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L E CHEMIN ÉDUCATIF SELON LES SUJETS

Dans le document Méandres d’éducation (Page 70-72)

DE L’ÂGE ADULTE AVANCÉ

L E CHEMIN ÉDUCATIF SELON LES SUJETS

La période du troisième âge constitue une perspec- tive intéressante pour évaluer le chemin éducatif passé, pour apprécier ses acquis dans le domaine de l’éducation. Je me suis intéressé ici à l’école en tant que facteur de propagation des modèles de l’activité intellectuelle ou bien, plus largement, de l’activité vi- tale. Il ne faut pas oublier, toutefois, que le chemin éducatif de différents sujets était assez varié et ne commençait pas nécessairement à l’école primaire. Quelques-unes parmi les personnes interrogées ont commencé leur éducation selon des modalités de l’éducation privée. Des conditions particulières liées à la guerre justifiaient le choix de telles formes d’éduca- tion. Les personnes interrogées se sont posées la question de l’efficacité des modes d’éducation qu’elles ont expérimentées. Le jugement porté sur ces der- niers semble, dans la plupart des cas, positif, même si les possibilités de poursuivre l’éducation ont été en- travées par la tourmente de la guerre.

Certains sujets appréciaient l’influence de l’éduca- tion reçue sur leurs destins respectifs. Une narratrice définit ainsi ce que lui a donné son éducation : « Elle m’a donné un sens de ma propre valeur. Grâce aux

études, j’ai pu déménager en ville, faire la connais- sance de mon mari, avoir quatre enfants qui ont tous aujourd’hui un diplôme d’études supérieures. »20Une autre narratrice estime qu’elle doit à son éducation la possibilité de vivre en ville, ce qui lui a permis de se rendre compte de son amour pour la nature : « L’édu- cation reçue m’a permis d’avoir de nombreux intérêts et passions. Par exemple, ma passion pour les livres. »21Une femme de 80 ans, professeur d’univer- sité, témoigne : « C’est l’éducation qui m’a appris que la vie ne se limitait pas au niveau végétatif, mais qu’il fallait toujours prendre soin de son développement personnel. »22« L’éducation que j’ai reçue m’a permis de me sentir bien dans ma peau. Je comprends la réa- lité dans laquelle nous vivons et je m’aperçois que le bien habite en chacun de nous. Je dois ce savoir aux cours de catéchèse et à un catéchumène excellent que j’ai rencontré au cours de ma formation primaire et secondaire. »23Un autre narrateur dit apprécier l’édu- cation pour lui avoir donné la compréhension des choses de la vie qui l’entourent24. Une seule personne affirme ressentir une insatisfaction quant à l’éduca- tion reçue (elle n’a pas réussi à obtenir son baccalau- réat car elle s’est mariée et a donné naissance à ses en- fants). En revanche, elle se dit satisfaite de son rôle de mère.

L’analyse des propos des quatorze personnes inter- rogées montre que ces personnes perçoivent d’habi- tude le lien entre leur éducation et le déroulement de leur destin passé et présent. Cependant, seuls quelques-uns d’entre eux semblent réaliser que l’his- toire d’une vie humaine dépend largement du savoir assimilé au cours du processus éducatif. La plupart des

sujets percevait ce lien de manière indirecte, en souli- gnant les différents bénéfices (valeurs) importants pour la vie courante et qu’ils tiennent de leur éduca- tion, mais la conscience de l’influence de ces valeurs sur leurs biographies individuelles reste cachée à leurs regards. Certains narrateurs, toutefois, perçoivent ce lien avec plus de netteté, comme en témoigne leur ré- ponse à la question leur demandant s’ils accepteraient de refaire leur cheminement éducatif. Ces personnes, en effet, ont répondu à cette question par la négative. Ceci prouve leur insatisfaction à l’égard de leurs acquis – ils n’ont pas terminé d’études supérieures – et montre que le statut actuel de ces personnes aurait pu être différent si seulement elles avaient pu adapter leurs cheminements éducatifs à leurs intérêts et à leurs besoins.

Le besoin exprimé par les personnes interrogées de poursuivre leurs études par le biais de la formation continue montre également leur conscience de l’exis- tence de ce lien entre l’éducation reçue et le destin de l’homme. Ceci est perceptible dans le fait même d’ad- hérer aux activités de l’Université du troisième âge. Une des narratrices affirme : « L’homme devrait faire travailler son esprit tout au long de sa vie. D’ailleurs, il manifeste un besoin de devenir, de continuation ; besoin de ne pas être à côté de la vie, mais au centre même de la vie. » 25Une femme de 65 ans avoue que, depuis son enfance, elle éprouvait toujours le besoin d’apprendre parce qu’elle vient d’un milieu dans le- quel tout le monde était « très cultivé »26.

C

ONCLUSION

En établissant le bilan de ces recherches, il apparaît que l’éducation reçue par les personnes interrogées est appréciée favorablement et le temps d’éducation paraît constituer une période importante dans la vie de ces personnes. Les conséquences biographiques de leurs chemins éducatifs imposés par les circonstances et quelquefois, suggérés par les parents n’ont été claires dans la conscience des personnes interrogées que relativement tard. Il est de toute évidence que l’âge avancé des sujets interrogés dans notre enquête leur a permis de remarquer de nouveaux éléments.

JERZYSEMKOW27 Traduction de JUSTYNAGAMBERT

1. Entretiens avec S. Lem par Jacek Zakowski, Gazeta Wy- borcza, Malpa w podrozy, 6-7 mai 2000, p. 9.

2. op cit., p. 9. 3. L : homme, 83 ans. 4. A : femme, 73 ans. 5. B : femme, 89 ans.

6. D : femme (études supérieures).

7. POREBSKA(P.), Osobowosc i jej ksztaltowanie sie w dziecinst- wie i mlodosci, Varsovie, 1982, p. 178.

8. ZACCO(B.), Oblicza mlodosci, Warszawa 1972, p. 386. 9. B. 10. C. 11. H. : femme, 80 ans. 12. A. 13. E, femme, 70 ans. 14. L. 15. B. et C. 16. N. 17. C. 18. E. 19. H. Chemins de formation au fil du temps…

Dans le document Méandres d’éducation (Page 70-72)