• Aucun résultat trouvé

Chapitre IV. DES CONCEPTS CLES POUR COMPRENDRE LE PHENOMENE

5. L’exclusion

L’école de l’exclusion s’intéresse aux facteurs liés surtout à la culture du groupe dominant qui bloquent l’insertion des nouveaux arrivants dans la société d’accueil, tout en tenant compte des nouveaux éléments portant sur la réalité du monde actuel où les frontières traditionnelles sont devenues poreuses et accessibles à de nouvelles populations.

Another way of looking at migration is the structural approach which is also referred to as

“push-pull theory”. This theory at its most simple argues that there are factors, such as poverty, unemployment and conflict (to name just a few), that push people out of their countries, and other factors, such as jobs, economic prosperity and political stability, that pull those same people into other countries (Gogia et Slade, 2011, pp.11-12).

Chaque école apporte des contributions à la compréhension de la question migratoire. Une réflexion poussée sur le rôle de la migration dans une société industrialisée comme le Québec permettrait de voir jusqu’à quel point on ne peut dissocier le phénomène de l’adaptation du contexte plus global de la migration et de ses causes (Piché, 2013). La crise des concepts qui ont dominé le champ social jusqu’aux années 1970 (Inglis, 2007), tels l’acculturation et l’assimilation, est confirmée et continue à façonner l’image que fait une partie de l’opinion publique de la question de l’immigration. Certes, parler de ces concepts n‘apporte rien de neuf dans le contexte québécois, car « ces processus sont vieux de près de quatre siècles » (Bouchard, 1999, p.220), mais en le faisant, d’une part, on rappelle que chaque concept a son historique et ses références et, d’autre part, on admet que face à la diversité qui caractérise la société d’aujourd’hui, des éléments du passé survivent encore.

Les études sur l’exclusion sociale se consacrent souvent aux personnes, populations ou phénomènes se situant hors des lieux sociaux valorisés, ces lieux qui permettent, suivant les normes sociales dominantes, de se réaliser et d’être actif.

Ce sont donc ces personnes ou ces populations fragilisées en raison de leurs conditions objectives de vie et socialement dérangeantes au regard de la normativité sociale et juridique (…) qui ont en commun leur échec d’intégration et qui considèrent qu’elles ont

77

été abandonnées par les instances et les structures sociales, mêmes si elles sont généralement dans un rapport de dépendance vis-à-vis d’elles (Roy, 2010, pp.18-19).

Plusieurs études sur l’immigration ont mis en lumière des phénomènes d’exclusion sociale, compris autant comme mise à l’écart de certaines catégories de personnes, en raison de leur origine, de la couleur de leur peau, de leur culture, de leur « anormalité » (folie, itinérance), que comme résultat de facteurs économiques ou d’une suite de ruptures dans la trajectoire individuelle (chômage, immigration, etc.). L’expression « exclusion sociale » est relativement récente et doit être mise en parallèle avec le concept plus ancien de « privation de capacités » (Sen, 2000).

L’exclusion sociale est liée d’une manière constitutive et fonctionnelle à la privation de capacités. Autrement dit, l’exclusion sociale constitue en tant que telle une importante perte de capacité et elle est aussi la cause d’autres privations qui réduisent davantage les chances de l’individu ou du groupe de jouir d’un niveau de vie décent ou d’obtenir les moyens pour y parvenir (Burstein, 2005, p.6).

En dépit de leur volonté et de leurs efforts, plusieurs immigrants se sentent coincés dans une impasse : ils n’arrivent ni à trouver une place parmi les populations de leur nouvelle société, ni à retourner chez eux. Ils se sentent rejetés par les premiers et incompris par les membres de leur communauté aussi bien dans leur pays d’accueil que dans leur pays d’origine. Le concept d’exclusion renvoie ainsi à ces statuts spéciaux imposés à des catégories spécifiques d’individus (les immigrants entre autres) qui les privent de droits ou de la participation à certaines activités (Castel, 1995a). L’exclusion désigne également les conduites et politiques de mise à l’écart ou de mise au-dedans délibérée de certains groupes et individus (expulsion, espaces clos, statut spécial), ainsi que les phénomènes d’appauvrissement et de marginalisation de larges segments de la population en raison de phénomènes sociaux et économiques, comme le chômage et l’immigration (Gagnon et Saillant, 2009). Poser ainsi la question de l’exclusion conduit à s’interroger autant sur sa réalité objective, concrète et mesurable, que sur sa dimension subjective, idéologique et symbolique. S’insérant dans un discours qui trouve sa légitimité dans des représentations instituées par une partie du corps social et acceptées par sa majorité, elle est le résultat des dysfonctionnements d’une société qui écarte les populations qui ne correspondent pas à ses normes.

Apparu en Europe à l’origine, le concept d’exclusion a été largement repris au Québec. La Loi québécoise de 2002 « visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale » en est un exemple.

Préféré par certains aux concepts de pauvreté et d’appauvrissement parce que dépassant la simple

78

analyse économique, boudé ou rejeté par d’autres qui le voient comme un voile masquant des inégalités socioéconomiques structurelles, ou utilisé par d’autres encore de façon interchangeable avec les concepts de pauvreté et d’inégalité sociale, le concept d’exclusion est considéré comme étant une notion floue, imprécise et présentant certains pièges (Racine, 2007, p.92). L’exclusion peut être une « notion saturée de sens, de non-sens et de contre sens ; finalement, on arrive à lui faire dire à peu près n’importe quoi » (Belhassen-Maalaoui, 2008, p. 66). On y a recours pour dénoncer une situation intolérable ou une condition injuste, la mise à l’écart de personnes et de groupes privés de leurs droits, de la sécurité, de l’accès à certains biens et d’une pleine participation à la société. Ce flou théorique a amené des auteurs à lui préférer les concepts de « désaffiliation » (Castel, 1996) ou de « déqualification » (Paugam, 2002) ou même de le traiter comme un concept à la mode :

Les politiciens, qui n’avaient pas laissé transparaître auparavant l’ombre d’une conscience sociale, s’émeuvent dorénavant sur la place publique face à l’exclusion ; journalistes et autres faiseurs d’opinion basculent dans le même vocabulaire. Les exclus rivalisent maintenant avec la famille royale pour étaler leurs problèmes aux heures de grande écoute devant une population de téléspectateurs médusés par autant de misère insoupçonnée (McCall, 1995, p.81).

La polysémie de ce concept n’empêche pas certains auteurs de l’adopter. Utilisé pour désigner les oubliés de la croissance, soit « les pauvres et les nouveaux pauvres, les jeunes des banlieues dégradées, les chômeurs de longue durée, les immigrés et les victimes du racisme, les illettrés, les vieillards ou les handicapés » (de Gaulejac, 2010, pp.51-52), il sert également à distinguer les citoyens de plein droit des autres, étrangers, fous, inaptes, etc. (Castel, 1995a). L'exclusion est à la fois la production d’un statut social et une expérience d’évitement, d’affronts, d’indifférence ou de comportements de référence à l’égard de certains groupes, un rapport différent aux institutions pour certaines catégories d’individus (Gagnon et al., 2009). Elle participe de la poursuite de phénomènes de pauvreté variés, mais décale le point de vue de l’observateur de l’économie à la sociologie, d’un axe d’analyse passant d’une logique des seuils à une logique des cumuls.

Si la notion de pauvreté provoque davantage une réflexion sur la société dans une optique verticale et stratifiée (classes sociales, hiérarchie sociale, pyramide sociale, etc.), le concept d’exclusion, quant à lui, se situe davantage sur le plan d’une analyse horizontale (in/out, inclus/exclu, possédant/ non-possédant, etc.). […] La pauvreté représenterait une « poussée

» vers le bas, alors que l’exclusion constituerait une « poussée » vers l’extérieur, dans un mouvement centrifuge plutôt que descendant (Thomas, 1997, pp. 93- 94).

En plus d’être une perte de capacité, « elle est la cause d’autres privations qui réduisent davantage

79

les chances de l’individu ou du groupe de jouir d’un niveau de vie élevé ou d’obtenir les moyens pour y parvenir » (Sen, 2000, p.6). Ainsi, elle concerne tous les immigrants qui n’étaient pas pauvres dans leur pays d’origine, mais qui le sont devenus dans leur société d’accueil, avec tout ce que cela implique en termes de privation de biens et de droits. L’exclusion et la désinsertion étant de plus en plus soumises à des critères professionnels et économiques, les exclus sont considérés comme « inutiles au monde » (Castel, 1995), ou « ratés » (de Gaulejac, 2008, p.104) et soumis à « un double processus de décrochage : sur l’axe du rapport au travail, d’une part, et sur l’axe relationnel, d’autre part » (Racine, 2007, p.98). L'exclusion marque la coupure entre deux mondes qui ne communiquent plus : « ceux du dedans qui ont tout et ceux du dehors qui, atomisés, n'ont plus que la " rage " comme moyen d'expression pour essayer de conjurer leur impuissance et l'ignominie de leur sort » (Frétigné, 2003, p.81). On y voit alors la conséquence de la défavorisation, car cette dernière implique une restriction sur le plan des occasions ou des possibilités de participation à la vie sociale.

Les effets de la stigmatisation et des discriminations sur les trajectoires de vie se traduisent pour certaines personnes par des difficultés d’insertion professionnelle, souvent accompagnées d’une succession d’emplois précaires, associés à de faibles rémunérations et à des conditions de travail pénibles, où alternent périodes de chômage et de recours à l’aide sociale (Groulx, 2011, p. 14).

Perçue comme une poussée vers la marge ou comme un enfermement dans des circuits d’assistance que l’on pourrait qualifier de voie secondaire ou de voie de garage (Racine, 2007), des auteurs, dont Bouchard (2011), l’inscrivent dans « un processus social qui empêche les individus de développer leurs talents ou compétences à leur plein potentiel et de devenir des participants actifs et appréciés dans leur communauté » (pp.5-6). Le concept d’exclusion renvoie alors à celui de discrimination, qui se définit à partir des disparités de traitement directement fondées sur des critères comme l’origine, la religion ou le sexe.

Il s’agit d’une négation de l’égalité telle que définie dans les lois. Si elle s’opère parfois de manière consciente, dans l’intention de nuire, comme c’est le cas quand les critères d’exclusion sont énoncés clairement (discrimination directe), elle peut aussi se présenter sous une forme plus subtile et insidieuse (discrimination indirecte) (Bouchard et al., 2009, p.6).

Elle est une forme d’insécurité, dans la mesure où elle renvoie à une forme de précarité ou à l’absence de sécurité que procurent un emploi ou un réseau de relations, et dont le défaut compromet l’insertion sociale, l’acquisition d’un statut et d’une identité stables et valorisants.

80

Elle n’est plus l’enfermement ou la mise à distance des étrangers ou des « étranges », mais elle découle du chômage de longue durée, de la transformation et de la précarisation du travail, de la fragilisation des liens familiaux, de l’affaiblissement des mécanismes de protection sociale en raison des pressions exercées sur les États pour réduire leurs dépenses et favoriser la compétitivité des entreprises. À ces facteurs s’ajoutent les difficultés d’intégration des immigrants et le racisme (Gagnon et Saillant, 2009, pp.7-9).

Or, de même qu’il n’y a pas un seul processus d’exclusion (pas plus qu’un seul groupe formé de tous les « exclus »), il n’y a pas non plus d’insertion dans l’absolu, mais des processus d’exclusion et d’insertion, donc des rapports sociaux, dont il faut suivre l’évolution et les variations selon les sociétés (Idem., p.24).

Ces deux processus influencent les représentations sociales. Les expériences d’injustice, de rejet et de discrimination (stéréotypes, préjugés…) se traduisent chez les immigrants par un fort sentiment d’exclusion, étant donné leur impact négatif sur leur adaptation psychologique et leur santé mentale : dévalorisation de soi, sentiment d’impuissance, sentiment de solitude, dépression, stress, comportements perturbateurs et troubles de conduite (de Gaulejac, 2011). En revanche, le besoin d’être reconnu, de se rendre visible aux yeux des autres, demeure fondamental dans les stratégies d’insertion des immigrants. L’analyse des processus d’insertion et d’exclusion permet de s’arrêter sur des critères établis pour identifier la population considérée comme insérée ou exclue et de comprendre les représentations sociales qui déterminent et entretiennent le sentiment d’insertion ou d’exclusion chez certaines catégories de la population, le regard porté par ces dernières sur elles-mêmes et celui porté par les autres sur celles-ci (Grawez et al., 2003).

L’exclusion sociale, tout comme l’insertion, sont le produit d’un système social donné. « Elles ne peuvent s’expliquer simplement par les caractéristiques des exclus ou des insérés. Elles sont le fruit d’une histoire et de l’interaction d’un grand nombre de facteurs » (Abric, 2003, p.15).

L’insertion et l’exclusion réfèrent autant aux conditions de vie des immigrants et à leurs rapports à des milieux sociaux et professionnels qu’au degré de cohésion sociale et d’adhésion volontaire des individus. Il s’agit d’une question multidimensionnelle qui porte sur les trajectoires objectives et le ressenti (ou représentations) de l’individu et renvoie au fonctionnement de la communauté qui reçoit des nouveaux venus, à la façon dont ces derniers vont la rencontrer et en faire progressivement partie, ainsi qu’à « l'appréciation générale qui en ressortira chez les uns et chez les autres » (Grawez et al., 2003, p.149).

81

Les concepts d’insertion et d’exclusion aident à saisir les processus de promotion et de dégradation sociale des immigrants et de déterminer les éléments qui facilitent ou entravent leurs insertions sociale et professionnelle. À travers l’analyse de ces processus, il est possible de comprendre le contexte sociohistorique de leur projet migratoire, les difficultés qu’ils ont rencontrées, les stratégies et moyens qu’ils ont mis en œuvre pour surmonter les obstacles auxquels ils se sont heurtés, les choix qu’ils ont adoptés au cours des différentes phases de leur parcours migratoire, les efforts qu’ils ont déployés pour s’adapter à leur nouvelle situation et les évaluations qu’ils font de leur projet migratoire. Leurs représentations exercent souvent une influence discrète sur leurs trajectoires migratoires, mais peuvent cependant traduire des écarts par rapport à celles-ci. Le croisement des regards permet alors de générer « la production de nouvelles connaissances » (Vatz Laaroussi, 2016, p.11) sur le phénomène migratoire.

82 CHAPITRE V

QUESTION ET METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 1. La question de recherche

Plusieurs études sur l’immigration ont permis d’identifier les facteurs socioéconomiques, politiques et culturels liés à l’établissement des immigrants dans la société d’accueil. Ces études sont nécessaires pour comprendre la réalité des travailleurs immigrants qualifiés, mais elles ne nous aident pas à saisir ni le processus de construction des parcours d’émigration, ni le sens que donnent ces personnes de leur réalité, ni les enjeux d’influence réciproque entre leurs représentations de départ et d’arrivée (Garneau, 2008). S'attarder sur ces différentes questions, c’est tel que mentionné plus haut, s’interroger à la fois sur leur situation (état des lieux), sur les éléments objectifs et subjectifs qui ont joué un rôle déterminant dans leur parcours migratoire et sur le regard qu’ils portent sur ce parcours. Notre question générale de recherche est donc la suivante : comment les représentations des immigrants sélectionnés (travailleurs qualifiés, techniciens professionnels et cadres administratifs) de Gatineau se construisent-elles sur leurs trajectoires migratoires ?

Nous avons choisi pour ce travail d’interroger des répondants qui résident à Gatineau, partagent le statut de travailleur immigrant qualifié et appartiennent à l’une des communautés africaine subsaharienne, maghrébine ou latino-américaine. À Gatineau, cette question prend une dimension particulière puisqu’il s’agit d’une ville qui dispose de plusieurs atouts, dont un parc industriel important, des emplois dans la fonction publique fédérale et provinciale et des communautés de différentes origines, etc. A cela, s’ajoute le fait qu’il s’agit d’une ville du Québec qui a adopté une politique interculturelle, mais qui se retrouve à la frontière de la capitale nationale et de la province de l’Ontario qui applique, en revanche, le principe du multiculturalisme (Gayet, 2011). Les immigrants, qui résident à Gatineau, ont donc la possibilité de connaître les deux approches politiques, leurs avantages et inconvénients. Les atouts de cette ville peuvent faciliter l’insertion professionnelle des immigrants et alimenter leurs représentations positives, mais force est de constater que l’on retrouve des représentations diversifiées des parcours migratoires.

La représentation que nous avons dépend de notre expérience personnelle, des souvenirs qui s’y rattachent, mais aussi de la culture dans laquelle nous évoluons, de la pression sociale, de l’image que notre société renvoie de cette expérience. Les sentiments qui lui

83

sont associés sont décrits comme négatifs quand ils produisent un état de mal-être, des sensations désagréables, ou bien conduisent à des comportements préjudiciables, pour soi ou pour autrui, comme la tristesse, la peur, l’agressivité, le découragement, la solitude, etc.

(Macqueron, 2013, pp.22-24).

Le sens qu’ils donnent à leurs trajectoires influence leur parcours et nous incite à poser la question spécifique de recherche suivante : quels éléments objectifs et subjectifs servent à façonner les représentations sociales de ces immigrants et quels en sont les effets sur leurs trajectoires migratoires ? La réponse à cette question exige d’analyser les différentes facettes de leur réalité et de tenir compte des facteurs objectifs (sexe, pays d’origine, expérience professionnelle, scolarité, dates d’arrivée) et des éléments subjectifs intrinsèques à la vision du monde que porte la personne concernée, à sa culture, à son histoire et à sa perception, ses émotions et ses sentiments. Les parcours migratoires, tout comme les représentations qui leur sont collées, ne sont pas les mêmes et ne peuvent être saisis que dans leur diversité et complexité. Dans ce sens, notre travail consiste d’abord, à analyser les récits que font les personnes concernées de leurs parcours et différentes trajectoires, d’analyser ensuite ces récits et de comparer enfin les différentes expériences.

2. Une méthodologie fondée sur une approche qualitative et de proximité

Plusieurs recherches s’intéressent aux projets migratoires à travers des approches quantitatives.

Elles se basent entre autres sur des analyses économétriques, des statistiques, des résultats d’enquêtes longitudinales et sur des revenus officiels déclarés selon les formulaires de l’impôt.

Elles construisent différents tableaux, croisent différentes variables comme l’âge, le niveau de scolarité, la connaissance des langues officielles à l’arrivée, l’expérience du travail avant la migration, la catégorie d’immigration, le sexe, le nombre de semaines de formation à temps plein, la date du premier emploi, etc. Certaines études ont l’avantage de catégoriser leur analyse en fonction des pays ou régions de naissance des immigrants (Namazi, 2010, pp.172-173).

Mais il est clair que c’est l’approche de proximité qui convient aux objectifs de cette thèse. « Les données qualitatives qui se présentent sous forme de mots plutôt que de chiffres » (Huberman et Miles, 1991, p.21) sont la base de cette recherche qui revêt un caractère exploratoire, étant donné que les études sur les trajectoires et les représentations sociales des immigrants n’ont pas encore été réalisées à Gatineau. L’approche qualitative permet de faire parler les répondants de leurs expériences et de leur processus migratoire et d’aller chercher la réalité construite et son sens (Vatz

84

Laaroussi, 2007, p.4). Elle est retenue dans ce travail pour ces raisons et parce que notre but est de comprendre la réalité de ces immigrants.

La recherche qualitative met l’accent sur une multiplicité de méthodes, impliquant une approche interprétative ou naturaliste par rapport à son objet d’étude. Cela signifie que les chercheurs qualitatifs étudient les choses dans leur contexte naturel, essayant d’attribuer un sens ou d’interpréter le phénomène selon leur contexte naturel, essayant d’attribuer un sens ou d’interpréter le phénomène selon les significations que les gens leur donnent (Denzin et Lincoln, 1994, p.2, cité dans Namazi, 2010, p.170).

La recherche qualitative s’affirme de manière croissante au sein de la communauté scientifique et le nombre de publications d’articles portant sur des recherches qualitatives dans les revues spécialisées a augmenté au cours des trente dernières années.

De plus, force est de constater que les grandes revues scientifiques américaines ont publié davantage d’articles basés sur des recherches qualitatives au cours des dix dernières années que lors des vingt précédentes. Un examen attentif de ces publications démontre aussi des progrès notables sur le plan de la qualité de ces articles, les méthodes étant plus explicites et les articles plus souvent cités (Audet et Parissier, 2013, pp.1-2).

Sa pertinence réside dans le fait qu’elle fait des interactions que les individus établissent entre eux

Sa pertinence réside dans le fait qu’elle fait des interactions que les individus établissent entre eux