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2.1 L'énoncé de la problématique de recherche

Avant d'aborder certaines positions méthodologiques, je définirai ici clairement l'énoncé de la problématique de recherche. Cet énoncé permettra de bien établir la transition entre ce qui a été proposé jusqu'à maintenant et la section analytique du mémoire. L'éventail des possibilités nécessite une formulation claire et précise de la problématique de recherche (Bernard 2006 : 78) qui permettra, ensuite, de détailler les outils méthodologiques utilisés pour répondre efficacement à une question de recherche ciblée. Précisons d'emblée que la problématique s'inscrit dans une démarche empirico- inductive et ce, même si, comme le suggèrent Jaccoud et Mayer (1997 : 235), la marge entre les deux positions théoriques classiques (empirico-inductif / hypothético-déductif) demeure mince. C'est d'ailleurs le cas ici, où la question de recherche principale se place en fait bien près du milieu entre ces deux extrêmes théoriques et méthodologiques. Ce mémoire s'oriente ainsi autour de la question suivante :

Dans le district de Sa Pa, province de Lào Cai, et dans le cadre du processus d'intégration nationale des minoritaires, quelles sont les

représentations médiatiques ainsi que les pratiques correspondantes utilisées par les acteurs locaux du milieu touristique pour maintenir une politique de préservation culturelle sélective chez les minoritaires ou s'en écarter, et comment peut-on les interpréter?

2.2 La méthodologie de recherche: les données accessibles et les méthodes d'analyse

Avec cette question de recherche en tête, nous examinerons à présent certains des termes proposés pour lesquels une définition propre à ce mémoire est nécessaire. Car, si les notions de pratiques, d'acteurs, et de représentations apparaissent comme plus facile d'approche dans le registre théorique, il est impératif de définir ce que ces notions impliquent pour les données analysables et le positionnement méthodologique. Puisque nous venons de survoler les institutions locales dans lesquelles s'est réalisé le terrain

recherche, je commencerai par présenter les acteurs locaux observés et les représentations sélectionnées pour l'analyse.

2.2.1 Les acteurs locaux ou les participants à la recherche

Pour cette recherche, je m'applique, d'une part, à discerner le rôle de producteur- diffuseur de représentations sociales et médiatiques associé aux acteurs étatiques et aux acteurs du marché touristique de la province de Lào Cai. Les acteurs étatiques concernés se séparent en trois catégories: les employés du Ministère du Tourisme, du Sport et de la Culture (MTSC), les employés de la Télévision Nationale Vietnamienne (VTV, VTV5 en particulier) et, dans une moindre mesure, les enseignants et dirigeants des écoles de Sa Pa et des villages environnants. En parallèle à cette démarche principale, je questionne les réactions et les appropriations partielles et sélectives des minoritaires concernés13 par ces

représentations sociales et médiatiques. Les acteurs locaux dans ce cas se séparent en deux groupes: les minoritaires employés par VTV5 et le MTSC, et les minoritaires qui sont les sujets de ces représentations médiatiques et sociales, majoritairement des jeunes filles travaillant comme guides touristiques mais aussi, des minoritaires filmés lors des tournages du MTSC et de VTV5.

2.2.2 La flexibilité et l'étanchéité des catégories d'acteurs

Tout d'abord, il faut noter l'utilité relative de la catégorisation qui ne peut être parfaitement étanche, autrement la nuance de l'argument proposé souffrirait davantage qu'elle bénéficierait des catégories choisies (Bernard 2006: 113). En lien avec cette idée, il importe de constater la pertinence des catégories pour l'analyse, alors que ces dernières n'ont pas de valeur intrinsèque à l'extérieur de celle-ci. En conséquence, si certaines entrevues ont été réalisées avec des participants qui ne figurent pas directement dans les catégories présentées, les propos recueillis ont contribué à l'analyse générale. Par ailleurs,

13 À moins d'indications contraires (chapitre 5 et 6), je me référerai exclusivement aux Hmong et aux Yao

la largeur relative de certaines des catégories a parfois nécessité un réajustement notable (Jaccoud et Mayer 1997). Je pense ici surtout à la catégorie des jeunes filles guides qui diffèrent significativement de par leur âge et leurs degrés d'investissement dans le marché touristique (chapitre 5 et 6). Dans le cas qui nous occupe, c'est l'observation participante et plus précisément l'atelier vidéo qui a raffermi cette séparation. En effet, cette méthode s'est montrée beaucoup plus pertinente avec les plus jeunes filles, celles qui sont communément moins engagées dans l'industrie touristique (voir 3.3.1.3 pour les détails de l'atelier vidéo et l'Annexe 1).

2.3 Les types de données

2.3.1 Données qualitatives médiatiques et les pratiques

Une large sélection de données avait été envisagée pour ce mémoire puisque ce type de question de recherche est chargée politiquement, limitée par les instances locales et peut nécessiter plus d'une option sur le terrain. Dans cette perspective, il avait été estimé prudent a priori d'inclure le Web et la radio dans les médias étudiés mais, en fonction d'une récolte de données substantielle dans les autres médias et d'un accès restreint aux acteurs locaux associés au Web et à la radio, ces sources de données ont été éliminées. Les données médiatiques privilégiées pour l'analyse sont tirées des films, livres, photographies et dépliants produits et diffusés par le MTSC, le Bureau de Tourisme de Sa Pa14 et

certaines agences touristiques privés de Sa Pa. La majeure partie de ces productions sont destinées directement aux minoritaires alors qu'une partie moins importante est destinée aux touristes nationaux et internationaux. Les films produits par la diaspora hmong diffusés sur le Web ont également été observés mais dans une moindre mesure puisque l'impact de ceux-ci a déjà été examiné par d'autres auteurs (voir Leepreecha 2008, Duong Bich Hanh 2006, Schein 2002, 2004).

D en a été question précédemment, mais ce qui est aussi primordial dans l'analyse qui suivra ce sont les pratiques sociales, culturelles et politiques qui viennent appuyer tant la production des médias que leur diffusion. C'est cette dynamique parallèle qui est soulignée

dans ce mémoire. L'observation participante réalisée - particulièrement celle associée aux productions vidéos du MTSC et de l'atelier vidéo avec les jeunes filles hmong et yao - a offert une compréhension beaucoup plus intégrée du processus de transmission de représentation que la seule lecture des productions. Dans le cas du MTSC, c'est un tournage commun qui a été le fondement de l'observation participante. En plus d'assister aux projections dans les villages de Nâm Cang et de Su Pan, l'observation participante la plus active avec cette organisation s'est déroulée à l'occasion des tournages effectués au village de Bàn Phô et dans la ville de Bàc Hà

2.3.1.2 Producteur de média et chercheur avec l'État vietnamien: enjeux éthiques

Produire des images pour accompagner ce mémoire a impliqué de collaborer directement avec les travailleurs du MTSC en filmant avec ma propre caméra15

sensiblement les mêmes actions que le caméraman officiel du MTSC. Cette approche donne la possibilité au chercheur de: « rendre compte de la réalité des acteurs parce qu'il accède aux perspectives de ceux-ci en vivant les mêmes situations ou les mêmes problèmes qu'eux » (Jaccoud et Mayer 1997: 219). À travers le tournage commun, je me suis ainsi placé dans la problématique de représenter moi-même les actions des minoritaires sélectionnés par le MTSC. Cette position éthique a eu l'avantage d'améliorer la compréhension des relations entre les employés du MTSC (en particulier celles du caméraman) mais de limiter celles des minoritaires auxquels mon association avec l'Etat vietnamien a restreint l'accès. En conséquence, les données subséquentes, recueillies sous forme d'entrevues, ont inévitablement été affectées par cette collaboration ponctuelle, se teintant d'une alliance politique locale avec les autorités au pouvoir.

D faut savoir que la recherche au Vietnam est toujours très contrôlée (Michaud 2010; Taylor 2008; Salemink 2003)16 et l'accès à des villages comme ceux de Nâm Cang et Su

15 Des images fixes (tirées des vidéos) ont été remises au MTSC à la suite de ces tournages puisque le

caméraman préférait ses propres images vidéos. L'incompatibilité inhérente aux formats utilisés (NTSC et PAL) rendait par ailleurs impossible le montage entre les deux sources.

16 Voir aussi sur le sujet l'ouvrage The making of anthropology in East and Southeast Asia (Yamashita et al.

Pan nécessite une collaboration avec les officiels. De plus, la majorité des recherches qui

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impliquent des entrevues sont soumises à l'accompagnement d'un interprète « prêté » par l'organisation officielle (ici le MTSC18) qui, tout en facilitant les contacts locaux, s'assure

d'un regard sur les tenants et les aboutissants de la recherche poursuivie. Cette mesure de contrôle tend à s'assouplir selon certains contacts avec d'autres chercheurs étrangers mais l'ensemble demeure strict et autoritaire. Dans mon cas, les observations/participations/tournages/entrevues associés au MTSC ont été dépendants de la présence d'un interprète choisi par le directeur du MTSC19. Cette imposition étatique a

été réservée à ces activités de collaboration. La récolte des autres productions médiatiques n'a pas eu à négocier avec cette tension éthique constante, sans pour autant être libérée de limites importantes, notamment en terme d'accès aux villages environnants. Rappelons à ce sujet que la possession d'un visa de recherche officiel n'est parfois pas suffisante et les instances politiques locales ne collaborent que très partiellement à cet avis national, entre autres par inquiétude d'être en fait « examinées et testées » durant la recherche, mais aussi par désir de conserver un contrôle local sur les activités de recherches entreprises.

2.3.1.3 L'atelier vidéo avec les jeunes filles hmong et yao

Une des principale source de données pour cette recherche émerge d'un atelier vidéo réalisé avec les plus jeunes filles hmong et yao travaillant comme guides ou vendeuses à Sa Pa et dans les villages environnants (chapitre 6). Cette méthode s'inscrit, humblement mais résolument, en continuité avec les nombreuses entreprises collaboratives

la Chine, qui se fonde sur une relation épistémologique à l'anthropologie équivalente (voir aussi Eades 1995; Michaud 2009, Evans 2005 et Koh 2004).

17 L'interprète en question est payé par le chercheur sans que le choix de ce dernier lui soit généralement

donné (voir entre autres Michaud 2000b à ce sujet).

18 L'institution qui m'a procuré le visa de recherche est la Vietnamese Academy of Social Science (VASS)

basée à Hà Nçi. Ce visa m'a ensuite permis de m'introduire à la branche provinciale (Lào Cai) du MTSC.

19 Par ailleurs, l'expérience du retour est intéressante puisqu'elle a démontré la rigueur de ce processus. En

effet, lors d'une visite subséquente à Su Pan, cette fois accompagné par une jeune interprète hmong, la réticence et l'interrogatoire soutenu des dirigeants du village ont bien souligné les limites évoquées précédemment. Restreint à visiter seulement une partie du village, la situation a aussi attesté de la variabilité de l'autorité locale qui s'ajuste en fonction de contingences singulières. Dans ce cas, le visa officiel n'a pas semblé avoir un poids suffisant sans le support direct du MTSC, étant possiblement en plus amenuisé par la collaboration explicite avec une Hmong (minoritaire et femme).

d'anthropologues visuels à visées similaires (Balikci 2007; Pink 2007; Deger 2006; Turner et Turner 2006; Flores 2004; Pourchev 2004; MacDougall 1998, 2000; Marshall 2000; Piault 2000; Turner 1995; Rouch 1967; Adair et Worth 1972). Dans le contexte de ce mémoire, je m'intéresse spécifiquement aux productions vidéos et j'écarterai sciemment les réflexions sur la production photographique20, outre celles de certains auteurs associés à

l'utilisation économique et politique des images (voir chapitre 1). D faut préciser que c'est l'impact de l'atelier vidéo sur les pratiques culturelles, politiques et sociales du groupe étudié qui est le centre de mes préoccupations théoriques et empiriques; une démarche qui n'exclut pas une analyse conjointe des productions médiatiques surgissant de l'atelier vidéo (Boyer 2005; Flores 2004; Turner 1995). À ce sujet, je partage les idées de Ruby qui propose que : « It is now time for ethnographic filmmakers to stop being so concerned about making 'important films' but to reflect [...] on how their work affects the people they portray and those who view the images » (Ruby 2000 : 186). Les autres tournages fréquents (notamment lors de certaines entrevues)21 ont ainsi été placés au service de

l'approche méthodologique première qui se base sur l'analyse des pratiques sociales et des représentations sociales et médiatiques les supportant. La production d'un film documentaire autonome n'a pas été un objectif guidant le terrain et c'est entre autres pour cette raison22 que ce sont plutôt des courtes vidéos indépendantes (certes liées au niveau du

contenu et des protagonistes) qui accompagnent ce mémoire en annexe (pour des productions académiques semblables voir notamment: Pink 2007; Dicks et al. 2005; Pourchev 2004).

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Duonh Bich Hanh (2006) a publié une thèse de doctorat qui incluait une réflexion sur un Photovoice project (maintenant une forme instituée de recherche et d'intervention, voir: http://www.photovoice.org/) avec les jeunes filles hmong et yao de Sa Pa. Des éléments intéressants sortent de cette initiative mais ceux-ci ne rejoignent pas directement la problématique et la méthodologie proposées dans ce mémoire. Le lecteur intéressé par ces méthodes aurait bien sûr avantage à explorer cette référence. Par ailleurs, les travaux de Colley n (1993) ont servi partiellement à l'analyse des images mais de façon moins importante que les auteurs associés aux productions vidéos en anthropologie visuelle.

Certaines entrevues et actions ont également été filmées à l'extérieur du contexte formel des activités du MTSC.

Une autre limite a trait au sujet politique sensible du mémoire et, concrètement, aux images tournées. Si la majorité de ces images ne représentent rien d'inaccessible, d'autres pourraient faire encourir un risque aux participants à la recherche dans un contexte de diffusion large. Je partage la volonté de Marshall (2000) d' « éloigner avec le film les mythes créés par le film autour d'un groupe particulier (les Bushmen dans son cas) » (traduction libre, Site Web DER: http://www.der.org/films/kung-series.html) mais le contexte politique du Nord Vietnam ne peut être dissocié de telles aspirations, concrètement difficiles à atteindre.

La question n'est pas ici de présupposer que l'approche du film ethnographique est nécessairement erronée, car si les limites de forme qu'on attribue à cette méthode sont bien réelles (Pink 2007; Peterson 2003; Ruby 2000), elles ne sont pas incontournables et ne suffisent pas à écarter les atouts spécifiques à la vidéo comme outil de recherche et comme production académique légitime (Pink 2007; Dicks et al. 2005; Pourchev 2004). Il s'agit avant tout d'un choix éthique, au sens où ce qui a justifié cette démarche se rapporte à la priorité accordée à la collaboration envisagée avec les jeunes filles hmong et yao qui, dans un contexte touristique effervescent, doivent composer plus souvent avec une caméra pointée sur elles qu'avec le choix de diriger celle-ci vers d'autres. L'initiative provient évidemment du chercheur ce qui restreint la portée de l'engagement des participants à la démarche24 mais le potentiel de récolte des données correspondant à l'atelier vidéo a été

raisonnable considérant un terrain de quatre mois dans la région et des conditions météorologiques difficiles25. Dans l'annexe 1, un retour plus concret et spécifique sur la

méthode utilisée est effectué mais mentionnons dès maintenant que la longueur totale des vidéos tournées par les jeunes filles (souvent accompagnées par moi, également à la caméra) se chiffre à environ 20 heures.

2.3.2 Les données qualitatives tirées des entrevues

À l'instar d'une large proportion des recherches en sciences sociales, la majorité des données emmagasinées proviennent d'entrevues avec les participants à la recherche

23 Ces deux positions éthiques peuvent devenir un problème sur le terrain. Assumer la volonté des

participants à la collaboration avec la vidéo est tout aussi problématique que de croire à leur participation enthousiaste à un film documentaire à grand déploiement. Ainsi, c'est avec attention que j'ai retenu les commentaires de deux participantes qui auraient espéré la réalisation d'un grand film avec les images (les miennes et celles des participantes). Parallèlement, la tendance récente des ONG travaillant en développement international d'utiliser l'atelier vidéo comme un moyen infaillible de « prise de parole démocratique » et comme une « one size fit-all » (Salemink 2006; Pai et Francis 2003; Escobar 1995) se bute parfois à un désintérêt généralisé ou partiel de la communauté.

Faris (2002) propose une critique juste (et cinglante) à ce sujet. Il précise ainsi que la plupart des entreprises de ce type informent beaucoup plus sur l'initiateur du projet que sur les participants. C'est par ailleurs pour cette raison que ce projet s'intéresse également aux tournages du MTSC et de VTV qui se veulent, partiellement, des entreprises collaboratives kinh-minoritaires, initiées et contrôlées par les premiers.

Des pluies importantes ont empêché un atelier vidéo plus complet en bloquant l'usage de la caméra vidéo à l'extérieur et les déplacements dans les villages (les nombreux glissements de terrain ont rendu les routes impraticables pendant plusieurs semaines).

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(Schensul et Schensul 1999). Les personnes sélectionnées répondent à une constante méthodologique importante et récurrente dans le processus de recherche. En effet, l'ensemble des participants sélectionnés possèdent un rôle - dont l'influence varie, précisons-le - dans la production de représentations sociales et médiatiques décrivant ou évoquant explicitement les minoritaires de la région. Ces intervenants sont également tous, sans exceptions, à des degrés divers, des acteurs prépondérants de l'intégration et du développement économique, social et culturel des minoritaires de la région. C'est cette dynamique, et ses effets, que j'ai cherché à analyser à travers les données qualitatives des entrevues.

Au total, seize longues entrevues (une heure et plus en moyenne) et quinze courtes entrevues (15 min. à une heure en moyenne) ont été réalisées durant le terrain de recherche. Plus directement, des courtes entrevues semi-dirigées26 ont été effectuées avec

quatre employés directs et indirects du MTSC et de VTV et trois longues entrevues semi- dirigées. Cinq courtes entrevues avec des agents touristiques de Sa Pa et huit courtes entrevues avec d'autres agents touristiques et marchands27 de Sa Pa et de Hà Nôi ont été

réalisées. Trois longues entrevues ont été accomplies avec des professeurs des écoles de la région de Sa Pa (Sa Pa, Lao Chai et Trung Châi) et deux entrevues de groupe (une heure avec quatre professeurs et une heure avec deux professeurs). Trois courtes entrevues ont été réalisées avec les minoritaires sujets des documentaires produit par le MTSC et VTV en plus de deux longues entrevues avec des employés minoritaires des organisations. Finalement, trois longues entrevues de groupe (une heure et plus avec trois participantes et plus) et une longue entrevue individuelle avec des jeunes guides (15-20 ans) clôturent l'ensemble des entrevues formelles exécutées durant ce terrain28. D faut noter que l'atelier

vidéo, le tournage d'images générales et la simple présence à Sa Pa a permis de recueillir beaucoup d'informations lors de discussions informelles, notamment avec les jeunes guides et certains agents touristiques kinh. Des données qualitatives provenant d'une recherche parallèle sur la même catégorie de participantes réalisée par ma conjointe, aussi

6 L'ensemble des entrevues sont de forme semi-dirigée pour entre autres faciliter la flexibilité et la

redirection en fonction des propos les plus récurrents (Schensul et al. 1999: 156; voir aussi Muchelli et Paillé [2003] 2008).

anthropologue, sur le terrain durant la même période se sont ajoutées à la récolte principale. Plusieurs constats dégagés de cette recherche ont grandement amélioré l'analyse présentée ici. Le fait que cette récolte de données ait été exécutée par une femme a modifié significativement l'accès à l'information, d'autant plus que l'anthropologue en question a également réalisé une observation participante assidue avec les jeunes guides minoritaires. Précisons également que certaines de ces entrevues ont été filmées ou enregistrées (audio) mais que, dans la plupart des cas, c'est la prise de notes, complétée après les entrevues, qui est devenue la méthode d'enregistrement préconisée.

2.3.3 Le codage des entrevues

Puisque cette recherche s'intéresse principalement aux pratiques des acteurs locaux, c'est en fonction de ce statut premier que le codage des entrevues s'est effectué29. Ainsi,

j'ai utilisé les catégories : employés de l'État, employés du marché. Ces mêmes catégories