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J’ai déterminé comme évident tout marqueur lexical d’entrée dans le rêve qui employait le seul terme qui, en chinois, fait nommément référence au rêve : celui de meng 夢1. J’ai considéré tout

marqueur lexical exprimant clairement le fait de s’éveiller comme évident : tel fut le cas de xing 醒,

jue 覺 et wu 寤/悟. Ce choix se justifiait par le fait que seul le sommeil et le réveil sont garants de

l’advenue d’un rêve tel que je souhaite l’étudier dans cette thèse, c’est-à-dire un rêve qui advient lorsqu’on dort et qui ne soit pas une rêverie éveillée. Tous les autres éléments lexicaux, ne comportant pas ces termes précis de référence au sommeil et à la veille, sont considérés comme implicites et auront leur importance dans l’analyse des récits dont la situation onirique est incertaine ou éclaircie seulement au moment du réveil post-onirique (procédé littéraire que j’observerai dans la sous-partie suivante). L’ensemble des marqueurs évidents comme implicites, pour tous les récits oniriques de mon corpus, apparaît dans des tableaux en annexe de cette étude, ces tableaux étant donc employés comme outils d’analyse aussi bien pour cette sous-partie sur les situations oniriques claires que pour la sous-partie suivante, qui traitera des situations oniriques éclaircies rétrospectivement2.

Si cette méthodologie présente l’avantage d’un relevé de grande ampleur à la fois exhaustif et permettant facilement des comparaisons, je dois reconnaître qu’elle présente une limite. Dans ces tableaux que j’ai créés, on peut difficilement percevoir la différence entre les récits oniriques rapportés à la troisième personne par un narrateur et ceux qui passent par le discours direct et la première personne du singulier (certains marqueurs du discours direct, comme qing 頃, « à l’instant » peuvent parfois nous éclairer). Or, il arrive qu’un discours direct rapporte un rêve alors que le lecteur sait déjà que le personnage a rêvé (il aura, par exemple, crié dans son sommeil, et raconte ensuite son rêve). Ce qui alors dans le tableau apparaît comme un songe dont la narration établit la situation onirique en même temps qu’elle rapporte le rêve est biaisé, puisque le lecteur sait déjà par d’autres indices que le personnage a rêvé. Il s’agit là, bien entendu, d’une minorité de rêves, et il n’aurait pas fallu que l’exception me freine dans un travail dont on tire finalement bien plus d’éléments judicieux à analyser qu’il ne nous trompe, mais je souhaitais exposer l’honnêteté de mes méthodes.

Pour l’heure, les colonnes des tableaux qui m’intéressent sont naturellement celles des indicateurs évidents d’entrée ou de sortie de rêve. On peut observer, comme le laisse deviner le

1 Je n’ai pas retenu le terme de yan 魘, que l’on emploie comme équivalent du terme français de « cauchemar », parce

que yan prend la plupart du temps, dans les récits de mes œuvres retenues, le sens d’ « ensorceler » ou de « subir un sort ». Il apparaît lorsque se présente une manifestation démoniaque, que l’on remarque aussi bien dans la veille que dans le rêve – échappant ainsi à l’empire du seul sommeil. Par ailleurs, lorsqu’apparaît le terme yan dans le sens occidental du cauchemar, le terme meng apparaît également, ce qui m’a permis de faire entrer l’anecdote concernée dans ma base de données.

tableau ci-dessus sur la présence prépondérante des situations oniriques évidentes, que ces colonnes sont, à l’exception du Honglou meng, plus remplies que les colonnes d’indicateurs implicites.

En ce qui concerne tout d’abord les indicateurs d’une entrée évidente dans le songe, le terme incontournable qui apparaît à chaque début de récit à la situation onirique clairement établie est, je l’ai dit, meng 夢, « rêver » qui est le plus souvent employé comme verbe, mais peut également être un nom commun. Notons qu’à travers les siècles, meng échappe à la diglossie chinoise : il est employé en chinois classique tant qu’en chinois vernaculaire, sous ses formes verbale et nominale.

Il lui arrive fréquemment d’être employé seul, et il suffit alors par lui-même à établir la situation onirique.

Il apparaît parfois de but en blanc dans la narration. Dans le conte Lugong nü 魯公女, « La Fille du Sieur Lu » (Lz 84), un homme séparé de la femme qu’il aime mène une vie très pieuse car, revenue le voir sous forme de spectre, son amante lui a promis qu’ils se reverraient lorsque, réincarnée, elle serait devenue une nouvelle jeune femme. La narration évoque cette vie pieuse, et un rêve advient sans crier gare :

因思經咒之效,持誦益虔。夢神人告曰:[…]

Comme il songeait à l’efficacité des prières et invocations, il poursuivit ses récitations et sa dévotion accrue. Il rêva d’une divinité qui lui dit : […]1

Dans cet extrait, rien dans la narration ne laisse présager qu’un rêve est sur le point d’advenir : ni sommeil nocturne, ni sieste, ni quelque état de semi-conscience… Le caractère meng suffit seul à introduire le songe. Une entrée aussi brusque dans le rêve peut surprendre le lecteur non habitué à des récits chinois moins narratifs, lesquels sont nombreux dans une littérature plus ancienne. Ce caractère elliptique du texte hérite de ces récits plus anciens. Observons ainsi les premières lignes du récit

Guantan ling 灌壇令, « Le Chef de la purification des autels » (SSJ 4:3) :

文王以太公望為灌壇令。期年,風不鳴條。文王夢一婦人 […]

Le roi Wen fit Taigong Wang2 chef de la purification des autels. Cette année-là, le

vent ne souffla pas le moindre hurlement. Le roi Wen rêve d’une femme […]3

Dans le Soushen ji 搜神記, A la recherche des esprits de Gan Bao [317-420] recueil du IVe siècle, les récits sont, dans une tradition tout à fait commune et aidée par la langue classique, elliptiques à souhait. A peine le contexte de l’anecdote est-il énoncé que le rêve commence. Ce style de narration

1 PU & ZHANG, op. cit., p. 296.

2 Taigong Wang 太公望 : nom de plume (hao 號) de Jiang Ziya 姜子牙, conseiller du roi Wen, père du fondateur de la

dynastie Zhou, le roi Wu. Jiang Ziya est mort vers -1048.

ancien transparaît parfois dans des récits bien ultérieurs, tels que ce conte du Liaozhai zhiyi que j’ai cité ci-dessus. Ainsi, dans les textes de mon corpus, l’apparition soudaine du terme meng sans contexte spécifiquement lié au sommeil est tout à fait possible, et meng introduit alors à lui seul le cadre onirique.

Mais il arrive souvent que le terme meng employé seul bénéficie d’un contexte rendant l’arrivée du rêve moins abrupte. Prenons par exemple cet extrait de Shuo Zhou Cang 說周倉, « A propos de Zhou Cang » (Yw 5:13) :

里媼有劉破車者,言其夫嘗醉眠關帝香案前,夢周將軍蹴之起 […]

Parmi les vieilles femmes du hameau, il y avait une certaine Liu Poche, « Voiture cassée », qui racontait qu’une fois, son mari ivre dormait devant la table d’offrandes à Guandi1, et qu’il avait rêvé que le général Zhou l’avait relevé d’un coup de pied

[…]2

Dans cet extrait encore, la situation onirique est introduite par le terme meng, mais il bénéficie ici d’un contexte qui enrichit l’introduction du rêve et rend moins brute l’arrivée du rêve aux yeux du lecteur : avant que meng n’apparaisse, on apprend qu’un homme dort (mian 眠) du sommeil de l’ivresse, circonstances ordinaires de l’apparition d’un songe.

Le terme meng, s’il suffit seul à introduire un cadre onirique, est cependant très fréquemment accompagné d’autres éléments.

Dans un usage qui n’apporte pas de précision supplémentaire sur le contexte du rêve, meng peut être employé dans la locution mengjian 夢見, littéralement « voir en rêve ». Notons tout d’abord ce que révèle l’usage de cette locution de l’idée chinoise du rêve : au rêve on adjoint la vision, que recèle le sens du caractère jian et le fait qu’il comporte l’élément mu 目, « œil ». La locution mengjian révèle donc une conception du rêve comme phénomène visuel, ce qui concorde avec la définition du rêve donnée par le Mengshu 夢書3 :

夢者,像也,精氣動也。

Le rêve, c’est des images, c’est le mouvement du qi quintessentiel.

1 Guandi 關帝 : divinité devant son origine au personnage historique et romanesque de Guan Yu 關羽 [160-220],

popularisé par le roman Sanguo yanyi 三國演義, Le Récit amplifié des Trois Royaumes de Luo Guanzhong 羅貫中 [1330 ?-1400 ?]. A l’instar de son frère juré, Zhang Fei 張飛, Guan Yu a bénéficié de l’engouement populaire né des représentations théâtrales du Sanguo zhi yanyi. Ancien fugitif, frère juré de Liu Bei [121-223], fondateur du royaume de Shu 屬, il est « l’homme fidèle par excellence, d’une rectitude exemplaire » (PIMPANEAU (1989), p. 344.) Il est, dans la plupart de ses représentations, imaginé avec un visage rouge.

2 JI & YAN, op. cit., p. 356.

3 Cité dans le Taiping yulan 太平御览, Lecture impériale de l’ère Taiping (LI (1960), 397:22.), et très probablement une

abréviation de Zhougong jiemeng 周公解夢, Explications de rêves de Sieur Zhou de l’auteur Zhou Xuan 周宣 [?-239 ?]. Référence trouvée dans ZHANG (2007), p. 213.

De fait, si la locution mengjian est encore d’usage dans les récits oniriques des XVIIe et XVIIIe siècles, elle y est bien moins présente que dans des textes antérieurs. Considérons le tableau suivant :

Œuvre Occurrences du terme mengjian

夢見/ Nombre total de rêves*

Equivalent en pourcentage

Liaozhai zhiyi 聊齋誌異 0/84 0%

Zibuyu 子不語 6/165 3,63%

Yuewei caotang biji 閱微草堂

筆記

2/139 0,71%

Honglou meng 紅樓夢 1/15 6,6%

* Le nombre total de rêves ne correspond naturellement pas au nombre de récits constituant mon corpus, puisqu’un même récit peut comporter plusieurs rêves.

Il ressort de ces données que mengjian comme locution introductive d’une situation onirique est, pour les œuvres de mon corpus, très rarement employé.

A titre de comparaison avec une littérature de fiction de périodes antérieures, j’ai effectué le même travail de répertoriage de tous les indicateurs d’entrée et de sortie du rêve dans le Soushen ji de Gan Bao ainsi que dans tous les huaben 話本1 relevés dans les cinq volumes de l’Inventaire et

1 Le huaben est un genre littéraire chinois de fiction dont la forme et les thématiques ont commencé à se former sous les

Song et qui a atteint son apogée avec les recueils de Feng Menglong 馮夢龍 [1574-1646] et Ling Mengchu 凌濛初 [1580- 1644]. André Lévy définit le huaben comme « un texte narratif en prose comportant ou non des parties versifiées formant un tout sans division explicite, rédigé en langue vulgaire. » (LEVY, op. cit. (1981), p. 19.) Je modifierais cette définition en précisant que si la langue est en effet le plus souvent vernaculaire, elle peut comporter à divers degrés des éléments de langue classique. La longueur des huaben, variable, est généralement située entre 5000 et 15 000 caractères. Les thèmes traités sont extrêmement divers : amours souvent contrariées, aventures, rétribution, élévation spirituelle, faits historiques… Les personnages des huaben ont ceci de particulier qu’ils sont souvent des gens du commun : lettrés, marchands, voleurs, moines, femmes vertueuses ou adultères... Ils reflètent une société diversifiée par l’émergence de la classe moyenne sous les Song. Et si un huaben prend pour histoire celle d’un personnage ayant réellement existé, sa vie est alors généreusement romancée et il peut parfois même être vu sous un jour tout à fait différent de celui dont l’éclairaient les annales historiques. André Lévy choisit de traduire le terme de huaben par celui de « conte » en justifiant cette traduction par la brièveté commune aux deux termes et aux deux genres, et en précisant que ce choix n’exclut pas la ressemblance du huaben avec le genre de la nouvelle (LEVY, op. cit. (1978), p. vii-viii [introduction].) La connaissance du contenu des huaben nous est largement facilitée par le travail de répertoriage initié par André Lévy dans son Inventaire

critique du conte chinois en langue vulgaire1. Les tableaux issus de ce travail sont également disponibles dans les annexes de la présente étude2.

C’est ainsi que j’ai pu relever les données suivantes :

Œuvre Occurrences du terme mengjian

夢見/ Nombre total de rêves*

Equivalent en pourcentage

Soushen ji 搜神記 11/44 25%

huaben 50/125 40%

* Le nombre total de rêves ne correspond naturellement pas au nombre de récits constituant mon corpus, puisqu’un même récit peut comporter plusieurs rêves.

On peut constater que dans l’œuvre du IVe siècle qu’est le Soushen ji et les huaben qui furent composés entre les Song et le début des Qing, le terme mengjian est bien plus courant. J’en conclus que les œuvres de mon corpus délaissent une manière d’introduire le rêve qui fut en vogue dans les siècles antérieurs. Néanmoins, je m’avance quelque peu ici pour noter que le caractère jian 見 gardera son importance dans les œuvres de mon corpus, notamment dans les cas de situations oniriques non annoncées.

Il arrive que l’indicateur lexical d’entrée dans le rêve permette à lui seul de déterminer que le rêve est de l’initiative d’un personnage divin ou décédé qui apparaît de sa propre volonté au rêveur :

xianmengyu 見夢於, qui pourrait se traduire par « se manifesta à [lui] par le rêve », dénote de par la

préposition yu une action (apparaître en rêve) apposée sur le rêveur, lequel est alors passif. Ainsi par exemple, dans cette anecdote du Yuewei caotang biji relatant comment un vaurien décède à la suite de la mauvaise gestion de ses biens :

越半載,見夢於妻曰:“訟不勝也 [。。。]”

La moitié d’une année s’écoula, et il apparut en rêve à son épouse pour lui dire : « Je ne peux gagner mon procès […] »3

1 L’Inventaire analytique et critique du conte chinois en langue vulgaire est une série de cinq publications parues entre

1978 et 2006 aux éditions du Collège de France dans la collection des « Mémoires de l’Institut des Hautes Etudes Chinoises ». Initié par André Lévy et poursuivi par d’autres sinologues – Michel Cartier, Chan Hing-Ho, Chang Fu-jui, Jacques Dars et Rainier Lanselle pour ne citer qu’eux –, le projet que portent ces travaux de classification est de dresser un inventaire précis des huaben (cf. note précédente) issus des recueils de récits courts des Ming et Qing. Chaque huaben possède une fiche qui, outre les informations élémentaires sur le récit – titre en chinois et sa traduction, numéro dans le recueil d’origine, nombre approximatif de caractères –, présente un résumé court, un résumé détaillé, les principales thématiques de l’histoire et les traductions existantes. Ces inventaires sont, pour les chercheurs spécialistes de la littérature de fiction prémoderne, un précieux outil de travail, car ils constituent un répertoire permettant de naviguer rapidement entre les très nombreux récits de la période. L’entreprise mériterait d’être étendue à d’autres recueils et périodes, également aux récits courts en langue classique, et de bénéficier d’une numérisation qui faciliterait aujourd’hui la recherche de thématiques spécifiques ou motifs littéraires spécifiques.

2 Cf. p. 670.

Le terme meng peut également être accompagné d’indicateurs temporels précisant un contexte nocturne : les expressions yiye meng 一夜夢, « une nuit, [sujet] rêva », zhiye meng 至夜夢, « à la nuit tombée [sujet] rêva » ou encore tout simplement ye meng 夜夢, « la nuit, [sujet] rêva » sont autant de marques courantes d’une entrée évidente dans un rêve nocturne (le caractère invariable accompagnant meng étant ye 夜, « la nuit »). Comme précédemment, j’ai effectué un relevé de leurs occurrences dans les œuvres de mon corpus, ainsi que dans l’ouvrage beaucoup plus ancien qu’est le

Soushen ji et la collection de huaben répertoriés dans l’Inventaire et critique du conte chinois en langue vulgaire. Etant donné que les trois expressions yiye meng, zhiye meng et ye meng expriment

toutes la même idée d’un rêve advenant durant la nuit, ma recherche d’occurrences s’est opérée à partir du caractère ye 夜, « nuit », ce qui a également permis d’englober les quelques rares meiye 每 夜 et yeye 夜夜, « chaque nuit ». Notons que je quitte ici quelque peu les seuls cas d’une entrée évidente dans le rêve, car ces termes apparaissent également dans le cas de rêves dont le début est masqué.

Œuvre Occurrences du terme ye 夜 (dans

les expressions yiye meng 一夜 夢, zhiye meng 至夜夢, ye meng 夜夢…) dans marqueurs d’entrée dans le rêve / Nombre total de rêves*

Equivalent en pourcentage

Liaozhai zhiyi 聊齋誌異 32/84 38%

Zibuyu 子不語 48/165 29%

Yuewei caotang biji 閱微草堂

筆記

38/139 27%

Honglou meng 紅樓夢 1/15 6,6%

Soushen ji 搜神記 9/44 20%

huaben 38/125 31%

* Le nombre total de rêves ne correspond naturellement pas au nombre de récits constituant mon corpus, puisqu’un même récit peut comporter plusieurs rêves.

Les données révèlent que la mention de la nuit dans la sémantique de l’advenue du rêve, si elle n’est pas omniprésente, constitue toutefois une marque que l’on retrouve fréquemment, ce qui en soit ne constitue pas une surprise puisque j’ai circonscrit l’objet de mon étude aux récits de rêves apparaissant dans le sommeil, et que ce dernier est, dans les sociétés humaines, très souvent lié à la nuit. Entre les œuvres de mon corpus et des récits plus anciens comme les huaben, il n’y a pas de différence significative à noter. Les occurrences du caractère ye 夜 lorsqu’il accompagne meng 夢

sont en deçà dans le Soushen ji, mais dans une marge faible. Il n’y a guère que dans le Honglou meng que la mention de la nuit n’apparaisse qu’une seule fois1 parmi la quinzaine de rêves que compte le

roman. Cela, cependant, ne signifie pas qu’un seul de tous ces rêves advient à la nuit tombée : la narration précédant la situation onirique peut informer le lecteur de ce que le rêve a lieu la nuit, du moins le soir. Ainsi, quelques lignes avant que ne commence le rêve de Lin Daiyu au chapitre 82 du

Honglou meng (HLM 82), la jeune fille est décrite comme entrant dans sa chambre alors qu’« au soir

elle enlève ses parures » (yishiwan zhuang jiang xie 一時晚妝將卸). Le récit place donc l’advenue du songe à un moment temporel correspondant à ce qui est le soir dans la vie éveillée des hommes2. De même, lorsque Wang Xifeng 王熙鳳 raconte au discours direct avoir rêvé la veille qu’un inconnu lui réclamait de l’argent (HLM 72), elle emploie également le terme de wan 晚, « soir », ce qui place donc également l’advenue du rêve dans un contexte nocturne. Dans le Honglou meng, ce terme de

wan peut donc avoir son importance dans la description des circonstances nocturnes dans lesquelles

un personnage rêve, remplaçant, ou plutôt précisant, la notion temporelle qu’introduisait ye 夜. Ce

wan est, de façon assez intéressante, absent dans les trois autres œuvres de mon corpus, ainsi que dans