identité est positive lorsque l’individu arrive à équilibrer ces facettes qui forment l’identité personnelle et l’identité sociale. Nous pouvons conclure cette partie en nous demandant comment les individus ré-agissent lorsque qu’ils jugent que l’identité sociale de l’endogroupe est insatisfai-sante. Tajfel et Turner (1986) expliquent que les individus peuvent adopter deux comportements. Soit ils se dés-identifient de l’endogroupe et rejoignent un groupe positivement évalué. Soit ils tentent de rendre leur groupe plus favorablement dis-tinct : par exemple des stratégies cognitives peuvent être développées (redéfinition des caractéristiques du groupe, proposer des dimensions de comparaison plus avan-tageuses, etc.)

2.1.3. Des niveaux d’identification variables

Les individus appartiennent et s’identifient à différents groupes sociaux. Toutefois, toutes ces appartenances ne contribuent pas de la même façon à la définition de soi (Stryker et Serpe, 1982) et le niveau d’identification aux différents groupes sociaux est propre à chaque individu (Ashforth et Mael, 1989 ; Dukerich et al., 2002). Il a aussi été montré que le degré d’identification à un groupe varie au gré des situations et des interactions (Ashforth et Mael, 1989 ; Dutton et al., 1994 ; Kreiner et al., 2006 ; Dubar et Tripier, 2010 ; Goffman, 2011). Ainsi, chaque membre d’un groupe, a priori homogène, peut s’identifier à des degrés différents à certaines caractéristiques de ses endogroupes (Dutton et al., 1994 ; Dubar, 2010). Par exemple, en 1994, Dutton et al. montrent que les médecins — qui se définissent dans un premier temps comme médecins — peuvent s’identifier à des degrés différents à un organisme de santé particulier. Alors que certains se définissent en partie par leur affiliation au système public, d’autres y trouvent peu de signification, et s’identifient plutôt à leur appartenance à une clinique privée.

2.1.4. L’identification par distinction ou dis-identification

Il est parfois plus facile pour un individu de se définir à travers les groupes sociaux auxquels il n’appartient pas (Elsbach, 1998 ; Elsbach et Bhattacharya, 2001). Les individus peuvent ainsi comprendre qui ils sont en définissant qui ils ne sont pas. Par

exemple, ils peuvent se présenter comme étant non fumeurs. Dans cette acception, les individus peuvent se sentir distinct de groupes auxquels ils n’appartiennent pas même s’ils ne se définissent pas comme appartenant à un groupe opposé. Elsbach et Bhattacharya (2001) parlent alors de « disidentification » que nous choisissons de traduire ici par identification par distinction4.

Les deux auteurs définissent l’identification organisationnelle par distinction comme « une perception de soi fondée (1) sur une séparation cognitive faite par l’individu entre son identité propre et la perception qu’il a de l’identité de l’organisation, et (2) une catégorisation relationnelle négative entre lui et l’organisation ». (Elsbach et Bhattacharya, 2001, p. 397). Alors qu’elles l’utilisent pour traiter de l’identifica-tion organisal’identifica-tionnelle, nous considérons que nous pouvons utiliser le concept pour toute catégorie d’identification qu’un individu rejette. L’identification organisation-nelle par distinction indique ainsi le degré par lequel une personne se définit comme n’ayant pas les mêmes caractéristiques que celles qu’elle attribut à une organisa-tion : il n’y a alors pas de chevauchement entre son identité individuelle et celle de l’organisation.

Avec l’identification par distinction, c’est un sentiment de rejet qui affecte l’individu (Elsbach, 1998) et qui se traduit par une différenciation active entre un individu et une entité (Dukerich et al., 1998). Cette définition de Soi peut résulter par exemple d’un conflit perçu entre les valeurs de l’individu et celles de l’organisation (Els-bach et Bhattacharya, 2001) ou d’un rejet de ce qu’un individu n’aime pas faire (Elsbach, 1998). Mais elle est aussi un état temporaire entre deux identifications (Elsbach, 1998). L’individu peut ainsi ne pas être un étudiant, ne pas être un en-vironnementaliste, etc., cela ne signifie pas qu’il y a identification par distinction, sauf s’il spécifie et indique clairement lorsqu’il parle de lui qu’il n’est pas étudiant et environnementaliste. L’identification par distinction est donc un processus actif de mise à distance qui se fonde généralement sur des perceptions simplifiées et extrêmes (donc des stéréotypes) des caractéristiques d’autrui (Elsbach et

Bhat-4. Nous tenons à expliquer ce choix dans la traduction. Dans un premier temps, nous avions choisi de traduire ce terme par celui de « dés-identification ». Cependant ce terme est utilisé par des auteurs français comme (Pezé, 2012) pour désigner un mouvement de résistance face à des identités imposées. La dés-identification peut aussi faire penser au fait que l’individu c’est d’abord identifier à la cible pour ensuite s’en séparer (réflexion qui nous a été faite lors d’une présentation de notre état d’avancement). Nous ne pouvons pas non plus utiliser l’expression « non identification » puisque cette dernière signifie que l’individu est indifférent ou passif, n’ayant pas d’opinion sur l’objet de l’identification, ce qui n’est pas le cas ici (Dukerichet al., 1998 ; Elsbach et Bhattacharya, 2001). Enfin, nous ne pouvons pas non plus utiliser l’expression dé-identification qui correspond à un niveau d’identification faible et dilué (Elsbach, 1999).

tacharya, 2001). Elle peut aussi être vue par certains comme une stratégie visant à réduire l’incertitude de l’identité et à améliorer l’estime de soi (Ashforth et al., 2008).

En résumé

Le concept d’identification est commun à de nombreuses théories. Trois aspects sont importants à retenir du point de vue de la théorie de l’identité sociale :

– Les individus n’ont pas besoin d’interagir avec les personnes du groupe auquel ils se sentent appartenir. Il y a donc identification dès qu’un individu se reconnaît appartenir à un groupe. Les cibles d’identification sont dès lors les croyances qu’un individu se fait d’un groupe, d’un objet d’identification. Ainsi, un contrôleur de gestion qui se définira comme un business partner sera pour nous un contrôleur de gestion business partner (identification pour soi) même si pour les autres (identification pour autrui), il ne l’est pas. – L’identification a des conséquences en termes de comportements et de

per-ception. Souvent les individus se conforment aux normes et stéréotypes de comportement de leur endogroupe. Les différences parmi les membres du groupe sont minimisées et celles avec les non membres amplifiées.

– Les individus veulent appartenir à des groupes socialement valorisés, qui leur permettent de construire une identité positive. Une fois dans un groupe, ils se comparent à des groupes qui permettent de protéger et d’améliorer leur iden-tité sociale. Ils peuvent d’ailleurs mettre en œuvre des stratégies pour garder cette image positive ou quitter leur groupe d’appartenance s’ils considèrent que celui-ci nuit à la positivité de leur identité. Plus l’objet de l’identification sera considéré comme prestigieux, plus l’identification sera facile.

Nous avons également abordé le thème de l’identification par distinction qui résulte d’une définition du Soi par la non appartenance à certains groupes. Avec l’identifi-cation par distinction, c’est un sentiment de rejet qui affecte l’individun et qui se traduit par une différenciation active entre un individu et un autre groupe.

Dans la suite de notre travail, nous allons porter notre attention sur les objets à partir desquels un individu se définit dans le cadre de son travail : à quoi fait-il référence lorsqu’il parle de lui ? À qui ?, etc.

2.2. Les objets de l’identification au travail

Sainsaulieu (1988) est le premier chercheur à introduire les concepts d’identité et