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II. MÉTHODOLOGIE

II.2. DEMARCHE D’INVESTIGATION

II.2.3. L’entretien d’explicitation

Pierre Vermersch introduit l’entretien d’explicitation en abordant le questionnement à l’école, où les questions visent à obtenir une information que l’élève et le professeur ont en leur possession. L’entretien d’explicitation permet au sujet de verbaliser sur une activité qui s’est déroulé à postériori. Il vise à faire parler le sujet sur son attitude, son fonctionnement vis-à-vis d’une action vécue. L’auteur explique les origines de cette pratique. Elle est due à une recherche sur la cognition des procédures personnelles et de son travail d’enseignant. Après avoir explicité comment il en été venu à la technique d’entretien d’explicitation, il en détaille la genèse. Il commence par aborder l’acte d’apprendre en expliquant qu’il est difficilement observable avec tous les paramètres à prendre en compte comme les gestes, les actions ou les attitudes corporelles. Tout ces paramètres pouvant être observé ne sont qu’une partie de la cognition du sujet.

Dans ses recherches d’étude de l’aspect cognitif Pierre Vermersch choisie de garder comme modèle à observer : les « produits immédiatement dans l’action » (Vermersch P. 1991 avril, p.67). Il a constaté que son choix était pertinent de par sa récolte de données et des activités analysées. Les activités réalisées par le sujet, favorisaient la création de mise en relation du savoir observable. Le relevé du mécanisme cognitif du sujet verbalisant en lien à une action effective, a montré plus de tangibilité que le fait de verbaliser sur l’action qu’il réalise. Afin d’expliquer ce propos, Pierre Vermersch montre les différences existante entre les deux démarche. La première consiste à observer le sujet en situation, c'est-à-dire, observer les interactions, les termes qu’il utilise dans l’activité. La seconde quant à elle, tient à une observation du sujet verbalisant son action dans son activité visant à expliciter son action à quelqu’un. Il met l’accent sur le point que la seconde démarche pouvait déboucher sur des verbalisations subjective du sujet dans et après l’action. Il ajoute qu’en verbalisant son action, le sujet ne pouvait pas annoncer de manière objective et précise toute sa procédure.

C’est pour cela que Pierre Vermersch en déduit une méthode d’observation in situ du sujet

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Jean-Claude Kaufmann est un sociologue de la famille. Il étudie d'une approche micro sociale les mécanismes sociaux. Il a beaucoup travaillé sur les couples.

dans son action, de manière déductive en relevant avec inférence, les procédures cognitive observables du sujet dans l’action, dans le but de concevoir une méthode de microanalyse d’actes. Le côté positif de cette méthode résidait dans le fait de la précision de l’étude de la l’aspect cognitif développé dans l’acte. Le côté négatif c’est que l’analyse a postériori des procédures des élèves dans toutes leurs actions n’est pas possible car elles n’aboutissent pas toutes à des traces écrites. En plus, il faudrait pouvoir analyser les actions observables en classe, ce qui n’est pas possible et demanderait trop de temps. L’auteur admet que l’application à part entière de cette méthode ne peut se faire que par la recherche. Il en résulte, qu’il entreprend de construire une procédure réflexive, pour parvenir à postériori de l’action, d’établir un questionnement. Il résume ensuite ses premières vues sur l’explicitation :

Une première manière d’aborder la présentation de l’entretien d’explicitation est donc de l’envisager comme un essai de conservation, à travers la verbalisation, du lien privilégié existant entre l’action et sa cognition (Vermersch P. 1991 avril, p.64).

Après cette introduction sur l’entretien d’explicitation, Pierre Vermersch problématise en se posant le problème de l’exactitude du relevé d’informations de l’observateur concernant l’acte. Après un état des lieux critique des techniques de chercheurs dans le recueil de verbalisation de la tâche il constate qu’il y a des manques sur les aspects relationnels des deux protagonistes, le sujet l’observateur et l’aspect technique de la prise de l’entretien. L’auteur va insister sur ces deux faits.

D’abord, l’aspect relationnel. L’auteur évoque les contraintes qu’implique l’entretien lié au cadrage du déroulement de l’entretien qui peut limiter la prise de liberté dans les propos du sujet. Il propose deux modalités. La première, est d’élaborer un contrat d’entretien afin de clarifier et rassurer le sujet. La deuxième modalité tient à l’adaptation des codes de communication du sujet par l’observateur, permettant la mise en confiance du sujet dans ses propos. Cette deuxième modalité ne sera pas développée par l’auteur car il fait l’objet déjà de nombreux enseignement sur la communication.

Afin de recueillir les propos en référence à l’action, trois conditions doivent être tenues afin de conduire le sujet à sa verbalisation de l’acte. Pour commencer, les propos du sujet requièrent de faire appel à une action réelle. L’acte doit être explicité avec précision afin de pouvoir vérifier de sa véracité. Ensuite, l’action doit être explicitée dans son caractère singulier, indépendant de toutes autres actions répétitives lié à l’activité. Enfin, la référence à l’acte doit se faire en usant d’un langage d’évocation par le sujet.

Concernant le questionnement, Pierre Vermersch aborde dans un premier moment l’objet du questionnement. L’observateur doit avoir des compétences dans l’observation des actions. Il a ensuite le devoir d’inculquer à la personne interviewée, les moyens d’être conduit à l’explicitation de son action à travers des consignes mais aussi par la construction du guide d’entretien. Pour cela, les questions porteront sur les perceptions sensorielles, spatiales et la planification temporelle de

l’action. Au sujet de la perception intellectuelle, Pierre Vermersch rappelle qu’il n’est pas envisageable de percevoir la cognition par l’observateur, car ce n’est pas une réalité observable. Il parle donc de conceptualisation. Il recommande d’écarter l’utilisation du pourquoi dans les questions car le sujet ferait des commentaires au lieu d’observer son action. Il conseille alors d’utiliser des questions de l’ordre de la description pouvant commencer par le terme comment. Quand l’interviewer a affaire à du déni, c’est qu’en réalité, il y a une action observable qui peut être caché par une action. Dans ce cas là, il ne faut pas hésiter à poser une question sur la cause de l’oubli de l’action et cela peut faire remémorer l’acte. S’il s’agit d’un oubli volontaire, il est bon de revoir le contrat d’entretien.

Pierre Vermersch explore ensuite le déroulement de l’entretien. Il évoque la difficulté de conduire un entretien lié à l’épuisement des questions de l’interviewer par exemple. Afin de rentrer plus précisément dans le détail d’un aspect de l’entretien, Pierre Vermersch présente les critères à abordés. Les critères extérieurs concernant la logistique de l’entretien ainsi que les objectifs de l’interviewer et les critères intérieurs à l’entretien, où il aborde le contexte, les finalités de l’entretien et les causes de l’action évoquée par le sujet.

En dernier point, il fait le point sur les références multiples entrant en jeu pour l’entretien d’explicitation. La référence à l’analyse de la tâche se fait avant l’explicitation de l’action par le sujet. Elle a pour but de constituer le sujet du guide d’entretien. La référence à la structure de l’action favorise les relances ayant pour cadre la temporalité et la causalité, pour préciser, affiner les propos du sujet. Enfin, la référence à la structure de la formulation nécessaire « pour détecter les omissions et les imprécisions à un niveau micro de l’entretien » (Vermersch P. 1991 avril, p.69). De part l’étude linguistique de la verbalisation de chaque mot, l’interviewer est à même de faire apparaitre les faits manquants et les solliciter à l’aide d’une question.

Pour finir, l’auteur conclut sur les trois buts visés par l’entretien d’explicitation. La description des procédures des élèves dans le but d’apporter des renseignements à l’enseignant pour y répondre. Pour l’élève, une prise de conscience de ses méthodes de travail afin de mieux s’organiser dans son approche du savoir. Encourager l’élève à faire preuve de métacognition, c’est un travail qui se développe au fil de l’année scolaire. Pierre Vermersch rajoute pour finir, que l’usage de l’entretien d’explicitation nécessite une formation.

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