3. Concepts et champs disciplinaire infirmier
3.1 Définition des concepts retenus
3.1.2 L’hypnose ericksonienne par les contes métaphoriques
Selon l’ouvrage « La stratégie en thérapie ou L’hypnose sans hypnose
de Milton Erickson » par J.-A. Malarewicz (1988) voici la présentation de
l’hypnose Ericksonienne. L’auteur explique que M. Erickson présente des bases
de stratégies ou de tactiques qui constituent un ensemble donnant sens aux
séances de thérapie. C’est par des techniques de communication qu’il y aura
des finalités immédiates durant la thérapie.
La thérapie selon M. Erickson se présente en 3 phases (cf. appendice
1) qui se déroulent sur plusieurs séances, dont le nombre varie selon les
patients. La phase I représente la séance actuelle, où le patient guidé par son
thérapeute imagine et analyse les conséquences possibles d’alternatives
construites pendant la séance. La phase II se déroule de la première séance à
la suivante, comme une prescription. Le patient est confronté à un
changement possible dans sa vie. La phase III représente le processus de
thérapie par l’hypnose, jusqu’à la fin de la dernière séance. C’est à ce moment
que l’ensemble des éléments vus ou avancés par le thérapeute éclairent le
patient, qui n’est pas forcément le sens attendu par le thérapeute ou son
patient.
Selon M. Erickson, le paradoxe est l’idée que la pensée de chaque
personne partage plusieurs niveaux de logiques (conscient et inconscient, par
exemple). Le but du paradoxe est de présenter une proposition qui est vraie
et fausse à la fois, mobilisant ce qui est caché et qui ressort dans la
conversation, ce qui conduit à l’utilisation d’un certain niveau de logique.
L’objectif est d’avoir l’attention du patient dirigée vers un certain niveau de
logique (qui sera perçu comme le « vrai ») pour qu’il le critique avec un second
niveau de logique (qui sera perçu comme le « faux »). Par exemple : « est-ce
que le fait d’aller mieux est quelque chose de supportable ? ». Cette
proposition suggère qu’elle peut être fausse, le patient va donc la critiquer, et
plus il la critique, plus il est guidé vers le fait que la proposition peut aussi être
vraie.
Les paradoxes peuvent être accompagné d’éléments verbaux ou
non-verbaux et les techniques verbales (langage imagé ou métaphorique,
l’humour, des passages du coq à l’âne, etc.) qui servent à additionner les
niveaux de logiques. Au lieu de dire : « Ecoutez-moi bien », ce qui provoque
de la résistance de la part du patient, le thérapeute dit : « Vous n’êtes pas
obligé d’écouter », attisant ainsi la curiosité du patient. Le non-verbal introduit
un niveau de logique spatio-temporel, souvent en opposition au message
verbal.
Le patient amène lui-même un paradoxe, par demande de «
non-changement » : il désire changer un comportement chez lui, tout en s’y
opposant. Il amène donc un niveau de logique contradictoire. Le thérapeute
va induire la résistance du patient, en vue de l’emmener dans un autre niveau
de logique.
La résistance au changement est un élément de communication qui
est présent dans toutes les relations interpersonnelles. C’est une stratégie
divisée en plusieurs étapes et qui prend plusieurs formes comme le refus de
soin ou la coopération très ouverte du patient. Pour Erickson, ce n’est pas
seulement une interprétation mais un élément du processus de changement.
La situation d’hypnose est une forme de paradigme : si la personne accepte la
modification de son état de conscience, elle peut aussi apprendre à accepter
d’autres changements dans sa symptomatologie.
Un autre aspect soulevé par Erickson est l’autohypnose qui est la
capacité d’un individu à provoquer chez lui un phénomène physiologique (ou
plusieurs) qui peut prendre la forme d’une relaxation musculaire. Cette
méthode permet d’éviter la relation patient-soignant et prévient le risque de
transfert dans cette relation. Erickson définit la « transe hypnotique » comme
un état banal que chacun sait induire inconsciemment. Le thérapeute apporte
un cadre et des indications permettant au patient de se mettre en état
hypnotique quand il le souhaite. Cet état nécessite des éléments internes au
patient (l’autohypnose) et externes à ce dernier (l’hétéro-hypnose) et une
interaction assez forte entre les deux.
Un symptôme se construit probablement à cause d’une fragilité
physiologique et se complexifie à cause des conséquences relationnelles qu’il
entraîne. Ces conséquences maintiennent le symptôme. Un déséquilibre entre
facteurs internes et externes à la personne provoque cette fragilité et se
renforce par des conséquences complexes relationnelles engendrées par le
symptôme.
La métaphore (paradoxe comme l’adaptation d’un conte ou d’un jeu
vidéo à la situation de l’enfant) est facilement acceptée par le patient car elle
lui permet de se dissocier de la réalité actuelle (lorsque le changement est
nécessaire) et d’envisager une réalité lointaine indépendante (après le
changement). Elle est donc souvent utilisée par M. Erickson. Il est important
lors de l’utilisation de la métaphore qu’elle fasse partie de l’expérience du
thérapeute. La métaphore doit bien s’appliquer à la situation du patient car
elle sera plus facile à intégrer à son propre cas. Elle doit pouvoir évoluer et
être dynamique pour permettre le changement, car elle permet de voir
d’autres solutions. La multitude de possibilités qui y sont perçues constitue
l’apport du thérapeute au patient.
La dissociation est l’idée que le thérapeute va donner au patient le
contrôle partiel ou complet de son symptôme. Le patient n’est pas en
souffrance mais il a une douleur. Il change le symptôme en « chose » et il
aura du contrôle sur ce qu’il possède. Cela vise la séparation entre lui-même
et la douleur qu’il a, qui devient un objet. Le thérapeute ne s’adresse pas
vraiment à un malade mais à une personne qui porte quelque chose (un
symptôme) (cf. appendice 2).
La métaphore a plusieurs buts, elle permet l’apprentissage de
nouvelles gestions d’un symptôme (douleur ou stress par exemple) et peut
aider au changement qu’attend le patient ou son entourage. Cela permet aussi
au patient de faire « sa » thérapie, le thérapeute fait partie de la métaphore
et peut donc quitter la thérapie. La fin de thérapie est parfois difficile, elle peut
provoquer de l’ambivalence chez le patient, car il la vit comme une
responsabilité et une nécessité de prendre une décision. Le thérapeute peut
confronter et préparer le patient à ce moment au-travers d’une métaphore.
Durant nos recherches, nous avons remarqué que le thème d’hypnose
ericksonienne n’était pas souvent cité ou utilisé. Pourtant, lorsque nous lisions
différents articles, les auteurs expliquent que des histoires étaient racontées
aux enfants pour les aider à gérer leur douleur. Nous en avons donc conclu
que c’était un type d’hypnose dérivé des métaphores de M. Erickson, même si
ce n’était pas précisé par les auteurs. Nous nous concentrerons dès lors sur
les méthodes d’hypnose dérivées des apports théoriques de M. Erickson.
Dans le document
Présentation d'une méthode innovante dans la gestion de la douleur en pédiatrie
(Page 52-57)