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L'appropriation sélective des représentations médiatiques par les jeunes filles hmong et yao : « I take a picture of you back! »

Cultivation and Husbandry

6. L'appropriation sélective des représentations médiatiques par les jeunes filles hmong et yao : « I take a picture of you back! »

Dans ce chapitre, j'analyserai les productions vidéo des jeunes filles hmong et yao habitant dans la ville de Sa Pa et dans les villages environnants. Je soulignerai la tendance à l'appropriation des représentations médiatiques émergeant des changements économiques et sociaux, entre autres enclenchés par le tourisme intensif dans la région (voir aussi chapitre 4). L'intérêt d'une méthodologie comme celle de l'atelier vidéo et de l'anthropologie partagée a été présenté précédemment dans ce mémoire (voir section 3.3.1.3), l'analyse proposée ici maintiendra son accent sur les représentations médiatiques présentées précédemment et sur les relations politiques établies dans les vidéos produites. L'objectif méthodologique de la démarche a été de comprendre les processus d'intégration économique et les changements culturels, sociaux et économiques qui y correspondent. Les relations entre Kinh et minoritaires ont également été prises en compte lors de cette partie de la recherche. La lecture préalable de l'annexe 1 qui décrit l'atelier vidéo est nécessaire pour une bonne compréhension de ce chapitre.

6.1 Les jeunes filles hmong et yao du district de Sa Pa

Les jeunes participantes hmong et yao de Sa Pa proviennent, pour la plupart, des villages environnants de Lao Châi, Ta Van et Ta Phin120. Une bonne partie de ces jeunes filles

travaillent informellement dans le milieu touristique de Sa Pa (voir chapitre 4). Elles sont régulièrement en contact avec les touristes étrangers et nationaux et avec les propriétaires des différents commerces de la ville. Les jeunes filles qui ne résident pas dans les villages avoisinants sont installées dans des petites chambres, près des hôtels centraux, louées en groupe à prix modique pour le standard vietnamien mais élevé pour les minoritaires. Les plus jeunes filles, celles qui ont participé à l'atelier vidéo, habitent avec de la famille rapprochée installée en ville et, plus rarement, elles exécutent des allers-retours quelques

1 ° Ces villages sont à proximité de Sa Pa (accessible par la marche) et les habitants de ceux-ci ont depuis

fois par semaine entre Sa Pa et leur village. Les jeunes filles vendent des produits d'artisanat qu'elles ont fabriqué elles-mêmes ou qu'elles achètent au marché pour la revente121. Par ailleurs, la stratégie économique privilégiée est d'entretenir des relations plus

ou moins prolongées avec les touristes de passage pour les inciter à visiter leurs villages respectifs en échange d'un montant variable122.

D est important de comprendre que l'arrimage au marché de ces jeunes guides diffère à certains égards, notamment en fonction de leur statut matrimonial et de leur âge. Les jeunes mariées sont généralement moins intégrées dans le marché par obligation que pour compléter le revenu familial et entretenir des relations avec les autres minoritaires (voir Turner et Michaud 2008). Les jeunes filles célibataires sont plus dépendantes de la famille et une bonne partie de leurs revenus sont redirigés vers la mère123.

Le degré d'implication des jeunes filles dans le tourisme est fort variable, tant au niveau de l'intensité (fréquence) que de la « réussite » (au plan des relations amicales avec les touristes et des revenus de vente). Une telle perspective nécessite d'aborder le groupe comme un ensemble d'acteurs utilisant des stratégies cohérentes de négociation à l'intégration au marché. Il importe toutefois de rendre compte de la diversité interne de ce groupe pour comprendre les limites d'action des acteurs sociaux impliqués. Le processus de tournage fréquent dans cet atelier vidéo permet d'éclaircir les enjeux liés à l'intégration des plus jeunes filles au marché et, incidemment, les formes de résistances ponctuelles à cette dynamique encouragée par l'État vietnamien.

dans ces villages mais je me limiterai ici aux jeunes filles qui ont participé à l'atelier vidéo : majoritairement des Hmong avec quelques Yao.

121 La circulation de cet artisanat (textile surtout) est d'une complexité importante et constitue le sujet de

plusieurs autres recherches : voir Turner et Michaud 2008 et Bonnin (à venir). Je ne m'attarderai pas à cette question ici.

122 D'autres auteurs se sont penchés sur les stratégies économiques des jeunes filles hmong et yao de Sa Pa,

voir Michaud et Turner 2006, Turner et Michaud 2008; Duong Bich Hanh 2006, 2008; Goulet 2005; Thernstrôm 2002 et Tremblay 2002.

123 C'est la recherche parallèle de ma conjointe - portant sur les stratégies économiques des jeunes hmong et

6.2 Revisiter la ville de Sa Pa à travers le tournage

Les jeunes filles hmong et yao de Sa Pa ne s'émerveillent guère devant une caméra. Certaines d'entre elles possèdent des téléphones cellulaires, la majorité, des adresses courriels, et la plupart se sont vues en photo ou en vidéo régulièrement124. Cela dit, la

grande majorité des participantes à l'atelier vidéo utilisaient une caméra vidéo pour la première fois et se retrouvaient en position de choix relatif (et d'un certain pouvoir) par rapport aux images enregistrées. Le processus utilisé pour cet atelier était relativement simple (voir Annexe 1 pour des détails).

Les premiers tournages me semblent par ailleurs représenter mon statut de touriste. Les jeunes filles qui ont pris la caméra au début de l'atelier vidéo ont réalisé des vidéos qui semblaient se résumer à une marche aléatoire dans les rues de Sa Pa. Certaines expressions représentaient bien cette logique de déambulement improvisé : « Where do we go now? » demandaient-elles. Une question à laquelle je répondais généralement : « I don't know, you are filming, I am just following you ». Les jeunes filles s'attendaient à une directive de la part de leurs nouveaux « amis »125 comme des touristes en général. En effet, puisque les

relations avec les étrangers sont basées en majeure partie sur l'accompagnement et le guidage durant le trekking dans les villages environnants, il n'est guère surprenant que les premiers tournages aient essentiellement été axés sur la visite touristique de Sa Pa.

Les tournages ont ainsi été ponctués de demandes et de confirmations, puisque la caméra était pratiquement toujours en mode d'enregistrement. Les jeunes filles, malgré des explications répétées, arrêtaient ainsi très rarement l'enregistrement de la caméra lors des tournages. Une analyse de cette relation continuité/linéarité serait pertinente dans le cadre d'un terrain s'échelonnant sur une longue période mais dans le contexte d'un terrain de 16 semaines, il ne serait pas rigoureux d'attribuer cette manière de filmer à une relation à la

124 Les touristes de Sa Pa, surtout les Occidentaux, avec lesquels les jeunes filles forgent des relations

pendant leurs visites en ville sont généralement avides de photographie ou de vidéo. Ainsi, une bonne partie d'entre eux présentent des images aux jeunes filles que ce soit sur le Web lors de leur retour ou directement sur place à l'aide de caméras numériques qui permettent de visualiser instantanément les images prises. Certains offrent aussi des photos imprimées aux jeunes filles avant leur départ.

caméra particulière126. Les premières vidéos ressemblent à des vidéos de touristes mais

filmées par les sujets (et les objets) du tourisme de la région. À l'intérieur de ces productions particulières les jeunes filles représentaient la ville de Sa Pa en étant à la fois touristes et guide-vidéastes puisque qu'elles réalisaient le tournage en ma compagnie. On retrouve des éléments récurrents dans ces premières vidéos, tels que les choix de la marche filmée qui démontrent une conceptualisation des « espaces d'intérêts » de la ville de Sa Pa et une appropriation du paysage social (MacDougall 2000, 2006; Bender 2006, voir Annexe

lb).

Une certaine ressemblance entre les parcours des différentes jeunes filles a été constatée rapidement. La ville de Sa Pa s'est construite par étapes (voir section 2.5), et certaines parties sont devenues des lieux privilégiés des tournages des jeunes filles. Ce qui a semblé « important de Sa Pa » relevait d'endroits spécifiques, alors que plusieurs secteurs de la ville n'ont jamais été explorés par les jeunes filles. Il existe un lien assez direct avec les endroits que celles-ci fréquentent en général. La manière de filmer, de montrer des objets spécifiques et d'interagir avec les personnes filmées soulignaient l'espace occupé et sélectionné par les jeunes filles dans la ville de Sa Pa (voir Annexe A et D).

On remarque ainsi les lieux les plus visités : la rue principale, la place centrale, le lac artificiel et le marché principal (voir Annexe lb). La me principale Câu Mây traverse la partie ancienne de la ville et mène aux intersections des trois autres lieux évoqués. On y retrouve la majorité des hôtels de Sa Pa, la majeure partie des touristes et des jeunes filles hmong et yao faisant de la broderie et cherchant des touristes pour vendre leurs créations ou pour proposer de les guider pour des treks. L'ensemble de ces actions pourraient expliquer la récurrence des marches filmées dans cette rue. Le deuxième lieu, la place centrale, est au centre de la ville face à l'église catholique, contourné par la rue principale. Cette place a la

125 Les jeunes filles appellent généralement les touristes qu'elles apprécient davantage et qu'elles ont côtoyés

quelques jours des « friends » (voir aussi Duong Bich Hanh 2006).

126 La récurrence de la « caméra à enregistrement continu » a été perçue par l'auteur dans plusieurs ateliers

vidéo précédents et en faire l'analyse ici, en terme ontologique ou sémiotique de relation au temps par exemple (voir Ruby 2000; Beaudet 2005) ou dans une perspective artistique (Gell 1998), s'éloigne du cadre d'analyse sélectionné et des observations priorisées lors de cette recherche.

forme d'un amphithéâtre à ciel ouvert avec au centre une étoile en béton, symbole explicite de l'étoile du drapeau vietnamien et du socialisme vietnamien.

La place sert à plusieurs activités ponctuelles (spectacles, annonces officielles, joutes sportives) mais elle est aussi utilisée comme parc de promenade et comme extension temporaire du marché. Lors des premiers tournages, la place est devenue un passage quasi inévitable d'une marche filmée. Plusieurs marchands permanents de nourriture préparée, d'articles ménagers et de vêtements, des motos-taxis (minoritaires et Kinh) et des vendeurs ambulants (fruits) occupent ce lieu. Les touristes nationaux et internationaux qui traversent la place centrale sont accueillis par un message radio (vietnamien / anglais / français) provenant du Sapa Tourism Office décrivant les avantages touristiques de la ville de Sa Pa. (voir aussi chapitre 4). Les éléments qui semblent avoir incité ce passage consistent en l'aspect central de la place, la rareté de l'espace vert et, surtout, la présence de plusieurs femmes hmong faisant de la broderie pour les touristes de passage. La place centrale mène au lac artificiel, le troisième endroit fréquenté régulièrement par les jeunes filles.

Ce lac a été construit en 2002 comme nouveau symbole de l'opulence touristique de la ville (Michaud et Turner 2006). Entouré de jardins bien entretenus par les employés de l'État, il a ensuite été entouré des bâtiments étatiques les plus imposants de la ville, magnifiant sa modernité. Le lac est la limite extrême de la ville où les jeunes filles se sont rendues lors des tournages, ce qui, à quelques exceptions près, est cohérent avec les mouvements généraux des jeunes filles dans la ville. Le dernier endroit fréquenté par les jeunes filles est le marché principal de Sa Pa. Les jeunes filles cherchaient alors à s'attarder à des parties spécifiques de l'espace. En effet, dans ce contexte, elles se dirigeaient principalement dans la partie du marché réservée127 aux minoritaires (les femmes surtout)

pour la vente de leurs produits d'artisanat (voir Annexe D).

Le deuxième étage se sépare en deux parties. Une section appelée « ethnie market » est celle qui est investie par les femmes hmong et yao. L'espace, auparavant offert gratuitement pour la vente, est maintenant payant (Turner et Michaud 2008).

Figure 17 : Image photo d'une jeune participante à la place centrale de Sa Pa, juillet 2008

Les jeunes filles s'attardaient souvent à filmer les femmes hmong au travail, occultant de façon significative l'autre partie du marché, celle utilisée par les Kinh pour la vente d'articles divers : du fil à tisser au couteau de poche en passant par les cartes postales avec les photos de jeunes filles hmong et yao. Ce contexte portait aussi les jeunes filles à agir comme guides de manière plus évidente, puisqu'elles semblaient se sentir plus à l'aise entourées de leurs pairs. Le lien direct avec les personnes filmées démontrait une proximité tangible. Par exemple, une jeune fille a rencontré sa tante qui produisait une forme d'artisanat spécifique. Visiblement confuse, la jeune fille a alors semblé jongler entre la position d'intermédiaire et celle de la relation familiale médiatisée par la caméra vidéo (voir Merry 2006).

Les discussions en langue vernaculaire m'ont empêché de comprendre la majorité des propos (certains ont été traduits par les jeunes filles par la suite) mais mentionnons que les femmes plus âgées se laissaient généralement filmer par les jeunes filles avec bonne humeur. Les femmes se demandaient la plupart du temps si j'étais marié et si je considérais acheter quelque chose à la suite de l'atelier. Certaines d'entre elles ont pris en main la caméra des jeunes filles sans toutefois s'intéresser à mes propres tournages. Encore ici, la

recherche parallèle de ma conjointe a certainement changé la position des femmes à mon égard (qui cessèrent, dès lors, de s'interroger sur mon statut marital).

6.3 S'approprier les espaces et les relations par/avec la caméra : actions et réactions

Le lac artificiel de Sa Pa est le lieu des premières actions qui s'inscrivent dans une logique d'appropriation et d'utilisation significative de la caméra (Deger 2006; Turner 1995). Lors du premier tournage, deux jeunes filles ont ainsi décidé d'utiliser la caméra pour enregistrer des chansons personnelles (sur l'audio synchrone et direct) juxtaposées aux images tournées simultanément. Une des deux jeunes hmong a décrit, en anglais et en langue vernaculaire, sa relation amoureuse complexe avec un visiteur étranger. Son utilisation de la caméra semblait traduire une intimité singulière. La perspective « d'intimité » avec la caméra a semblé être amplifiée par la volonté de la jeune fille de s'éloigner de moi et de sa compagne lors de ce tournage. Elle parlait à la caméra, réalisant en fait une narration en direct : « Here is the moutain. Here is the lake » (Entrevue AG2). Au même moment, elle arrêtait le cadre de la caméra sur les éléments décrits. La même jeune fille a utilisé cette méthode de narration quelques semaines plus tard lors d'un atelier vidéo dans le village de Ta Van. Il est possible que cette technique (reproduite quelques fois dans les ateliers) s'apparente à celle relevée chez les Warlpiri dont les longs panoramiques129 expriment le « dreamtime » - alors que le passé, le présent et le futur ne

sont pas séparés comme dans une conception historique moderne. Comme le précise Burnett, il est rare que le terrain puisse confirmer une telle relation avec la caméra puisque les images peuvent même être difficilement interprétables pour un membre du groupe. Il semble surtout pertinent de ne pas y voir un constat de naïveté cinématographique (Burnett 1990: 7).

128 Un enregistrement audio synchronisé avec l'image vidéo enregistrée. Dans ce cas-ci, « en direct », hors-

champ puisque l'enregistrement provenaient de la camérawoman et directement de la scène filmée à l'opposé d'une piste audio ajoutée a posteriori (au montage par exemple).

1 Un panoramique est le résultat d'un mouvement de gauche à droite (ou de haut en bas) à partir d'un point

central qui reste stationnaire. Pour produire une telle image, la caméra est généralement soutenue par un trépied.

On peut également concevoir cette description simultanée des lieux physiques comme une appropriation du paysage social et esthétique tel que suggéré par MacDougall qui rappelle l'importance de l'intégration nationale dans ce processus (MacDougall 2006 : 106). Ainsi, une phrase comme « I am so happy to live in Vietnam » (Entrevue AG2) dans la narration d'une des jeunes filles combinée aux images et aux descriptions d'un lieu exposant la modernité vietnamienne permet de supposer que le paysage social, esthétique (et économique) joue un rôle dans la représentation de la modernité produite par la jeune hmong.

Plusieurs semaines plus tard, quatre autres jeunes filles hmong se sont rendues au lac avec la caméra. Les jeunes filles ont alors utilisé la caméra d'une manière beaucoup moins personnelle, plutôt comme un moyen de rencontre, un agent médiateur de relation130 D est

difficile de préciser si la caméra a été initiatrice de la situation à laquelle j'ai assisté mais il est probable qu'elle soit devenue un facteur influent à l'intérieur d'un phénomène déjà existant. Les jeunes filles se sont servies de la caméra pour un rapprochement vers les jeunes garçons hmong présents autour du lac. La dynamique inverse était aussi observable :

les garçons venaient voir la caméra pour se rapprocher des jeunes filles. Une jeune fille m'a expliqué ce qui se passait autour du lac lors de cette journée : « Today it's Sunday. So everyone they coming. So when we walking around like this, some boys they like we (sic), they will say hello to we and we talk together and after girlfriend and boyfriend only. In here » (sic). Elle a ajouté : « In my village, someone they already married but they want another one also [...] Some boys they have two wives » (Entrevue AG4). J'ai demandé : « And you,...do you want one husband? ». « Yes only one. One is better ».

Figure 18: Images vidéo lors du tournage autour du lac artificiel de Sa Pa, juillet 2008

Il est pertinent de présenter ces deux exemples parce qu'ils représentent une vision alternative - mais pas nécessairement opposée - à celles construites pour la promotion touristique adressée aux Kinh (chapitre 4) de même qu'aux vidéos projetées directement aux minoritaires par le Ministère du Tourisme, du Sport et de la Culture (MTSC) et la Télévision Nationale Vietnamienne VTV5 (chapitre 5). Je me réfère précisément à Tinh thâm sapa qui met en scène le Love Market en accentuant l'aspect romantique du rituel ainsi que l'intérêt des Kinh et des étrangers pour celui-ci.

Figure 19: Images vidéo tirées de Tinh thâm sapa (scène du Love Market)

Les jeunes filles, dans les deux cas exposés ici, ne semblent pas correspondre au rôle qui leur est octroyé dans la vidéo produite et diffusée par le MTSC. Les participantes et les jeunes garçons filmés ne démontraient pas une timidité excessive comme celle qui est soulignée (en gros plans) dans Tinh thâm sapa. Représentées dans la vidéo comme des actrices sociales plutôt passives, elles sont en fait actives dans le processus de rencontre qu'elles ont enregistré. Je cherche ici à exposer les intérêts forts différents entre l'origine de ces deux productions médiatiques et je partage la position de Peterson qui souligne que : «[...] it is perhaps more useful for an anthropology of media to focus on how authenticity and authority play out in the social negotiation of production than to attempt to enter into the debate on who and what is legitimately authentic and authoritative » (Peterson 2003 : 209).

Ainsi, le film de fiction Tinh thâm sapa est dirigé vers des communautés qui recevront éventuellement des touristes (voir chapitre 5). Il est conçu pour préparer les communautés à préserver leur culture, à limiter les relations (prolongées) avec les touristes étrangers et kinh de sexe opposé. D valorise aussi l'environnement physique et culturel de la région de Sa Pa. Finalement, une esthétisation formelle généralisée, tant de la forme que du contenu, est à l'œuvre dans la vidéo choisie par le MTSC (Michaud 2009; MacDougall 2006). Lors du tournage des jeunes filles, il est fort possible que ma présence ait aidé celles-ci à entrer en contact avec les jeunes garçons mais l'inverse est aussi plausible ' . Les jeunes filles n'ont pas précisé les raisons précises de leur choix mais la récurrence de la « visite du lac » avec la caméra dans les ateliers précédents laisse supposer que produire une vidéo sur ce phénomène était une option intéressante pour elles.