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Chapitre I : Points de repère 46

3. La culture 54

La culture est « un ensemble composé qui comprend les connaissances, les croyances, les arts, l'éthique, le droit et la coutume, et d'autres capacités ou habitudes acquises par l'homme en tant que membre de la communauté » (Jousef, 2007, p. 33). La notion de culture faisant l’objet de définitions multiples et diverses, nous allons mettre l'accent sur deux tendances clefs : la première considère la culture comme constituée de valeurs, de croyances, de normes, de symboles, et d'idéologies ; la seconde tendance relie la culture aux modes de vie et considère les relations des individus entre eux et leurs comportements (ibid., p. 33).

À partir des deux tendances précédentes, les spécialistes considèrent que le concept de culture est composé de trois notions : les préjugés culturels, les relations sociales et les modes de vie. Les préjugés culturels correspondent aux valeurs culturelles et aux croyances partagées par les individus ; les relations sociales sont les relations personnelles qu’ont ces derniers entre eux ; le mode de vie est la résultante des préjugés culturels et des relations sociales (Larine, 2002, p. 80).

Par conséquent, la culture est une vision globale du monde qui se manifeste à travers les valeurs et les comportements d’individus et de groupes unis par la langue, variés en termes de positions sociales et intellectuelles, afin de former une spécificité nationale. La culture est donc, par essence humaine et consiste en une mixité de concepts intellectuels qui relèvent d’éléments du passé

constamment enrichis par la vision de l’avenir et les aspirations du peuple (Al-séide, 2002, pp. 45- 50).

Plusieurs éléments clés composent l'identité culturelle d'une nation : la région géographique, la langue, la religion et l'histoire partagée. Nous pouvons identifier deux composantes de base de l'identité nationale : la première est la race ; la deuxième résulte de l'influence de divers facteurs tels que les événements historiques. Ainsi, l'esprit national est une création de souvenirs communs, de tragédies, mais résulte aussi d'une unité d'intérêt, unité produite principalement en vue de la coexistence et, enfin, d’un sentiment de parenté spirituelle. Cependant, deux facteurs principaux conditionnent l'existence même de la patrie : il s’agit de la région géographique, qui constitue un élément essentiel de l'État (Jousef, 2007, p. 56), et de l’entité politique. L’existence de la nation est caractérisée par le pouvoir politique, qui permet de distinguer la nation d'autres groupes qui n'ont pas atteint le niveau de l'État, comme la tribu ou le clan. Toutefois, ces composantes ne sont pas fixées dans le temps et le lieu, elles sont des valeurs relatives dont la présence peut varier d’un pays à l’autre. Ainsi, parfois, la langue est le facteur unificateur de la nation. En cas de langues et/ou de religions multiples, c’est la région géographique qui est le facteur décisif dans l'unité de la nation (Larine, 2002, p. 65).

L'identité nationale se compose d'éléments fondamentaux relativement stables et se caractérise par une certaine capacité à la transformation par l’apport de nouvelles contributions individuelles. La région géographique, l'origine ethnique et la langue nationale sont ainsi les éléments de l’identité les plus stables (à noter cependant que la langue est susceptible d’évoluer et relève donc à la fois de l’identité et de la culture). En revanche, les aspects intellectuels et spirituels tels que la religion, les coutumes, les traditions, l'histoire commune, la littérature et les arts, etc., relèvent plutôt de la dimension culturelle de l'identité, car ils sont les plus susceptibles de modification et de développement (Ali Abasse, 1998, p. 17).

4. L’État

Le concept d'État vient au sommet de la philosophie politique, par son ampleur et son importance, que ce soit dans le sens d’une entité humaine avec ses propriétés historiques,

géographiques, linguistiques ou culturels communs ou d’un groupe d'organismes en charge d'orchestrer les affaires publiques de la communauté. Ce dernier sens se réfère à la nécessité d'un facteur d'oppression et de coercition à respecter et auquel obéir (Liela et Kamil, 1979, p. 25). La question qui se pose est alors de savoir d’où l’État tire cette légitimé et de quel droit il exerce un pouvoir sur les individus.

4.1. Max Weber

Max Weber considère que la politique est le domaine de la gestion des affaires publiques. Le rôle de l’État consiste en l'expression des rapports de domination qui existent dans la société, et cette domination est fondée sur la légalité, qui est déterminée par les trois éléments qui fondent les différentes formes de l'État : l’autorité d’hier, issue des coutumes et des traditions, l'autorité fondée sur les qualités personnelles supérieures de la personne, et enfin l’autorité qui s'impose grâce à sa légitimité et est issue de règles et de lois justes (Kichim, 1992, p. 171).

4.2. Thomas Hobbes

Hobbes estime que l'État est établi par le contrat volontaire et libre entre les êtres humains, pour passer de l'état de la nature - une guerre de tous contre tous - à l'état civil et que sa mission sera donc d'assurer la sécurité et la paix dans la société (Liela et Kamil, 1979, p. 20).

4.3. Baruch Spinoza

Spinoza affirme que l'objectif de la création de l'État est de parvenir à la liberté pour les individus ainsi qu’à leur reconnaissance responsable et intelligente, et donc de permettre à chaque citoyen de maintenir ses droits naturels.

Mais Hegel, dans les Principes de la philosophie du droit (1820), fait valoir que la tâche de l'État est plus profonde. Selon lui, l’individu doit se conformer à ses lois parce que l'État reflète réellement la volonté de la rationalité publique et de la conscience collective fondée sur l'éthique mondiale, et pousse les individus à se débarrasser de l'égoïsme pour s’engager dans la vie morale. L'État est donc la pleine expression de la statue éminente et sublime de l'individu. En ce sens, il constitue et représente le monde spirituel.