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Chapitre III : Structure socioculturelle, vie politique et scolarisation au Tchad 115

4. Le système scolaire du Tchad et son évolution depuis 1900 153

4.5. La période 1992-2007 177

4.5.4. L’enseignement supérieur 189

Nous aborderons brièvement la situation générale du secteur de l’enseignement supérieur et tenterons de mettre en lumière son évolution quantitative quant à la réalisation d’universités, de facultés, de centres et d’instituts ainsi que le nombre d’étudiants fréquentant ces établissements. Pour cela, nous nous référerons essentiellement au rapport établi par l’Ambassade de France au Tchad, vu le rôle et l’importance qu’accorde la France à cet enseignement en matière de financement, de soutien et de suivi. Les évaluations et les appréciations de cette Ambassade sont, d’une certaine manière, plus neutres et réalistes que celles établies par les autorités tchadiennes, qui sont, le plus souvent, surestimées ou erronées.

Dans cette synthèse sur l’état de l’enseignement au Tchad, l’Ambassade de France a accordé une importance capitale à l’enseignement supérieur. Cette synthèse comprend un exposé, une analyse, une évaluation et propose des recommandations111

. Avant d’examiner cette synthèse, nous tenons à attirer l’attention sur le fait que nous ne sommes pas dans un contexte d’analyse, ni d’évaluation. Nous tentons de mettre la lumière sur ce secteur dans le sens où il prépare les étudiants à la vie active. Ces derniers reçoivent une connaissance théorique qui a un impact sur la détermination et la formation de leurs personnalités. Autrement dit, les données de l’enseignement

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Ibid.

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supérieur sont la résultante et l’aboutissement de ce qui a été réalisé dans les précédentes étapes de la scolarisation.

Les principaux établissements d’enseignement supérieur gérés par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRSFP) sont tout d’abord des Universités. Ainsi l’Université de N’Djamena (UNDJ) est la composante essentielle de l’enseignement supérieur tchadien. Créée en 1971, laminée par les années de guerre civile, elle a connu un nouveau départ en 1994. Ses nouveaux statuts consacrent l’existence de quatre facultés et d’un institut : la Faculté de Droit et des Sciences Économiques (FDSE), la Faculté des Lettres et Sciences humaines (FLSH), la Faculté des Sciences Exactes et Appliquées (FSEA), la Faculté des Sciences de la Santé (FACSS) et l’Institut national des Sciences Humaines, organisme de recherche sans vocation pédagogique directe. L’université est administrée par un conseil, présidé par le ministre de l’Enseignement Supérieur. Chaque faculté est placée sous l’autorité d’un Doyen élu. Un Rectorat regroupe la direction de l’université et ses services administratifs centraux.

L’Université Cheikh Adam Barka d’Abéché (UNABA) fonctionne depuis décembre 2003 dans la troisième ville du pays, à 800 km à l’est de la capitale. Elle est divisée en trois facultés : la Faculté des Sciences et Techniques (FST), la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines (FLASH) et la Faculté de Droit et Sciences économiques (FDSE).

L’Institut universitaire des Techniques d’Entreprise de Moundou (IUTEM), créé le 2 septembre 2002, a fait place à l’Université de Moundou le 6 mars 2008. Moundou se trouve à 499 km de la capitale, N’Djamena, et compte plus de 300 000 habitants. Cette université comporte à l’heure actuelle deux facultés : la Faculté des sciences et des techniques d’entreprise avec 4 départements fonctionnels (informatique, gestion, techniques commerciales et management) et 5 filières opérationnelles (comptabilité de gestion, techniques commerciales, gestion des petites et moyennes organisations, gestion du personnel et informatique appliquée à la gestion), et la Faculté de droit et des sciences sociales avec 2 filières (droit et économie monétaire et bancaire, d’une part, et techniques commerciales, d’autre part). La Faculté des lettres, art et sciences humaines, ainsi que la faculté des sciences exactes et appliquées ne sont pas encore ouvertes.

L’Université des Sciences et de Technologie d’Ati (USTA) a été créée le 5 avril 2008. La ville d’Ati, située à 450 km au nord-est de N’Djamena, est le chef-lieu de la région du Batha. L’Université, située à 2 km à l’est de la ville, comprend 3 facultés : la Faculté des sciences agro- pastorales et agro-alimentaires, la Faculté de technologie, la Faculté des sciences de la terre, de la vie et de l’aménagement du territoire. La première rentrée académique a eu lieu le 15 octobre 2009.

Outre ces universités, il existe des instituts universitaires des sciences et techniques. Implantés en province, les instituts ont aussi vocation à désengorger l’université de la capitale, tout en offrant aux étudiants des études courtes dans des filières porteuses d’emplois et nécessaires au développement du pays. Ils se distinguaient jusqu’à présent par une sélection à l’entrée (concours) et un numerus clausus respecté, qui conférait aux étudiants de meilleures conditions d’études (salles de cours, laboratoires, ratio nombre d’enseignants / nombre d’étudiants), mais ils risquent de perdre ces avantages en raison de la volonté du MESRSFP d’accroître très fortement, de 200 à 300 %, les effectifs de 1ère année. On distingue l’IUSTA (Institut universitaire des Sciences et Techniques d’Abéché), l’IUSAES (Institut universitaire des Sciences Agronomiques et de l’Environnement de Sarh) et l’IUPM (Institut universitaire polytechnique de Mongo). Deux nouveaux instituts ont été ouverts à la rentrée 2009 : un Institut des sciences de la santé à Biltine et un Institut des sciences parapétrolières à Mao. D’autre part, une nouvelle université est prévue à Doba (Université des Sciences et Techniques de Doba – USTED), dont la date d’ouverture est inconnue.

Enfin, en matière d’enseignement supérieur, il existe des centres spécialisés, comme l’Institut supérieur des Sciences de l’Éducation (ISSED) et l’École supérieure des Sciences exactes et appliquées de Bongor. Implanté à N’Djamena et rattaché directement au ministère de l’Enseignement Supérieur, l’ISSED prépare aux certificats nécessaires à l’exercice de fonctions pédagogiques ou d’inspection, dans les secteurs de l’enseignement primaire, secondaire général ou technologique. Le rôle et le statut de cet établissement sont régulièrement mis en cause. La première réforme visible a consisté en un retrait des formations de professeurs scientifiques, qui ont été confiées à l’École Supérieure de Bongor. L’institut est en cours de réorganisation après un changement de direction. Quant à l’École Supérieure des Sciences Exactes et Appliquées de Bongor, elle prépare ses étudiants en trois années à l’issue du baccalauréat aux métiers de l’enseignement secondaire dans les disciplines scientifiques.

Il faut signaler qu’il existe par ailleurs des établissements publics qui dépendent d'autres ministères comme l’École nationale d’Administration et de la Magistrature (ENAM), qui dépend directement de la Primature, et l’ENTP (École nationale de Travaux Publics), qui est sous la tutelle directe du ministère des infrastructures.

Selon le rapport établi en 2009 par l’ambassade de France au Tchad, rapport qui confirme d’ailleurs ce que nous avons mentionné précédemment quant à l’incertitude qui pèse sur la fiabilité des chiffres, le nombre d’inscrits en enseignement supérieur varie entre 13 000 et 14 000, répartis comme suit :

- Université de N’Djamena : 6 589 inscrits ; - Université de Moundou : 1 982 inscrits ;

- Université Adam Barka (Abéché) : 2 179 inscrits ; - Instituts Universitaires : plus de 3 000 inscrits.

Il faut noter que le nombre d’élèves ayant réussi leur cursus secondaire augmentant, les universités manquent de places. Ainsi, nombre d’étudiants se tournent vers des établissements privés qui, à leur tour, n’ont plus assez de places et manquent d’enseignants et de matériels. Certains de ces établissements ne sont d’ailleurs pas reconnus officiellement. Un des objectifs actuels du ministère est de réorganiser ce secteur de l’enseignement supérieur privé, qui se trouve aujourd'hui dans une situation de désorganisation importante, afin d’accueillir de plus en plus d’étudiants.

En conclusion de cette partie consacrée au système éducatif du Tchad, nous pouvons affirmer que l'enseignement au Tchad souffre de problèmes cruciaux, dont le plus important, outre les problèmes techniques et pédagogiques, est l'instabilité politique, qui fait avorter les programmes et les politiques d'enseignement. Il n’existe par ailleurs pas encore de volonté politique réelle soutenue par la conscience du rôle primordial de l’enseignement dans le développement du pays ; cette absence de volonté se manifeste à travers le manque de mécanismes de suivi et de contrôle du système éducatif. L’enseignement est également victime des problèmes sociaux liés à la situation matérielle des familles, qui expliquent l’insuffisance du taux de scolarisation et les phénomènes d’abandon et d’échec scolaire. Enfin, il est marqué par l'éparpillement des élèves entre l'école officielle française et celle, arabe, populaire dans plusieurs parties du pays.

Chapitre IV : Analyse des thèmes du pouvoir et de